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Quand
Samedi 14 mars 2015
  •  « Le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) » : Nouvelle maladie ? Symptôme social ? Quelles recommandations ?  - EPhEP/EPEP-ALI - le 14 mars 2015
  • Réel de la Science, Réel de la psychanalyse  - ALI - les 21 et 22 mars 2015

En ce mois de mars, deux journées d’études se succèdent. Elles ont en commun des interrogations sur ce que nous entendons par le Réel de la clinique. Elles devraient permettre de réfléchir au discours de la science, à ses déterminations, à l’impact des immenses progrès scientifiques sur l’évolution de la lecture de la clinique. Nous aurons aussi à prendre la mesure des dérives scientistes qui s’appuient sur ce discours et qui influent notablement les nomenclatures et les nosographies en matière de « santé mentale ».

Qu’en est-il du Réel ? S’agit-il du même Réel pour la science et pour la clinique psychanalytique ? Il semble bien que faire référence au Réel ne relève pas du même discours, selon qu’il s’agit des sciences fondamentales ou de la psychanalyse. Pourtant, à suivre Lacan, c’est bien à l’avènement de la science et du sujet de la science que nous devons la mise en place du sujet de la psychanalyse. Comment alors se débrouiller avec tous ces paradoxes ? Pour le dire autrement, en évoquant le Réel, de quoi parlons-nous? Si, à mon sens, le Réel est le Réel, comment l’appréhender si ce n’est par l’effet d’une nomination, celle d’un signifiant qui, comme tout signifiant, renvoie à un autre signifiant et vient l’inscrire dans la logique d’un discours ? Dans une autre perspective, en quoi la topologie nodale, celle à laquelle Lacan donne tout son crédit, induit-elle une approche plus rigoureuse du Réel, dans la mesure où le nœud présente un Réel de la structure subjective d’un parlêtre et serait susceptible de proposer une écriture du lien social ?

La Journéedu 14 mars EPhEP/EPEP-ALI portera sur le « TDAH ». Cette nouvelle entité repose sur des présomptions et non sur des preuves scientifiques rigoureusement établies. Elle n’en est pas moins officiellement reconnue parla Haute Autoritéde Santé en France. Elle est paradigmatique d’une « promotion » diagnostique et thérapeutique orchestrée par les industries pharmaceutiques et par des cliniciens convaincus de la causalité organique de toute maladie mentale. Elle s’appuie sur un consensus politique et social au nom de la démocratie sanitaire. Elle est lourde de conséquences thérapeutiques et éthiques. Nous aurons à débattre lors de cette journée avec des psychanalystes, des praticiens, des associations de parents, des enseignants, des professionnels de l’enfance et de l’adolescence qui ne partagent pas toujours ce point de vue critique et qui pourront déployer leurs arguments. Á partir de l’exemple du « TDAH » comme témoin de l’évolution officielle de la clinique, nous pourrons prendre la mesure de l’écart qu’il peut y avoir entre ce que nous enseigne la clinique auprès des patients et les données pseudo-scientifiques établies au nom de la science.

Les Journées de l’ALI « Réel dela Science, Réel de la psychanalyse » n’ont pas tout à fait les mêmes perspectives, puisqu’il s’agira surtout d’ouvrir à un dialogue entre scientifiques, qui refusent le scientisme, et cliniciens.

Elles aborderont les problèmes sous diverses facettes : scientifique, clinique, politique, éthique… Elles donneront l’occasion de mettre au travail les diverses définitions du Réel que Lacan nous a transmises au fil de son enseignement : la catégorie qui ne relève ni du Symbolique ni de l’Imaginaire, la dimension de l’impossible (l’indicible, l’irreprésentable, le hors-sens), une des trois catégories qu’il a nommées R, S et I (Réel, Symbolique et Imaginaire), enfin le nœud même qui résulte du nouage de ces trois registres. Je retiens aussi que Lacan désignait le Réel comme pouvant être son propre symptôme (Le Sinthome, leçon du 13/04/1976), celui qui lui a permis de lire « un bout de Réel » et d’interpréter la clinique du transfert, celle qui spécifie la psychanalyse. Pour ma part, je serai particulièrement attentif à la notion scientifique d’invariance pour la mettre à l’épreuve du Réel de la clinique, tout en différenciant phénoménologie et structure

Faisons le vœu que tous ces enjeux qui concernent le Réel, les sciences fondamentales, la recherche de repères pour la clinique et la vie sociale, incitent à la participation la plus large possible à ces deux temps de travail qui sont intimement articulés.

Louis Sciara

Notes