Le juron représente une tentative symbolique du sujet pour cerner, désigner, circonscrire, 1 conceptualiser l’Autre, le grand Autre, en un tout qui fasse Un. Que cet Un soit le tout Autre en quelque sorte. C’est un moment proprement métonymique puisqu’une partie veut dire le tout. Cette adresse de caractère, sur fond d’opposition, signe le style et la singularité de celui qui la professe. Un grand acteur contemporain affiche sa préférence pour : « Que Dieu me tripote ».
Illustrant la permanence du sabordage qu’est ce dialogue avec le grand Autre, nous connaissons le « Mille Milliards de Mille Sabords », d’Hergé, dit par l’avatar capitaine Haddock, répété par les générations de perroquets de l’Île au Trésor.
Qu’est-ce alors que cette adresse intempestive, ramassée en une formule si condensée ? Serait-ce l’expression de l’échec à dire le refoulement originaire, exilé, qu’à se faire autoritaire, une instance Une, enfermerait dans la forteresse de l’inconscient ?