On vérifiera rapidement que la campagne actuelle contre les violences faites aux femmes a pour véritable objet l'éradication du sexe. Certes ces violences existent, mais en aucun cas et malgré sondages et publicité elles ne constituent un fait de société.
La nôtre reste toujours marquée par un refoulement qu'un exhibitionisme purement commercial ne suffit pas à masquer.
La preuve ? Observez la façon dont le vivent les adolescents et vous verrez le type de tourment solitaire éprouvé à l'occasion de ce véritable travail qui constitue pour chacun et chacune l'assomption de son sexe.
Ce ne serait aucunement le cas si ses manifestations avaient été aussi simples, directes, évidentes que celles dénoncées, autrement dit libres.
La "libération" de la parole avait jusqu'ici consisté à faire reconnaître son désir ; elle prend aujourd'hui la forme de sa délation.
Oui, mais de son abus, objecte-t-on. Les faits rapportés à Hollywood, évidemment connus de toujours, en relèvent, certes.
Mais en matière de sexe, comme de toute jouissance d'ailleurs, la limite entre l'us et l'abus est difficile à tracer puisqu'il a pour essence d'être hors normes : le fonctionnement social peut y pourvoir, mais le phénomène nouveau est qu'il veuille en aveugler la béance, à l'œuvre et angoissante chez chacun, qu'il en ait ou pas.
Ch. Melman9 mars 2018