En quoi l’Histoire comme discipline, au demeurant difficile à cerner précisément, est-elle susceptible d’intéresser la psychopathologie ? C’est l’une des questions que nous nous sommes posées lors de la Journée d’étude organisée par notre École intitulée Les variations de l’invariant. La parution récente d’un ouvrage d’Hervé Mazurel au titre à la fois engageant, surprenant et provocateur : L’inconscient ou l’oubli de l’Histoire, fut l’occasion de tenter d’établir un dialogue en ce sens avec l’auteur.
Quelle que soit la qualité des différentes contributions que nous avons entendues, il me semble qu’il aurait été stimulant d’introduire dans les débats la façon dont Lacan orthographie le mot histoire, avec un y et sans majuscule, hystoire donc.
En effet, cette écriture déplace aussi bien la question de l’hystérie, puisqu’elle quitte ainsi le lieu clos de la scène familiale pour le champ social, que celle de l’histoire qui de son côté nous rappelle avec cette orthographe la dimension érotique qui se laisse entendre dans le discours tenu sur le passé, la mise en récit. C’est d’ailleurs probablement cette dimension qui explique notre goût pour l’histoire, qu’il s’agisse de récits de cas cliniques, de Mémoires, de biographies ou d’événements politiques.
Freud a nommé inconscient un lieu qui détermine nos conduites et dont les invariants qui s’y articulent sont le sexe et la mort. En réponse à Freud, Michel Foucault a écrit une Histoire de la sexualité, c’est-à-dire l’histoire de ses variations.
Dès lors la question se pose : l’inconscient est-il un oubli de l’Histoire ou l’Histoire est-elle un oubli, voire un refus de l’inconscient ?
Claude Landman