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L’analyste politique ou le philosophe seraient sûrement surpris d’apprendre que la cause du grand bafouillage actuel, avec la menace que fait peser sur l’ordre républicain l’aspiration populaire au retour de l’autorité, est le naufrage d’un procédé rhétorique, celui du discours.
Le discours repose sur le partage par le locuteur d’une référence tierce essentielle quoique non matérialisée et qui, religieuse, politique, idéologique, éthique, etc, règle leur rapport à eux-mêmes et à autrui. Aujourd’hui et à cause de sa perte il n’y a plus d’autrui, seulement des identiques ou sinon des ennemis, et plus de soi-même, voué à être emporté par la première tempête médiatique venue.
La « déconstruction » est passée par là, procédé d’un philosophe français acharné à descendre dans tous les domaines la figure paternelle mais non pas, sacré Œdipe, pour se partager maman mais promouvoir la jouissance directe de l’instrument phallique, non plus donc celle de ses représentants mais celle du fétiche même.
Dans ce domaine le succès de l’idée a été grandement favorisé par une économie dont le développement suppose la levée de toute restriction à la jouissance et promeut la mise sur le marché de l’objet même : non plus une bagnole par exemple mais La Voiture. Faute d’une religion vraie, le gadget qui répond à toute demande, un smartphone par exemple. M. Foucault, un bénédictin qui a passé sa vie dans les bibliothèques, aurait mal pris sa contribution involontaire à Wall Street et à Hong Kong, et ce au risque de faire une énième tentative de suicide. Il se trouve que la nôtre risque elle d’être programmée si nous ne parvenons pas à la prise en compte d’un savoir sur nos aliénations folles, celles subies du fait de la dénaturation d’un animal de notre espèce par un système de communication. Dans mon jardin le pivert répète son chant, affirmation de son identité et invitation à l’autre sexe. Pendant ce temps, à la radio, des bafouilleurs s’invectivent en détruisant les plaisirs de la vie.

Charles Melman16/05/2021

Notes