Les campagnes électorales en cours dans les pays démocratiques montrent la montée de ce que l’on appelle « le populisme ». Celui-ci se signale par un diagnostic élémentaire des causes du malaise social et espère en la venue du leader dont l’autorité y remédiera. Le cadre national fournit généralement le Maître identificatoire propice au rassemblement et laisse croire à l’avènement en son sein de l’égalité et de la fraternité.
Un élan mystique se substitue alors au débat politique et s’avère fatalement réfractaire à l’argumentation. Un état de la foi, une foi séculaire guérie des limites de la raison (ce mode de traitement fut celui de Sparte contre Athènes). Il n’a jamais manqué de faire mourir un malade guéri, car la projection de la cause du mal depuis un corps purifié sur un environnement délétère aboutit forcément à la guerre.
Il n’est pas abusif de craindre qu’elle ne se profile à l’horizon de la dislocation prochaine de l’Europe ni du « réarmement » moral des Etats Unis.
Et on pourrait regretter que les informations de Freud (après celles de Gustave Lebon) sur la psychanalyse des masses soient restées ignorées de l’opinion.