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    Ce travail se propose de faire un parcours à travers les premières théories sur la psychanalyse d’enfants, suivant les notions que soutiennent les diverses théorisations sur enfants et parents. On essaiera, aussi, de réfléchir sur le fait que la plupart des pratiques analytiques réalisées avec des enfants ont été menées par des femmes non-médecins.

    Dans les milieux européens de l’après-guerre surgit l’idée de la construction d’un monde nouveau; et, c’est dans ce climat social et intellectuel particulier que naîtra l’idée que le futur de l’homme est dans l’enfant. L’éducation pourrait donc engendrer un homme nouveau à partir de l’enfant; d’où l’espoir mis sur la pédagogie et l’éducation en tant que voie de construction de l’homme nouveau. C’est ce contexte qui servira de cadre aux idées de l’éducation nouvelle, et de toute une série de disciplines, y compris la psychologie et la psychanalyse qui placeront l’enfant au centre de leurs recherches. En 1900, la pédagogue suédoise Ellen Key rend compte, dans son livre « Le siècle de l’enfant », de la place essentielle que l’enfant occupera tout au long du XXe. siècle. A la suite de cette publication, le psychologue Edouard Claparède affirmera que le XXe. siècle sera celui de l’enfant.

I.

     La psychanalyse n’est pas exempte de ce contexte. Après avoir découvert, à partir du traitement d’adultes, l’importance des premières années de vie sur la constitution psychique, la psychanalyse commence à réaliser des recherches et des observations non seulement à travers le discours des patients adultes, mais aussi à travers l’observation directe des propres enfants. La découverte notamment de la sexualité infantile fraie la voie à l’observation directe de leurs manifestations pour corroborer ce que les adultes disaient sur le divan. En l906, Sigmund Freud même demande à Max Graf, le célèbre père du petit Hans, l’observation de son fils, en se centrant sur la vie sexuelle infantile. Mais il y a eu aussi d’autres adeptes de la psychanalyse des premiers temps, assistants réguliers aux réunions des mercredis, qui ont commencé à réaliser des observations sur des enfants, et dans ce cas, de leurs propres enfants. Dans les comptes-rendus des réunions des mercredis, on cite, par exemple, le Dr. Bass qui suivait de près certaines conduites de son fils âgé de 2 ans, il remarquait qu’il était extrêmement sensible à la lumière et inscrit d’ailleurs certaines théories sexuelles infantiles concernant la fécondation. Federn, de son côté, observe un enfant de 13 ans qui a une aversion pour les aliments; Reitler étudie une fille de 8 ans souffrant d’énurésie avec des rituels obsessifs. Heller réalise des observations sur ses enfants qui présentent des vomissements, une aversion pour les baisers et la compulsion à mordre. A Zurich, Jung fait des observations sur des enfants, sa fille Agathli de 4 ans, par exemple; Freud même remarque, dans ses lettres à Jung, les points de contacts entre les manifestations de Agathli avec le cas du petit Hans. Il paraît que Jung autant que sa femme Emma étaient des initiateurs passionnés de la psychanalyse appliquée aux enfants. Abraham aussi, d’après sa correspondance avec Freud, observait sa fille Hilda qui, à cette époque-là était âgée de 2 ans (Geissmann & Geissmann, l992). Autant d’études qui ne font que confirmer les thèses freudiennes sur l’existence de la sexualité infantile.

    Une nouvelle conception d’enfant commence à s’installer grâce aux découvertes de Freud et aux observations citées: l’enfant cesse donc d’être conçu comme un être innocent et asexué. La découverte du rôle actif de l’enfant dans les scènes de séduction, racontées par des patients adultes fait chanceler l’idée de l’étiologie des névroses comme résultat de la séduction exercée par la sexualité perverse de l’adulte. Loin d’être une victime des abus des adultes, l’enfant occupera une position active dans la sexualité que Freud dénomme perverse polymorphe, occupant le centre des théories freudiennes. Ainsi, on commence à entrevoir que ce sont les enfants qui recouvrent des désirs incestueux à l’égard des adultes plutôt que d’être les victimes de leur sexualité. C’est une question, qui encore de nos jours, provoque des résistances. Freud même a eu du mal à assimiler cette découverte, selon Ernest Jones (l996). En effet, Freud mit longtemps à surmonter les résistances internes pour reconnaître la sexualité et les désirs sexuels chez les enfants. Freud, lui aussi, était donc fils de son temps. D’une part, on le voit envisager le rôle actif de l’enfant, l’existence d’une sexualité infantile perverse polymorphe, qui met en cause l’idée d’innocence, de pureté et d’asexualité des enfants, et la place de l’enfant en tant que victime des erreurs paternelles. D’autre part, et il faut le dire, on peut conclure que cela suppose une influence aussi importante de la part des parents, puisque dans le cas du petit Hans, Freud recommande aux parents, étant ceux-ci les mieux qualifiés dans ce cas, d’être les responsables de mener à bien l’analyse avec des enfants.

    Avec l’analyse du petit Hans, des voix critiques s’élevèrent contre Freud et contre le père de Hans; des critiques qui se fondaient sur l’idée qu’il stimulait et suggestionnait l’enfant avec des fantaisies sexuelles qui ne lui appartenaient pas. Ces critiques s’ajoutaient à l’idée installée dans la société de l’époque sur l’innocence et l’asexualité des enfants. Il semble que Freud, en racontant le cas de Hans, a besoin de démontrer que l’analyse n’a eu aucun effet nocif sur la pureté infantile (Freud, 2005, [1909]). Ces mêmes voix se sont fait entendre de nouveau quelques années plus tard, à la suite du malheureux épisode du meurtre de Hermine von Hug- Hellmuth commis par son neveu et patient, Rolf, comme si la psychanalyste pervertissait l’innocence infantile.

II.

    Après le célèbre récit de Freud sur le cas du petit Hans, analysé par son propre père, tout semble confirmer que ce fut Hermine von Hug-Hellmuth la première femme qui pratiqua ouvertement des cures psychanalytiques sur enfants. Elle avait une formation de pédagogue et de maîtresse d’école ayant exercé ce métier pendant 20 ans environ. Même si elle accède à l’Université, au lieu de suivre des études de médecine, elle choisit philosophie. Elle apprend les théories psychanalytiques à  travers Isidore Sadger, du cercle intime de Freud, et, entre 1910 et 1912, elle quitte l’enseignement et commence à donner ses premiers pas dans la psychanalyse supervisée par Sadger même. Bien qu’elle appartienne à la Société Psychanalytique de Vienne, Sadger dira d’elle, « étant donné qu’elle n’est pas médecin, je l’ai aidée dans son travail afin de lui épargner un « faux pas » (cité pas Geissmann & Geismann, 1992, p. 49). Voilà une des premières évidences d’un travail d’ensemble entre médecins et non-médecins, dans lequel on entrevoit déjà une situation de pouvoir hégémonique. En 1914, elle publie « La psychanalyse de l’enfant et la pédagogie », où elle propose que la psychanalyse d’enfant devait consister à confronter l’éducation et le soin de l’enfant, c’est-à-dire que la psychanalyse d’enfants devrait avoir un caractère éminemment éducatif. Elle est de l’avis que le travail avec des enfants devrait comprendre aussi une sorte d’éducation des parents. « L’analyse éducative et thérapeutique ne doit pas se contenter de libérer le jeune sujet des souffrances, mais aussi de lui donner des valeurs morales, esthétiques et sociales. Son but ce n’est pas l’être mûr, l’être guéri qui se trouve en état d’assumer ses actes, sinon l’enfant, le jeune; bref, des êtres en pleine évolution, qui sous la direction éducative de l’analyste, doivent trouver des forces pour devenir des êtres conscients de leurs objectifs et pleins de volonté. L’analyste, pédagogue et thérapeute, ne doit jamais oublier que, plus que tout autre, l’analyse d’enfants est une analyse constante de caractère et d’éducation », disait l’auteur (cité par Geissmann & Geissmann, 1992, p. 53). On peut donc constater que la place accordée à l’analyste nous parle aussi de la place que l’enfant a dans ses conceptions: un être immature, en évolution, incomplet, malléable, à qui il faut transmettre des valeurs morales et former son caractère, parmi d’autres objectifs fixés. Elle soutient qu’il ne serait pas convenable de réaliser des analyses d’enfants aux mineurs de moins de 7 ans, c’est-à-dire, avant la culmination du complexe d’Oedipe; chez les enfants de 7 ou 8 ans, il faudrait même se contenter de succès partiels sans trop s’engager dans les contenus inconscients. Cette idée laisse entrevoir la notion que la psychanalyse pourrait causer un dommage au petit enfant, dont l’innocence, au contraire, devrait être mise à l’abri. Par rapport à la place qu’elle accorde aux parents, Hug-Hellmuth soutient que si ceux-ci suivaient une analyse, il existerait un nombre réduit d’enfants nécessitant un traitement; c’est-à-dire, qu’elle leur accorde une influence assez décisive dans la conformation des symptômes des enfants, cohérente avec l’idée d’un enfant malléable.

    Il est remarquable, au fond, l’existence de certaines coïncidences entre les propres conceptions de Hug-Hellmuth et celles de ses détracteurs. Les réactions contre son oeuvre suscitèrent autant d’indignation que de rejet que la publication du cas du petit Hans. Pour n’en à  citer qu’une, voici celle concernant les pédagogues Stern, à l’encontre desquels une trentaine de collègues signent une protestation formelle à propos de la psychanalyse d’enfants car ils supposaient que son application allait corrompre l’innocent esprit infantile. Cette protestation s’affronte à une proclamation organisée à Zurich par Pfister et qui est signée par plusieurs professeurs, psychologues et médecins suisses parmi lesquels Claparède, Flournoy et Eugénie Sokolnicka rangés sur une position modérée pour laquelle la psychanalyse n’était recommandée qu’aux enfants gravement atteints. Les derniers auteurs cités se rapprochent plutôt de l’idée de Hug-Hellmuth, selon laquelle on ne doit pas appliquer la psychanalyse à tous les cas, sauf dans des circonstances déterminées, autrement l’enfant encourrait certains risques (Geissmann & Geissmann, 1992).

III.

     A l’égal de son prédécesseur viennois, Anna Freud appartenait aussi au rang des non-médecins qui aspiraient à devenir analyste. Elle aussi avait exercé le métier de maîtresse d’école. En 1922, elle est nommée membre de la Société Psychanalytique de Vienne. A cette époque-là, l’analyse d’adultes était limitée uniquement aux professionnels médecins; c’est donc un des facteurs qui poussent Anna Freud vers l’analyse d’enfants. La pratique d’Anna Freud ainsi que celle de Hug-Hellmuth, va combiner des techniques psychanalitiques et pédagogiques. Elle ne conseillera pas non plus l’analyse dans tous les cas, mais à ceux qui remplissent certaines conditions comme celle d’être majeur de six ans et avec des parents qui s’analysent (Young-Bruehl, 1988). On peut donc souligner une certaine idée d’enfant et de parents qui se dégage de ces théories. Dans « Normalité et pathologie dans l’enfance » (1990 [1965]) elle parle de l’indubitable influence négative que les parents exerçaient sur les enfants qui présentaient des problèmes psychologiques; ce qui manifeste l’idée que les parents peuvent faire tort à leurs enfants, en les plaçant presque comme la cause de la psychopathologie infantile. Ceci laisse entrevoir aussi la conception d’enfant qu’elle soutient: un enfant largement influencé par son entourage. Dans « Psychanalyse de l’enfant », de 1927, elle affirme que, étant donné les multiples obstacles supposés que présenterait l’analyse d’enfant, question qu’elle justifie théoriquement, la solution possible serait celle d’éloigner l’enfant de sa famille pour le placer dans une institution où il pourrait être analysé loin de l’influence de ses parents. On voit bien que cette influence comporte un trait négatif. C’est pourquoi Anna Freud réserve l’analyse d’enfant uniquement aux enfants des analystes, c’est-à-dire, à un milieu qui élevait supposément les enfants avec une éducation ayant une perspective psychanalytique.

    En lisant ses textes, on a l’impression d’être en face d’une conception de « mauvais parents » qui seraient en dernière instance, les responsables de la problématique du fils. Il faudrait remarquer, que cette idée réintroduit le concept d’innocence infantile que son propre père avait démythifiée; ainsi, les enfants deviennent les victimes des erreurs paternelles. De cette conception se dégage facilement une proposition de travail: en éclaircissant et en éduquant les parents, on arriverait à prévenir les névroses dans l’enfance, et, si la prévention résulte une entreprise impossible, l’objectif serait la protection de l’équilibre psychologique de l’enfant. Il se constitue ainsi une sorte de pédagogie psychanalytique qui se traduirait en conseils, en préceptes ou en avertissements envers les parents. Il ne faut pas oublier que Anna Freud, lorsqu’elle se réfère aux parents, parle de parents réels, ne pouvant pas établir un nette différence entre leur rôle et celui des parents intériorisés par l’enfant, et des figures des parents dans l’esprit des enfants; elle suppose que les modifications psychiques de l’enfant pourraient se produire moyennant des modifications concrètes de leur entourage réel.

      Cette idée est intimement liée à la conception du psychisme de l’enfant, et par là même à la conception d’enfant qu’elle soutient. La combinaison des techniques analytiques et pédagogiques, c’est-à-dire que l’on parle d’un analyste qui doit analyser et éduquer, est en rapport direct avec l’idée que chez les enfants, le surmoi se trouve en formation, et, en tant que tel, immature et faible. Alors, c’est l’analyste qui doit se placer au lieu de ce surmoi labile. C’est ainsi que l’enfant annefreudien se présente comme l’enfant immature, fragile, qui d’habitude est défini négativement; il ne peut…, n’a pas assez mûri…, il apparaît avec certains déficits qui doivent être complétés par les adultes. Le petit enfant n’a pas conscience de ses troubles, alors il n’existerait pas en lui quelque chose qui ressemble à une demande d’analyse, l’enfant ne peut pas associer librement, il ne peut pas développer une vraie névrose de transfert puisqu’il n’a pas constitué son surmoi. C’est un enfant faible, fragile, et pour tout ceci, il peut être très dangereux d’analyser ses plus profondes impulsions inconscientes. Il s’agit d’un enfant malléable, fort dépendant des adultes, conçus comme des parents réels, de sorte que son regard se dirige vers les erreurs que ses parents peuvent commettre; d’où la nécessité de les « illuminer ». Quelques décennies plus tard, Anna Freud reconnaîtrait que les tentatives pour prévenir les névroses au moyen de l’éducation avaient échoué (Freud, A; 1965). Elle reconnaît donc que la formation et  la libération des attitudes des parents ne préviennent pas les névroses infantiles, en se situant bien loin de son optimisme de la première heure (Ohayon, 2000).

    L’école des parents et les conceptions d’Anna Freud, malgré leurs origines différentes, se rapprochent sur un point: la conception que toutes les deux soutiennent sur les parents. L’école des parents a une origine plutôt conservatrice et réactionnaire, mais elle partage l’idée de neutraliser les erreurs ou les défaillances des parents dans l’élevage de leurs enfants à travers l’éducation. Née d’une confrontation avec l’éducation nouvelle, l’école des parents soutient que la sexualité n’est pas un sujet qui doit être traité à l’école par les maîtres, mais par les parents et en famille. D’où la nécessité de former les parents sur ces sujets, afin de ne pas commettre d’erreurs dans cette tâche-là (Ohayon, 2000). Cette conception-ci comporte implicitement l’idée de responsabilité des parents au regard des problèmes présentés par les enfants; les parents apparaissent ainsi comme les générateurs des problèmes infantiles menant un processus de culpabilisation des parents. S’inspirant des idées de Gilbert Robin, le mouvement de l’école de parents, en France, soutient l’idée que les enfants ayant des problèmes sont des enfants mal élevés, si bien qu’il faudrait chercher la solution à travers l’éducation; de là, la nécessité d’éduquer les parents qui sont les premiers éducateurs des enfants (Ohayon, 2000). André Berge suppose, de son côté, que l’éducation des enfants exige des connaissances spécifiques, et que le rôle des parents n’est nullement improvisé, question reprise dans les conceptions que soutient l’école de parents. En dépit de leurs origines différentes, ces conceptions se rapprochent de celles de Anna Freud, bien qu’en France, l’influence de la psychanalyse dans les écoles de parents doit attendre la fin de la Seconde Guerre Mondiale (Ohayon, 2000). Ainsi, on peut entrevoir l’importance que les conceptions annefreudiennes présenteront pour toute l’institution.

IV.

    En suivant notre parcours, nous retrouvons Eugénie Sokolnicka, une des pionnières de la psychanalyse en France, d’origine polonaise, qui étudie sciences et biologie à la Sorbonne, et qui appartient aussi au groupe des non-médecins. Elle s’analyse avec Freud même, en participant aux réunions des mercredis et devient membre de la Société Psychanalytique de Vienne. Ensuite, elle s’installe à Budapest où elle est analysée par Ferenczi. Là, elle prend en analyse un enfant atteint de névrose obsessive. En 1921, elle revient à Paris où elle formera plusieurs analystes dont Lafforgue et Pichon. En 1920, elle publie : « Analyse d’un cas de névrose obsessive infantile », où elle raconte le cas d’un enfant de 10 ans; il s’agit d’un des premiers cas d’analyse d’enfants publiés après ceux de Hug-Hellmuth, et contemporain des premiers travaux de Anna Freud et de Mélanie Klein. Sokolnicka raconte avoir utilisé des techniques semi-analytiques et éducatives, en travaillant sur les rêves de l’enfant et de ses associations. On peut voir ici un écho des conceptions de Hug-Hellmuth et d’Anna Freud; on peut donc inclure ses conceptions parmi celles abordées préalablement. Il est important de signaler que ce fut la seule publication sur analyse d’enfants d’Eugénie Sokolnicka car elle n’a pas été un auteur consacrée à part entière à ce domaine.

    Mais celle qui s’y consacre entièrement, c’est Sophie Morgenstern. D’origine polonaise, elle aussi, c’est une des rares femmes médecins qui, à ce temps-là se consacrera à l’analyse d’enfants. Arrivée en France aux alentours de 1924, elle sera reçue par Sokolnicka, et l’on peut imaginer qu’elle s’est analysée avec elle. Georges Heuyer la prend sous son aile comme collaboratrice à la Salpêtrière où elle se consacrera à la clinique d’enfant, étant la première à analyser les dessins d’enfants. Elle est de l’avis que les névroses chez les enfants ont la même origine que chez les adultes. En adoptant la même idée que Anna Freud à propos du surmoi, elle partage la conception d’un enfant très dépendant de l’adulte réel, qui représente le surmoi immature de l’enfant. Elle partage avec Anna Freud les critères pour inclure l’enfant en analyse. Parmi ses idées, on trouve comme alternative thérapeutique, celle d’isoler l’enfant de sa famille dans le but de l’analyser, bien que pour des cas très spécifiques. On peut donc penser qu’elle a avec Anna Freud un grand nombre d’idées en commun. Et qui plus est, Sophie Morgenstern se situe à côté de Anna Freud au moment des plus fortes controverses qui la placent en face de Mélanie Klein.

    Elle voit, de même que Anna Freud, moins de possibilités que d’obstacles dans la clinique avec enfants car ceux-ci ne font pas de consultations de leur propre chef et semblent ne pas souffrir de leurs conflits; il y a une difficulté pour établir la névrose de transfert, et encore une autre, celle de l’existence de la pensée magique dans l’enfant. Quant au rôle des parents, elle les considère comme un élément fondamental dans la cure, pouvant ceux-ci intervenir dans une hypothétique résistance du fils vis-à-vis du traitement puisqu’il croit que l’analyste manque de moyens nécessaires car l’enfant est trop collé à ses parents. L’importance accordée aux parents réels est en conformité avec l’idée d’un surmoi immature qui agit de la part des parents concrets: d’où l’importance de les orienter et de les conseiller afin de compléter le traitement. Elle pense que pour la cure de l’enfant, dans de nombreux cas, il serait utile que les parents s’analysent.

    Il semble, qu’en France, il y a eu une sorte de résistance à l’analyse d’enfant jusqu’en 1940, à exception du Dr. Odette Codet qui présente un travail en 1935 sur des anorexies mentales infantiles; de Georges Mauco qui, en 1936, présente un travail sur la psychologie de l’enfant d’un point de vue psychique; de René Lafforgue, qui, la même année, publie un article sur la névrose familiale; et de Leuba qui présente lui aussi un travail sur le même sujet dans lequel il ose affirmer que « les seuls ennemis des enfants sont les parents » (cité par Geissmann & Geissmann,1992). On y constate  la similitude avec les idées annefreudiennes, notamment au sujet des « mauvais parents ». On peut donc comprendre les raisons de l’influence des idées de Anna Freud à l’aube de la psychanalyse en France, et de l’importance accordée à l’application de la psychanalyse à l’éducation.

V.

    Une autre femme consacrée à la psychanalyse d’enfants, qui, à l’égal de la plupart de ses collègues, n’avait pas son diplôme de médecin: c’est Mélanie Klein, mais elle se trouve sur la rive opposé. Etant adolescente, elle avait voulu faire médecine, mais au lieu de suivre cette voie, elle fait des cours d’histoire et d’art à l’Université. Ainsi que Anna Freud, au début de sa carrière, elle se voit, en tant qu’analyste femme non-médecin, le chemin de l’analyse d’adultes barré. C’est ainsi que l’analyse d’enfants apparaît dès le début de sa carrière, poussée et aidée par ses deux analystes et maîtres Ferenczi et Abraham; toutefois, elle se permettra bientôt d’analyser des adultes (Grosskurth, 1986).

    Les premiers articles de Mélanie Klein, dont certains assez inconnus, reprennent largement les idées en vogue en Europe et qui coïncident en partie avec les idées préconisées par l’éducation nouvelle. L’exemple le plus concret de cette coïncidence, c’est le texte « Développement de l’enfant », présenté à la Société Hongroise de Psychanalyse, en 1919 et publié avec un supplément en 1921. On y trouve deux des idées principales, qu’indique Ohayon (2006), soutenues sur l’éducation nouvelle: l’éducation pour la liberté et l’éducation sexuelle. Il s’agit d’un article fondé sur les observations réalisées sur son fils Erich, qu’elle appelle Fritz. Elle soutient, en tant que thèses fondamentales, que l’éclaircissement sexuel, la diminution de l’autorité parentale et l’abolition de l’éducation religieuse aideraient les enfants à mieux se développer intellectuellement et à avoir un meilleur contact avec la réalité. En revanche, l’excessive autorité parentale et l’idée de Dieu dans l’élevage, contribueraient à faire croître un sentiment d’omnipotence qui éloignerait l’enfant de son contact avec la réalité; ce qui aurait des conséquences négatives sur son développement intellectuel. Dans cet article, Klein conseille aux parents et aux gouvernantes la façon de mener ce qu’elle appelle « élevage avec des traits psychanalytiques », elle recommande de répondre à l’enfant avec la plus grande sincérité et la plus grande vérité, aux questions et aux inquiétudes par rapport à sa sexualité, cela stimulerait sa curiosité sur d’autres sujets de la réalité. Pour que cela se produise, elle imagine un pas préalable et fondamental: celui d’enlever des adultes les préjugés liés à la sexualité. Elle conseille, d’ailleurs, une éducation qui n’impose pas les idées par la force, elle démontre sur ce point sa position contraire vis-à-vis de l’éducation religieuse et dogmatique, car celle-ci détruirait les aptitudes critiques de l’enfant, sa capacité créatrice ainsi que les bases de la libre opinion. Elle recommande aussi, que l’enfant ne partage pas la chambre de ses parents puisqu’il aurait l’occasion d’observer l’acte sexuel. Elle signale, d’autre part, les dommages qu’occasionne le manque ou l’excès d’affections donnés aux enfants. Il en résulte donc une vraie prophylaxie qui serait recommandable à tous les enfants.

    Klein, dans ce texte, pense que la psychanalyse devrait être un instrument fort utile dans l’éducation, une sorte de complément, qui ne bouleverse pas les bases éducatives. Elle soutient qu’il serait impossible de prétendre que parents, maîtres et gouvernantes s’analysent,  bien que, à cette époque-là, cela aurait sûrement été un des ses profonds souhaits. Il est intéressant de remarquer sa recommandation pour former des jardins d’enfants afin de mettre en marche une éducation aux traits analytiques, dirigée par des femmes analystes. Il faut  noter que Klein va rapidement écarter ces thèses éducatives parce qu’elle va buter contre l’inconscient de l’enfant.

    Il est intéressant de souligner que les premières idées kleiniennes peuvent se trouver aussi chez Sigmund Freud, dans « L’avenir d’une illusion » de 1927, où Freud expose les principes sur lesquels devrait se fonder une éducation appropriée: la raison et la vérité comme des piliers fondamentaux pour affronter la réalité. Ces principes furent fortement défendus en France par Marie Bonaparte dans les années ´30 (Ohayon, 2006). Opposée à l’idée de l’éducation religieuse, pour Marie Bonaparte celle-ci devait être  « libre penseuse ». De même que Mélanie Klein, tout en s’aventurant sur l’idée qu’elle ne l’aurait pas lue, Marie Bonaparte soutient qu’il ne faut pas interdire ni stimuler, mais oser s’en tenir aux questions des enfants à propos de leur sexualité, et elle insiste sur le danger que cachent les caresses et l’affection excessive.

    L’oeuvre postérieure de Klein, déjà  éloignée de ses conceptions éducatives ne passe pas inaperçue et suscite de grands scandales, en particulier sur ses idées à propos de l’agressivité et le sadisme chez les enfants et sur la manière tellement directe de parler avec eux de sexualité. Ceci porte le sceau de la conception d’enfant que l’auteur soutient. A partir de l’étude directe, sur des petits enfants, des conflits et de la structure psychique, elle découvre un vaste champ du psychisme qui va au-delà de l’amnésie infantile décrite par Freud. En lisant son oeuvre, il se dégage l’idée que, même les enfants très petits possèdent déjà un monde interne capable de se développer en transfert. Loin du grand manque dans leur développement, tel que les auteurs précédents l’indiquaient, les enfants en bas âge sont déjà passés par une grande partie de leur structuration psychique pendant les premiers mois de leur vie. Cet univers intérieur, loin d’être le simple reflet de parents réels, est constitué par des imagos, ce qui précise déjà une manière de penser le lieu des parents. Ils ont beau avoir dans leur oeuvre un rôle qui ratifie ou rectifie les fantaisies sadiques de l’enfant, le matériel constitutif sur lequel on travaille en analyse, ce sont les imagos, non les parents réels. C’est pourquoi Klein fait presque abstraction de l’inclusion des parents réels dans les traitements d’enfants, à la manière de l’analyse d’adultes. Dans la cure des enfants, il ne s’agit pas de parents concrets sinon de figures imaginaires, fantaisistes, de parents internes qui sont développés dans le transfert.

   Le monde interne tel qu’il est conçu par Mélanie Klein est habité de monstres, c’est-à-dire, des imagos empreints des propres impulsions sadiques de l’enfant. Voilà encore une autre contribution à sa notion d’enfant. Tel Freud qui découvre que l’enfant n’est pas innocent, qu’il est par contre habité de diverses impulsions sexuelles perverses polymorphes, telle Klein dévoilera que l’innocence infantile n’est qu’un mythe d’adulte, que l’enfant, dès le commencement de sa vie, et habité d’intenses pulsions sadiques. Loin de la pureté angélique que l’on suppose chez les bébés, Klein découvrira la structure essentiellement meurtrière des premières impulsions humaines. En réalité, la notion d’enfant chez Klein n’est pas celle d’une page blanche, mais, celle d’un petit enfant encore plein de fantaisies, d’une foule d’objets, de défenses, et qu’il possède un moi dès le départ et un surmoi terriblement cruel. Il est plutôt à l’opposé de l’enfant annefreudien, qui peut être défini par le manque, l’enfant kleinien, lui, est hanté par un excès, un excès de sadisme qui prend forme dans son concept de « phase de sadisme maximal », qui apparaîtrait pendant les premières phases libidinales, un excès qui devra être atténué, amorti dans les successives élaborations psychiques (Klein, 1930). Quant aux parents, il ne s’agit pas de parents de la réalité mais des imagos, donc il ne travaille pas sur la réalité concrète sinon sur la réalité psychique, bref, sur l’inconscient.

VI .

    En Argentine, nous retrouvons une autre femme non-médecin, pionnière dans la psychanalyse d’enfants: Arminda Aberstury. Après avoir fini ses études secondaires, elle veut suivre la carrière de médecine mais sa famille le lui empêche. Suivant les habitudes de son temps, elle devient donc maîtresse d’école, et plus tard, elle fera des études universitaires en remportant un diplôme en Sciences de l’Education. Dans l’Argentine des années ´20-´30, un élève universitaire sur vingt était du sexe féminin. Elle accède à la psychanalyse à l’instar d’autres femmes en Argentine, grâce à son mari médecin, le célèbre psychiatre Enrique Pichon-Rivière. Au début de sa carrière, étant donné sa formation, elle a recours aux techniques de Anna Freud et de Sophie Morgenstern. Après 1940, elle découvre les théories de Mélanie Klein et devient sa disciple, faisant de fréquents voyages à Londres. Aberastury fit de nombreux efforts pour diffuser les théories kleiniennes en Argentine; d’ailleurs, elle fut membre du premier groupe d’étude de la psychanalyse d’enfants dans son pays, et fonda l’Association Psychanalytique Argentine, devenant ainsi maître de toute une génération d’analystes d’enfants. Elle étudie les premières activités ludiques des enfants et affirme que le jeu acquiert déjà un sens pour l’enfant dès le quatrième mois de vie; elle partage naturellement la conception d’enfant et de parents que soutient Mélanie Klein (Aberstury, 2004 [l964] ; Balán, 1991).      

    La conformation de la première institution psychanalytique en Argentine a été informelle, avec des réunions à caractère familial et de camaraderie plutôt que scientifiques. Un groupe de jeunes et célèbres médecins se réunissaient avec leurs épouses les dimanches après-midi, alors que leurs enfants allaient au cinéma. Parmi eux se trouvaient le couple de Arnaldo et Matilde Rascosvsky, des hôtes dans les réunions auxquelles prenaient part des proches et des amis qui s’intéressaient à la lecture et à la discussion des idées de Freud. Enrique Pichon-Rivière et Arminda Aberastury se comptaient aussi parmi les assistants. Le cadre familier, informel, comprenait hommes et femmes, médecins et non-médecins, en dehors des milieux institutionnels. L’Association Psychanalytique Argentine, dans ses débuts était composée d’un cercle réduit qui réunissait dans son sein à peine quelques groupes en dehors du noyau originaire. Les réunions avaient lieu chez les Rascovsky, et parmi eux se trouvaient les femmes non-médecins des trois candidats, au total six, qui aspiraient à devenir candidates. On y retrouve alors Matilde Rascovsky, Arminda Aberastury, toutes deux, maîtresses d’école (Balan, 1991) et l’épouse de Angel Garma: Betty Garma, qui n’était pas non plus médecin. Elle se joint donc à tant d’autres femmes pionnères du pays, pour se consacrer à l’analyse d’enfant par la voie de l’enseignement, dans son cas, d’anglais, grâce à l’initiative de son mari, et de son analyste qui se contacte avec Aberastury. Toutes les deux commencent à traduire les textes de Mélanie Klein et par là même, à traduire sa technique pour l’analyse d’enfants. Elle raconte qu’elle avait été très cherchée par le cercle de kleiniens en vue de présenter un matériel d’analyse sur un enfant âgé de 21 mois. A la suite de cet épisode, elle et son mari s’installent à Londres pour un certain temps et sont supervisés par Klein même, ainsi que par Anna Freud. Cela laisse supposer l’incorporation des conceptions des deux spécialistes à sa pratique. Betty Garma travaille aussi dans les premiers groupes d’orientation des mères et dans les premières expériences d’analyse pré-chirurgicales avec des enfants (Garma, l989).

VII.

    On peut donc observer avec étonnement que, dans le bref parcours à travers l’histoire de la psychanalyse d’enfants, ce sont les femmes non-médecins dans la plupart qui se consacrent à cette tâche. Ainsi, il semble que, en s’agissant d’enfants, cela concernait directement les femmes et les spécialistes non-médecins, et par là même, la psychanalyse d’enfants restait liée à l’idée de la femme et à l’analyse profane. Il est étonnant, d’autre part, que le nombre d’analystes travaillant avec des enfants est plus réduit par rapport à ceux qui travaillent avec des adultes. Aberstury se posait de telles interrogations à l’égard de la situation, en Argentine, et essayait d’y trouver une réponse. Le nombre réduit d’analystes d’enfants suppose, à son avis que le travail avec les enfants met l’analyste en face de ses propres anxiétés primitives, de sa propre enfance; ce qui l’éloignerait de la pratique. Elle ajoute que même pour ceux qui travaillent avec des enfants, l’éveil des anxiétés peut provoquer un déplacement vers leurs parents, et partant, avoir une attitude de refus à leur égard, en les considérant comme coupables de la situation de l‘enfant (conception de « mauvais parents »). Par rapport aux rares hommes consacrés à cette branche de la psychanalyse, elle établit la prépondérance d’un supposé transfert maternel, qui met l’homme en face de sa propre position féminine-passive, qui joint à la castration, est la raison qui les éloigne de cette pratique.

    Malgré les interprétations de genre psychanalytique, la situation particulière de la psychanalyse d’enfants, entreprise par des femmes non-médecins semble montrer la place que l’on accorde à l’enfant, à la femme, voire à la pratique analytique. S’il s’agissait d’enfants, elle devrait être une occupation féminine, associant rôle professionnel à celui naturellement attendu d’une femme: le soin des enfants. Il résulte ainsi l’équation femme-mère qui empreint de l’idée du domaine privé, se retrouverait dans le domaine public de la profession.

    Ce n’est pas hasardeux que la psychanalyse d’enfant ait commencé par la main des femmes non-médecins, ce qui parle de la conception même de l’enfant, qui octroie à celui-ci une place de moindre importance dans la société; alors, se consacrer aux enfants serait une tâche inférieure, dévalorisée qui peut être entreprise par des femmes sans connaissances médicales. Il est donc évident que la place institutionnelle et sociale que l’on a accordée à la psychanalyse d’enfants, demeure dans la plupart des cas dans les mains des non-médecins. Cela semble répondre à ce que la psychanalyse d’enfants ait été considérée pendant longtemps et encore aujourd’hui, dans certains réduits, une sous-discipline, une branche mineure de la psychanalyse, soutenue par une triple dévalorisation qui repose sur la conception d’enfant, de femme et de profession (non-nédecins, maîtresses d’école, psychologues, pédagogues). On peut attribuer cette dévalorisation au nombre réduit d’analystes consacrés à la clinique d’enfants. D’autre part il faut tenir compte que, pendant longtemps, on a interdit à la femme les études de médecine, de sorte que la pratique psychanalytique avec enfants a frayé la voie pour l’entrée de la femme sur la scène publique, au moins en Argentine. Toutefois, il faut noter que cette profession porte les marques de la scène privée.

    On constate donc la manière dont la femme trouve une place dans la psychanalyse grâce à la clinique d’enfants car la psychanalyse d’enfants a eu la particularité de traverser deux lignes bien conflictuelles: l’entrée des femmes dans la pratique analytique et le débat sur l’analyse profane. Il s’agit de deux aires en conflit qui se combinent dans l’analyse d’enfants puisque, généralement, les analystes étaient des femmes qui manquaient d’un diplôme de médecin. C’est une question doublement problématique pour la naissance de la psychanalyse infantile, qui a laissé des traces jusqu’à nos jours. D’ailleurs, on peut observer comment les théories et les pratiques sont solidaires avec certaines conceptions sur leurs propres objets d’étude, ce sont des conceptions qui ont une influence décisive et qui deviennent souvent imperceptibles.

Dr. Marcelo Grigoravicius

Referencia: Universidad Kennedy. Maestría en Psicoanálisis

País: Argentina

Mail: mgrigoravicius@hotmail.com

              

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Notes