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Sous ce titre discutable notre collègue Jeanne Wiltord vient de publier une étude qui fera date. Elle présente en effet des décennies de travaux faits  avec elle par des psychanalystes en Martinique pour répondre à la question de l'identité. On se doute que le traumatisme  de l'origine  pose aux descendants des problèmes difficiles à résoudre. Entre une origine africaine effacée, un passé d'esclave, une langue vernaculaire : le Créole, la proposition politique d'une adoption par le colonialisme, que décider ? Un psychiatre antillais, Frantz Fanon, avait ainsi décidé en son temps de s'engager avec le F.L.N. en Algérie pour son indépendance. Dans les années 80 des intellectuels lancèrent brillamment le projet, parfaitement réussi du point de vue littéraire, d'une identité créole. Mais ce fut un superbe poète de langue française, Aimé Césaire, dont la réponse ébranlera consciences et inconsciences en disant : nous sommes des nègres…

Autrement dit, pas une ethnie, pas un peuple, pas une nation, mais une partie de l'humanité.

Et, on se le demande, qui n'est pas en dernier ressort, partie de l'humanité ? De telle sorte que l'interrogation sur l'être du Noir fait partie intégrante de la très ancienne question : quel est l'être de l'homme ?

On suivra avec attention l'exposé par Jeanne Wiltord des tourments provoqués par la quête de l'identité, quand l'effacement de l'origine, le poids du béké et du métro, les offres de l'enseignement et de la participation sociale, blessent l'amour d'une « authenticité » qui se dérobe. Jusqu'à ce que la psychanalyse ne se dérobe pas pour répondre de façon autrement que idéologique ou triviale au souci de fidélité.

(1) Edition des Crépuscules

Notes