Edito de Charles Melman : Rêveries d'un électeur solitaire

On ne connaît pas à ce jour de société qui serait heureuse, et ce n'est pas faute d'en avoir essayé les divers modèles. Pourquoi ? Une possible réponse est de dire que le citoyen lui-même est incertain des formes que prendrait pour lui le bonheur. Les Anciens repéraient certes sa course pour les honneurs et la richesse. Mais de quelle déshérence et pauvreté première ceux-ci ne sont-ils pas le témoignage ? Et ne mériteraient-ils pas meilleur traitement que la quête de breloques et d'un fric dont l'accumulation est impuissante à satisfaire la complexité du désir ?

La déshérence première mérite mieux que l'emplâtre constitué par le narcissisme du nationalisme et la satisfaction de l'appétit suscité par le manque ne saurait être assurée par le gavage.

Ainsi l'actuel désarroi des électeurs quant à leur choix de société n'est pas forcément un mauvais signe. Mais les moyens d'en faire un heureux présage ne semblent pas encore à notre portée.

Ch. Melman

20 avril 2017