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Quand
Samedi 10 juin 2017

 Lacan rappeur : la violence du réel est-elle soluble sur le divan ? en partenariat avec la revue artpress*


Serait-il guerrier, un chant est spontanément l’expression d’un amour, pour Dieu, la patrie, une femme, un enfant… l’accordera-t-on ? La composition musicale suppose en effet entre les notes un accord, un rapport dont l’harmonie sonore produite raconte la liaison parfaite tant espérée entre l’un et l’autre, l’un et l’Autre, un monde enfin bien ordonné, unifié, continu. Le ternaire réunifié. Il aura fallu Stockhausen pour rompre et explorer la possibilité de donner au traumatisme une participation maîtrisée à ce rêve, sans le faire cauchemar. L’intelligence du rap est d’introduire pour sa part dans le chant la violence et le conflit, au prix d’un écrasement du verbe par une frappe qui ne lui doit plus rien, celle-là même que nous impose un monde désormais numérisé et contractuel. Le mettre à l’épreuve d’une étude est vouloir prendre la mesure de notre modernité, en acceptant du même coup la violence à la mode des oppositions que ces quelques hypothèses pourraient déjà provoquer. Charles Melman

 EPhEP, Journée EPhEP, Paris le 10/06/2017

MATINÉE 

1. Introduction Anne Videau, Pr à l’Université Paris Nanterre, Directeur conseil de l’Ephep, et Manuella Rebotini, psychanalyste, discutant Marc Morali, psychiatre, psychanalyste.

                                                                                 

Introduction (vidéo)

Marc Morali, Olivier Cachin, Manuella Rebotini, Anne Videau (vidéo)

2. Texte remerciements Manuella Rebotini :

 Bonjour à tous.

Je voudrais tout d’abord remercier personnellement toutes les personnes qui nous ont accompagnés dans ce projet.

Je remercie Catherine Millet et toute l’équipe d’Art Press magazine de nous avoir laissé page blanche pour notre dossier de préparation à cette journée. Je remercie aussi le photographe MarOne, le label Din Records, Julien Thollard chef de projet du label et, pour le citer, j’envoie un « big up » au rappeur Médine pour sa chaleureuse participation.

Mes sincères remerciements et ma profonde gratitude s’adressent à Olivier Cachin, Dj Pone, Solo Dicko du groupe Assassin et Arnaud Rebotini pour leurs participations actives de ce jour. Nous sommes gâtés ! Je vous assure ! Très très gâtés ! D’autres acteurs aussi sont avec nous aujourd’hui, comme le Juno 60, l’Oberheim Two Voices, le VP 330, le SH 101, le ARP Odissey, la TR 808 et enfin deux platines MK2.

Un grand merci aussi à Julien Cholewa et à Yannick Freytag du Paris Hip Hop Festival. C’est à eux que nous devons le superbe graff Lacan rappeur. Je ne sais pas si un jour, il prendra place sur un mur comme les autres graffs. Ce serait heureux après tout. Nous saluons en tout cas votre talent et votre ingéniosité.

Enfin, j’adresse mes chaleureux remerciements à Anne Videau, directrice conseil de l’EPHEP et à Charles Melman, doyen de cette même école pour leur confiance. Nous avons déjà commencé un travail sur la musique populaire avec Lacan Rockeur. Il était temps, je crois, voire urgent que nous engagions un travail de réflexion concernant la culture hip-hop. Tout d’abord parce qu’en France on consomme du rap. On le dévore même à en être le deuxième consommateur mondial après les Etats-Unis. Et puis, surtout, parce que les premiers acteurs de cette scène, âgés aujourd’hui d’une cinquante d’années en moyenne, s’interrogent sur le devenir de leur création : « Il faut faire la différence entre le rap et le rap game. Ce qui me fait rigoler, c’est que certains rappeurs ont l’impression d’être rebelles en adoptant des postures de gangsters alors qu’aujourd’hui c’est devenu le truc le plus commun et le plus commercial. Les mecs sont dans la reproduction mais il leur manque des fréquences. » (Suprême NTM, Les Inrocks, 17/05/2017)

Pour suivre les bonnes fréquences, certains le savent, j’ai changé un peu de paroisse. Je remercie Olivier, Pone, Solo, Arnaud et Max. Ils m’ont bien bornée si je puis dire !

Je partirais de ce constat et me permettrais cette métaphore – je la reprendrais tout à l’heure. Le rock’n’roll est l’expression d’un dire que non. Le manteau qui nous recouvre est mal confectionné ! Mon penchant, comme certains le savent, va vers ceux qui pleurent sur le manteau ou ceux qui brodent des points de croix… Elvis eu l’impudence dans les années 50 de vouloir l’enlever parce que trop petit et coinçant le corps, certains préférèrent le manteau noir, les punks le déchirèrent et les norvégiens le brulèrent…

Je vous propose donc de suivre de suite le fil d’Olivier Cachin, il va nous enseigner avec quels points on rappe !

3. Olivier Cachin : Rap en français, ce mouvement dont personne ne voulait.

Olivier Cachin est journaliste, écrivain spécialiste de la culture hip-hop, chroniqueur télé dans l’émission Rapline, Max’O et Le Mag et à la radio dans l’émission Le mouv’.  Il est aussi rédacteur en chef de L’affiche, le magazine des autres musiques. Auteur, entre autres, de L’offensive rap, Eminem, le prince blanc du hip-hop, 100 albums essentiels de rap, Soul for One… 

Olivier Cachin, Manuella Rebotini

4. Manuella Rebotini : Mythe au logis du rappeur  

Mythe au logis du rappeur. Si je me permets cette écriture et cette équivoque, c’est dans l’espoir de vous faire entendre quels rapports peuvent s’exercer entre la fonction du mythe et celle du logis et comment leurs destins individuels et collectifs sont enseignants pour la compréhension de la genèse de la culture hip-hop. Je voudrais vous soumettre des lectures possibles de leurs effets en utilisant les trois dimensions de Lacan – le Réel, le Symbolique et l’Imaginaire – tels qu’il les travaille dans son séminaire.   

 Ma proposition concernera la voix et l’artisanat qu’elle déploie. Comme nous le savons, elle est répertoriée par Lacan dans la liste des objets a, les objets cause du désir est possède différentes fonctions phonatoires. Je vais développer ici distinctement trois fonctions. Une fonction de phonation individuelle, une morte – je m’en expliquerai – et une collective.

La première qu’il faut, à mon sens, considérer dans l’expressivité du rap est celle d’une assignation au travail de la voix. C’est un verbe qui la commande : to rap. La traduction de l’anglais propose différentes occurrences : parler vite, jacter, débiter, sermonner… désignant de fait un destin de la voix très différent de celui du chant qui dans son efficace s’exerce à émettre des suites sonores ordonnées, selon des lois préalablement établies afin de produire de l’agréable et du beau.  

 La fonction la plus communément admise et à laquelle je souscris est que le rap joue du bâton phallique, du Un bâton phallique et se distingue par joute oratoire. Il promeut le sens –la petite peintulure mise sur le petit a tel que Lacan le définit[1] – avec pléthore de monstrations d’autosatisfaction et de glorification du moi ouvrant le champ lexical à l’isotopie sémantique moïque.

A cette occasion, a surgi le signifiant nouveau egotrip. On peut le comparer au bouclier nacré du narcissisme et au blason sonore distingués par Jean Bergès. La dimension de l’adresse qu’engendre cette rhétorique est donc à définir correctement. Nous pouvons dire dans un premier temps que la fonction d’interpellation vise le petit autre, le semblable. Nous sommes donc, si nous reprenons rapidement le schéma L dans l’axe aa’, celui du regard et de la dimension imaginaire, de la prestance moïque, narcissique et du rapport duel et idéal. Je rappelle à ce titre que Narcisse avait fonction de chasseur dans la cité. Il portait les armes. Il s’agit donc d’une horizontalité du rapport véhiculée ici en punchlines, des phrases courtes et choc n’engageant pas l’interlocuteur au dialogue mais l’obligeant davantage au silence. Le rapport de contiguïté s’affirme aussi par le tutoiement quasi généralisé et soutenu d’une gestuelle très spécifique. La main synchronisée au verbe hache l’espace frontal et le corps, porte-voix, mime parfois la projection dysmorphique d’un je-idéal dont la forme se veut massivement plus forte et plus grande. Il y a d’ailleurs à ce titre des affrontements de phonations phalliques, si je puis dire et, comme il se doit, on les nomme battles. Cependant, il existe aussi des structures vocales agencées en duos. Elles fonctionnent alors dans un rapport idéal aa’ réussi.

Un aveu pourtant, celui de Médine que je vous donne en exemple et dont vous trouverez le texte en intégralité dans le magazine Art Press qui accompagne notre journée, je le cite (extrait) :  

« J’serais toujours un p’tit avec des sapes trop grandes même si j’me bodybuild[2] ».  

https://www.youtube.com/watch?v=Q-tW-qI52Us

Retenons pour notre réflexion un autre signifiant nouveau qui nous propose une phonation donc l’adresse s’érige verticalement. Ce mot nouveau est freestyle. Il désigne à l’origine une improvisation scandée et rythmée sur un beat et en vient à définir maintenant l’écriture d’un texte dit d’improvisation flottante. Ces improvisations sont à considérer comme une convocation à la phonation de la voix privée et particulière, celle du mythe individuel. Dans le rap, la convocation de cette voix s’exerce à l’aide d’un débit prosodique peu ou prou soutenu, que l’on appelle flow, f-l-o-w, et qui signifie écoulement. Le flow a valeur de distinction singulière et représente l’identité du rappeur. Son être si je puis dire. De sa petite différence, il propose une lecture de son rapport à l’instance phallique et de son rapport au logis où il est assigné.

       Cependant, la précipitation de la parole est à lire aussi du côté de l’immédiateté et du présent ainsi que du côté du vivant et du réel qui démange et chatouille avec la tombée dans la phonation d’effets de trouvailles et de witz. Aussi, toutes les figures des tendances du mot d’esprit recensées par Freud comme l’agressivité, le cynisme et le scepticisme sont présentes. Ajoutons que bon nombre de figures de style sont retrouvées après coup par les linguistes. Elles sont, à mon sens, les traces de la jouissance de la lettre et d’un jeu entre phonèmes charriés par le flow de la lalangue[3].

Souvenons-nous à cette occasion que Freud qualifie les productions de l’inconscient in statu nascendi[4] (à l’état naissant) et Lacan de non-né et de larves[5]. Le caractère heuristique fugace, d’urgence même, est en effet fortement souligné par tous les auteurs de cette économie. Je vous demanderais donc de bien vouloir garder à l’esprit la structure scandée du battement de la fente du temps logique telle que Lacan la définit, je cite : « cette apparition évanouissante, elle est entre les deux temps, initial et terminal [du] temps logique[6] ». 

Les rappeurs émérites sont donc ceux qui réussissent à faire coïncider le particulier et le collectif ainsi que la promotion de la jouissance phallique et de la jouissance de la lettre. Un exemple. Je cite Solo Dicko du groupe Assassin qui sera avec nous cet après-midi (extrait) :  

  

 « Le moment où la musique, les mots s'entrechoquent, se croisent / Là où quand j'écris ces phrases, je puise l'extase / Tous tes efforts n'auront pas été vains / Car dans cette putain de jouissance tu ne sentiras plus la fin / (Pourquoi ?) / Car j'ai la formule secrète[7] ! »   

    

https://www.youtube.com/watch?v=psQxgrUaeJk

Je vais à présent remonter loin dans le temps, pardonnez-moi, mais cela me semble nécessaire pour appréhender au mieux la phonation morte sans le souffle qui représente l’âme pour les Anciens. Elle est très souvent représentée en papillon comme le logo de notre école…

Gardons à l’esprit que les premières voix enregistrées aux Etats-Unis, celles du blues, du zydeco et de la country ont été marqué de l’index phallique avec fonction de mémoire et de terreau symbolique, si je puis dire, pour les archives nationales et patrimoniales de la Bibliothèque du Congrès des Etats-Unis. Ce n’est qu’à l’après-guerre de 1945 que le marché du disque vise la société de loisir et la grande consommation. La grande gueule de la gloutonnerie…

Retenons alors le 19 décembre 1877, date de dépôt du brevet du phonographe à cylindre inventé par Thomas Edison, la machine capable d’enregistrer les voix. Atteint de graves problèmes de surdité à l’âge de treize ans des suites d’une scarlatine, nous pouvons appréhender la fabrique de l’invention d’Edison comme la volonté de retrancher, pour les récupérer, des suites déterminées d’objets a voix de la scène des représentations, telle que Freud la nomme. Allons même plus loin en disant que ce procédé troue le plan projectif dans sa diachronie sonore au profit d’une synchronie sélective.

Considérons ensuite la fonction de l’écrit du phonographe. Comme nous l’enseigne l’étymologie du mot, l’invention d’Edison écrit la voix – techniquement, je vous le précise, par un procédé de captations des vibrations sonores à l’aide d’un stylet qui les grave sur un cylindre. Ecrite ainsi – gravée étant le signifiant usité – la voix devient univoque, possiblement mortifère et autoritaire comme un texte.  

Nous ne pouvons pas négliger ici la migration de la voix qu’impose le procédé d’enregistrement puisqu’elle n’est plus émise du champ de la réalité mais s’émet de l’extérieur. Depuis l’Autre scène. Or, toute l’ingéniosité de cette invention, repose sur la possibilité que cette même voix, non altérée, puisse faire retour dans le champ des perceptions. La voix du chanteur gagne ainsi la faveur imaginaire de traverser les miroirs de la représentation mais aussi la mort puisque possiblement émettrice même post-mortem ; tout comme le mythe Orphée qui nous exalte l’idée que même après la mort, sa voix continue de chanter. Il ne parle pas. Il chante, c’est une distinction importante. Ce fut tout du moins la conviction d’Edison. Il chercha en effet à inventer le nécrophone, une machine, je cite : « douée de sympathie à distance, capable d’enregistrer la voix des morts de l’Ailleurs et capable de converser avec eux ». Il se dit alors thanato-technicien et non plus seulement inventeur du phonographe.

Ceci n’est pas faux. Le disque génère de la voix morte. Sa capture lors de l’enregistrement la déleste de son auteur, du sujet qui aurait pu se donner à entendre ; en faveur cependant de la Grâce de la voix de l’Autre ou tout du moins d’imaginer l’incarner et de se faire le porte-parole. C’est l’Un-clination la plus commune des fans ! Imaginariser que dans le réel, une voix chante et une voix qu’on aime bien sûr et qui nous aime en retour. C’est cela je crois l’amour du transfert ! La théo-phonie ! Je rappelle à ce titre que fan est une abréviation de fanatisme qui provient du latin fanum qui signifie temple, logis je préfèrerai dire…

Historiquement, les premières voix collectives de la culture hip-hop émergent lors des premières block parties du Bronx, des soirées informelles où l’on ferme les deux issues d’une rue et où l’on branche le sound system aux lampadaires municipaux pour récupérer de l’électricité. Le dj diffuse de la musique et une voix amplifiée par micro et enceintes appelle un public. Elle porte le titre de MC, Master of Ceremony, le Maître de Cérémonie. Les premiers jets vocaux cherchent avant tout réception et reconnaissance : interjections, mots simples, slogans – je vous rappelle en passant que l’étymologie de slogan est celte et signifie « cri de guerre ».  

Remarquons que les voix des MC’s s’exercent sur le disque. Elles reposent, prennent appui dessus et échantillonnent l’énoncé du message. Autre différence majeure, nous ne sommes plus dans la fonction classique du disque jocker de discothèque qui s’exerce à enchainer les disques pour ne pas stopper la danse et la réception du message de l’Autre. Ici, le dj a la fonction de producteur. Il coupe, subdivise, multiple, recycle des bouts de séquences enregistrées sur le disque afin de créer de nouvelles césures. Les platines disques sont, de fait, détournées de leurs fonctions premières de lectrices.

C’est un procédé de sublimation très particulier. Nouveau. Ce n’est évidemment pas le culte du Un tel que je vous l’ai déployé à l’instant ni une écoute silencieuse, inanimée, dévotionnelle. Il y a un rabaissement du transfert sur l’objet, dans le champ perceptif, où le sujet est actif. Il travaille manuellement. C’est un artisan. Il scratch, frotte et s’exerce à casser l’axe métaphorique ou à le détourner pour procéder à d’autres effets possibles de sens. Peu d’harmonie parfois plus. Peut-être « arme » et « honnir » le sens et le concept… Le culmen de cette création est de tendre vers le coup. La frappe. Le hoquet qui fait sauter la peintulure de a et l’autorité qui fait la référence au sens.

 Précisons aussi que les premières voix des MC’s ont été émise depuis l’extérieure. Dans les rues du Bronx. Un espace qui n’est ni un lieu ni un logis. Néanmoins. Soulignons à cette occasion que l’extérieur s’avère être fort souvent un pseudo logis pour l’adolescent. On sort ! C’est-à-dire qu’au réveil du réel du corps de la puberté, au moment du desserrement du nœud de l’imaginaire au nœud du réel, l’adolescent aime quitter le foyer qui est la première instance collective et celle du logis du père où, dans le schéma classique du mythe oedipien, il exerce sa voix – la grosse de temps en temps – et sa sexualité. L’extérieur se fait alors parcelle imaginaire d’un lieu de recel. La musique tient ici très fréquemment fonction de voix idéal de rassemblements et de constitutions de groupe. Le style musical référent est alors élevé à la dignité de famille.  On sait aussi à ce titre que le groupe possède le trait spécifique de camoufler la voix individuelle au profit du collectif.

Même chose dans le Bronx. Un groupe se constitue et se veut gang pacifique pour répondre à la guerre des gangs qui fait rage. Il choisit de s’appeller la Zulu Nation en hommage au film fiction Zulu[8] relatant la victoire d’une tribu africaine contre les colons anglais grâce à son unité et nombre. La Zulu Nation reprend certaines valeurs hippies de l’époque et la devise de l’étendard du Bronx qui est « Ne cède pas au malheur » avec pour credo : « paix, unité, amour et amusement ». C’est un appel à l’union bien sûr, à la sublimation et au détournement de la pulsion de mort afin, je cite, « de canaliser la violence en énergies positives et l’abandonner au profit de la culture ».

Alors, je terminerai là-dessus. Et, ce n’est pas une conclusion comme il se doit. C’est une ouverture pour notre réflexion d’aujourd’hui.

Je vous propose cette lecture du rapport que la voix du rap entretient avec le tissage en m’appuyant sur le petit développement que je viens de vous proposer.

Nous pouvons représenter la phonation de la voix du rappeur, je me permets cette image, comme un fil tiré qui sortirait de la régularité du tissage. Le fil tire, nous le savons – c’est même souvent à cela que le rap est résumé – sur les autorités étatiques et ses représentants pourvoyeurs de la tenue du manteau social. Des exemples, il y en a. Oui. Je n’en citerai qu’un. Le dj Cut Killer nouant KRS One[9] à Edith Piaf et tenant son propre rôle dans le long métrage de Mathieu Kassovitz, La Haine[10]. « Nique la police » marié ainsi à « Je ne regrette rien… » 

Nous sommes bien ici dans un procédé de confection d’un bâti. On assemble des pièces. Néanmoins, le fil tiré de la punchline laisse bien sûr entendre une tension phallique, pesonée mais fragile car pouvant claquer, soit du côté émetteur soit du côté récepteur du message. Le fil tiré instaure donc de fait une nouvelle tension dans la trame du tissage dont il se fait le conducteur. Il plisse le manteau et les plis convergent à lui. Exemple avec Suprême NTM (extraits) :

« Je reprends, adaptant l'élément / Contrôlant, dominant, la prose elle brille / Débridant son degré, arrachant chaque effet / La dégustant tel un mets / Ma bouche gronde, virtuose, oui j'ose puis pose / Je joue, roule, danse, phase / Avec les phrases / Je rap / […] Je rends chaque terme accessible à tous / A tout moment par ma voix mon rap devient puissant / Il est présent, il te prend, il t'enlace[11] ».

https://www.youtube.com/watch?v=hI-YldOp4Jo

La technique du scratching et celle du sample sont à lire, je continue ma métaphore, comme des bandes de velcro qui servent à tirer d’autres fils du tissage, de les détourner de leurs fonctions initiales où ils étaient ordonnés. C’est un travail de pachwork du manteau.

Et, c’est en cela que le rap est, à mon sens, un artisanat. C’est un artisan de la phonie.

Si vous le voulez bien, je vais me faire plaisir. J’espère le partager avec vous. Laissons donc un instant notre voix à l’Autre avec un titre ne sera pas sans vous rappeler l’histoire des chaussures en daim bleu d’Elvis Presley[12] et de la fragilité du maintien de sa position subjective, du bord sur lequel il se tient avec cette idée que ses chaussures en dain bleu sont le seul gage de son maintien dans le champ perceptif. Nous allons écouter The Message[13] (Le Message) de Grandmaster Flash and the Furious Five. Ce titre est considéré comme l’un des tous premiers de l’histoire du hip-hop. Un hymne pour certains.  

It's like a jungle sometimes 
C'est comme une jungle des fois 
It makes me wonder how I keep from goin' under 
Je me demande comment je me retiendrai de ne pas couler

Broken glass everywhere 
Du verre cassé partout 
People pissin' on the stairs, you know they just don't care 
Des gens pissent sur l'escalier, tu sais ils n'en n'ont rien à faire 
I can't take the smell, can't take the noise 
Je ne peux plus supporter l'odeur, je ne peux plus supporter le bruit 
Got no money to move out, I guess I got no choice 
Je n'ai pas d'argent pour déménager, je suppose que je n'ai plus le choix 
Rats in the front room, roaches in the back 
Des rats dans la pièce d'en face, des blattes derrières 
Junkies in the alley with a baseball bat 
Des junkies dans le couloir avec une bat de base-ball 
I tried to get away but I couldn't get far 
J'essaie de m'en aller mais je ne pourrais pas aller loin 
'cuz a man with a tow truck repossessed my car 
Car un homme avec une remorque a saisi ma voiture

*

Refrain 

*

Don't push me 'cuz I'm close to the edge
Ne me pousse pas car je suis à fleur de peau
I'm trying not to lose my head
J'essaie juste de ne pas perdre la tête
Uh huh ha ha ha
Uh huh ha ha ha
It's like a jungle sometimes
C'est comme une jungle dès fois
It makes me wonder how I keep from goin' under
Je me demande comment je me retiendrai de ne pas couler

*
Crazy lady, livin' in a bag 
Cette femme folle, vivant dans un carton 
Eatin' outta garbage pails […] 
Mangeant ce qui est sorti de la poubelle […] 
Said she'll dance the tango […] 
On disait qu'elle danserait le tango […] 
A Zircon princess seemed to lost her senses 
Une princesse de Zircon semble avoir perdu ses sens 
Down at the peep show watchin' all the creeps 
En bas d'un peep-show regardant tous ces sales types 
So she can tell her stories to the girls back home 
Alors elle peut raconter son histoire à cette fille en retournant à la maison 
She went to the city and got social security 
Elle était en ville et elle a reçu la sécurité sociale 
She had to get a pimp, she couldn't make it on her own 
Elle devait se trouver un mac, elle ne pouvait pas le faire seule 

*

Refrain

*

My brother's doin' bad, stole my mother's TV 
Mon frère va mal, on a volé la télé de ma mère 
Says she watches too much, it's just not healthy 
Il dit qu'elle la regarde trop, ça n'est pas sain 
All My Children in the daytime, Dallas at night

Tous les enfants du jour, Dallas la nuit 
Can't even see the game or the Sugar Ray fight 
Je ne peux même pas voir le jeu ou le combat de Sugar Ray 
The bill collectors, they ring my phone 
Les encaisseurs de facture, ils font sonner mon téléphone 
And scare my wife when I'm not home 
Et font peur à ma femme quand je ne suis pas à la maison 
Got a bum education, double-digit inflation 
On a eu une éducation de clodo, une inflation à deux chiffres 
Can't take the train to the job, there's a strike at the station 
On peut pas prendre le train pour aller au travail, il y a une grève à la gare 
Neon King Kong standin' on my back 
Neon King Kong reste derrière mon dos 
Can't stop to turn around, broke my sacroiliac 
Je ne peux pas m'arrêter de tourner, j’ai cassé mon [ ?]

A mid-range migraine, cancered membrane 
Une migraine moyenne, une membrane cancéreuse 
Sometimes I think I'm goin' insane 
Dés fois je pense que je vais devenir fou 
I swear I might hijack a plane ! 
Je le jure je pourrais détourner un avion

*

Refrain

*

My son said, Daddy, I don't wanna go to school 
Mon fils m'a dit, papa je ne veux pas aller à l'école 
'cuz the teacher's a jerk, he must think I'm a fool 
Car le prof est un abruti, il doit penser que je suis un imbécile 
And all the kids smoke reefer, I think it'd be cheaper 
Et tous les enfants fument des pétards, je pense que ça doit être moins cher 
If I just got a job, learned to be a street sweeper 
Si je me procurais un job, j'apprendrais à être balayeur de rue 
Or dance to the beat, shuffle my feet 
Ou danser sur le beat, traîner les pieds 
Wear a shirt and tie and run with the creeps 
Porter une chemise et une cravate et courir avec les sales types 
'Cuz it's all about money, ain't a damn thing funny 
Car tout est relatif à l'argent, pas un truc sacrément amusant 
You got to have a con in this land of milk and honey 
Tu dois avoir un attrape nigaud dans ce pays de lait et d'argent 
They pushed that girl in front of the train 
Ils ont poussé cette fille devant le train 
Took her to the doctor, sewed her arm on again 
L'ont amenée chez un docteur, ils ont cousu son bras 
Stabbed that man right in his heart 
Transpercer cette homme droit sur son coeur 
Gave him a transplant for a brand new start 
Ils lui ont fait une transplantation pour un tout nouveau commencement 
I can't walk through the park 'cuz it's crazy after dark 
Je ne peux pas marcher à travers le parc car ça devient fou après l'obscurité 
Keep my hand on my gun 'cuz they got me on the run 
Je garde ma main sur mon flingue car ils me rattrapaient à la course 
I feel like a outlaw, broke my last glass jaw 
Je me sens comme un hors-la-loi, j'ai cassé ma dernière mâchoire de verre 
Hear them say : You want some more ? 
Ecoute les dire : T’en veux plus ? 
Livin' on a see-saw 
Vivre sur une balançoire

*

Refrain 

 *

A child is born with no state of mind 
Un enfant né sans état d'esprit 
Blind to the ways of mankind 
Aveugle sur le chemins de l'humanité 
God is smilin' on you but he's frownin' too 
Dieu te sourit mais Il fronce les sourcils aussi 
Because only God knows what you'll go through 
Car seul Dieu sait directement ce que tu vas faire 
You'll grow in the ghetto livin' second-rate 
Tu vas grandir dans le ghetto, vivre médiocrement 
And your eyes will sing a song called deep hate 
Et tes yeux vont chanter une chanson appelée La haine profonde 
The places you play and where you stay 
Les places que tu joues et où tu restes 
Looks like one great big alleyway 
Ressemblent à une grande ruelle 
You'll admire all the number-book takers 
Tu vas admiré tous les preneurs de livres de comptes 
Thugs, pimps and pushers and the big money-makers 
Les voyous, les macs et les dealers et les grands faiseurs d'argent 
Drivin' big cars, spendin' twenties and tens 
Conduisant des grosses voitures, dépensant des vingtaines et des dizaines 
And you'll wanna grow up to be just like them, huh 
Et tu voudras grandir pour être comme eux, [huh] 
Smugglers, scramblers, burglars, gamblers 
Les contrebandiers, les motards, les cambrioleurs, les parieurs 
Pickpocket peddlers, even panhandlers 
Les pickpockets, les colporteurs même les mendiants 
You say I'm cool, huh, I'm no fool 
Tu dis que je suis cool, [huh], je ne suis pas bête 
But then you wind up droppin' outta high school 
Après t'être fait enrouler t'abandonneras l'école 
Now you're unemployed, all non-void 
Maintenant que tu es au chaumâge, tout dépourvu 
Walkin' round like you're Pretty Boy Floyd 
Marche en rond comme si tu es Pretty Boy Floyd 
Turned stick-up kid, but look what you done did 
Agis enfant dépassé, mais regardes ce que tu as fait 
Got sent up for a eight-year bid 
Ridiculisé pour une tentative de huit ans 
Now your manhood is took and you're a Maytag 
Maintenant que tu es devenu un adulte et que tu es un [ ?] 
Spend the next two years as a undercover fag 
Passe les deux prochaines années comme un pédé caché 
Bein' used and abused to serve like hell 
Etre usé et abusé, pour purger comme l'enfer 
'til one day, you was found hung dead in the cell 
Jusqu'à ce que tu sois un jour retrouvé pendu dans une cellule 
It was plain to see that your life was lost 
C'était brutale de voir que ta vie a été gâché 
You was cold and your body swung back and forth 
Tu étais froid et ton corps était balancé en arrière et en avant 
But now your eyes sing the sad, sad song 
Mais maintenant tes yeux chantent la triste, triste chanson 
Of how you lived so fast and died so young so... 
De comment tu as vécu trop vite et de comment tu es mort trop jeune alors ? 

Marc Morali, Olivier Cachin, Manuella Rebotini

5. DJ Pone : Démonstration live de DMC

DJ PONE est producteur, compositeur et dj. Il a collaboré avec de nombreux groupes de rap français dont notamment les Svinkels et Birdy Nam Nam. Il a sorti un album solo, Radiant en 2016. Il a également participé en solo et en collectif à bon nombre de compétitions de DMC et a remporté des titres honorifiques (champion de France en solo en 1999 par exemple).

              

6. Antoine Pasquiou, étudiant Licence Humanités, Université Paris Nanterre : Comment les jeunes écoutent le rap ?

 

Corinne Tyszler, Antoine Pasqiou, Marc Morali

6. Corinne Tyszler, psychiatre, psychanalyste : Le rap et le slam : une écriture du réel ?

APRÈS-MIDI

 Discutant : Pierre-Yves Gaudard, psychanalyste, anthropologue de l’Université Paris Descartes

7. Solo Dicko du groupe Assassin : Assassin Story, une rencontre avec Solo Dicko, Olivier Cachin et Manuella Rebotini

Solo Dicko est un rappeur, producteur, comédien, danseur célèbre – avec notamment le très estimé groupe de danseurs Paris City Breakers – et dj. Il est membre fondateur avec Rockin’Squat du groupe de rap Assassin fondé en 1987 avec quelques autres après coup comme DJ Clyde et Doctor L.

Ils ont reçu avec Assassin trois disques d’or pour les albums Le futur que nous réserve-t-il ? (1993), L’homicide volontaire (1995) et Touche d’espoir (2000). Il collabore très souvent pour le cinéma, notamment et fidèlement avec et pour Mathieu Kassovitz. On le croise ainsi dans le long métrage La Haine et on retrouve l’une des compositions d’Assassin pour le générique d’un autre long métrage de Kassovitz, Métisse en 1993.

          

https://www.youtube.com/watch?v=prf-2peMTnA

https://www.youtube.com/watch?v=psQxgrUaeJk

La formule secrète

Solo
Meurtrier à souhait au coeur d'Assassin
C'est encore lui et pour vous il revient

Rockin’Squat
Oui je suis le mec que l'on appelle Rockin' Squat
Ma poésie fuse et mes rimes matraquent
Le métaphysicien de l'écriture est en action
De Paris, 18ème je t’envoie cette nouvelle potion
Donc rentre dans cette tribune des plus poétiques
Ton corps s'enflamme sur chaque basse de ce beat
Mets-toi à l'aise et sois prêt à bouger
L'impérial est là pour te faire danser
(D'accord) Le plus hardcore de toute la partie Nord
Passe et repasse puis s'évapore
Donc écoute-le, prête attention
Absorbe cette leçon, bois cette potion
Tu ferais mieux de prendre mes paroles au sérieux
Car quand je prends la parole ce n'est plus un jeu
Je rentre dans ton esprit puis j’en ressors, puis j’y reviens
Je brûle toutes tes cellules, pour moi c’est enfantin
Pourquoi ? Car j'ai la formule secrète !

Hey yo yo yo
Chimique était ma potion fonky Solo mec
Car je détiens la formule secrète
Du style qui se reflète
Fonky fonky Rockin' Squat Style
Intelligence

Solo
Chercher à tout connaître et ne jamais rien savoir
Est le favori passe-temps des gens qui savent parler le vent
Et cette énergie gaspillée sans compter
Au détriment d'un sens de l'observation silencieux mais aiguisé
Me laisse penser que beaucoup d'entre vous sont encore à la recherche de la formule secrète
Prisonnier du tempo, les mots jaillissent en cadence
Plus j'en dis et plus mon analyse avance
Et qui dit analyse, dit recherche, dit travail
Persévérance sur le chemin des connaissances mais en absence d'obstination
D'un savoir-faire à l'épreuve de toute situation
La formule secrète reste et ne restera pour toi qu'une illusion
Mais si tu prends le vice de pousser ton style jusqu'à la suprême frénésie
Le moment où la musique, les mots s'entrechoquent, se croisent
Là où quand j'écris ces phrases, je puise l'extase
Tous tes efforts n'auront pas été vains
Car dans cette putain de jouissance tu ne sentiras plus la fin
(Pourquoi ?)
Car j'ai la formule secrète !

Heyo Clyde !

Rockin' Squat
Clairement pour que ton esprit enregistre
Je reprends la parole et fais couler mon registre
Le beat va vite, je décapite l'élite
Pour cette raison, ma poésie est interdite
Sortie de mon quartier car j'ai déjà tué
Par mes rimes les cinquante connards du top, stop !
Dites-moi, je vis à quelle époque ?
Car quand j’allume la radio sur n’importe quelle fréquence
Je n’entends jamais quelque chose qui balance
Toujours des come-back de vieilles stars fatiguées
Elles n’ont pas évolué ou même évolué
Donc suis ma voix mon garçon pour cette nouvelle dimension
Du haut de la capitale je donne une leçon gratuite
Oui tu as compris aujourd’hui je t’invite
A prendre une claque magistrale
Ceci est simplement un aperçu de mon freestyle vocal
S.Q.U.A.T se compose de cinq lettres pour une et une seule formule secrète
Rockin' Squat attaque du style sur ce beat fonky
Ma poésie t’instruit et je prends ton esprit
Puis une à une j’imbibe tes cellules, ton esprit brûle
Puis j'augmente le volume en insérant dedans ma toute nouvelle formule
Laquelle ? Ma formule secrète

Yo ! J'ai la formule secrète du style qui se reflète
Je crois que celle-là était bien fonky yo

Solo
Une seule formule pour toute une planète, mon succès je fête
Pendant que tu bats en retraite
Car mon alchimie s'avérait trop puissante
J’empoigne le micro et je le plante dans mes veines
Puis je monte sur scène et là je commence, je démontre ma science
Car le Nord attaque une fois de plus en rafale pour faire valoir
Sa puissance musicale
Ouvre les vannes, rassemble tes pensées
Imagine ce que j'ai pu maîtriser grâce à ma volonté prête à tout ébranler
Je suis un battant
J'économise le temps
Le transformant en argent
Que je dépense facilement au gré des vents
Et pour ça je n'ai que trois ingrédients
Le mistral, mon micro... et ma formule secrète

Wow!
Paix à mon homeboy Fly Dee
Vincent, Crazy Boys in da house
Kooshen, JoeStarr, DJ S
Yeah aux NTM et le 18ème
Peace

Arnaud Rebotini, Manuella Rebotini, Solo Dicko, Marc Morali, Pierre-YvesGaudard, Olivier Cachin

7. Arnaud Rebotini : Computer wor(l)d

Arnaud Rebotini est auteur, compositeur, interprète et remixeur. Il est aujourd’hui une figure emblématique de la musique électronique. Il est le membre fondateur de Black Strobe, groupe d’indie rock mélangeant electro, blues et country. Il avait offert à l’Ephep un live très décoiffant pour la journée Lacan Rockeur. Nous le remercions encore pour sa fidélité. Pour répondre à L’Homme sans gravité de Charles Melman, Arnaud Rebotini lui a adressé un Boogy sans gravité sorti sur le dernier album de Black Strobe, intitulé Godforsaken Roads en 2014.

Avec ses synthétiseurs analogiques, il est devenu une figure centrale de la nouvelle scène électro internationale marquant le retour à l’utilisation des machines électroniques. Ses performances lives sont toujours unanimement saluées jusqu’à sa collaboration avec le GRM et, tout particulièrement avec Christian Zanési, sous le projet Frontières. Compositeur de musiques de films, il a notamment réalisé les deux dernières B.O des longs métrages de Robin Campillo dont 120 battements par minutes qui vient de recevoir il y a quelques jours le Grand prix du Jury du festival de Cannes.

Kraftwerk est un groupe de musique pop électronique de Düsseldorf fondé en 1970. Ses productions et les synthétiseurs analogiques et boites à rythmes utilisés ont été novateurs et influents pour toute la scène pop à venir : de l’ebm, à la new wave, au gothique à la techno en passant par le hip-hop. Ils firent « de la musique de robots » et prirent des allures de machines, aujourd’hui encore. L’album Trans Europ Express est sorti en 1977 avec le titre éponyme, single par excellence.

Afrika Bambaataa est un dj américain, l’un des créateurs de la culture hip-hop et est le fondateur de la Zulu Nation. Ses sets dj empruntaient alors dans les block parties à la fois à la salsa, au rock, à la soul et au funk comme le titre Planet Rock sorti en 1982. On reconnait dans ce titre un sample de Trans Europ Express de Kraftwerk.

Arnaud Rebotini nous proposa sa version de Trans Europ Express pour Lacan Rappeur. 

8. Marc Morali : « La musique, je ne peux pas en jouir » Sigmund Freud

9. Charles Melman, psychiatre, psychanalyste, doyen de l’Ephep : Le salut par le rap ? 

Lorsqu’il m’est arrivé pour la première fois d’entendre du rap, j’ai eu le sentiment étrange, bien que je sois profane en matière de musique, j’ai eu le sentiment étrange d’entendre une musique que je connaissais depuis toujours ou, je dirais, du moins que je l’attendais. Et pour essayer de me l’expliquer, j’étais bien obligé d’en revenir à ce qui était les moments initiaux de mise en place pour nous de la musique, c’est-à-dire ce qui dans le spectacle antique venait associer bien sûr la parole et le chant et aussi le battement. Le battement sous une forme que nous avons perdue, que nous ne connaissons plus et qui était donc la scansion qui donnait à chacun des termes utilisés, à la fois son unité et du même coup venait valider son sens.

Cette scansion faite donc de longues et de brèves diversement associées permettant de distinguer les diverses figures poétiques possibles mais néanmoins essentielles à l’audition et à la compréhension du texte, le battement ainsi inclus, porté par le mot lui-même, lui conférant son unité et venant valider son sens, sa conformité. Il était dès lors conforme. Il était bien fait, bien construit. Il se référait évidement du fait de la diversité des figures possibles, je dois à Anne Videau, ce matin, de me les avoir rapidement rappelées : figures du spondée, du dactyle, trochée, iambe, anapeste, etc. donc renvoyant à chaque fois à des unités plurielles mais, pourquoi pas, puisque comme nous le savons, cette pluralité était bien celle du Panthéon grec. Je me suis aussi posé la question de savoir quand pour nous était apparue la rime. Et là je dois encore à l’un de nos amis qui est allé le rechercher rapidement. La rime, forme qui nous est beaucoup plus familière que scansion, scansion de mot, scansion de poème, scansion de texte… la rime est apparue avec quoi ? Quelle surprise ! Elle est apparue avec le Cantique des Cantiques dont nous savons bien sûr que le texte était psalmodié comme l’est ordinairement celui de la Torah. Mais en tout cas, la rime là vient bien donner à entendre le référent, le référent qui fait que la lette c’est ce qui revient toujours et toujours à la même place et donc qui présentifie cette présence qu’il s’agit de célébrer. Elle est là. Elle est là dans cette répétition même que vient organiser la rime, sans compter bien sûr sur le fait que comme nous savons depuis, le choix de la longueur du vers est devenu spécifique de cette unité qui nous aurait donc été transmise par les Arabes avec la rime et par les Provençaux bien sûr, c’est-à-dire les troubadours tellement plus tard.

Mais c’est bien de ça dont il est question, c’est-à-dire de ce qui dans la parole fait le battement, gardien d’un sens qui justement est celui qui plus que jamais aujourd’hui nous fait question. Et c’est pourquoi, quand j’ai proposé pour titre, je dirais assez violent et qui a pu paraître un peu hurluberlu, celui de Lacan rappeur, ce n’était pas simplement, je dirais, pour faire offre, faire appel, essayer comme ça d’attirer l’attention, mais pour essayer de dire que grâce à une certaine lecture, le texte de Lacan est écrit en rap. Pourquoi ? Parce que les signifiants qui lui sont propres, dont il se sert, revoient à un réel qui est celui justement dont il est question pour chacun d’entre nous, renvoient à un réel qui est au-delà de celui du sens. Sinon, Lacan serait comme tout le monde. Il serait sensé, alors tout le monde le comprendrait. Mais Lacan, justement, il est insensé. Il est insensé pour faire entendre que le sens est un abri, une défense contre le non-sens foncier, fondamental, qui est celui du réel brut auquel nous avons affaire et, je dirais, que c’est bien pour ça que le texte de Lacan est organisé par un battement que le lecteur qui s’y expose, je dirais, va effectivement subir comme une frappe, ce qui bien sûr peut lui donner bien des raisons pour la refuser. D’autant qu’alors c’est bien ça le pire ! C’est qu’elle ne promet aucune jouissance et même pas masochiste. C’est sans précédent. Je veux dire, je ne crois pas qu’on ait jamais vu de texte pensé comme ça. Comme nous le savons, pour Freud, l’inspirateur, le génial inspirateur, la limite est forgée par le sens, c’est-à-dire le battement opéré par un référent phallique. Et, lorsqu’il inaugure La science des rêves avec le rêve de L’injection faite à Irma, il se heurte au fait que dans la bouche grande ouverte d’Irma, dans son rêve, il n’arrive pas à saisir qu’est-ce qui fait sens pour elle, pour la femme, puisque le référent phallique elle n’a pas l’air ni d’en vouloir ni de s’en satisfaire. Elle n’en a rien à … Je n’ai pas besoin de compléter pour être entendu. Eh bien ce qui constitue l’apport de Lacan par rapport à ce travail génial de Freud est de témoigner justement que cette référence Une, phallique, qui fait battement, qui fait cette libido dont Freud s’étonne : « Mais il y a du sexe partout, c’est quand même incroyable ! » Eh bien il y a du sexe partout, parce que le référent qui fait sens et bien c’est le référent phallique. Et voilà donc Lacan qui à la suite vient dire que le référent phallique, le sens qui est donc toujours sexuel qu’on le veuille ou pas, que le référent phallique est une défense contre le non-sens fondamental qui est celui que nous oppose le réel. D’autant que ce réel-là, dont vous reconnaissez aussitôt celui du traumatisme, ce réel-là justement et c’est bien ce qui en fait son côté traumatique, non seulement il est opaque, il est vide, il n’assure évidemment aucun sens. Qu’est-ce qu’il nous veut celui-là à part justement d’avoir cet effet traumatique ? Et je dois dire que j’entendais du même coup pour la première fois ce rap, comme la tentative d’organiser dans ce réel rendu vide, opaque, sans signification, par notre progrès technologique, par ce qui constitue aujourd’hui pour nous le ciel auquel nous nous référons, avec cette évacuation remarquable de ce signifiant phallique et donc paternel que j’évoquais il y a un instant. Et que donc le rap constituait la tentative par ceux justement, qui comme il en était de l’évacuation de leur rapport au père étaient particulièrement bien placés, était leur tentative de venir lui donner voix, de le percer, d’y creuser un trou. Et justement le trou qui va donner le souffle, qui va donner l’illusion d’une présence Une, qui va supposer également la possibilité d’une création harmonique, harmonieuse des sons qui en seraient issus, donner voix à ce réel qui est le pur produit des machines, de la techno. Et je dois dire que là, les éléments qui m’impressionnent chez Joey Starr, qui est par ailleurs un poète certain, c’est qu’il a une mâchoire métallique. Il se trouve que c’est comme ça. Et je trouve que c’est tout à fait bien venu. Il est évident que dès lors, avec ce trou creusé dans ce réel, vient se supposer un Un, un référent mais qui a des particularités absolument évidentes. D’abord le fait, c’est que contrairement à l’autre, il n’a pas d’enfant, il est tout seul, c’est ou lui ou pas les autres. Et je dois dire que j’ai la faiblesse d’interpréter l’histoire des groupes raps que j’ai trouvé chez Olivier Cachin, que j’ai la faiblesse d’interpréter cette histoire qui n’est faite que de cassures, de ruptures, de séparations, de déchirures, de dénoncions, comme si chacun devait sans cesse rester seul, unique, le vrai, pas d’enfant ! Et du même coup – ça j’y reviendrai un tout petit peu plus loin – s’il n’a pas d’enfant, à qui s’adresse-t-il ? D’abord d’où lui vient son adresse à lui ? Ce qui est certain c’est qu’elle vient, on pourrait le dire comme ça : elle vient de nulle part. Faire entendre le nulle part. Ce n’est pas évident, ce n’est pas habituel. Et elle s’adresse à qui ? La question a été très justement posée. Quelle est l’adresse ? Je dirais qu’elle s’adresse à qui veut entendre. C’est absolument comme Lacan. Il n’a jamais cherché à faire accroche ni faire promesse. Entendait celui qui avait envie d’entendre, et puis celui qui n’avait pas envie, il n’avait qu’à sortir ou bien refermer le bouquin et puis voilà, il s’adresse à qui veut entendre, c’est-à-dire – et là ça devient plus gênant, mais c’est comme ça, nous sommes comme ça, on n’y peut rien ! – c’est-à-dire à ceux qui auraient envie de participer à cette jouissance neuve, à des consommateurs. Que les consommateurs soient aujourd’hui ceux qui viennent à la place de ceux qui étaient des enfants, moi je crois que c’est une assertion qui peut difficilement paraître scandaleuse, consommateurs en tant qu’ils participent de la jouissance proposée par l’autre, ils participent sans que ça ne coûte rien. C’est ce qui diffère des enfants qui sont tellement surchargés de devoirs et de dettes, etc. L’enfant transformé en consommateur, je ne peux pas dire, je ne crois pas que cette formule puisse jamais nous paraître étrangère. Je crois que nous sommes… les familles sont plutôt coutumières de ce phénomène auquel se rajoute celui-là, qui est que ces consommateurs, ce nouveau référent ainsi creusé dans ce réel opaque, il n’opère pas de distinction des sexes, il ne se divise pas entre consommateurs et consommatrices : tous des consommateurs, on est paritaires. C’est la parité, enfin l’égalité, là on y est ! Et donc l’effet surprenant qui a très bien été dit tout à l’heure par Solo Dicko quand Manuella lui demandait : « Vous vous appelez Assassins, pourquoi ? » Et il a répondu : « Parce que ça tue ! » Mais il y a là, il me semble, un problème qui est ouvert. Ça tue. Et c’est vrai qu’avec ce référent-là et c’est bien ce qui se produit quand vous écoutez cette musique, vous cessez d’exister aussi bien comme sujet que comme individu. Moi je trouve ça fort. Ça a un effet quasi hypnotique. Cesser d’exister comme sujet et comme individu si ce n’est éventuellement celui qui appartient à la foule, qui là est rassemblée et qui est prise, je dirais, de mouvements, d’une communion rythmique, qui est impressionnante cette communion-là. Pourquoi cette question du… la question de cette opération d’un meurtre, puisque ce référent-là ouvert dans le réel, ce n’est pas du tout celui qui grâce au mythe paternel est chargé de garantir et d’entretenir la vie. Il est le Un, je dirais, tout seul, le Un exclusif. Et donc il interroge du même coup la validité de notre subjectivité et de notre singularité ou de notre particularité plutôt. Qu’est-ce que je vaux moi comme sujet et comme particulier ? Particulier, c’est-à-dire membre d’une communauté, membre d’un groupe. Qu’est-ce que je vaux comme sujet ? C’est une question sur laquelle nous hésitons à répondre, si ce n’est qu’il faudrait bien dire que le sujet, tel que nous le pratiquons et auquel nous sommes attachés, qu’est-ce qui le caractérise ? Ce qui le caractérise et je vais demander à Marc s’il est d’accord avec ce que je vais proposer comme trinité le caractérisant, je pense que Marc voudra bien le contester. Ce qui caractérise le sujet, ce sont d’abord des idées de grandeur : « C’est moi qui vous le dis ! Oh attention ! Hein, vous savez à qui vous parlez ? » Des idées de jalousie : « Oh bien oui parce qu’en tant que sujet, pardonnez-moi, je suis vraiment unique, je suis vraiment exceptionnel. Il n’y en a pas d’autre, il n’y en a pas deux comme moi ! » Des idées de revendication parce qu’il est évident que si en tant que sujet je manque toujours de consistance, je ne suis jamais reconnu comme il faudrait : « C’est vrai, on ne me reconnait pas. Je dois me bagarrer quand même pour faire entendre ma voix, non ? » Idées de grandeur, de jalousie et de revendication, c’est la définition même de la paranoïa. Eh oui ! Moi c’est ce qu’en tout cas j’ai l’occasion d’attirer l’attention des élèves de notre École sur ce point, c’est que la paranoïa, elle est inscrite fondamentalement chez chacun d’entre nous toute seule, spontanément. On n’a rien fait pour, on ne l’a pas cherchée, mais c’est comme ça. Et puis il y a l’individu, le particulier : « Moi je suis Un ». C’est-à-dire que je me réclame d’une communauté, communauté qui se justifie par son référent. Je pense que j’évoque suffisamment pour chacun d’entre nous la figure traditionnelle de ce que sont les communautés auxquelles nous appartenons, c’est-à-dire qu’irrésistiblement et spontanément elles sont forcément religieuses ou nationalistes. Autrement dit, et c’est quand même ce qui est un petit inconvénient, elle nous sépare du reste de l’humanité. Elles font que l’humanité est réservée à ma communauté et que je suis forcément amené spontanément à la nier chez celui qui n’en relève pas. Je n’y peux rien ! Je ne suis pas allé le chercher, moi je n’y peux rien, ce n’est pas de ma faute ! Il se trouve que ça s’impose à moi comme ça. Voilà donc une affaire étrange et qui est que cette subjectivité qui est ce que je peux avoir, ce que je peux cultiver en tant que c’est ce qui m’est le plus cher, puisque c’est ce qui me divise du monde, c’est mon quant-à-soi, c’est ce qui me donne comme ça sur le monde l’illusion d’être un spectateur, un juge, un critique, un esthète, etc. Bref c’est ce qui me fonde. Et puis l’individualité, la particularité, c’est ce qui me justifie, c’est ce qui m’authentifie, c’est ce qui me garantit.

Il n’y a aucun doute que le style de Lacan que j’évoquais tout à l’heure, son style insensé et qui m’a permis de venir avancer cette formule scandaleuse Lacan rappeur, il n’y a aucun doute qu’il y a dans ce travail de Lacan cette invitation pour chacun de ceux qui s’intéressent, qui veulent prendre son texte comme une adresse, à prendre la mesure de ce qu’il appelle sa subjectivité, ce qu’il appelle sa particularité, son particularisme. Et je dois dire – mais c’est une remarque anecdotique – que tous ceux qui l’ont quitté, et ils sont plus nombreux que ses élèves, eh bien que tous ceux qui l’ont quitté, ça a toujours été au nom d’une défense de leur subjectivité et de leur particularité, cas de figure qui fait qu’il est assurément un digne continuateur de Freud, parce que pour Freud déjà, ça a déjà été exactement la même chose. Ce que l’on appelle l’histoire du mouvement analytique, elle est faite à chaque fois, par ce qui est le triomphe assuré, le droit revendiqué de chacun, soit à sa subjectivité, Ferenczi par exemple si vous voulez, ou bien à sa particularité, et ce sera Jung par exemple, venant dénoncer le fait que l’inconscient de Freud c’est un inconscient juif et que ça n’a rien à voir avec le sien par exemple. C’est pourquoi je dis que le rap, c’est pour moi une musique qui m’était… c’était l’actualisation de quelque chose dont je connaissais l’existence avant que ça existe, la tentative de faire entendre dans le réel une voix qui n’est aucunement une voix salvatrice, qui peine à être une voix harmonieuse puisqu’elle casse l’harmonie, qui casse également le sens en venant obstruer, obturer des textes qui par ailleurs sont fort beaux, venir les casser par le poids, la présence, l’intensité et la répétition incessante du battement. Voilà bien, je dirais, le voyage en train, le train dont on ne sait plus d’où il part, on ne sait pas où il va arriver, etc. etc.

Je dirais peut-être encore un mot rapide. Il est évident qu’on sait d’où vient le rap. Bien sûr il vient de ceux qui ont expérimenté cette déserrance de la figure paternelle. Ça, là-dessus, il n’y a aucun doute. Mais avec cette restriction qu’il faut bien apporter, qui est que cette déserrance, elle ne leur est pas réservée et c’est bien pourquoi leur musique, comme le jazz autrefois venu des mêmes endroits, des mêmes lieux, que leur musique a de l’audience, parce qu’elle nous concerne tous évidemment. Si ce sont eux qui s’en sont trouvés les fabricants, elle nous intéresse, elle nous touche, parce qu’elle nous concerne tous dans ce qui est aujourd’hui la prévalence d’un réel dont l’instance paternelle a été évacuée, d’un réel où celle que l’on tente de faire entendre n’a aucun soucis vis-à-vis de ceux qu’elle va mettre au travail, vis à vis de leur subjectivité pas plus que de leur particularisme. On s’en fout d’eux ! Et c’est sûrement une des formes nouvelles de l’organisation sociale qui nous concerne, qui nous prend et y compris évidemment l’organisation politique puisque, comme nous l’expérimentons, nous ne savons plus à quel saint nous vouer ! Quelle figure donner à l’autorité qui serait légitime, qui serait bonne et qui serait bienveillante ? Donc il me semble que nous sommes, avec ce phénomène musical, dans l’actualisation d’un moment qu’il peut être utile de tenter de déchiffrer pour savoir comment nous y orienter nous-mêmes car, s’il y en a parmi nous qui ont une réponse, j’aimerais bien qu’ils nous la proposent, car comme nous le voyons, dans tout ça, il n’y a rien qui soit à proprement parler ni thérapeutique, ni fraternel. Peut-être est-ce un progrès fondamental parce que le thérapeutique et le fraternel nous ne connaissons que ça et nous en connaissons également les résultats. Donc, il n’est pas exclu que nous soyons là à l’orée où, ça a été très bien dit : avant l’ordinateur et puis après l’ordinateur, ce n’est pas le même monde. Il n’y a aucun doute là-dessus. Le réel du numérique ce n’est pas du tout celui d’un texte, serait-il biblique ou celui qu’on voudra. Ça n’a rien à voir avec celui d’un texte.

Donc, il y a quelque chose d’étrange qui se dégage, et qui n’est pas très très fréquent, et qui est celui d’une responsabilité. Alors qu’est-ce que vous en faites ? Et, comme je viens de l’évoquer, il n’y a pas de réponse inscrite parce que cette instance que j’évoque et qui fait trou dans ce réel, cette instance même, elle-même n’est pas écrite, n’est pas inscrite, n’est pas un effet de l’écriture. Donc lorsque – je termine là-dessus – lorsque j’écoute du rap, je ne peux jamais l’écouter bien longtemps. C’est trop. C’est trop de jouissance, c’est trop. Donc je n’écoute jamais qu’à petite dose mais je dis bien dans l’admiration de ceux qui se sont trouvés y aller dans cette dimension-là, dans cette affaire et, qui est celle, au même titre que le travail de Lacan, qui est celle de notre modernité.

Voilà, merci pour votre attention.

Transcription Manuella Rebotini

Arnaud Rebotini, Manuella Rebotini, Solo Dicko, Marc Morali,Pierre-Yves Gaudard et Olivier Cachin

Marc Morali, Charles Melman, Pierre-Yves Godard et Manuella Rebotini 

[1]Je parle aux murs, Jacques Lacan, Editions Seuil, 2011, page 93. 

[2] Médine. « Global ». Prose Elite, Dinrecords, 2017. 

Art Press, n°445 juin 2017.

[3] Par exemple : acronyme, métathèse, allitération et rime…

[4]Le trait d’esprit et sa relation à l’inconscient de Sigmund Freud. PUF, collection Œuvres complètes tome VII, chapitre La technique du mot d’esprit, page 35. 

[5]Les Quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (Séminaire de 1964). Jacques Lacan, Editions de l’Association Lacanienne Internationale, leçon du 22 janvier 1964, page 29. 

[6] Idem, page 40.

[7] Assassin. « La formule secrète ». Perles rares, Assassin Productions, 2004. 

[8]Zulu long métrage réalisé par Cy Endfield, 1964. On pense aussi à Chaka Zulu, fondateur du royaume Zoulou…

[9] KRS One. « Sound of da police ». Return of the bap, Jive, 1993.

[10]La haine long métrage réalisé par Mathieu Kassovitz, 1995. César du meilleur film en 1996.

[11] Suprême NTM. « Je rap ». Compilation Rappattitude ! Virgin, 1990.

[12]Blue Suede Shoes Elvis Presley, Carl Perkins, Sun Records, 1956.  

[13]The Message, Grandmaster Flash and The Furious Five, Sugar Hill Records, 1982 (single). 

[14] Assassin. « La formule secrète ». Compilation Rappattitude ! Virgin, 1990.

Notes