Journée EPhEP - ALI Manosque Alpes de Haute Provence : La topologie du Fort-Da ou l’absence impossible

« Ce que demande l’enfant à sa mère de sa demande, c’est quelque chose qui pour lui est destiné à structurer cette relation présence /absence que le jeu originel du Fort-Da structure. » (Lacan, Séminaire L’Angoisse). Dans Au-delà du principe du plaisir, Freud illustrait la topologie de ce jeu du Fort-Da : l’enfant constitue des bords et des espaces par la répétition des deux phonèmes et le mouvement de la bobine attachée à une ficelle, lancée et ramenée au rythme des deux jaculations. Le désir de l’Autre est déjà là, pris dans la dialectique pulsionnelle d’un côté et signifiante de l’Autre côté - automaton, automatisme de répétition côté signifiant, et tuché, rencontre toujours manquée du côté de la pulsion et de l’objet perdu - Aliénation/Séparation. La reprise de ce modèle peut soutenir notre lecture clinique des sujets contemporains désaffectés, saturés d’objets de jouissance, en panne non pas de désir comme le névrosé coutumier, mais en panne de gravité, en référence à l’élaboration de Charles Melman sur « l’homme sans gravité ». Que se passe-t-il dans ce temps majeur de la naissance du parlêtre, pour qu’il puisse, ou non, articuler au champ de l’Autre les signifiants de la chaîne S1-S2 et soutenir en même temps aliénation et séparation d’avec l’Autre et l’objet a? Qu’advient-il du désir et du sujet lorsque le signifiant du manque dans l’Autre n’est pas inscrit pour tenir ensemble une présence dans l’absence ? 

Durant cette journée, nous considérerons la clinique actuelle à l’aune de ce que l’image freudienne du petit enfant avec son Fort-Da nous enseigne, plus particulièrement sur la découpe topologique qui en résulte, une découpe moebienne vs une découpe biface de l’objet a, et leurs effets. N’est-ce pas la logique biface qui organiserait la paranoïa ordinaire du monde d’aujourd’hui ?