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Il est arrivé à Lacan d’évoquer le virus qui, se glissant sous la porte du laboratoire où était stimulé son pouvoir létal, viendrait nettoyer la planète.
Mais il paraît que celui qui s’intéresse à nous aujourd’hui serait d’origine animale, un marché aux animaux chinois nous dit-on, invités à l’admettre, de notre vivant du moins.
Car le fait, si c’est bien lui, est notre manque général de foi, un candidat américain à la présidence pouvant même en faire un argument électoral : je ne vous demande pas de croire ce que je dis mais seulement de l’approuver.
Nul besoin de croire pour jouir.
La virulence d’une assertion tient donc moins à ce qu’elle dit qu’au nombre de suiveurs qui voudront y adhérer. Faute donc de la confiance en l’autorité partagée gardienne de la véracité des dits, leur vraisemblance est soumise maintenant à un référendum populaire permanent : est sûrement vrai ce qui plaît à la foule.
Son rassemblement ne se fait plus alors grâce au partage de la confiance en ce qui est affirmé mais de la dénonciation d’une malfaisance collectivement  identifiée. Et dans ce cas de figure ce sera celle d’un gouvernement dont les mesures paraissent faibles face à la force des faits et des revendications.
Craignons que les confinés ne donnent in fine à la crise une solution non seulement sanitaire et économique, mais aussi politique, autre forme tout aussi virulente de l’épidémie quand elle se trouve ainsi pérennisée.

Ch. Melman
22/03/2020

Notes