Il vous est peut-être arrivé de ne pas tenir en place : état d'agitation psychique aussi bien que motrice transitoire jusqu'à ce que se trouve récupérée la domiciliation subjective habituelle. On n'y habite jamais seul : la place a été aménagée en effet par les ancêtres, la langue parlée, votre histoire, de sorte que le sujet s'y trouve autorisé, "chez soi" c'est-à-dire chez cet Autre d'où lui vient son message.
Il arrive aujourd'hui à un enfant sur deux, c'est la proportion des familles défaites, de ne pas avoir de domicile fixe. Le souci d'égalité qui anime notre culture veut que la garde alternée le trimbale d'un côté et de l'autre : il n'est ainsi chez lui ni chez son père, ni chez sa mère. Où habite-t-il alors ? Nulle part, et c'est bien à quoi répond, automatique, l'état d'agitation, permanent cette fois, qui dérange et angoisse l'entourage. C'est au petit chou cependant qu'on va prescrire le neuroleptique supposé calmer, en même temps que l'agitation des laboratoires pour faire grimper leur cours en bourse.
Le traitement psy est facile pourtant et bon marché.
Montrez à l'enfant que vous l'entendez. Vous aurez la surprise de voir que la perception qu'il existe un lieu susceptible d'entendre sa plainte peut suffire, ô surprise, à l'apaiser.
Ch. Melman6 octobre 2017