Ce néologisme paraîtra bizarre. Il est pourtant expressif de la bizarrerie du rapport contemporain à l'autorité, du moins dans les pays où la question peut être posée, c'est-à-dire les démocraties.
C'est ainsi que les personnages qu'elles convoquent à la tête de l’État peuplent maintenant une galerie qui peut surprendre par une diversité qui serait cocasse si elle n'avait des conséquences. A la défection des forces classiques qui régissaient les rapports entre citoyens : appartenance à la nation, à une religion, à une classe sociale, à une histoire, au sexe, au savoir, etc, se substituent les promesses d'un progrès collectif dont l'égalitarisme dans le droit de chacun à affirmer sa propre licence est la clé. On peut croire que la greffe sur l'organisme réalisée par la technologie d'appareils qui centuplent ses facultés est la source de cette ivresse qui justifie l'exigence de chacun à être reconnu dans son pouvoir alors qu'il n'y a plus d'interlocuteur disposé à rendre ce service autrement qu'à lui-même.
Cette crise d'une autorité qui serait générale est bien sûr celle du discours susceptible dans ce contexte de réunir tout en les diversifiant les citoyens. Regrettons qu'un peu du savoir inauguré par Freud et rejeté par la culture ne puisse servir à protéger contre une dangereuse numérisation.
« Arché » en grec signifie ce sur quoi on s'appuie, l'autorité donc, le fondement et donc aussi la partie du corps sur laquelle on s'assied. Vous voyez on en revient toujours à des histoires de c...
Charles Melman10/01/2020