Un ami s'émeut du fait que le précédent édito voudrait blanchir un candidat à la présidentielle visé par les juges. Cette lecture est possible mais pas certaine. Puisqu'il s'agit d'abord de rappeler ce paradoxe : l'exigence morale que nous avons vis-à-vis du Prince, c'est-à-dire qu'il en soit le garant, ne saurait s'appliquer à lui-même, qui fait exception et dont on attend à ce titre qu'il puisse tout se permettre.
Ce paradoxe ne relève pas de la morale, mais de la logique. Et dont l'effet se vérifie toujours en pratique, avec ceux qui voulurent être des modèles de pureté tel Robespierre contre Danton ou plus près de nous, les Kmers rouges contre le peuple.
Mais notre actualité est heureusement plus comique que tragique. C'est ainsi qu'elle nous voit aujourd'hui dénoncer … l'argent, voilà bien la cause du mal. Cette approche puérile, pour le moins pré-marxiste, pourrait chatouiller l'oreille des psy. Elle illustre notre propension à s'en prendre à l'objet alors que celui qui est enclin à céder à son attrait, et contre toute loi morale s'il est un salopard, un héros ou un mystique, c'est le sujet lui-même, bref n'importe qui, et ce à l'exemple de son Créateur en plus, ce qu'il ne convient guère de dire sauf à s'exposer à être traité comme lui : mal. En tout cas que les candidats à la présidentielle soient tous – à l'exception d'un pur, un insoumis – marqués par le péché – mis en examen ou pas – nous rappelle la condition commune.
Ch.Melman
le 22 mars 2017