Si nous étions phénoménologues, nous rappellerions en préalables que “attention” vient de ad-tendere, « tendre vers ». Il est donc spécifié que, dans le champ de la perception, elle est toujours sollicitée par ce vers quoi nous tendons. Pas d’effort à faire pour concevoir ce que la langue a conçu : le désir est concerné dans l’affaire. L’attention est allumée par ce qui, dans le champ de la perception, est pris par le désir, autrement dit, le fantasme.
Une preuve saisissante en est fournie par l’acronyme qui est d’usage pour désigner son trouble chez l’enfant et dont nous nous contentons sans ciller et sans en demander plus : puisque la lettre, si l’on suit Lacan, est précisément – et non pas le signifiant – cause du désir dans le fantasme.
Le trouble de l’attention chez l’enfant serait ainsi lié au défaut de mise en place de la lunette par laquelle l’attention discrimine les perceptions pour ne retenir que ce qui compte et intéresse, plutôt réduit dans l’ensemble. À défaut, la vision s’affole à parcourir tout le champ sans s’arrêter sur rien ni pouvoir l’interpréter.
Tout en étant capable d’en garder une mémoire aussi exacte que celle d’une plaque photographique, image, parfaite, dénuée de sens.
Quelques considérations thérapeutiques en suivent pour ces enfants qui sont régulièrement ceux de familles tôt dissociées.
Ch. Melman
18 mars 2015