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La façon dont des adolescents et des jeunes ont fait état de leur sexualité devant la caméra d’Arte (émission intitulée « Préliminaires») mérite quelque attention.
D’abord à cause de l’effet inquisiteur de l’objectif dont le regard semble imposer une dénudation parfaite: elle est la condition pour retenir l’attention et justifier de paraître, pas moi donc mais ce que je cache.
Ensuite à cause du style de leur récit qui épouse d’emblée celui supposé des journalistes qui les interrogent et décrit leur expérience personnelle comme si elle était celle d’une tribu que avec eux ils observeraient.
Enfin parce qu’il s’agit à chaque fois d’une épreuve qui n’engage ni la subjectivité ni le corps de l’intéressé ou intéressée mais est destinée à se faire reconnaître par des camarades et signifier l’inclusion parmi les adultes ainsi que parmi les esprits libres et supposés affranchis.
Cette deshabitation de la sexualité réduite à un rituel destiné à valoir l’admission dans une bande, détachée de toute participation affective, sensuelle et morale, un exercice physique dont l’aptitude marque simplement l’entrée dans la classe jugée supérieure, mérite une réflexion sur les effets latéraux de cette paupérisation mentale.

Charles Melman20/06/2021

Notes