Saint Paul disait donc que sans la loi nous ne connaîtrions pas le péché, autrement dit le désir puisqu’il est alimenté par ce qu’il ne vaudrait mieux pas, et donc par le mal devenu ainsi banal.
Je désire le mal, voilà bien ce que plus tard allait découvrir un Freud scandalisé dans l’inconscient tel que le lestent les interdits moraux (cf. “L’homme aux rats”)
Pour revenir à Saint Paul, il opposait avec sa formulation la dure loi juive à l’amour chrétien.
On sait celui-ci pur, innocent, sans autre limite que le bien du destinataire spontanément représenté par le tableau partout affiché de la mère avec son enfant.
L’inconvénient est que cette représentation est aussi celle du sexe mais maintenant exclu, en filigrane, et que c’est cette exclusion qui précisément, sur le mode satanique, le rend désirable et quelque innocente en soit la représentation.
Comment s’en sortir ?
L’actuelle campagne moralisatrice a plus de chance de réussir puisque le tableau de la mère à l’enfant sera désormais placé sous le signe de l’éprouvette ou de la porteuse conceptrices.
C’est donc un traitement médical de l’immoralité qui se profile et si on se rappelle que le désir est l’ultime gardien de la singularité, la collectivité désormais uniformément bien-pensante qui sera au rendez-vous ne laissera plus en propre à ses membres que le désir de disparaître
Ch. Melman6 octobre 2018