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EPhEP, Cours magistral, le 16/04/2015

   Comme nous ne nous sommes pas beaucoup vus cette annĂ©e Ă  cause de ma gĂ©nĂ©rositĂ©, je vous ai prĂ©parĂ© une confĂ©rence festive. (Il va falloir que vous vous accrochiez quand mĂŞme un petit peu). Puisque nous sommes dans une Ă©cole vouĂ©e Ă  l'Ă©tude de la psychopathologie, partons du plus simple : est-ce que nous sommes capables, je suis sĂ»r que oui, de donner une dĂ©finition de la pathologie ? OĂą commence et oĂą finit la pathologie ? Pour franchir un saut tout Ă  fait aisĂ©, la pathologie, son expression ordinaire, c’est tout bĂŞte, c’est la souffrance. Quand il y a souffrance, il y a pathologie. Pour Freud, la pathologie Ă©tait une tension dans le corps ou dans l’esprit qui ne parvenait pas Ă  trouver sa rĂ©solution. Par exemple une crampe et aussi bien Ă©videmment la faim. Et puis Ă©videmment, et c’est l’intĂ©rĂŞt de la dĂ©finition, la sexualitĂ© si celle-ci reste insatisfaite. Et donc son idĂ©e que le bon fonctionnement de l’organisme et de la psychĂ© est l’évacuation des tensions : principe de plaisir. Pour arriver un peu tardivement, c’est-Ă -dire en 1925, dans l’Au-delĂ  du principe de plaisir, Ă  cette remarque que l’évacuation des tensions, sources de souffrance, ne pouvait jamais ĂŞtre complète, parfaite, et que c’est comme s’il fallait qu’il en reste une petite quantitĂ© pour assurer le maintien de la vie. Comme si donc - mais je ne sais pas si cette conclusion en a Ă©tĂ© immĂ©diatement tirĂ©e - le maintien de la vie Ă©tait porteur d’une souffrance, qu’il y avait toujours au titre de rĂ©sidu un minimum de tension qu’on ne saurait satisfaire sauf Ă  courir un risque lĂ©thal. Et c’est dans ce contexte que Freud a introduit la notion de pulsion de mort c’est-Ă -dire cette vocation Ă  se dĂ©barrasser de ce rĂ©sidude tension inhĂ©rent au maintien de la vie. Autrement dit la pathologie, la souffrance, est inhĂ©rente Ă  la vie elle-mĂŞme. Ah, voilĂ  brusquement une frontière qui prend une extension inattendue.

  

   Il est vrai qu’on aurait pu en prendre un autre exemple, apparemment moins dramatique et tellement interne Ă  notre façon de faire, d’agir. On va supposer une famille composĂ©e de deux sĹ“urs, entre autres, et un jeune homme qui va s’éprendre avec passion de l’une des deux. Quoi de plus charmant, et de plus raisonnable ? Sauf que : laquelle va –t-il Ă©pouser ? Eh bien rĂ©gulièrement, il va Ă©pouser la deuxième. Comme si donc le maintien mĂŞme de la vie Ă©tait inhĂ©rent Ă  ce qu’il en serait de sacrifice d’une jouissance, au maximum dans ce cas souhaitĂ©e, possible, Ă  portĂ©e de main, quitte Ă  devoir ensuite Ă©videmment avoir une existence enrichie par cette nostalgie de celle qu’il aurait pu Ă©pouser et avec la perte de laquelle s’est ainsi constituĂ©e son existence ordinaire.

   Il est bien Ă©vident, puisque j’ai pris le thème gĂ©nĂ©ral de la souffrance, que le mĂ©decin va en chercher la cause dans le corps. L’organogĂ©nèse est au principe de la dĂ©marche mĂ©dicale. On ne saurait assez la remercier de la simplicitĂ© de sa dĂ©marche. Simplement cette dĂ©marche commence Ă  devenir un peu plus compliquĂ©e quand il s’agit d’une souffrance psychique, puisque fidèle Ă  son epistèmĂ©, Ă  son savoir, Ă  sa dĂ©marche, elle ne pourra rechercher de la souffrance psychique la cause que dans l’organisme. C’est cependant dans ce contexte mĂ©dical que va se produire un Ă©vĂ©nement remarquable, d’autant plus remarquable qu’il a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence très tĂ´t c’est-Ă -dire, si je me souviens bien, deux millĂ©naires avant notre ère :  dans un papyrus mĂ©dical Ă©gyptien se trouve mentionnĂ© ce fait que les femmes prĂ©sentaient des affections fonctionnelles ou organiques diverses, rassemblement tout Ă  fait hĂ©tĂ©roclite de ces souffrances organiques et cependant quand on procĂ©dait Ă  l’examen anatomique – comme quoi ça a quand mĂŞme commencĂ© très tĂ´t cette affaire, ils n’étaient pas plus bĂŞtes que nous - on ne trouvait rien ! C’est quand mĂŞme curieux, ces femmes qui prĂ©sentaient ainsi des troubles qui pouvaient allez du bas ventre jusqu’à la gorge et l’encĂ©phale en passant par les poumons, le cĹ“ur, les intestins, etc., donnant chaque fois des troubles localisĂ©s selon quoi ? Selon le fait - parce que c’étaient des mĂ©decins intelligents - qu’elles avaient un problème avec leur utĂ©rus. En effet, celui-ci souffrant de dessiccation – le pauvre ! - il grimpait, comme tous les corps plus lĂ©gers que l’air, dans l’organisme et selon sa localisation, alors vous avez toutes les Ă©chelles Ă©videmment, il donnait des troubles locaux selon l’endroit oĂą il venait se bloquer. Alors vous me direz « mais ça quand mĂŞme, ils ne l’ont pas vu ? Â». Non, ils ne l’ont pas vu mais ils l’ont compris, ce qui est encore plus fort, de comprendre ce qu’on ne voit pas. Et donc le traitement Ă©tait si j’ose dire Ă  portĂ©e de main – c’est une mĂ©taphore - puisqu’il suffisait de corriger la dessiccation de cet utĂ©rus, autrement dit il fallait marier les jeunes veuves pour que tout rentre dans l’ordre.

   Et ce que nous allons retenir Ă  la charge de Freud c’est que dans ses conceptions, en tout cas sa façon de traiter Dora, il n’a pas trouvĂ© mieux. Finalement si Dora souffrait de ses troubles hystĂ©riques, y compris non seulement pulmonaires mais aussi laryngĂ©s, avec une toux incessante etc., c’était qu’elle n’avait pas voulu accepter la solution de Freud c’est-Ă -dire prendre pour amant le charmant ami de la famille qui Ă©tait le mari de sa meilleure amie. Elle a refusĂ© la solution freudienne et a bien mĂ©ritĂ© de traĂ®ner ses troubles jusqu’à un âge Ă  peu près avancĂ© !

   Vous voyez, c’est magnifique parce que la pensĂ©e continue de venir dans des sillons qui sont tracĂ©s depuis si longtemps. Mais la conclusion n’a pas Ă©tĂ© tirĂ©e de cette affaire quant Ă  la localisation exacte du trouble puisque nous n’allons pas retenir la solution des mĂ©decins Ă©gyptiens. Vous remarquez que cette maladie chez l’hystĂ©rique, justement c’est ce qui a tellement perplexifiĂ© les mĂ©decins, elle n’est pas dans le corps, alors elle tient Ă  quoi ? OĂą est-ce qu’elle est logĂ©e, la cause de cette souffrance ? Si on retient en tout cas l’idĂ©e gĂ©nĂ©rale de l’affaire, c’est qu’elle est logĂ©e dans la relation, la relation de cette femme avec son entourage et comme on le sait, et elle l’exprime en gĂ©nĂ©ral de façon lisible, le trouble dans la relation sexuelle. Est-ce que nous allons dire donc, en nous servant de ce qui a arrĂŞtĂ© les mĂ©decins depuis tant de temps, et comme nous le savons, aux deux siècles derniers les a tellement surpris, que la souffrance psychique, sa localisation, la cause, se situe dans la relation puisqu’elle n’est pas dans le corps ? Si vous recevez un enfant, vous ĂŞtes forcĂ©ment amenĂ© Ă  demander Ă  voir ses parents. Parce que vous savez que le lieu de la cause de cette souffrance n’est pas en lui. La question surgit : est-ce que la cause de la souffrance de cet enfant est chez les parents ? Elle est dans la relation, entre cet enfant et ses parents et nous allons voir de quelle manière en cours de route on peut prĂ©ciser les instances en cause dans la relation. Parce que celle-ci, si le corps Ă  un support matĂ©riel, un support physique, la relation n’a pas moins un corps matĂ©riel, un corps physique. Ce n’est pas le mĂŞme que celui du corps.

  

   Freud, comme vous le savez, Ă©tait un neurologue, ce n’était pas un psychiatre. Il  a travaillĂ© Ă  une Ă©poque sur une mĂ©thode de coloration argentique inventĂ©e par un mĂ©decin italien qui s’appelait Ramon Y Cajal. Cette mĂ©thode permettait de rĂ©vĂ©ler la structure cellulaire des tissus. Jusque lĂ  on ne savait pas de quoi Ă©taient faits les tissus. On avait beau regarder au microscope, sans mĂ©thode de coloration, on n’y voyait qu’affaire continue. Grâce Ă  cette mĂ©thode de coloration, et Ă  la dĂ©couverte de la structure cellulaire des tissus et en particulier, entre autres, du tissu nerveux, du tissu cĂ©rĂ©bral. Freud a travaillĂ© sur ces questions en commençant, comme vous le savez sĂ»rement, son premier travail sur la recherche de la localisation des glandes sexuelles chez l’anguille - il Ă©tait dĂ©jĂ  obsĂ©dĂ© - en tout cas c’était une Ă©nigme Ă  l’époque, donc il fallu dĂ©couper ce pauvre poisson en une sĂ©rie de lamelles, les colorer, et Freud a ainsi – ça ne lui a pas valu le prix Nobel – dĂ©couvert la structure de la localisation des glandes sexuelles de l’anguille qui est dĂ©sespĂ©rĂ©ment et anatomiquement neutre, elle n’est pas explicite Ă  cet Ă©gard.

   Puis il est passĂ© de lĂ  Ă  un travail très important sur le mĂ©canisme des aphasies. Son travail sur les aphasies est traduit en français, travail de neurologue valeureux, avec cette distinction de deux types d’aphasies correspondant Ă  des atteintes corticales diffĂ©rentes, que ces aphasies soient motrices ou sensorielles. Et puis, de cette affaire d’aphasies qui Ă©taient donc organiquement Ă©tablies, il est passĂ© Ă  cette autre aphasie qui nous pose le problème que je viens d’évoquer c’est-Ă -dire celui de la localisation de sa cause, c’est l’aphasie des hystĂ©riques. Parce que lĂ , on a eu beau faire toutes les recherches anatomiques que l’on voulait, y compris bien sĂ»r cĂ©rĂ©brales, pas trace de localisation repĂ©rable. Et c’est de lĂ  qu’il est passĂ© Ă  cette affaire qui nous permet aujourd’hui de travailler de façon tout Ă  fait diffĂ©rente c’est-Ă -dire de constater que la relation a un support matĂ©riel qui est la parole. Parce que la parole, ça a des supports matĂ©riels, aussi bien Ă©videmment phoniques qu’inscriptibles de diverses façons par divers appareils et surtout se rĂ©fère Ă  un système, celui du langage, qui lui-mĂŞme nous offre le support matĂ©riel que l’on pourrait autrement continuer de chercher. Support matĂ©riel dont la validitĂ© se vĂ©rifie tout de suite en ceci que c’est par la parole que l’on va guĂ©rir ce trouble de la relation, ce qui Ă©videmment nous oblige bien Ă  supposer que la cause en gĂ®t dans une souffrance de la relation elle-mĂŞme. Il ne s’agit donc pas, en situant la cause de la maladie de la pathologie dans la relation, de s’affranchir d’un rapport matĂ©rialiste Ă  ce qui est ici Ă  l’œuvre. Mais il s’agit de considĂ©rer que le signifiant n’est pas l’équivalent de la cellule mĂŞme s’il constitue l’une des unitĂ©s de cet appareil qui est celui du langage.

   VoilĂ  une jeune femme qui prĂ©sente - le cas est rapportĂ© dans les Etudes sur l’hystĂ©rie - une astasie-abasie, ça veut dire simplement qu’elle ne tient plus debout. Aucune cause neurologique. Il va se rĂ©vĂ©ler, grâce Ă  l’entretien avec elle, que la perte de son père chĂ©ri quelques mois plus tĂ´t l’a dĂ©sormais laissĂ©e sans soutien. Ça a l’air simple, c’est Ă©videmment un peu plus compliquĂ©. Car pourquoi ne le dit elle pas ? Pourquoi est ce que, d’abord cette affaire semble refoulĂ©e, qu’elle est dĂ©sormais sans soutien, pourquoi ça s’exprime dans le corps, comme si le corps Ă©tait une espèce de tableau, d’ardoise sur lequel venait s’écrire le fait qu’elle s’estime dĂ©sormais sans soutien. Donc elle ne le dit pas, ça s’inscrit sur le corps comme sur un tableau. Pourquoi est-ce que ça semble refoulĂ© ? Pourquoi, ce qui est encore plus Ă©nigmatique, le lui faire entendre - ce qui n’était pas tellement difficile, il ne fallait pas ĂŞtre un grand hermĂ©neute pour dĂ©chiffrer le symptĂ´me – Ă´ magie de l’opĂ©ration : et la voilĂ  qui repart Ă  trotter !

   C’est de ce type d’histoires devenues un peu trop faciles, un peu trop Ă©videntes, que pourtant notre rĂ©flexion mĂ©rite de s’arrĂŞter, de ne pas cĂ©der Ă  ce qui va devenir une Ă©vidence du mĂŞme type que celle des mĂ©decins Ă©gyptiens. En effet, première remarque, il est clair que ce symptĂ´me constitue une adresse, une dĂ©claration. Mais on ne sait pas Ă  qui, elle-mĂŞme ne sait pas Ă  qui. Mais c’est comme si elle attendait le lecteur qui viendrait, on ne va pas dire tout de suite l’en dĂ©livrer, mais qui viendrait tĂ©moigner qu’il la reçoit, qu’il l’entend, qu’il l’écoute. Ce qui va venir s’inscrire dans ce qui sera une plainte fĂ©minine commune, celle de ne jamais ĂŞtre entendue ni Ă©coutĂ©e. En tout cas lĂ  il y a une adresse, on ne sait pas Ă  qui, mais qui est en attente. Pourquoi n’est-ce pas articulĂ© vocalement ? Pourquoi elle le dit pas : « Depuis que papa n’est plus lĂ , moi je ne tiens plus debout, j’ai plus mon soutien Â». Disons que si elle le disait, elle n’aurait pas le symptĂ´me. Ça aussi c’est Ă©trange. Pourquoi elle ne le dit pas ? Elle ne le dit pas alors que c’est Ă©crit, son symptĂ´me. Son symptĂ´me c’est une Ă©criture. « Je suis sans soutien Â» Sans soutien, c’est Ă©crit, il faut le lire, pas l’écouter puisqu’elle ne le dit pas. Il faut le lire. Elle ne le dit pas parce que du lieu oĂą elle se situe en tant que femme, c’est-Ă -dire le lieu Autre, vous en avez entendu parler, vous en avez les oreilles rebattues de ce lieu Autre, dans ce lieu Autre il n’y a pas de voix. Sauf dans ce cas d’une autre pathologie que j’ai dĂ©jĂ  esquissĂ©e avec vous qui est celui de l’automatisme mental. Quand ça se produit, quand il y a une voix dans l’Autre, ça pose de sĂ©rieux problèmes. Ordinairement il n’y a pas de voix dans l’Autre. C’est le problème, comme vous le savez, de ces hallucinations propres Ă  l’automatisme mental qui peuvent ne pas ĂŞtre vocalisĂ©es. Comme s’il y avait une espèce de lecture par le patient de ce qui dĂ©filait lĂ  en bande, mais sans que ce soit vocalisĂ©. C’est un processus Ă©trange. Et le patient, quand et si vous avez l’occasion de le voir, il distingue parfaitement les hallucinations vocalisĂ©es d’autres hallucinations sonores ou non, ça ne passe pas par les oreilles. Dans  ce lieu Autre, ça ne peut pas ĂŞtre dit parce qu’il n’y a pas de voix pour le dire. En revanche c'est Ă©crit parce que ce lieu Autre, il est fait d’une Ă©criture. Donc c’est Ă©crit. Et ça s’adresse Ă  qui ? Eh bien ça s’adresse au maĂ®tre Ă  venir c’est-Ă -dire celui qui sera capable tel Champollion avec sa pierre de Rosette, de dĂ©chiffrer ce qu’on lui offre lĂ , on revient aux Egyptiens, aux hiĂ©roglyphes. Le maĂ®tre Ă  venir, et qui donc donnant voix en le lisant, ce message Ă©crit, va en libĂ©rer, du fait de lui donner voix, la patiente, ce qui reste Ă©nigmatique. C’est curieux parce que vous voyez qu’on a lĂ  un problème proposĂ© au mĂ©decin, au maĂ®tre Ă  venir, d’une lecture Ă  haute voix exactement semblable Ă  ce que j’évoquais tout Ă  l’heure Ă  propos de cet automatisme mental non vocalisĂ©.

   Cette question, c’est-Ă -dire « pourquoi elle ne le dit pas ? Â», a tourmentĂ© suffisamment Freud pour que le premier rĂŞve dont il fera Ă©tat dans son bouquin inaugural sur la signifiance des rĂŞves, la Traumdeutung, sera l’un de ses rĂŞves Ă  lui et qui concerne justement une amie qui a dĂ» ĂŞtre plus ou moins une patiente, mĂŞme pas sĂ»r, et dont il essaie d’ouvrir la bouche pour savoir ce qu’il y a lĂ  au fond, qu’est-ce qu’il y a de cachĂ© au fond de sa bouche et dont elle souffre, puisqu’il y a manifestement des signes physiques de souffrance : elle n’a pas l’air bien, elle est pâle, elle est bouffie. Mais qu’est-ce qu'il y a au fond de la gorge des femmes, hein ?

   Si on postule que cette patiente astasique-abasique Ă©tait la victime d’une formulation qu’elle s’était faite Ă  elle-mĂŞme et qui a Ă©tĂ© refoulĂ©e, « je n’ai plus de soutien Â». RefoulĂ©e pourquoi? On n'en sait rien dans l’histoire, peut-ĂŞtre parce qu’elle ne pouvait pas dire ça Ă  la mère, faire entendre Ă  la mère que maintenant que papa Ă©tait mort, c’est pas la mère qui avec ses propres faiblesses allait ĂŞtre capable de la soutenir. Peut-ĂŞtre que par dĂ©cence ou par amour maternel elle a refoulĂ© ce qui Ă©tait inconvenant de dire, on va supposer ça, ce n’est pas très hasardeux et ça ne dĂ©range rien.

   Donc l’inconscient venant se proposer lĂ  comme cet Ă©crit Ă  dĂ©chiffrer, dès lors qu’il se manifeste par des interventions qui font symptĂ´me, par des manifestations plus exactement qui font symptĂ´me, il se manifeste par Ă©crit. Et mĂŞme lorsqu’il s’agit d’un lapsus, comme vous le savez, vous l’avez dĂ©jĂ  entendu chez nous dans cette École, le support du lapsus vocal qui n’est pas nĂ©cessairement un lapsus de plume, c’est toujours une simple lettre en trop, une lettre, c’est l’écrit, ce n’est pas un phonème en trop, une seule lettre, et qui vient dire beaucoup plus que ce que le patient, ce que la personne, pensait vouloir dire. Et avec cette distinction majeure Ă  laquelle ces petites histoires nous introduisent, entre l’écrit et la voix, la voix qui ne se supporte que du trou fait dans un ensemble. Ce n’est pas seulement le trou percĂ© dans le tuyau et qui va supporter la confection de la flĂ»te et qui en est le tĂ©moignage : pour qu’il y ait de la voix, il faut qu’il y ait une colonne sonore qui se dĂ©place, comme une arrivĂ©e d’air qui se dĂ©place dans un orifice, dans un tuyau. La voix, dès lors qu’elle dĂ©complète ne serait-ce que par sa nature physique mĂŞme, tout ce qui serait compacitĂ©, la voix mĂ©nage ainsi dans cette compacitĂ©, dans cette totalitĂ©, dans cet ensemble, l’espace oĂą un dire peut se faire. De plus c’est toujours le mĂŞme espace pour un sujet donnĂ© puisque son dire finalement sera toujours le mĂŞme. On ne cesse, chacun d’entre nous, de dire la mĂŞme chose, ce qui nous rassure d’ailleurs parce que quand on se met Ă  parler brusquement diffĂ©remment de ce qu’on a l’habitude d’entendre de soi-mĂŞme, ça peut paraĂ®tre gĂŞnant.

   L’écrit est un ensemble homogène. Non trouĂ©, totalitaire, et sans limite. Et ce qui va nous amener comme vous le voyez Ă  opposer le pouvoir de la voix qui se rĂ©fère je dirais Ă  ce qui est une dĂ©fection dans la totalitĂ©, dans la compacitĂ©, opposer le pouvoir de la voix qui se supporte d’un trou, de l’écriture et dont le pouvoir est toujours totalitaire. Outre le fait qu’elle n’a pas de sujet, vous vous rendez compte, et qu’elle n’a pas d’adresse. C’est pourquoi vous aurez Ă  rencontrer ou vous rencontrerez des questions qui ont Ă©tĂ© posĂ©es Ă  propos de l’auteur : l’auteur d’un Ă©crit, est-ce que c’est le signataire est ce que son nom reprĂ©sente effectivement le lieu d’oĂą ça s’est Ă©crit pour lui lorsqu’il a Ă©crit. Ou bien est-ce que ça s’est imposĂ© Ă  son propre nom ? Encore que, comme vous le savez, ça peut parfaitement ĂŞtre l’écrit de ce que l’on appelle un nègre et auquel son nom propre Ă  lui sera attribuĂ©. Et c’est ce qui fait d’ailleurs que lorsque nous avons des amis qui s’engagent dans l’écriture, la première chose qui est la plus Ă©vidente, c’est qu’ils Ă©crivent sans savoir Ă  qui ils s’adressent. C’est fait pour qui, ce qu’ils Ă©crivent ? Il n'y a pas longtemps encore, j’ai eu la faiblesse de m’emporter, ce qui n’était vraiment pas nĂ©cessaire, on ne fait pas toujours le nĂ©cessaire, Ă  propos d’un texte que l’on m’apportait, aux fins de publication Ă©ditoriale et dont je ne comprenais absolument pas Ă  qui ça s’adressait. C’est fait pour qui ? Ça ne posait pas de problème Ă  l’auteur, par ailleurs excellent. Enfin personne excellente. Ecrit qui n’était pas inintĂ©ressant mais Ă©crit pour qui ? Or ça il n’y en avait pas trace dans le tapuscrit. Et d’autre part quand on connaissait un peu cette personne qui venait donc proposer son travail, on Ă©tait très surpris que cette personne puisse en ĂŞtre l’auteur, ça n’allait pas du tout de soi.

   Ceci nous ramène Ă  une curieuse rĂ©partition entre d’une part la voix qui sera rapportĂ©e Ă  une autoritĂ© masculine, et l’écrit qui par le lieu d’oĂą il se fomente sera rapportĂ© Ă  la toute puissance fĂ©minine. Ça c’est bizarre. Cependant c’est bien comme ça, et je crois que nous n’avons pas Ă  nous Ă©tonner si finalement l’écriture a tant d’attrait pour les dames. C’est vraiment leur truc. Et Lacan va plus loin puisqu’il va faire remarquer le caractère fĂ©minisant de l’écriture. Un Ă©crit, ça ne se discute pas. Ce qui a Ă©tĂ© une parole Ă©mise, serait-elle autoritaire, il y a toujours l’espace pour la contredire, la tempĂ©rer, la discuter. Un Ă©crit, ça s’impose de soi-mĂŞme. Et puis comme en plus il n’y a pas d’émetteur, et vous n’êtes lĂ  une adresse qu’occasionnelle, c’est beaucoup plus compliquĂ©.

   De telle sorte que nous en revenons Ă  la question de la matĂ©rialitĂ© de ce qui donne corps Ă  la relation. Ce qui donne corps Ă  la relation et qui est donc le lieu de la souffrance, le lieu oĂą gĂ®t la cause de la souffrance, il y a Ă  la chercher dans ses diverses modalitĂ©s. Eh bien, ce corps s’appelle le discours. C’est le discours qui donne corps Ă  la relation et c’est dans son corps que gĂ®t la cause de la souffrance des locuteurs. Alors ce discours - lĂ  aussi je suppose qu’on vous en a rebattu les oreilles - c’est un instrument Ă©crit par Lacan, car ça relève de l’écriture dont beaucoup de ses Ă©lèves sont restĂ©s, j’allais dire interloquĂ©s, en souffrance, pour parler mieux. Puisque comme vous avez pu le voir, il comporte quatre places pour quatre agents. Je ne vais pas lĂ  dĂ©velopper les Discours, j’en rappelle simplement le principe. Pour essayer de bien prĂ©ciser le sens des places et des agents. Les places, comme vous le savez, il y en a une qui est celle oĂą se tient le signifiant qui se rĂ©clame d’un pouvoir de maĂ®trise, ce que Lacan appellera aussi la place de l’agent. Si je dis une phrase qui Ă  cette heure-ci commence Ă  m’intĂ©resser : « Va chercher le plat dans le frigidaire ! Â», eh bien, cette phrase s’articule d’une place qui est Ă©videmment celle du commandement. Je la dis Ă  qui ? Je l’adresse Ă  celui oĂą celle qui se trouve lĂ  en position d’avoir Ă  rĂ©pondre au titre d’objet c’est-Ă -dire qu’on ne lui demande pas son avis, on lui demande d’exĂ©cuter ce qui s’est dit avec cette phrase remarquable « Va me chercher ce plat dans le frigidaire ! Â», on lui demande d’exĂ©cuter ce qui est dit quoiqu’il en pense. Il pense peut-ĂŞtre que ce n’est pas Ă  lui de le faire, ou pas Ă  elle de le faire, que je n’ai qu’à le faire moi-mĂŞme, etc. Ce sont des occurrences qui en plus ont la saveur de ne pas ĂŞtre exceptionnelles. Donc ça s’adresse Ă  cette place occupĂ©e disons par l’objet, l’objet en l’occurrence destinĂ© Ă  me satisfaire.

   Dans cette adresse, qui concerne le champ des reprĂ©sentations, on est dans l’espace des reprĂ©sentations, on est dans la cuisine, ou dans le salon enfin l’endroit que vous voudrez. Dans le champ des reprĂ©sentations, il y a le maĂ®tre et puis celui auquel il s’adresse. Mais dans cette interpellation, il y a quelque chose qui a chu. Et c’est pourquoi je vous ai tout Ă  l’heure parlĂ© des deux sĹ“urs. Ce qui a chu, c’est que ce plat ne viendra jamais complètement me satisfaire. Il va peut-ĂŞtre sur le moment-lĂ , et j’aimerais bien qu’il arrive, il va peut-ĂŞtre me calmer mais comme on le sait, cet appĂ©tit-mĂŞme risque de rester sur sa faim puisque tant que ça peut, cette faim ne sera pas apaisĂ©e. Il y a donc cet objet qui a chu dans cette adresse mĂŞme et que Lacan, comme vous le savez par cĹ“ur, thĂ©orise comme objet petit a et donc la place, s'il y a la place du maĂ®tre, la place de l’objet, il ne dit pas du serviteur, c’est autre chose un serviteur, la place de l’objet hors du champ des reprĂ©sentations, l’objet qui a chu et qui va ĂŞtre cause de la souffrance permanente puisque l’insatisfaction va rester maĂ®tresse du terrain. Insatisfaction aussi bien pour l’émetteur de cet ordre que pour celui qui y rĂ©pond, insatisfaction rĂ©ciproque donc c’est le dĂ©but en gĂ©nĂ©ral de la scène de mĂ©nage. C’est clair. Et puis toujours hors du champ des reprĂ©sentations, un espace complètement inattendu et sur lequel vous ĂŞtes absolument tourmentĂ©s, parce que la vĂ©ritĂ© ça tourmente toujours, un espace dans ce qui est cette machinerie du discours. Alors si on comprend bien ce qui se passe dans le champ de la reprĂ©sentation, ça, ça va. Si on peut admettre la place d’un plus de jouir d’un objet qui a chu et qui est hors du champ des reprĂ©sentations, ce que Freud situait toujours dans le sous-sol avec ses fameux tanagras dont de multiples exemplaires dĂ©coraient son bureau, c'est la place de la vĂ©ritĂ©. Alors donc vous voyez la question sur laquelle vous ĂŞtes amenĂ©s et qui est la question de votre vie : c’est quoi la vĂ©ritĂ© ? En quoi consiste-t-elle dans cette affaire, hein ? Parce que lĂ  on reste entre soi, en quelque sorte. MĂŞme avec le plus de jouir, il est incarnĂ© par cette sĹ“ur adorĂ©e Ă  laquelle on a renoncĂ©, et qui est sortie du champ, elle n’est plus dans le milieu. Alors la vĂ©ritĂ©, c’est quoi ? Eh bien il va falloir un tout petit peu rĂ©viser ce que j’ai situĂ© tout Ă  l’heure en parlant de ce rĂ©seau sans limite, infini, que constituait l’écrit, y compris l’inconscient, pour retenir que son caractère justement d’être sans limite laisse toujours la place d'un espace au-delĂ , bien sĂ»r, que les mathĂ©maticiens ont su Ă©crire, qui signifie que le sens de ce qui vient de cet Ă©crit ne saurait jamais se conclure. C’est-Ă -dire que lĂ  oĂą en quelque sorte j’ai pu dĂ©lĂ©guer un plus de jouir pour lui donner le sens d’un appĂ©tit, mĂŞme quitte Ă  rester déçu, cet appĂ©tit, dans le champ de la rĂ©alitĂ©, le champ des reprĂ©sentations, oĂą cet objet petit a est venu lester l’inconscient, de cet objet qui entretient chez le locuteur ce dĂ©sir destinĂ© Ă  rester inassouvi, la vĂ©ritĂ© c'est que cet objet ne vient pas fermer le sens de ce qu’il y a lĂ  dans l’Autre et qui est en quelque sorte, on pourrait dire, un alibi pour un sens dernier, ultime, celui justement qui assurerait satisfaction complète et qui n’est pas au rendez-vous. Place de la vĂ©ritĂ©, et alors ça c’est ce qui va ĂŞtre pour nous tous ici le plus difficile Ă  admettre. Quand nous allons rentrer chez nous, dans quelques minutes, on va ĂŞtre tourmentĂ©s par cette affaire. C’est que cette place, comme c’est une place, elle peut ĂŞtre occupĂ©e par des instances qui vont venir Ă  cette place. C’est ainsi que dans le discours du maĂ®tre, il y a une instance qui va venir Ă  cette place de la vĂ©ritĂ©, c’est-Ă -dire fonctionner pour nous, braves crĂ©dules, comme si elle Ă©tait l’expression de la vĂ©ritĂ©. Ce sera la place du S barrĂ© c’est-Ă -dire du sujet. Nous y tenons les uns et les autres beaucoup puisque nous sommes dans le meilleur des cas des humanistes, Ă  penser que le sujet c’est finalement la vĂ©ritĂ© absolue, la vĂ©ritĂ© dernière que nous avons Ă  protĂ©ger, Ă  dĂ©fendre. Telle est lĂ  notre ressource, ce sujet, notre ressource identitaire ultime, le sujet, S barrĂ© et c’est pourquoi l’écriture de Lacan est fortement imagĂ©e, la pure faille. Et cette faille, vide, n’a besoin d’être soutenue par rien. C’est dans une faille que vient se loger ce que nous tiendrons donc comme la vĂ©ritĂ© absolue, c’est-Ă -dire le sujet.  Ce qui est - et je vais vous laisser sur cette dernière remarque, qui va ne pas dĂ©cevoir votre ardent dĂ©sir de savoir - c’est que dans cette Ă©criture des discours - et vous voyez je n'ai pas traitĂ© les discours, j’ai juste voulu traiter la matĂ©rialitĂ© du corpus qui assure la relation et qui est le siège de ce qui va faire souffrance. J’ai rien voulu d’autre si ce n’est que l’instance active, le moteur de l’affaire, le premier moteur immobile de cette affaire, ne figure pas dans le discours. Cependant il va ĂŞtre essentiel. Je me suis beaucoup interrogĂ© pour savoir pourquoi Lacan l’avait escamotĂ© sauf le fait, parce qu’évidemment on ne peut pas le reprĂ©senter, l’inscrire dans le champ des reprĂ©sentations, l’on inscrit bien l’objet petit a et le lieu de la vĂ©ritĂ©, alors pourquoi pas la place du premier moteur immobile ? Parce que le signifiant maĂ®tre ne vient pas de nulle part. D’oĂą est-ce que ça vient, ça ? Et d’ailleurs on s’interroge toujours sur ce qui fonde l’autoritĂ© des maĂ®tres, Ă  savoir si leur autoritĂ© est bien fondĂ©e, s’ils ont Ă©tĂ© bien Ă©lus et s’ils sont bien Ă  la hauteur de leurs tâches, hein. Ce n’est pas rare, que ceux qui ont fonction de maĂ®tres ne soient pas toujours Ă  la hauteur. C’est amusant ce que je vous dis parce que Lacan, justement Ă  une Ă©poque oĂą ce n’était pas bien vu de se comporter en maĂ®tre, eh bien dans ses relations privĂ©es, il n’hĂ©sitait pas, et d’ailleurs ça a Ă©tĂ© source d’un certain nombre de conflits dans la mesure oĂą se comporter en maĂ®tre aujourd’hui ce n’est pas politiquement correct. Il faut que le patron discute et qu’il explique. Le seul problème c’est que le signifiant fonctionne sans qu’il y ait rien Ă  expliquer, c’est ça qui est embĂŞtant. Ce qui donc ne figure pas dans l’écriture de ces discours et qui y est pourtant, et qui va ĂŞtre la cause de la souffrance, ça s’appelle l’instance phallique. Et puisque j’ai Ă©voquĂ© en cours de route l’enfant amenĂ© Ă  la consultation et oĂą les parents sont lĂ  dans leur douleur, dans leur peine, et l’enfant recroquevillĂ© comme ça dans son malaise, son malheur, ses symptĂ´mes, son Ă©nurĂ©sie, ses vomissements, son insomnie, son refus scolaire, il vous apparaĂ®tra toujours tellement lisible que ce qui ne va pas lĂ  entre eux, c’est dans leur rapport que les parents ont Ă  offrir Ă  l’enfant ce qu’il en est de leur propre rapport Ă  l’instance phallique, de leur propre façon de traiter l’instance phallique. Parce qu’un enfant par dĂ©finition, c’est un petit phallus, en cours de croissance, c’est pour ça que c’est tellement mignon, le petit chĂ©ri, eh oui. C’est pour ça aussi, permettez-moi cette remarque, qu’il y a des pĂ©dophiles. Pourquoi il y aurait des pĂ©dophiles ? D’oĂą est-ce que ça pourrait bien leur venir, cette affaire ? Eh bien ce petit phallus est en souffrance parce que le rapport des parents Ă  leur grand phallus n’est pas tout Ă  fait comme il faudrait et donc ils n'ont pas bien mis l’enfant dans une position qui doit lui permettre de se repĂ©rer joyeusement et avec espoir dans la construction de cet idĂ©al pour lui. Car un enfant a cette intelligence qui lui permet très vite de distinguer qui en a et qui n’en a pas et quels sont les modes de rapport des uns et des autres avec cette instance, comment ils s’en dĂ©brouillent, comment ils ne s’en dĂ©brouillent pas, leur perversitĂ©. L’intelligence de l’enfant est toujours admirable pour dĂ©chiffrer tout cela. Nous, nous sommes des phĂ©nomĂ©nologues, nous nous attachons, nous ne croyons  que ce que nous voyons, que ce que nous observons, ça c’est le principe mĂŞme de la mĂ©decine.

   Donc ce que nous verrons la prochaine fois, c’est de quelle façon les diverses modalitĂ©s de traitement de cette instance phallique par les locuteurs vont rendre compte de leurs nĂ©vroses, de leurs psychoses, et puis d’une façon plus gĂ©nĂ©rale, comment elle contribue Ă  entretenir leur insatisfaction c’est-Ă -dire cette tension qui risque d’être excessive au point d’entraĂ®ner une douleur. Douleur qui peut se rĂ©vĂ©ler difficile Ă  supporter et qui vous explique pourquoi le grand mouvement culturel actuel consiste, cette instance phallique, Ă  l’annuler, autrement dit Ă  faire sortir le papa qui en est le reprĂ©sentant, de toute responsabilitĂ© Ă  cet Ă©gard et, lui qui en Ă©tait le fonctionnaire Ă©mĂ©rite, de le renvoyer Ă  ses loisirs de week-end. C’est ce Ă  quoi nous assistons sans que personne ne puisse y changer grand-chose ni mĂŞme avoir la moindre prĂ©diction Ă  inscrire, sauf concernant les enfants pour qui ce n’est pas de la prĂ©diction, c’est ce qui se passe.

   VoilĂ , je vous souhaite une bonne soirĂ©e et Ă  la prochaine fois.

  

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