La surprise de ce matin-là était non pas que le chauffeur de cette compagnie fut une femme mais qu'elle soit enveloppée d'un hijab.
Le message rappelé à cette occasion au voyageur était clair : impératif d'avoir à renoncer à son désir dans l'espace public, rendu encore plus radical par l'affirmation de la féminité de l'être dès lors qu'il était ainsi voilé.
Un tel usage du voile est attesté dès l'antiquité païenne et la statuaire grecque le rend sublime en montrant son opportunité pour exalter la beauté du corps féminin.
Mais son interprétation par la religion impose une hygiène de la vie sociale et la réservation de la sexualité à l'espace privé, caché au regard.
L'évolution de l'Occident vers la laïcité a tendance à inverser ce rapport et dissocie la dissimulation de l'instance phallique gardienne du désir et l'exhibition de l'objet cause du désir, en l'occurrence ces parties du corps féminin que la mode exalte par l'habillement et la dénudation.
Le thème est assez sérieux pour pouvoir provoquer des guerres de religion dès lors que c'est la dette à rendre à Dieu qui est ainsi discutée.
Il reste, ô paradoxe, qu'il suffirait d'un peu de linguistique, de feuilleter Freud et de se cogner à Lacan pour pouvoir ensemble prendre le fond de l'air sur le pas de la porte et méditer sur le fait qu'il ne s'agit que de petits arrangements, comme en cuisine.
Concevoir que le voile relève d'une érotique traditionnelle éviterait qu'il ne devienne l'arme du radicalisme. Il y a de Clérambault plus de 10000 photos de femmes maghrébines voilées. Il faut dire qu'il était homosexuel – que cherchait-il donc à voir derrière le voile ? - et qu'il a fini aveugle, lui déjà.
Charles Melman24/01/2021