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Le 10 janvier 2016, la foule se vêtit de noir à l’annonce du décès de l’artiste émérite et éclectique David Bowie. Depuis, la plume des médias et des réseaux sociaux vibre des mêmes éloges : icône glam rock, star du rock décadent, génie de l’esthétique, des métamorphoses et du mime, avant-gardiste queer… 

Apparu à Londres comme une étoile filante sur les scènes rock et pop, le glam (abréviation de glamorous) connait ses heures de gloire les plus pailletées entre 1972 et 1974 avec un retour au schéma musical standard des chansons (morceau court bâti en couplet/refrain, textes et mélodies simples facilement mémorisables) pour s’opposer radicalement au rock progressif qui domine les années précédentes. S’y ajoutent des effets de théâtralité, de préférence exacerbés, et le costume qui se veut brillant et truqueur.

À l’adolescence, le jeune David abandonne l’éducation musicale jazz transmise par son demi-frère ainé Terry. Comme tout bon rolling stone qui s’inscrit dans l’Histoire du rock’n’roll, il préfère faire ses classes dans le blues et le rhythm’n’blues. Il garde néanmoins le saxophone comme compagnon de voyage. En 1965, il rejoint aux côtés de Jimmy Page le groupe les Manish Boys(appellation choisie en hommage, comme très souvent, à Muddy Waters1). C’est cette même année, âgé de dix-huit ans, que David Robert Jones change de patronyme pour la scène et devient David Bowie. Un hommage au Capitaine James Bowie, pionnier américain mort durant la prise de Fort Alamo en 1836, incarné au cinéma par Richard Widmark. Il est dit que le Capitaine Bowie défendit le Fort jusqu’à son dernier souffle, un couteau à la main qui devint après légende et commercialisation le Bowie Knife.  « Le Bowie Knife est tranchant des deux côtés de la lame, et j’ai trouvé cette ambiguïté intéressante2 » dit l’artiste bien des années plus tard. Le tranchant, coupure imaginaire avec le nom du père, je vous propose de le lire ainsi :

● David Jones → nomination symbolique

● James Bowie → père idéal

● Richard Widmark → acteur du père idéal →  w / i / d / marque (traduction en français). Ajoutons que certains trouvent une ressemblance entre l’acteur et le chanteur…

On ne peut négliger dans la langue anglaise la fonction de pronom personnel de la lettre i qui injecte au réel le processus imaginaire d’identification et de nomination : je. À cela, lisons le couple w/i comme l’émergence d’une nouvelle découpe au couteau dans le langage qui charrie dans son flot le sexuel. Le chanteur le transmit à son fils, Duncan Zowie Jones qui, n’en voulut pourtant pas. Il préféra éluder ce deuxième prénom.

Comme on le sait, la scène du spectacle capte le regard. Cependant, elle architecture aussi une découpe pseudo-imaginaire du plan projectif (« la scène des représentations » selon Freud) et enferme dans son périmètre le gage d’une identité enfin reconnue et plébiscitée – dans les cas les plus heureux bien sûr. Elle participe au kaléidoscope polycéphale des acteurs et au dessein de mettre entre parenthèses la fonction du père symbolique qui désigne une lignée où s’opère la castration.

Évoluer sur la scène du spectacle est le « désir le plus profond » de Bowie, lui qui, natif du tristement gris et effondré quartier de Brixton à Londres longtemps dévasté par les restes des bombardements allemands, ne veut pas « être blanc et invisible, vu de personne ». La biographie de son enfance le dépeint comme un garçon rêveur, toujours dans la lune, voulant être conteur quand il sera grand. Fragile, il craint « l’horreur de la schizophrénie et de la neurasthénie de son demi-frère » et l’appel « au vide » qui poussa au suicide bon nombre de femmes de la famille Jones. Sa défense : se construire un double, son « Doppelgänger » (son sosie – traduction de l’allemand). « Mon ego me disait que j’avais quelque chose d’important à offrir au monde. J’ai passé mon enfance à me dire : « Je suis un grand artiste, je mérite la reconnaissance. » Mon but était d’en informer la terre entière. C’est facile à dire aujourd’hui, mais je n’ai jamais eu le moindre doute quant à ma réussite. Je savais que je deviendrais célèbre, je me suis préparé à cette vie très jeune. Je me suis donc créé un double pour me débarrasser de mes névroses, de ma timidité, de mes inhibitions. Un sale monstre. » Les prouesses technologiques du moment permettent, il est vrai, de donner voix aux Doppelgängers à l’aide des enregistrements multipistes des studios qui sont plus en plus performants. Dévoreur de livres aussi et amoureux des mots, Bowie aime faire choir sur papier ses rêveries solitaires où se côtoient la féérie des contes de notre enfance, l’irréel de la science-fiction et les aventures amoureuses et passionnées des hommes. « L’important, c’était d’écrire. »

Bien que ce propos manque de précisions pour notre réflexion, questionnons-nous un petit peu. L’écriture eut-elle fonction de réparation, de comblement du « vide » ? Est-ce qu’écrire fut une tentative d’inscrire le père imaginaire de la lignée Bowie qui, comme on le sait, par le biais du spectacle trouva à se faire un nom ?

Après quelques essais, c’est en 1969 que le chanteur atterrit sur scène, si je puis dire, avec le titre Space Oddity3 où se donne à entendre deux voix de Doppelgänger, celle de la tour de contrôle et celle de Major Tom4. La chanson repartit en quelque sorte dans l’espace puisqu’elle fut choisie par la BBC pour accompagner l’alunissage de Neil Armstrong lors de sa retransmission télévisée. Ce fut le sacrement du chanteur qui devint depuis, il faut bien l’avouer, un monstre sacré.

Le Doppelgänger Aladdin Sane5

Commence ainsi la grande parade processionnelle de Bowie dodelinant son corps famélique, habillé des personnages de son Doppelgänger. Pour citer les plus emblématiques : Ziggi Stardust (Ziggy la chimère6) descendu du ciel pour prêcher la bonne parole à l’humanité, Aladdin Sane (Aladin le saint d'esprit et/ou A Lad Insane, un type fou comme on peut l’entendre dans le cristal), le Thin White Duke (Le duc mince blanc), dandy décadentiste semblant d’Helmut Berger des Damnés de Luchino Visconti ou encore Elephant Man sur les planches de Broadway. Ce savoir-faire artisan confectionneur d’images, arc-en-ciel de costumes, paillettes et autres falbalas nous rappelle l’armoire du moi débordante d’un bric-à-brac d’accessoires comme le décrit Lacan. Notons que le plus grand succès commercial du chanteur est, à ce jour, la chanson Let’s Dance7 qui propose – il faut s’en amuser – une autre couleur de chaussures pour danser que celles en daim bleu du King Elvis. La lame du couteau Bowie peut dès lors être comparée à une bande mœbienne, tranchante des deux côtés qui, selon, la brillance du miroir de l’axe aa’ en accord avec le regard de l’Autre joue de séductions et d’investissements moïques autant que de duels avec l’imago du double, le Doppelgängeraliénant. Le chanteur change ainsi de visages à chaque battement palpébral, si je puis dire, et nargue le regard entre jubilations picturales et quelques curiosités freaks et queers8. Un exemple dont les fans se souviennent : le meurtre de Ziggy Stardust le 3 juillet 1973 annoncé sur scène avant que l’artiste n’entonne la chanson Rock’n’roll Suicide9.

Il semble ainsi que le « sale monstre » puisse s’apparenter aussi à l’un des pans de la contreculture rock’n’roll, longtemps qualifiée – ne l’oublions pas – de « musique du Diable ». Pensons pour illustrer notre propos aux protest songs qui, depuis les années 60 avec Bob Dylan et quelques autres, font entendre dans le champ politique – entre autres – leursvoix contestataires et dissidentes. Il y aurait, je me permets cette comparaison, les protest images du rock’n’roll qui proposeraient par la magie du costume et du maquillage ou par le biais réel de la chirurgie des créatures merveilleusement monstrueuses qui provoquent le regard. Le freak show. Pensons bien sûr à Genesis P-Orridge, Gwar, Kim Fowley, Kiss, Marylin Manson ou encore Wendy Carlos – une liste exhaustive serait bien longue à faire, il faut l’oublier…

Alors oui, comme Isabelle Adjani le chante : « Beau oui comme Bowie10 ! ». Beau, avec la particularité d’avoir une gueule qu’on n’oublie pas par un trait distinctif : son œil gauche atteint à sa quinzième année d’anisocorie résultant d’une mydriase permanente causée par un mauvais coup bagarreur porté par George Underwood. Sorti de la scène du spectacle,ce trait serait probablement perçu comme un défaut physique. Un peu du monstre. En des temps obscurs, il aurait été signe de la marque du Malin. Or, il trouve obédience dans le rock star system. À lui seul, il est spectacle, le trait distinctif de reconnaissance de l’artiste, une originalité aux couleurs de l’étrangeté extra-terrestre qui méduse le regard du public et, bien certainement, le regard du chanteur face à son propre reflet. Cela préfigure – c’est le cas de le dire – une partie de la dynamique libidinale et psychique de L’être Bowie et de tout son style enclin à une originalité égotique toute colorée parce que possédant une marque en plus et, defacto,une tentative de représentation de La femme non barrée.

Précisons qu’il est facile de ressentir un léger sentiment d’étrangeté nous envahir quand notre regard, se fixant dans un autre, ne trouve pas pour des raisons diverses le parallélisme pacifiant de l’empan des axes optiques (monophtalmie par exemple). C’est un effet de la schize entre l’œil et le regard tel qu’argumenté par Lacan dans les Quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse11. Précisons en effet que Lacan fait la distinction entre la fonction visuelle de l’œil et le regard. Est visible par l’œil tout ce qui se trouve dans le champ de la vision alors que le regard représente ce qui échappe à la vue. Il est un point de fuite où se renverse le « je regarde » en « je suis regardé » par l’Autre. Nous pouvons dire qu’il s’agit d’un trou « punctiforme12 » qui attire l’œil, comme la pupille du chanteur qui crève l’écran au couteau. Ce trou révèle la place de l’objet a où vacille la castration de l’Autre, « l’entr’aperçu de la castration13 ».

Permettons-nous de relever encore d’autres incidences de l’objet a regard. Le fils de Bowie devient réalisateur prenant ainsi la place de l’œil derrière la caméra. George Underwood fut le graphiste du chanteur. Et, Teddy Antolin, coiffeur de la star, décéda peu de temps après son modèle fétiche…

Le jeu des miroirs continua la partie de cache-cache et de séduction autour de cet œil avec plans serrés de caméra, lunettes, fards et autres artefacts jusqu’à la dernière danse. Pour tirer la révérence, David Bowie, malade, choisit de se bander les yeux tout en les couvrant de petits boutons14. Reste au public à présent une myriade de clips et d’enregistrements venus de son pays imaginaire. Il faut croire que la foule rassemblée spontanément un peu partout dans le monde à l’annonce de son décès voulait encore un peu de poussière d’étoiles dans les yeux en chantant à l’unisson l’un de ses rêves d’a(mur) les plus connus : « I wish you could swim, Like the dolphins, Like dolphins can swim… We can be heroes, Just for one day15 »(Je voudrais que tu saches nager, Comme les dauphins, Comme les dauphins savent nager… Nous pouvons être des héros, Juste pour un jour).

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Notes :

1 : On retrouve le fameux riff de Mannish Boy dans la chanson The Jean Genie (jeu de mots avec Jean Genet), Aladdin Sane, RCA, 1972. Le riff s’inspire du I’m a Man des Yardbirds de 1967, du I’m a Man de Bo Diddley de 1955 et du Hoochie Coochie Man de Muddy Waters et de Willie Dixon de 1954.

2 : Toutes les citations de David Bowie sont extraites d’un entretien de Jean-Daniel Beauvallet avec le chanteur. Les Inrocks, 1993.

3 : Space Oddity (Étrangeté spatiale).Philips, 1969.

« Ground control to Major Tom
Tour de contrôle à Major Tom
Ground control to Major Tom
Tour de contrôle à Major Tom
Take your protein pills and put your helmet on
Prends tes cachets protéiniques et mets ton casque

Ten, nine, eight, seven, six, five, four, three, two, one, liftoff
Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un, décollage

Ground control to Major Tom
Tour de contrôle à Major Tom
Commencing countdown, engines on
Le compte à rebours commence, les moteurs sont allumés
Check ignition and may God's love be with you
Vérifie la mise à feu et que Dieu soit avec toi

This is ground control to Major Tom
Ici la tour de contrôle à Major Tom
You've really made the grade
Tu l'as vraiment fait
And the papers want to know whose shirts you wear
Et les journaux veulent connaître la marque de tes chemises
Now it's time to leave the capsule if you dare
Maintenant il est temps de quitter la capsule si tu l'oses

This is Major Tom to ground control
Ici Major Tom à tour de contrôle
I'm stepping through the door
Je franchis la porte du sas
And I'm floating in a most peculiar way
Et je flotte vraiment très bizarrement
And the stars look very different today
Et les étoiles ont l'air très différentes aujourd'hui

Here
Ici
Am I sitting in a tin can ?
Suis-je bien assis dans une boîte de conserve ?

Far above the world
Loin au-dessus du monde
Planet earth is blue
La planète terre est bleue
And there's nothing I can do
Et il n'y a rien que je puisse faire

Though I'm past one hundred thousand miles
Bien que je sois à plus de cent-cinquante-mille kilomètres
I'm feeling very still
Je me sens immobile
And I think my spaceship knows which way to go
Et mon vaisseau sait sûrement quelle route prendre
Tell my wife I love her very much, she knows
Dis à ma femme que je l'aime énormément, elle le sait
Ground control to Major Tom
Tour de contrôle à Major Tom
Your circuit's dead, there's something wrong
Tes circuits sont morts, quelque chose ne va pas
Can you hear me, Major Tom ?
Peux-tu m'entendre, Major Tom ?
Can you hear
Peux-tu entendre

Here
Ici
Am I sitting in a tin can ?
Suis-je bien assis dans une boîte de conserve ?
Far above the moon
Loin au-dessus de la lune
Planet earth is blue
La planète terre est bleue
And there's nothing I can do
Et il n'y a rien que je puisse faire »

https://www.youtube.com/watch?v=Zw56-7DnUcs

4 : L’artiste connaît la valeur marchande de l’objet a voix. Implacable homme d’affaires, il la place en bourse en 1997. Les Bowie Bonds, titres obligataires gagés sur ses droits d’auteur. Le premier gain s’éleva à cinquante-cinq millions de dollars…

5 : L’éclair de l’œil droit d’Aladdin Saneest incontestablement le trait du Doppelgänger le plus copié par les fans et la représentation la plus connue de l’artiste. C’est sa première femme Angela qui lui teint les cheveux en rouge.

6 : Ziggy Stardust peut aussi se traduire par Ziggy poussière d’étoile. Le personnage s’inspire du chanteur Vince Taylor et de son parcours erratique dans le showbiz.

7 : Let’s Dance. EMI, 1983. Extrait : « Let’s dance, put on your red shoes and dance the blues. »(Viens danser, mets tes chaussures rouges et danse le blues.)

8 : Pensons par exemple aux albums Diamond Dogs (Les chiens de diamant) RCA, 1974et Pin Ups. RCA,1983.

   

9 : Rock’n’roll Suicide (Suicide rock’n’roll). RCA, 1974.

« Time takes a cigarette, puts it in your mouth
C’est l’heure prends une cigarette, mets-la dans ta bouche
You pull on your finger, then another finger then your cigarette
Tu y mets le doigt puis un autre doigt puis ta cigarette
The wall-to-wall is calling, it lingers then you forget
La moquette t'appelle, elle insiste puis tu oublies
You're a rock 'n' roll suicide
Tu es un suicide rock'n'roll

You're too old to lose it, too young to choose it
Tu es trop vieux pour te rater, trop jeune pour choisir
And the clock waits so patiently on your song
Et la pendule attend patiemment sur ta chanson
You walk past the cafe but you don't eat when you've lived too long
Tu passes près du café mais tu ne manges pas quand tu as vécu trop longtemps
You're a rock 'n' roll suicide
Tu es un suicide rock'n'roll

Chev' brakes are snarling as you stumble across the road
Les freins de la Chevrolet crissent alors que tu trébuches sur la route
But day breaks instead so you hurry home
Mais le jour se lève alors tu te dépêches de rentrer
Don't let the sun blast your shadow
Ne laisse pas le soleil détruire ton ombre
Don't let the milk floats ride your mind
Ne laisse pas le laitier guider ton âme
So natural religiously unkind
Si naturellement religieusement dure

Oh, no love ! You're not alone
Oh, non mon amour ! Tu n'es pas seul(e)
You're watching yourself but you're too unfair
Tu te regardes mais tu es trop injuste
You got you head all tangled up but if I could only make you care
Tu as la tête toute embrouillée mais si seulement je pouvais te le faire comprendre
Oh, no love ! You're not alone
Oh, non mon amour ! Tu n'es pas seul(e)
No matter what of who you've been
Peu importe quoi ou qui tu as été
All the knives seem to lacerate you brain
Tous les couteaux semblent te lacérer le cerveau
I've had my share so I'll help you with the pain
J'en ai eu ma part, je t'aiderai pour la douleur

You're not alone just turn on with me
Tu n'es pas seul(e), tourne-toi juste vers moi
You're not alone let's turn on and be
Tu n'es pas seul(e) faisons demi-tour et vivons
You're not alone gimme your hands
Tu n'es pas seule donne-moi tes mains »

https://www.youtube.com/watch?v=CD1nzOeS6U0

10 : Beau oui comme Bowie, Philips 1983. Écrit par Serge Gainsbourg.

11 : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Jacques Lacan, Éditions de l’association lacanienne internationale. Leçon du 19 février 1964, p. 81.

12. Ibid. p. 85.

13. Ibid. p. 85.

14. Blackstar (Étoile noire) et Lazarus. Columbia/Sony, 2016.

15. Heroes, RCA, 1977. La chanson fait référence au Mur de Berlin.

« I
Moi
I will be king
Je serai roi
And you
Et toi
You will be queen
Tu seras reine
Though nothing will
Bien que rien ne
Drive them away
Les chassera
We can beat them
Nous pouvons les battre
Just for one day
Juste pour un jour
We can be heroes
Nous pouvons être des héros
Just for one day
Juste pour un jour

And you
Et toi
You can be mean
Tu peux être méchante
And I
Et moi
I'll drink all the time
Je vais boire tout le temps
Cause we're lovers
Car on est amoureux
And that is a fact
Et c'est un fait
Yes we're lovers
Oui nous sommes amoureux
And that is that
Et c'est comme ça

Though nothing
Bien que rien ne
Will keep us together
Nous maintiendra ensemble
We could steal time
Nous pourrions voler du temps
Just for one day
Juste pour un jour
We can be heroes
Nous pouvons être des héros
For ever and ever
Pour l'éternité
What d'you say ?
Qu'en dirais-tu ?

I
Je
I wish you could swim
Je voudrais que tu saches nager
Like the dolphins
Comme les dauphins
Like dolphins can swim
Comme les dauphins savent nager
Though nothing
Bien que rien ne
Will keep us together
Nous maintiendra ensemble
We can beat them
Nous pouvons les battre
For ever and ever
Pour l'éternité
We can be heroes
Nous pouvons être des héros
Just for one day
Juste pour un jour

I
Moi
I will be king
Je serai roi
And you
Et toi
You will be queen
Tu seras reine
Though nothing
Bien que rien ne
Will drive them away
Les chassera

We can be heroes

Nous pouvons être des héros
Just for one day
Juste pour un jour
We can be us
Nous pouvons être nous
Just for one day
Juste pour un jour

I
Moi
I can remember
Je peux me rappeler
Standing
Debout
By the wall
Près du mur
And the guns
Et les fusils
Shot above our heads
Tiraient au dessus de nos têtes
And we kissed
Et on s'embrassait
As though nothing could fall
Comme si rien ne pouvait tomber
And the shame
Et la honte
Was on the other side
Était de l'autre coté
We can beat them
Nous pouvons les battre
For ever and ever
Pour toujours
Then we can be heroes
Alors nous pourrons être des héros
Just for one day
Juste pour un jour

We're nothing
Nous ne sommes rien
And nothing will help us
Et rien ne nous en empêchera
Maybe we're lying
Peut-être sommes-nous allongés
Then you better not stay
Alors tu ferais mieux de ne pas rester
But we could be safer
Mais nous pourrions être plus en sécurité
Just for one day
Juste pour un jour »

https://www.youtube.com/watch?v=Tgcc5V9Hu3g

Notes