Gaudard P-Y. Mr

Pierre-Yves Gaudard : Que nous apprend la clinique de la phobie sur les sociétés traditionnelles ? -3

J'avais prévu de soutenir mon propos de ce soir en ayant recours à quelques illustrations, puisque notre compréhension en passe souvent par l'imaginaire, quelques images m'auraient aidé, sachant que le modèle de notre connaissance du monde vient se calquer sur la possibilité de reconnaître notre propre image dans le miroir, mais la technologie n'est pas de la partie. La clinique de la phobie m’intéresse en tant qu’elle permet d'illustrer quelque chose qui viendrait déroger à l'universalisme perceptif, conception largement partagée que nous percevrions tous la même chose.

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L’anthropologie se définit comme une science de l’homme. Et la psychanalyse ? Lacan disait qu’elle n’était pas une science de l’homme et que, de l’homme, elle en manquait ; effectivement c’est en tant que manquant que le sujet de la psychanalyse peut être considéré et après tout, il appartient aux anthropologues de tenir compte du fait qu’effectivement l’homme est manquant. Il s’agit là d’une caractéristique qui me semble universelle, en tout cas quand il s’agit de la névrose. Quand il s’agit de la psychose, les choses sont beaucoup plus compliquées ; c'est justement la question de ce manque en tant qu’il n’est pas vraiment en place qui est à l’origine, notamment, de phénomènes tels que l’hypocondrie.

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Je pense que l'actualité, aussi douloureuse qu'elle soit, doit nous conduire à considérer que les questions de la psychopathologie et de ce qu'est un fait clinique aussi bien sur le plan individuel que sur le plan collectif, vont interroger ce qui s'est passé. J'entends cette année, alors qu'on avait déjà réfléchi à cette question l'année dernière, essayer de tirer nos enseignements et la recherche de l'école du côté de la radicalisation, comment ça fonctionne, en quoi ça nous concerne, si elle a à voir avec la folie ou si l'idéologie, le rapport pathologique à l’idéal sont des clefs explicatives, du côté de la psychologie des masses en tout cas ; je crois que ces événements malheureusement nous conduisent à devoir insister sur ces faits et dans vos travaux et surtout les travaux de recherche qui sont ceux de vos enseignants, c'est une question qui ne manquera pas d'avoir tout le poids qu'elle doit avoir et si vous avez des questions, si vous avez des remarques, si vous souhaitez que l'école se penche sur telle ou telle question qui vous apparaît importante, évidemment, nous sommes à votre écoute. Nous ferons en sorte que cela puisse déboucher sur un certain nombre de travaux qui, je crois, ont toutes leurs places dans la cité aujourd’hui.

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Je voudrais, au cours de cette séance conclusive, tenter de rattacher tous les éléments que je vous ai indiqués au cours de ces différentes séances. Notamment, je voudrais vous montrer en quoi et pourquoi j'ai insisté sur la clinique de la phobie. Avec cette difficulté que, s’il faut savoir utiliser la clinique occidentale, en tant qu'elle nous permet de repérer un certain nombre de mécanismes, il ne faudrait pas l'utiliser comme une espèce d'étiquetage qui viendrait « psychopathologiser » les peuples, les ethnies sur lesquels je me suis un peu attardé. En d'autres termes, il est impossible, voire d’un ethnocentrisme achevé, de soutenir, par exemple, que les Indiens du Piémont amazonien, les Jivaros, dont je vous ai parlé, seraient des phobiques. Ce n'est pas de ça dont il est question, puisque venir qualifier un groupe comme ça en utilisant une catégorie psychopathologique, ça n'a pas beaucoup de sens.

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