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Quand
Samedi 4 octobre 2014

Texte extrait de Féderico Sanchez vous salue bien de Jorge Semprun (p.224)

(J’avais conduit Costa-Gavras au vieux cimetière juif de Pinkas, près de Prague)

C’est l’un des lieux au monde qui suscite en moi la plus forte émotion. Le vieux cimetière de Pinkas, dans son silence récollet, dans la sérénité qui s’en dégage – fondée essentiellement sur le savoir de tant de siècles de persécution et de tenace piété – est un lieu de mémoire universel où le discours, soudain, miraculeusement, redevient inutile. Où il suffit de regarder, de s’ouvrir par le regard de l’âme à la poignante évidence que l’amoncellement de pierres tombales juives suggère et symbolise. Lieu de silence et de méditation, de prière aussi, sans doute, pour celui qui en aurait encore le goût, ou le courage, ou la possibilité. Mais quel Dieu pourrait être prié de se rendre présent à Pinkas, sinon celui de l’essentielle Absence, de l’Invisibilité rayonnante ? 

Notes