EPhEP, le 11 décembre 2014
Isabelle Dhonte m’a demandé de traiter pour vous des points de clinique psychiatrique, de psychopathologie, qui pourraient contribuer à éclairer les phénomènes d’emprise. Il ne s’agit pas simplement de repérer quelques traits susceptibles d’être retrouvés dans la figure du gourou - par exemple pour mieux le dénoncer- mais la clinique doit également nous permettre de conserver un regard sur la façon dont fonctionnent nos groupes. Le narcissisme de groupe comme l’avait remarqué Lacan est un obstacle majeur à la psychanalyse, la psychanalyse pour chacun mais aussi la question de la survie du discours psychanalytique dans nos institutions.
Donc je vais commencer par brièvement rappeler deux notions que nous devons à Lacan : celle du grand Autre et celle de division subjective, qui permettent, avant d’aborder la clinique, de mesurer combien nous sommes tous susceptibles de souscrire à un phénomène d’emprise.
Alors ce que nous appelons le grand Autre tout d’abord. C’est la conséquence pour nous, du fait que nous entrons à notre naissance dans un monde qui est déjà structuré par le langage. Il est déjà structuré par un savoir qui n’est pas un savoir instinctuel, un savoir naturel, mais déjà organisé par le langage. Et il n’est pas nécessaire que nous connaissions ce savoir sous une forme articulée comme telle pour qu’il nous gouverne. Vous savez par exemple ce que Claude Lévi-Strauss a pu dire sur la question de l’échange des femmes, dans les groupes évidemment qu’il était allé étudier, et on peut constater que éventuellement à l’insu de chacun, il y a des règles qui fonctionnent, et je dis à l’insu de chacun parce que évidemment personne ne disposait de ces règles sous une forme articulée écrite, qui est celle qu’a établi l’anthropologue.
Donc ce savoir dans l’Autre anticipe, non seulement sur notre naissance mais sur toutes les fonctions que nous serons amenés à assumer, et les difficultés que nous rencontrons tous dans l’assomption de ces fonctions, nous montre facilement en défaut par rapport au savoir qui nous manque, pour savoir comment orienter nos conduites. Et des questions, par exemple, comme qu’est-ce qu’un homme ou une femme montre au-delà des réponses qui révèlent de la zoologie l’incomplétude du savoir de chacun. Et c’est un apport très important de la psychanalyse d’avoir permis de poser que cette incomplétude n’est pas seulement celle du savoir des uns et des autres, celle du savoir de chacun, mais c’est une incomplétude structurelle du savoir dans le grand Autre. Dit autrement vous avez dû l’entendre, il n’y a pas de rapport sexuel, c’est-à-dire par exemple - si vous avez eu l’occasion de lire Freud -, Freud à un moment indique que pour l’inconscient, homme et femme eh bien finalement la signification qu’éventuellement ça peut prendre c’est justement actif/passif.
Alors une autre conséquence de ce défaut fondamental du savoir dans l’autre c’est qu’il n’y a pas de raison commune, alors ça évidemment on pense qu’on pourrait se référer à la déesse raison pour finalement trouver tous entre nous un point d’accord. En fait c’est tout à fait inexact, il suffit de vous rappeler par exemple Lafontaine « le meunier, son fils et l’âne » qui vaut toujours le coup d’être relu mais aussi par exemple le « Gorgias » de Platon c’est-à-dire, la dispute, la scène de ménage entre Socrate et Calliclès, pour mesurer que il n’y a pas de raison commune qu’il n’y a des points de vue différents. Avec le déclin de nos religions nous pourrions penser que la science viendrait prendre cette place. C’est-à-dire elle permettrait d’établir des faits qui valent pour tous. Et donc depuis lors effectivement on assiste à une quête du label de scientificité et il y aurait beaucoup à dire sur l’usage frauduleux de cette estampille et qui est fait notamment dans notre discipline.
J’avais prévu d’en parler un petit peu, mais pour ne pas nous disperser je poursuis et en vous parlant maintenant de la deuxième notion dont je voulais parler avec vous, celle de division subjective. C’est une notion qui s’est progressivement élaborée chez Freud, alors je passe sur sa première rencontre avec la clinique de l’hystérie, et c’est à l’occasion d’une rencontre avec la psychose, avec ce qu’il a appelé un délire d’observation que Freud a remarqué que ce que nous appelons le sujet - il utilise le terme dans cet article - n’est pas une unité homogène. Il est susceptible de se cliver. Ça a été l’occasion pour lui, d’isoler ce qu’il appellera le Surmoi, le Surmoi comme instance, comme lieu psychique à partir duquel « je suis observé ». Mais cette première distinction chez Freud, cette première division laisse encore le Moi au côté du Surmoi comme lieu d’une unité et précisément chargé de la synthèse. La synthèse c’est une lourde tâche, parce que comme nous ne le savons pas assez, et notamment dans le champ politique, la synthèse n’est pas toujours possible. Il y a parfois des propositions incompatibles.
Freud dans « Inhibition, symptôme et angoisse» nous indique que l’angoisse peut prendre son origine dans le Moi, qu’elle est alors un signal émis, déclenché par le Moi. Lacan à ce propos a pu dire que ce que nous appelons le Moi a cette fonction de l’animal veilleur dans un troupeau, c’est-à-dire de celui qui opère une lecture de l’environnement, qui interprète la situation pendant que les autres broutent tranquillement. Ça veut dire que nous sommes effectivement susceptibles de déléguer cette fonction du Moi à l’un de nos semblables. Vous voyez c’est une des raisons de notre vulnérabilité. Vulnérabilité face à celui qui se présente comme celui qui sait.
Freud, je ne sais plus où, avait parlé d’un théâtre extérieur, celui de la scène du monde et d’un théâtre intérieur : notre vie psychique, est organisée comme une intersubjectivité. La distribution des rôles fait que nous pouvons déléguer un des rôles clés -un des personnages clé- à un de nos semblables sur la scène extérieure …
… Je vais poursuivre en parlant des phénomènes de groupe, puisque les phénomènes d’emprise peuvent être lus comme des phénomènes de groupe. La cohésion d’un groupe se trouve renforcée par la désignation de figures qui entretiennent le narcissisme du groupe, celle d’un ennemi commun extérieur, mais aussi celui qui est exclu du groupe. Vous connaissez le phénomène dit du bouc émissaire, avec l’expulsion de ce bouc dans le désert. Et donc quand un groupe se met à fonctionner de façon pathologique eh bien deux places d’exception se constituent en son sein. Celui qui se trouve dépositaire du savoir et l’autre place celle du déchet, celui qui est expulsé dans le désert.
Deux pathologies peuvent spontanément, c’est-à-dire sans que se constitue un phénomène de groupe, montrer une distribution des places comparables à celles-ci. C’est la paranoïa et la perversion, et donc c’est ce que je traiterai tout à l’heure pour vous sur le plan clinique, paranoïa et perversion pour voir finalement que ces deux psychopathologies viennent reproduire les pathologies de groupe mais simplement, sans que pour cela il soit nécessaire qu’il y ait un groupe constitué.
Alors la pathologie de groupe c’est quelque chose qui commence très tôt dans l’existence, les phénomènes de groupe dans les cours de récréation…
… A un autre âge de la vie il y a une clinique qu’on a de plus en plus l’occasion de rencontrer malheureusement qui est celle de la souffrance au travail. Ça peut induire une véritable situation paranoïaque expérimentale. Ça peut tout à fait mimer les ressorts d’une vraie paranoïa. Quelqu’un tombe en disgrâce au regard de sa hiérarchie et se trouve tout d’un coup mis à l’index, position d’exclusion par rapport au groupe dans lequel il était jusque-là, c’est-à-dire ceux qui lui parlaient la veille ne répondent plus à ses sollicitations, l’évitent, les conversations s’arrêtent à son approche. Alors qu’est ce qui circule sur son compte ? Qu’est-ce qu’on lui reproche ? Qu’est-ce qu’il aurait fait ? Qu’est-ce qu’il aurait dit? De quoi est ce qu’il a à se justifier ? Comment le pourrait-il ?
Nous sommes tous susceptibles de nous demander comment nous sommes perçus par les autres. Mais dans cette situation-là cette disposition commune se trouve tout à fait exacerbée. Et tous ces regards cimentés en un groupe constituent pour celui qui est désigné comme paria, constituent une figure du grand Autre puisqu’elle a un savoir qui le concerne et auquel lui-même ne participe pas. Pour tous les autres ça sonne réglé, entendu, ils se trouvent tous réunis dans cette espèce de connivence le concernant mais lui il n’y a pas accès.
Ces phénomènes montrent aussi la dépendance de chacun à la place qui est la sienne dans un groupe. Ça ne vaut pas que pour les primitifs. Il y a un numéro du « Journal français de psychiatrie » intéressant, un numéro récent dans lequel vous pourrez trouver (c’est le numéro sur la catatonie) un article de Walter Canon qui s’appelle «La mort vaudou» sur les effets mortifères dans ces groupes, pour celui qui est ainsi mis à l’index, qui se trouve mourir rapidement. Donc ça a des conséquences même somatiques. Notre place dans un groupe, en effet, nous vaut de participer aux échanges de plaisanteries, d’amabilités, de courtoisies codifiées, voilà toutes les marques de reconnaissance de sympathie, de respect, et quand vous perdez votre fonction, que vous êtes placardisé, donc dans un groupe qui se met à fonctionner sans vous, vous faites l’expérience que ce qui fonctionnait pour vous n’était pas acquis c’est-à-dire que ce n’est pas lié à vos qualités, vous ne deviez pas à votre talent de vous attirer la sympathie ou d’être capable comme ça d’entretenir des conversations avec les uns et les autres mais celui qui sous les pieds duquel tout cela se dérobe découvre que c’était plus adressé à une place qu’à celui qui l’occupait. Et donc les phénomènes de groupe touchent à notre rapport au savoir, au fait que chacun quand il est confronté à l’incomplétude d’un savoir partagé par tous ses partenaires eh bien peut tomber comme un déchet.
Alors pour parler de clinique nous allons commencer par la perversion. Ce que je vais vous indiquer, il y a beaucoup de choses que vous retrouverez dans la lecture de deux séminaires de Charles Melman… Le 1er séminaire qui s’appelle « Les structures lacaniennes des psychoses » et le second «Les paranoïas». On y trouve des points qui concernent également la perversion. Donc quel trait serait assez sûr pour caractériser la perversion ? C’est une question qui n’est pas du tout évidente. Je veux dire pour distinguer la vraie perversion de certaines pratiques sexuelles privées qui conditionnent l’exercice de la sexualité comme c’est décrit pour certaines formes de fétichisme et à partir de là, effectivement si on considère que la perversion c’est ça, ce serait simplement qu’une question de degré.
Alors nous avons besoin d'un trait plus sûr, et classiquement le trait présenté comme caractéristique de la perversion est le clivage. Vous avez dû entendre dire ça, et ce n’est pas si évident que ça de se représenter correctement ce qu'on appelle le clivage. Octave Mannoni dans un article qui se trouve dans "Clés pour l'imaginaire", c'est un recueil d'articles, et l'article lui-même s'appelle "Je sais bien mais quand même", donc Mannoni montre que toute croyance se joue au moins à deux…
….A partir d'une tradition d'initiation chez une tribu, un peuple Indiens d'Amérique du nord qui s'appelle les Opis, Mannoni donc avait cru pouvoir déduire une conception générale des phénomènes de clivage, dans cette formule "je sais bien mais quand même". C'est à dire à la fois je sais quelque chose mais je me comporte comme si je ne le savais pas. Or c'est un trait extrêmement commun. C'est bien plus commun que la perversion. Freud par exemple dans son article "La dénégation" montre qu'on peut parfaitement prendre conscience intellectuellement de quelque chose sans que cela ait pour nous la moindre conséquence, le moindre effet. Freud l'explique en disant que ce n'est pas parce qu'on prend conscience de quelque chose que le processus de refoulement est levé.
Donc cette conception du clivage est très intéressante mais je trouve personnellement qu’elle n’est pas forcément -ou alors il y a vraiment beaucoup de pervers- mais elle n'est pas forcément pertinente pour permettre de repérer ce que c'est que la perversion. Il y a une autre conception du clivage, c'est la position de celui qui présente, d'un côté une figure publique très respectable, avec de l'autre des pratiques obscures. Cela pose une difficulté qu'il faut tout de suite mentionner et qui est celle de la division du public et du privé. Ce n’est pas si facile que ça de s'y repérer dans cette histoire. Par exemple la différence entre la chambre conjugale et une back room. En ce qui concerne justement le statut de cette division public/privé. Alors la porte de la chambre à coucher est fermée mais elle n'est pas sans lien avec ce qui se passe sur la scène publique, la scène du monde, ce qui se déroule en général dans la chambre à coucher est assumé publiquement par un lien assumé socialement. Une back room par rapport à cette distinction public/privé chacun peut entrer et assister à ce qui se déroule voire à y participer. C’est-à-dire que ça a un caractère public sans que ça n'implique pour les participants d'avoir à assumer socialement les liens dans lesquels ils se sont engagés.
Je vous donne comme ça quelques aspects de ce qu'on peut appeler le clivage, c'est à mon sens pas suffisant pour permettre de se repérer dans ce qu'est la perversion. Je vous en parle parce que ça fait partie des choses, qui en général, sont dites concernant la perversion…
… Et donc certains patients non seulement ne voient pas en quoi leur conduite relève de soins, mais ils sont authentiquement étonnés d'être condamnés… Et comme ils le disent ils n'ont fait que répondre à l'expression et aux sollicitations…
…C’est-à-dire qu’ils sont simplement comme celui qui aurait reconnu, interprété une vérité…
… Le pervers est lui-même hors division et il se contente donc d’un savoir sur la jouissance comme vérité dernière. Et alors là je vous cite une phrase de Melman « Ce sens offert ainsi par la jouissance, sens de la vie comme on dit, ne prend sa qualité de vérité suprême à laquelle le pervers s’arrête, que du défaut fondamental de tout savoir.» Alors c’est vrai pour chacun. Le sens offert par la jouissance tire son prix du non-sens fondamental de la chaîne signifiante. Je veux dire si vous avez à l’esprit « Les mémoires d’un névropathe » du président Schreber, eh bien Schreber fait appel en désespoir de cause, c’est le cas de le dire, à la jouissance pour venir suppléer à ce non-sens qui l’expose à une rupture définitive des liens qu’il entretient avec Dieu. C’est dans les jouissances les plus terre à terre qu’il parvient comme ça à maintenir le fil ténu de son existence…
… Et donc là où le pervers se distingue un petit peu, c’est que il s’y arrête à ce sens offert par la jouissance, ça lui suffit, il y trouve la garantie de sa participation au dessin dernier du grand Autre. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de place distincte pour une vérité même en attente, qui se distinguerait de ce sens dernier qu’apporte la jouissance.
Tout à l’heure je vous parlais de la vérité. Lacan sur cette question de la vérité a très bien su dire ce qui marque notre rapport à la vérité c’est-à-dire le point de coupure qui fait qu’il y a une radicale altérité entre elle et nous. Lacan dit que l’analyste n’est ni marié ni fiancé avec la vérité, il y a un point d’asymétrie. La vérité nous connaît, nos lapsus montrent que nous n’avons pas de secret pour elle, alors que nous-mêmes nous ne la connaissons pas.
Maintenant je vous propose d’aborder quelques points qui concernent la paranoïa…
On va voir comment un rapport au savoir qui est celui du paranoïaque constitue lui aussi un terreau favorable au développement d’un phénomène d’emprise. Melman, c’est dans « Les paranoïas » leçon du 16/12/99- 13/01 et 12/10/2000 si vous voulez vous y référer, nous indique très justement qu’on peut repérer deux phases dans l’évolution d’une paranoïa, dans son rapport au savoir. La position première du paranoïaque par rapport au savoir est toujours celle de la perplexité. Autrement dit, au début, la phase qui suit le déclenchement, pour le paranoïaque le savoir est du côté de l’Autre et lui-même est menacé d’en être le déchet. Cette perplexité est souvent liée à ce que un psychiatre allemand qui s’appelle Neeser a appelé une expérience de signification personnelle. Signification c’est « bedeutung » en allemand c’est-à-dire que tout ce qui se passe autour de lui, lui semble mis en scène à son intention, tous les propos tenus ont une signification qui le désigne comme référent, lui. Donc les autres savent quelque chose sur lui mais il ne sait pas quoi. Nous avons vu tout à l’heure comment une paranoïa expérimentale pouvait se constituer simplement à partir de la place où, par exemple, un salarié dans un groupe se trouvait mis.
Une paranoïa déclenchée peut de son seul mouvement induire une place comparable. Dans son milieu professionnel un paranoïaque est souvent capable d’entretenir une relation avec son patron faite d’espoir de reconnaissance mais il peut lui sembler difficile de partager une adresse à ses collègues. Il se sent toujours plus ou moins menacé par leur médiocrité, leur jalousie, les codes qu’il ne parvient pas à partager avec eux. Et voilà que tout d’un coup il est alerté par les doubles sens possibles des propos qu’il entend. Ses collègues mettent à profit l’équivocité du langage pour échanger des messages à double sens qui le concerne. Voilà qu’ils rient entre eux. C’est un savoir un peu spécial qu’il prête à ses collègues puisque ceux-ci semblent maîtriser ce qu’ils veulent dire en usant de tous les jeux de la langue. Il n’est donné à personne de maîtriser parfaitement les jeux de la langue, de les anticiper, on est sensible aux effets de l’inconscient, aux formations de l’inconscient dans l’après coup, mais il n’est pas facile de les produire volontairement. Hors pour le paranoïaque il lui apparaît que les protagonistes auxquels il a à faire ont une pleine maîtrise anticipatrice de ces formations de l’inconscient et il est à l’affût de toutes les possibles équivoques, donc prêtant à son vis-à-vis une maîtrise démoniaque de l’usage des jeux de mots. C’est pour lui signe d’un savoir que tous les autres partagent sur lui mais auquel lui-même n’a aucune forme de participation. Alors dans cette première phase lui-même, le paranoïaque, en est réduit aux conjectures. Et le savoir dont les autres disposent sur lui soude leur cohésion, alors que lui se trouve tomber comme un déchet et être exclu du groupe. Et, il n’est pas rare qu’un patient démissionne, démission pathologique de son boulot, pourtant il était reconnu, les choses se passaient bien et voilà, démission.
Alors comme l’a fait remarquer Freud, il manque là à ce savoir les deux points d’appui de la croyance dont je vous parlais toute à l’heure. Le paranoïaque ne croit pas, c’est ce que Freud a appelé du terme allemand « unglauben ». Le savoir en jeu est entièrement à la charge de l’autre. Il n’y a lui-même aucune participation, sinon à tenter de déchiffrer. C’est la position première du paranoïaque. Il y a une position seconde qui ne s’observe pas toujours mais qui est assez caractéristique quand elle s’observe, dans un deuxième temps, après que ce soit opéré une bascule qui montre le paranoïaque comme étant, cette fois-là, du côté où il est dépositaire du savoir. Et donc là il n’est plus le déchet, il n’occupe plus la place du déchet mais au contraire il est parfaitement réconcilié avec l’idéal et c’est donc sur la scène du monde que maintenant pour lui la place qu’il occupait va être distribuée et donc on y retrouvera le grand coupable ou bien le simple déchet, c’est-à-dire celui qu’on n’écoute même pas, qu’on n’a pas intérêt à écouter. Ce mouvement de bascule a l’intérêt de nous montrer que les propriétés du savoir pour le paranoïaque dans la position 1ère et dans la position 2nde sont les mêmes. C’est un savoir qui est parfaitement assuré, complet et qui n’a pas besoin de la participation du partenaire.