Les effets psychiques et sociaux du binarisme propre à ce nouveau et massif moyen de communication que fonde le codage numérique sont indéniables quoique encore peu étudiés.
L'homogénéisation des contraires, du blanc et du noir, du plus et du moins, de ce qui assure la continuité et de ce qui la rompt, signifie la forclusion de l'instance tierce qui jusqu'ici les hiérarchisait en garantissant leur hétérotopie : l'exclusivité accordée à l'un, mâle, découpe le champ des représentations, avec la mise hors-champ de l'autre.
Le langage en subit forcément les effets, de sorte que le binarisme en vient à primer sur une loi morale jusqu'ici référée à l'instance tierce, qu'on la nomme dieu, père, république, patrie, etc.
Constatons ainsi que l'indistinction des valeurs (homogénéisation du plus et du moins) est devenue la règle, que le ludisme envahit la sexualité, que la théorie du genre préconise la similitude des sexes, que le discours politique tombe dans le populisme c'est-à-dire l'affirmation faite au peuple qu'il est de même nature et appartient au même ensemble que le chef.
Il serait bon (si ce terme a encore un sens) que notre École organise une recherche sur ces effets.
Ch. Melman
24 sept. 2016