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L'Occident, et aussi bien les peuples arabes, paient aujourd'hui le refus opposé par la culture à la prise en compte des analyses de Freud. On les associe à un savoir sur le sexe, affaire toujours individuelle alors que le goût pour la mort est régulièrement une affaire collective, et dont il a commencé à parler dès 1925 lors de l'apparition du fascisme et du communisme. Ce qu'on a appelé alors les masses désigne ceux qui – on disait alors prolétaires – ne sont pas jugés dignes d'être présents sur la scène du monde et qui, interpelés de la bonne façon c'est-à-dire en jouant de la révélation sont capables de suivre le premier bras-cassé leur promettant l'établissement d'un pouvoir enfin juste, religieux ou social, et, c'est mieux, les deux.

Le parlêtre est éminemment suggestible (et Freud a commencé avec l'hypnose avant d'y renoncer pour des raisons éthiques) et lui donner à entendre ce qui serait la voix-même du chef peut le mettre en marche pour tuer ceux qui s'obstinent à ne pas accomplir son modèle intégral. Le totalitarisme est une défense contre la condition ordinaire qui est d'être divisé.

Disons-le avec tristesse. L'ignorance où sont nos responsables politiques des déterminations en jeu et donc de l'action à mener, le mépris de ceux qui se font étiqueter "intellectuels" pour un savoir jugé dépassé, laisse mal augurer de l'avenir. Mais cet état ne nous empêchera pas de persévérer.

Charles Melman

17 nov 2015

Notes