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Quand
Samedi 22 avril 2017

Le 22/04/2017, Bruxelles

Apparu aux Etats Unis au début des années soixante-dix, le burnout, défini comme une souffrance au travail, a pris une dimension quasi épidémique depuis une vingtaine d’années. Au point de constituer, actuellement, un pourcentage très important des motifs de consultation en médecine de travail. On observe aussi qu’il apparaît dans des domaines qui n’étaient pas et ne sont pas encore directement liés au travail : on parle aujourd’hui de burnout maternel, de burnout parental. On peut considérer qu’il s’agit là d’un effet de mode, d’un amalgame qui n’a rien à voir avec une rigueur scientifique. Mais on pourrait tout aussi bien se demander si cet élargissement de la surface d’application de cette notion ne nous apporte pas un éclairage nouveau sur les enjeux de cette souffrance : reconnaissance par les patients et par les soignants d’une étiologie, sinon commune, du moins trouvant son fondement dans un certain discours contemporain qui formate nos subjectivités.

Il importe donc de tenter d’y voir un peu plus clair et d’étudier, au-delà de la dénonciation de ce qui ne serait qu’un effet de mode facile, les conditions anthropologiques, elles-mêmes effets d’un discours, de l’éclosion du burnout et de sa dimension psychique.

Nous pensons particulièrement à l’organisation technico-numérico-managériale (excusez ce barbarisme) du travail qui, à grand renfort d’algorithmes, produit un effet de dé-subjectivation des travailleurs, rebaptisés « collaborateurs », mais qui ne sont plus en fait que les exécutants d’injonctions anonymes, aisément remplaçables par des robots. On s’interroge aujourd’hui, dans certains milieux hospitaliers, sur l’opportunité de remplacer les infirmiers-ères par des machines.

 Cela n’est pas vrai uniquement pour les travailleurs mais aussi pour les « cadres » qui sont une proie privilégiée du burnout. Il n’y a plus aujourd’hui de « patrons » mais des « N + 1 », des « N + 2 », etc. Ce qui signe bien une sorte de dé-subjectivation, d’anonymat qui constitue un véritable obstacle à la rencontre. Et cela au profit d’un discours exclusivement protocolaire, entendez : énumérant uniquement les tâches à performer. Ce qui donne lieu à une évaluation purement numérique et descriptive ne permettant plus aux acteurs de parler leur travail sur un mode narratif où ils seraient eux-mêmes impliqués comme sujets. Fin de la dimension du métier à un moment où, paradoxalement, la responsabilité et l’initiative des « collaborateurs » ne cessent d’être sollicitées dans le discours de la gestion. Nous insistons sur cette perte de subjectivité qui ne laisse souvent pas d’autres issues au travailleur qu’une identification « mélancoliforme » au déchet, à un « réel » qui n’est plus « compté ». Là où la résistance et la révolte ne sont plus possibles face à une violence totalitaire et anonyme.

Nous pensons également qu’une telle conjoncture ultralibérale a des effets subjectifs d’abandon d’une position subjective. Lesquels effets peuvent être utilement éclairés par les outils de la psychanalyse lacanienne qui devraient nous permettre de ne pas être totalement « idiots » et de repérer dans quels enjeux nous sommes pris.  

Pierre Marchal

Journée EPhEP organisée avec l'AFB et la ligue wallone pour la santé mentale

Introduction

Anne Videau, Directeur conseil de l’EPhEP, Professeur à l’Université Paris-Nanterre,

 Jacques Dewaegenaer, Président de la Ligue Wallonne pour la Santé Mentale (LWSM)

"Performer"

Thomas Périlleux,  Docteur en Sociologie, Professeur à l’Université Catholique de Louvain

Pascale Moins "Le travail en soi" suivi de Pascale Belot-Fourcade "Actualité de la déchetterie"

Pascale Moins psychiatre et psychanalyste, Unité de psychothérapie et psychopathologie du travail à L’Elan Retrouvé (Paris)

Pascale Belot-Fourcade psychiatre et psychanalyste (Paris) 

"Un épuisement subjectif sans sujet"

Jean Pierre Lebrun, psychiatre et psychanalyste (Namur, Bruxelles)

Table ronde coordonnée par Pierre Marchal 

Pierre Marchal, philosophe et psychanalyste, avec le

Pr Pierre Firket (Directeur du CITES, Clinique du Stress et du Travail, Département de Médecine générale de l’Université de Liège),

Carine Culot (psychologue, psychanalyste),

Gaëlle Chapelle (psychologue, professeure invitée à la Faculté Ouverte pour Adultes – UCL),

Dr Valentine Delsaux (médecin du travail à Liège) et le

Dr Philippe Heureux (médecin généraliste, MCF invité au Centre académique de médecine générale, faculté de médecine, UCL)

Conclusion 

Charles Melman,  psychiatre, psychanalyste, Doyen de l’EPhEP, fondateur de l’ALI

Notes