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L’été est proposé comme le temps venu de la jouissance après le masochisme que l’on suppose éprouvé durant les saisons qui le précédèrent. Curieuse et fallacieuse alternance puisque la permanence de la souffrance est l’hôte ordinaire de nos existences. Ce que constata Freud lorsqu’il écrivit Au-delà du principe de plaisir en notant l’attachement du sujet à préserver souterraine une part de douleur, la dent sensible sur laquelle involontairement passe et repasse la langue.

En bon Allemand, Freud passait l’été à voyager seul avec un frère aux pays des origines, la Grèce et l’Italie. Là il se ménageait une limite à son plaisir puisque longtemps il vécut comme un interdit d’entrer dans Rome. Lacan, lui, passait l’été à travailler furieusement afin de préparer son Séminaire pour l’année à venir : enfin un moment tranquille, débarrassé des patients, et de liberté, afin de jouir du labeur.

Et vous-mêmes ?

Il est curieux que le nom de la saison se confonde avec le participe passé du verbe être. Faut-il vraiment tenir l’enfance pour un paradis ?

Charles Melman, 11 juin 2015

Notes