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Freud, le brave homme, a cru qu’en dévoilant les racines inconscientes de la guerre il allait l’empêcher. De même, et à propos de Moïse, qu’en montrant le caractère fondamentalement hétérogène de l’ancêtre, il allait couper l’herbe sous le pied du racisme. On sait qu’il n’en a rien été et il a fallu que la Princesse Bonaparte paie une rançon considérable pour que son héros soit exfiltré à Londres.

Peut-on croire que des motivations inconscientes soient à l’œuvre aujourd’hui pour expliquer « l’opération spéciale » en cours ? Certes, et tout autant que pour l’ensemble des actions humaines en notant par exemple et dans ce cas que « la volonté de puissance » (il paraît que c’est la sœur de Nietzsche qui donne ce titre à cet ouvrage) est une constante de la vie psychique. Mais d’où vient-elle s’il est vrai que celle-ci serait commandée par la satisfaction des besoins ? Et si c’est le désir qui est à l’œuvre, désir de qui et de quoi ?

Ces questions sont bien sûr naïves pour les familiers de la pratique freudienne mais montrent son échec à promouvoir la mutation culturelle qu’elle implique. Bravo Freud si l’on veut, mais il faut que le spectacle continue. Il continue donc et chaque soir le téléspectateur se branche sur la série qui alimente ses émotions, d’autant que elle risque de le propulser lui-même dans l’action, une réussite par rapport aux jeux vidéo ordinaires. L’ambassadeur de Russie à Paris a d’ailleurs dit qu’en Ukraine il s’agissait d’une « guerre virtuelle ». Aura-t-il le temps lorsque les neutrons le désintègreront de reconnaître le réel ?

Charles Melman, 11 mars 2022

Notes