On a raison de parler d’une génération de millenials, ceux nés après 1980. Sa spécificité tient à sa rhétorique : elle dit en clair ce qui auparavant se donnait seulement à entendre. Minime d’apparence, la différence est considérable puisqu’elle prive le propos de la profondeur – appelons ça comme ça – qui lui conférait son obscure autorité. Devenu explicatif de ce qui pour être convenu et sans mystère se soutenait néanmoins jusqu’alors d’une autorité partagée dissimulée, le propos devient un bruit sans conséquence, obligeant son émetteur à l’outrance et à l’affirmation d’un soi qui n’a plus de support.
La conséquence en est l’individualisme contemporain et, pour se sauver, la recherche d’un communautarisme quelconque, serait-ce celui des gilets jaunes.
Le Président était sûrement ému devant la cathédrale en flammes. On n’en aura rien su parce que son propos, adressé sans doute aux millenials, habillait la douleur de truismes convenus et, destinés à rassembler la nation, la défaisait à mesure d’une explication trop évidente.
La difficulté actuelle pour gouverner le pays n’a pas de meilleure raison et il est à craindre que les jeunes talentueux qui peuplent l’Élysée ne puissent l’entendre.
Charles Melman