Le débat politique a pris dans les démocraties une tournure qui appelle l'attention. Il s'agit en effet moins pour lui de faire appel à la conviction qu'à l'éviction.
Ce style a impressionné aux USA où l'actuel président a pu, en campagne, paraître encourager l'élimination physique de son opposante ou à défaut promettre son incarcération. En Turquie, démocratie depuis Ataturk, l'emprisonnement des opposants politiques est en cours. Chez nous, un tour au débat a été donné par l'extrême-droite qui d'emblée disqualifie l'adversaire, récuse la validité de sa parole quoiqu'elle dise, procède à une élimination morale préalable qui laisse mal présumer de l'avenir.
Si cette aspiration à l'intégrisme devait être analysée comme l'expression d'une volonté populaire, on aurait à attendre de nos responsables politiques qu'ils ne se contentent pas d'en dénoncer le mal mais en fassent l'urgence du débat public. Est-ce en effet le national-socialisme pour l'appeler par son nom puisque la rhétorique actuelle est la même, qui serait implicitement espéré ?
Il est vrai que la pathologie, quand elle est devenue sociale, fait oublier le malheur individuel ; mais ce ne peut être considéré comme un progrès.
Ch. Melman
5 mai 2017