Les difficultés présentes de l’Education Nationale tiennent sans doute à la perplexité propre à notre culture sur ce qu’elle a à transmettre.
Le problème n’est pas tant technique (méthode globale ou syllabique pour la lecture par exemple) que moral et politique.
Il est connu que l’Ecole républicaine transmettait une morale, alors qu’on attend aujourd’hui qu’elle prépare à une insertion professionnelle et qui sache utiliser la morale à son profit.
La relation de l’élève au savoir s’en trouve changée puisqu’on ne peut respecter et aimer ce qui ne serait qu’un instrument. D’où son incompréhension, par exemple devant le refus du copier-coller pièce de l’instrument.
Si l’individu est conçu comme n’étant lui-même qu’un élément de la machine sociale et productive qu’il faut intégrer, on comprend que triomphe le biologisme, sa réduction à un organisme.
Ce n’est pas la conception de notre Ecole attachée à lui reconnaître ce que, selon l’orientation on appelle : esprit, psyché, âme, raison, subjectivité etc., mais qui dans tous les cas est spécifique de notre espèce.
Pour nous amuser s’il se peut, disons que nous ne trouvons pas qu’aimer la chair soit preuve de cannibalisme.
Lorsque, ouvrant un livre de cette discipline qui s’est arrogé le nom de « neuro-sciences » nous lisons que « le cerveau sécrète la pensée » (Daniel Andler), un doute nous saisit. Nul histopathologiste en effet n’a jamais trouvé dans le tissu cérébral la trace d’un tel organe sécrétoire. De sorte que notre « scientifique » démarre par l’usage d’une métaphore dont il va exiger ensuite que la physiologie rende compte.
Bref, il se découvre d’emblée sujet du langage, ce qu’il pourrait mieux appréhender s’il venait nous écouter.