Une introduction contemporaine à la psychanalyse
Extrait
14 mars 2011
Je pense que je ne vous apprends rien en vous parlant de cette très grande sensibilité d’un nourrisson. Eh bien, nous pouvons le dire autrement, nous pouvons dire qu’un nourrisson, il est extrêmement en proie à la jouissance. La jouissance, il est en plein dedans, il en fait l’épreuve en quelque sorte radicalement, mais ce qu’il faut ici ajouter, c’est que pour que ce nourrisson, cet enfant, puisse articuler cette différence des places que j’ai rappelée comme ça au tableau, il est nécessaire, il faut, il y a une condition, pas trente-six, il y en a une, il faut qu’il lui soit possible à ce nourrisson, de laisser tomber, d’abandonner très, très tôt, hein, même déjà presque avant d’être né, parce que ça dépend beaucoup du contexte dans lequel il naît, il faut que ce contexte lui permette de laisser tomber, d’abandonner, une part de jouissance. Si cette soustraction de jouissance en quelque sorte, si ce manque de jouissance, si ce moins de jouissance, ne s’effectue pas, eh bien, il est tout à fait impossible que soit représentable pour cet enfant, la différence que je vous ai marquée entre la place première par exemple et la place seconde. Non seulement ce ne sera pas représentable, mais ce ne sera réellement pas opérant pour ce petit sujet. Du coup justement, du coup son existence comme corps, et sa jouissance, en seront beaucoup affectées, puisqu’il ne sera pas possible, en tout cas il sera difficile, très difficile, voire impossible, à ce sujet d’articuler donc, les différences de place que permet d’articuler la parole. Pour le dire autrement, nous pouvons considérer que ce qui est marqué là, c'est-à-dire je vous ai dit l’objet qui détermine la jouissance, cet objet par son manque, rend possible toute cette structure que vous voyez là différenciée ; cette différence des places et notamment de la parole est en quelque sorte un des effets de la structure que permet cette séparation, cette chute comme on dit, cette séparation de l’objet de la jouissance.
La parole n’est rien d’autre en somme que l’articulation de ce moins de jouissance, de cette soustraction de jouissance. Nous ne parlons qu’à partir de cette soustraction. Ce qui est une façon aussi de vous faire entendre que les quatre places qui sont là sont solidaires, il n’y en a pas d’abord une qui se met en place, puis la seconde, puis la troisième, puis la quatrième, Elles sont une structure, c’est-à-dire qu’elles se mettent en place d’une certaine manière toutes les quatre dans le même contexte, dans la même structure.