Anthologie de Charles Melman

Charles Melman : Théories se rapportant à la psychopathologie - 7

Vous aurez sûrement le loisir, à un moment ou à un autre de votre parcours, d’apprécier de quelle façon le refus, le maintien à l’écart des savoirs ou du savoir que peut apporter la psychanalyse, et aussi bien sur les phénomènes sociaux que Freud ne s’est pas épargné d’aborder au niveau de la psychologie des masses, et à un moment, en 1925, où cette psychologie des masses commençait à montrer son visage, c’est-à-dire à être menaçante, menaçante dans la quête d’une identité collective assurée, affirmée ; et cela bien sûr dans le refus du milieu culturel de prendre en compte les données pourtant simples, et après tout pourquoi pas, on a le droit de rêver, qui auraient peut-être empêché un certain nombre de conséquences, dont il est frappant de voir de quelle manière leurs résurgences se préparent ; et cela toujours dans le refus du milieu culturel de ceux qui donnent le la en matière de pensées et du droit de penser, et de quelle façon cela risque de nouveau de se payer cher. C’est comme ça ! C’est comme ça, mais ça ne doit pas nous empêcher de méditer justement sur le prix de ce que nous enseignons qui parfois à l’air banal, parfois difficile, mais qui en tout cas concerne des conséquences essentielles.

Charles Melman : Théories se rapportant à la psychopathologie - 7

Charles Melman : Théories se rapportant à la psychopathologie - 6

EPhEP, MTh3-CM, le 8/02/2018

Alors pour commencer, je vais vous raconter une petite histoire que vous m’avez peut-être déjà entendu raconter, je ne sais pas ; enfin comme c’est une histoire que j’aime beaucoup, je vais au moins me faire plaisir et la raconter une seconde fois pour ceux qui ne l’auraient pas entendue, pardon pour ceux qui l’auraient déjà entendue.

Charles Melman : Théories se rapportant à la psychopathologie - 6

Charles Melman : Théories se rapportant à la psychopathologie - 5

Alors j’ai donc décidé ce soir de vous raconter des histoires amusantes. On ne va pas toujours s’embêter ! Donc je vais vous parler de la vie du couple.

Il y a une combinatoire très limitée finalement qui organise la vie du couple. Alors on va voir  très rapidement les divers cas de figures.

Dans le premier cas de figure, le bonhomme tient sa femme pour une handicapée. C’est amusant ça hein ! Handicapée puisqu’elle ne fait jamais les choses comme il faut. Et surtout, ce qui est très embêtant, c’est qu’elle ne pense pas comme lui. Le pire c’est que c’est vrai ! Elle ne peut pas penser comme lui, parce que sa façon à elle de penser est organisée différemment.

Charles Melman : Théories se rapportant à la psychopathologie - 5

Charles Melman : Le nomadisme est-il l’avenir ?

Je vais m’autoriser à avancer cet après-midi, à risquer des thèmes qui fâchent. Qui sait ? Si ça peut, après tout, intéresser ou nous servir, il faut bien en prendre le risque. On ne peut pas être toujours satisfait, et le domicile, c’est sûrement un sujet qui fâche.
La preuve, c’est que nous faisons beaucoup d’efforts les uns et les autres pour en avoir un, et puis une fois qu’on l’a, il n’est pas rare que l’on rêve de se tirer ailleurs...quand on ne le fait pas ! Et si on se tire ailleurs, c’est pour recommencer, c’était malin !
C’est un sujet qui fâche et qui fâche à l’intérieur même d’ailleurs du domicile, entre ceux qui le partagent et qui estiment toujours que leurs partenaires, soit sont excessifs, soit sont par défaut. Ce qui fait que l’équilibre ne semble que rarement, je dirais, satisfaisant, et l’adolescent qui nous intéresse se caractérise par ceci, qui est bien connu et que vous avez bien sûr évoqué Thierry Delcourt, c'est-à-dire qu’il s’enferme dans sa chambre. Autrement dit, il manifeste que lui, il est déjà parti. Lui, il est déjà ailleurs. Ou qu’il n’en est pas. Mais vraiment il en a par-dessus la tête.

Charles Melman : Le nomadisme est-il l’avenir ?

Charles Melman : Théories se rapportant à la psychothérapie - 4

Illustration cours magistral Charles Melman - EPhEPAlors pour commencer cette année, que je vous souhaite bonne, nous allons démarrer par une devinette. Devinette qui d’ailleurs a peut-être déjà été abordée ou traitée de diverses façons. A votre idée, qu’est-ce qui fait qu’une communauté peut tenir ensemble ? Parce que c’est un mystère ! Alors à votre idée ? S’il vous plaît, quelle est votre idée ? Dites le très fort, criez ! Vous voulez un micro ?
Intervenant – La présence d’un bouc émissaire
Charles Melman – La présence d’un bouc émissaire ! C’est une conception un peu tragique, mais…
Intervenant – Réaliste !
Ch. Melman – Réaliste ! D’accord ! Bon je ne voudrais pas vous contredire
Intervenantes – Les valeurs
Ch. Melman – Les valeurs ! Il faudrait évidemment vous demander dans quelle institution vous les situez, mais on ne le fera pas.

Charles Melman : Théories se rapportant à la psychothérapie - 4

Charles Melman : La paranoïa féminine

La question de la paranoïa féminine que m'a proposé de vous traiter Martine Gros m'a obligé à me demander si sur cette question j'aurais des choses un peu amusantes ou nouvelles à vous raconter. J'ai donc dû faire ce qu'on l'on appelle une réflexion et ma réponse est oui, grâce à Martine Gros, à sa question.
Une première remarque pour rappeler ce qu'il en est de la paranoïa d'abord, avant de spécifier. Il m'est arrivé, je l'ai déjà raconté, parce que ça fait partie de la psychiatrie amusante, de discuter publiquement avec Henri Ey de sa thèse selon laquelle la folie, c'est la maladie de la raison. Henri Ey était un homme très fin, intelligent, connaissant admirablement la psychiatrie, mais je dois dire qu'une telle assertion ce n'est vraiment pas fort. Ce n'est vraiment pas fort d'abord parce que la raison vous seriez en peine de la définir. Ça ne se définit pas comme ça.

Charles Melman : La paranoïa féminine

Charles Melman : La paranoïa féminine

La question de la paranoïa féminine que m'a proposé de vous traiter Martine Gros m'a obligé à me demander si sur cette question j'aurais des choses un peu amusantes ou nouvelles à vous raconter. J'ai donc dû faire ce qu'on l'on appelle une réflexion et ma réponse est oui, grâce à Martine Gros, à sa question.
Une première remarque pour rappeler ce qu'il en est de la paranoïa d'abord, avant de spécifier. Il m'est arrivé, je l'ai déjà raconté, parce que ça fait partie de la psychiatrie amusante, de discuter publiquement avec Henri Ey de sa thèse selon laquelle la folie, c'est la maladie de la raison. Henri Ey était un homme très fin, intelligent, connaissant admirablement la psychiatrie, mais je dois dire qu'une telle assertion ce n'est vraiment pas fort. Ce n'est vraiment pas fort d'abord parce que la raison vous seriez en peine de la définir. Ça ne se définit pas comme ça. Et puis ensuite parce que la psychose c'est le triomphe de la raison. C'est irréfutable. Vous ne pouvez pas réfuter quoi que ce soit chez quelqu'un qui est pris dans la psychose et qui est donc du même coup dans la certitude, par elle-même pathologique, de ce qu'il est amené à formuler. Et pas seulement de ce qui se formule à lui et dont il a évidemment une expérience immédiate, qui ne prête à aucune mise en doute, à aucune discussion, mais enfin sa façon même d'enchaîner ce qu’il en est de l'ordre causal est irréfutable. Le psychotique connaît la cause.

Charles Melman : La paranoïa féminine

Charles Melman : Théories se rapportant à la psychopathologie - 3

Logo Ch MelmanVoilà, moi je vous aime bien, parce que vous m’obligez à revoir un certain nombre de points, c’est-à-dire tous ces points sur lesquels on a l’habitude de s’accorder, parce qu’entre praticiens on a des conventions, on a des choses communes et donc un certain nombre de points qu’il paraît inutile de reprendre, d’expliquer, sur lesquels on s’appuie, on est bien obligé d’ailleurs ! Mais enfin, comme vous êtes jeunes, il me semble, il convient donc, ça m’oblige en tout cas à reprendre un certain nombre d’acquis pour vous. Et puis, si ça vous paraît le moins du monde obscur, vous n’hésitez pas, vous levez le doigt, et puis je m’arrête, on discute. On va faire ça humainement si ça ne vous fait pas peur.

Alors je vous rappelais la fois précédente, qu’en aucun cas nous ne pouvions dire que le fou était un aliéné, en aucun cas, puisque ce qui est commun c’est de recevoir son propre message d’un lieu non contrôlé, ce lieu Autre, et d’un lieu qui ce message le commande.

Charles Melman : Théories se rapportant à la psychopathologie - 3

Charles Melman : Théories se rapportant à la psychopathologie - 2

vignette cours magistral Ch MelmanNous allons essayer de nous réchauffer avec un sujet parfaitement excitant. On va voir si, effectivement, il vous met de bonne humeur.
Il s’agit donc aujourd’hui de conclure la mise en place des instances déterminantes de la psychose. Et je commencerai par vous rappeler ceci qu’on a déjà dû vous seriner, c’est que nous avons la spécificité dans l’espèce animale de naître sans aucun savoir inné. Vous avez tous eu le bonheur d’observer la naissance d’un bébé poulain. Je vois dans votre regard que oui : vous avez tous assisté à cette naissance. Et en tout cas, vous avez pu vérifier qu’une fois dehors, il se mettait joyeusement sur ses pattes, fragiles, trouvait très vite le pis de sa maman et puis se mettait à gambader. Voilà, il avait tout ce qui faut pour fonctionner. Ce qu’il ne manque pas d’ailleurs de faire.

Charles Melman : Théories se rapportant à la psychopathologie - 2

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