Un ouvrage de vulgarisation sur le sujet commencerait sûrement par la remarque que si la pathologie était jusqu’ici associée à la pénurie, elle l’est aujourd’hui à l’excès. Elle se nomme ainsi pollution et risque effectivement d’ensevelir l’humanité sous ses propres déchets, une fin inattendue pour l’espèce. Quoique Beckett l’ait déjà prévu en montrant que la poubelle était devenue un nouveau domicile, recherche de l’être au petit matin par des amateurs qui semblent parfois ne manquer de rien. La promotion du recyclage est sans doute ainsi le comble puisqu’elle propose de traiter cet encombrement par la bouffe de son propre excrément, image que nous supposons encore choquante quoique la publicité en vante l’hygiène. Cycle fermé qui ne peut être sans conséquences pour celui qui s’interrogerait encore sur la matérialité de son essence.
Un esprit chagrin dira que celle-ci semble effectivement devenue le mobile du narcissisme contemporain et qu’un candidat à la magistrature suprême semble plus assuré de son avenir en se présentant comme un filou que comme l’ennuyeux honnête homme.
Voilà bien une question qui nous ramène plus modestement aux fondamentaux d’une Ecole : « Qu’est-ce que serait être honnête aujourd’hui, dans un enseignement et une pratique, sinon peut-être la célébration d’une autre forme de la pathologie ? » .
Peut-être faudrait-il reconstituer une Académie des Beaux-Arts afin de mettre la question au concours. Elle pourrait s’écrire : « Y a-t-il un garant de mon honnêteté et quel est-il ? ».
P. S. Comme le fait remarquer Lacan on ne pose jamais d’autre question que celle dont on a déjà la réponse. Mais ici c’est celle des élèves qui compte.