On dira que ce qu'on appelle pathologie a globalement pour signe la souffrance. Et le médecin est au rendez-vous pour en chercher la cause dans le corps.
L'organogénèse guide donc sa démarche qui sera forcément la même si le trouble est psychique.
Les merveilles récentes de l'imagerie médicale et de la recherche génétique pressent leur allure qui prend ainsi une cadence triomphante.
Un très ancien papyrus égyptien décrit pourtant chez les femmes une série de troubles fonctionnels dont la diversité se passe de toute lésion décelable ; ils seront attribués à une dessication de l'utérus, voué dès lors tel une mongolfière à monter dans le corps pour donner les signes de souffrance là où il se bloque.
Hippocrate en tirera sa conception de l'hystérie et en encouragera la thérapeutique : le mariage des jeunes veuves. Et notons pour l'anecdote que Freud en suivra le principe. Mais ce qui est plus intéressant est de noter que dans ce cas si l'expression des troubles est corporelle, la cause, elle, concerne une relation, carente, en souffrance.
Si le D.S.M. s'en tire en oubliant l'hystérie dans sa nomenclature, nous n'hésitons pas pour notre part à généraliser : la cause de la psychopathologie est une relation en souffrance. Voyez cet enfant conduit à la consultation : le trouble ne gite-t-il pas entre l'enfant et ses parents ?
Dès l'inauguration de la talking-cure la psychanalyse montre que la relation à un corps, aussi matériel que l'autre même si sa matérialité est différente, faite de signifiants et non plus de cellules et dont la physiologie, voilà qui est pire, impose ses règles à celle des organes et à leur fonctionnement. La médecine comme la psychiatrie ont un corps mais ce n'est pas le même et, ça s'aggrave, la psychanalyse avance que c'est le corpus de la relation qui impose ses lois à l'autre. Est-ce dire qu'il faudrait nier le stock inné révélé à la naissance ? On est là aux confluents de notre ignorance, et que ne résout pas la correction apportée par les généticiens avec la notion d'épigénétique, soit l'influence de la relation sur les messages émis par les gènes.
La clinique à re-écrire peut partir de tels rappels qui comme en escalade pourraient éventuellement éviter les rechutes.
Ch. Melman
15 avril 2015