EPhEP, MTh4-CM, le 14/04/2016
Je vais donc reprendre ce soir toujours, encore, par le biais de la clinique, ce que je vous ai rappelé les fois précédentes, à savoir que le traumatisme n’est traumatique, dans ses conséquences symptomatiques, qu’après coup, à l’occasion d’une situation postérieure dans le temps qui rappelle le traumatisme « initial » en mettant, je m’en suis expliqué la dernière fois, des guillemets à initial. Et comme je vous le disais ce n’est donc pas le coup qui est traumatique et qui cristallise le symptôme mais bien le souvenir du coup. Pas le coup, c’est le souvenir d’un coup, du coup, vous ai-je dit, « initial » entre guillemets, réactivé donc ultérieurement, autrement dit : ce qui est traumatique c’est le souvenir après coup. Comment entendre le coup ? En français, c’est ça. Je vous faisais également remarquer la dernière fois le génie de cette langue, la langue française. En français, il est possible d’entendre le coup comme étant susceptible de figurer le « un » du comptage, le un comptable pour ceux qui connaissent un petit peu l’arithmétique le un discret. Il y a, vous le savez, de nombreuses expressions en français qui utilisent le mot coup dans ce sens. Combien de coups faut-il pour que…? Ça se fait en combien de coups ? Ça se réussit en combien de coups ? Expressions tellement utilisées ! De même que si vous entendez par exemple : les trois coups, vous notez que le coup est lié au comptage. Et tout particulièrement, nous allons le voir une fois de plus ce soir, pour rendre compte de la clinique psychanalytique. Alors vous me direz tout de suite pour le masochisme c’est évident. Avec le marquis de Sade, bien qu’il ait écrit tout ce qu’il a écrit, était, comme le rappelle Lacan masochiste comme tout le monde. Il se faisait donc frapper par un valet et chaque coup il le notait d’un trait sur le mur. Bon alors, ça, vous me direz : le coup comme un comptable est propre au masochisme. Je ne parle pas du masochisme moral, je parle du masochisme véritable. Mais avouez quand même, ça devrait nous surprendre ? Pourquoi est ce que le marquis de Sade notait d’un trait comptable : un deux trois quatre...les coups qu’il recevait ? Mais en même temps, nous entendons que le coup, la frappe, le bâton a à voir avec le comptage mais également, bien entendu, avec la jouissance. Alors quel est le problème ?
Je vous disais combien on constate qu’il y a un lien entre le coup, le comptage et la jouissance du corps, bien entendu, on y reviendra. On y reviendra dans ce que je traiterai ce soir, afin d’avancer sur la question du traumatisme après coup et de la répétition, parce que c’est étonnant mais pas tant car il y a une logique dans l’œuvre de Freud.
Dès le début, dès 1895 avec ce qu’avance Freud du traumatisme après coup, nous sommes déjà, ça préfigure déjà l’automatisme de répétition. Je vous le disais la dernière fois c’est ce qui est remarquable. Donc pour avancer sur cette question du traumatisme d’après coup et de la répétition, je vais vous parler et je vais traiter ce soir d’un symptôme ou plutôt d’un syndrome tout à fait remarquable : je veux vous parler de l’amnésie d’identité. Amnésie d’identité. Evidemment je vais vous en donner la définition : La clinique psychiatrique désigne sous le terme d’amnésie d’identité un état particulier au cours duquel le sujet traverse une véritable éclipse. Eclipse suspendue, à quoi ? A la perte de son nom propre. Il ne sait plus comment il s’appelle. Perte du nom propre qui entraîne celle de l’ensemble de ses souvenirs. C’est impressionnant comme tableau clinique. Quelqu’un qui arrive, qui vous dit : je ne sais pas comment je m’appelle et je n’ai plus strictement aucun souvenir de ma vie. Cet oubli du nom propre, des souvenirs antérieurs de la vie du sujet contraste avec le fait que le sujet conserve le bénéfice de ce qu’il a appris antérieurement : lire, compter, parler une langue étrangère, bricoler, tricoter, dessiner, jouer de la musique, etc… Mais également des connaissances qu’il est en mesure de s’approprier pendant l’état amnésique, notamment par la lecture des journaux en regardant la télévision. C’est à dire que ce sujet qui ne sait plus comment il s’appelle qui ne se souvient de rien de son histoire pourra vous dire ce qu’il a vu la veille comme émission à la télévision. L’amnésie d’identité est rare sans être exceptionnelle, dont la durée peut varier de quelques heures à plusieurs semaine voire plusieurs mois ou années, et le plus souvent, ça aussi c’est remarquable, entièrement et spontanément réversible. Ou bien disparaît à l’aide de certaines techniques du jeu sur la lettre et le signifiant, l’écriture automatique et l’analyse des rêves en particulier. Je reviendrai sur la levée de l’amnésie du nom propre grâce à ces techniques et en particulier par l’écriture automatique qui met en jeu quoi ? Qui met en jeu le rapport de la lettre avec le corps, le rapport du nom propre avec le corps. Vous savez que le nom propre n’a aucune signification ? C’est ça qui est formidable. Et il suffit que l’on vous dise Mr Bush ! Vous n’allez pas tout de suite l’appeler, le traduire Mr Buisson. Ce sera Mr Bush dans toutes les langues. Je dis ça parce que c’est une traduction facile. Donc à priori le nom propre n’a pas de signification c’est à dire que c’est une concrétion purement littérale. Enfin pour terminer cette définition, la levée de l’amnésie se produit dans la majorité des cas complètement et en une seule fois, le plus habituellement la nuit ou le matin au réveil. J’associerai à l’amnésie d’identité le terme imprécis de traumatisme psychique dans la mesure où l’amnésie en question lui est souvent directement consécutif. Il peut s’agir d’un traumatisme de guerre, les psychiatres des armées en guerre connaissent parfaitement l’état d’amnésie d’identité dite post-traumatique, traumatisme de guerre, perception du bruit d’un obus, d’un éclat d’obus qui explose, ce peut être d’ailleurs un éclat d’obus qui explose au loin pas nécessairement le soldat qui est sur le front ; mais également il peut s’agir d’un coup, un coup de poing par exemple, reçu au cours d’une bagarre parfois même d’un simple heurt involontaire avec un passant ou encore la crainte d’une collision quelconque, avec une voiture par exemple. Alors la caractéristique de ce que j’appelle ici le traumatisme psychique consiste en deux choses : D’une part son unicité, éventuellement répétée, c’est à dire que c’est du UN, le traumatisme ici, et d’autre part sa dimension d’événement inattendu dans le réel. Le traumatisme qui précède le déclenchement de l’amnésie est le plus souvent retrouvé à condition toutefois de le chercher systématiquement. Il peut en effet passer complètement inaperçu tant l’événement peut être ténu. Ainsi que le montre le cas dont je vais vous parler qui est un cas un peu ancien rapporté par Milton Abeles et Paul Schilder. Un mot sur Paul Schilder : membre de la Société Psychanalytique de Vienne depuis 1919, élève de Freud, nommé professeur de neuropsychiatrie à l’université de Vienne en 1925, ayant émigré aux états unis en 1930 à cause de l’hostilité des autorités académiques viennoises à l’endroit de son enseignement en référence à la psychanalyse. Nous lui devons outre une pratique de la psychiatrie qui prend en compte certains acquis freudiens, un ouvrage intéressant L’image du corps où il fait référence à Bühler, qui était un psychologue remarquable, et cette référence à Bühler fut également la référence de Lacan lorsqu’il a avancé le stade du miroir.
A savoir quoi ? L’image du corps, c’est ça qu’il faut retenir, cette image du corps apparaît d’abord au sujet comme lui étant extérieure. C’est un moment, quand cette image lui apparaît comme extérieure, où le sujet pourrait-on dire manque de soi avant de s’identifier à cette image dans le miroir. Autrement dit, c’est une identification à l’image que renvoie le miroir, c’est à dire que l’image du corps précède, en quelque sort, le moi du sujet, le moi vient s’identifier, enfin plutôt le sujet, l’individu s’identifie à son image dans le miroir et à ce moment là il a un moi.
Tout cela pour vous situer un petit peu Paul Schilder. Alors le cas clinique qu’il rapporte parmi d’autres, c’est une étude sur 62 cas d’amnésie d’identité, cas de Mme C. Il s’agit d’une femme de 38 ans qui s’est adressée à un policier dans la rue pour lui dire qu’elle ne pouvait pas se souvenir de son nom. Lors de son admission à l’hôpital, à 14H, elle se contenta de formuler, alors qu’elle était un peu agitée et légèrement déprimée, la phrase suivante : « Je ne sais rien de moi ». Elle s’endormit jusqu’à la nuit. À son réveil, interrogée par un praticien 8 h donc après son admission, alors que son amnésie avait disparu, cas relativement fréquent, spontanément, elle lui rapporta, au dit praticien, son histoire dans les termes suivants : Elle avait été mariée deux fois. Le premier mariage fut un échec à cause de la stérilité de son mari. Elle s’était remariée il y a dix ans mais n’avait plus de relations sexuelles avec son mari depuis cinq ans. Elle lui était néanmoins restée fidèle jusqu’à il y a huit mois lorsqu’elle se rendit en Floride où elle tomba très amoureuse d’un autre homme. Elle aurait voulu s’installer en Floride et demander le divorce mais ne voulait pas détruire sa vie sociale. Elle avait apprécié les relations sexuelles avec cet homme et elles lui manquaient. Elle était arrivée à New York deux semaines avant l’épisode amnésique. La nuit précédant le déclenchement de l’amnésie, ayant faim et froid, elle sortit pour acheter quelque chose à manger. Dans la rue, elle se heurta à un homme et en fut secouée, heurt involontaire. Depuis cet incident elle ne se souvint plus de rien, de rien jusqu’à ce qu’elle retrouve la mémoire à l’hôpital.
Ainsi que je vous l’ai rappelé, et je vous demande de retenir ce point très important, ce qui est essentiel n’est pas la signification de ce que j’appelle ici le traumatisme psychique mais, d’une part, son caractère d’unicité que fait valoir comme un UN comptable et d’autre part, je vous l’ai déjà dit, la dimension d’événement inattendu qui se produit dans le réel. Autrement dit, ce traumatisme psychique, qu’il s’agisse d’un éclat d’obus, qu’il s’agisse d’un heurt avec un passant, qu’il s’agisse d’un coup reçu dans une bagarre, ce n’est pas tellement à sa signification contextuelle qu’il convient de s’arrêter mais au fait qu’il vaut comme la représentation, plus exactement, comme la figuration du UN comptable. C’est à ces deux titres : événement inattendu, unicité, qui vient commémorer dans un numérotage la première rencontre traumatique. Le trauma originel avec sa signification sexuelle a été oublié, radicalement oublié. Mais il a permis, je l’évoquais la dernière fois, la mise en place du fantasme inconscient qui soutient le désir du sujet. Comme le zéro, là aussi je vous en déjà parlé, dans la suite naturelle des nombres entiers, il est décompté, c’est-à-dire qu’il n’est pas dans le compte à proprement parler. C’est un zéro, mais ce zéro, ce traumatisme originel qui n’est pas compté, est à l’origine du comptage et induit la répétition des traumatismes psychiques, leur numérotage. Jusque là vous suivez ? Je reprends des choses que j’ai déjà dites mais vous allez voir on va essayer d’avancer dans l’étude de l’amnésie d’identité. Le contraste que nous avons évoqué plus haut, dans ce tableau à vrai dire assez formidable de l’amnésie d’identité, le contraste entre la disparition de la mémoire des souvenirs qui intéressent l’histoire du sujet – ce sont ces souvenirs là qui disparaissent complètement, et avec l’oubli du nom propre, la perte du nom propre – le contraste entre cette disparition et le maintien de celles de ses acquisitions anciennes ou nouvelles, mérite de nous arrêter. C’est ce que nous montre ce contraste. Evidemment ce sont des choses auxquelles nous n’aurions pas réfléchi si nous n’avions pas rencontré cet état clinique qu’est l’amnésie d’identité. Ça montre quoi ce contraste ? Avouez que c’est quand même assez étonnant : tout ce qui concerne l’histoire du sujet, qui est comme appendu à son nom propre puisque quand le nom propre est oublié c’est toute l’histoire qui est oubliée avec cet oubli. Cette amnésie contraste avec la persistance des connaissances acquises.
Qu’est ce que ça montre ce contraste ? L’usage du nom propre est social dans la mesure où il permet d’identifier celui ou celle qui en est le porteur. Je ne sais pas si on fait encore l’appel aujourd’hui dans les classes mais tout le monde ici, je pense, est en âge de se souvenir que l’appel par le nom propre c’était une façon d’identifier le sujet puisqu’il devait répondre : présent. Donc il est bien social, l’usage du nom propre, mais ce n’est pas de cette dimension sociale qu’il tire son origine. Voilà l’hypothèse que je fais, après d’autres, à partir de ce que nous pouvons tirer de la clinique de l’amnésie de l’identité. J’avancerai notamment à partir du cas de Mme C. que je viens de vous rapporter, que le nom propre est à mettre en rapport, je vais le dire comme ça et j’essayerai de le déplier, avec le statut du sujet de l’inconscient. Et que l’amnésie d’identité en est la métaphore symptomatique. L’amnésie d’identité comme métaphore symptomatique du sujet de l’inconscient car l’inconscient – je me permets d’attirer toute votre attention, parce que vous allez voir que c’est une nuance qui a son importance – l’inconscient ce n’est pas de perdre la mémoire. L’inconscient c’est de ne pas se rappeler de ce qu’on sait. Ce n’est pas pareil. Dans cette perspective, l’amnésie d’identité constitue au même titre que l’inconscient une énigme au sens où Lacan l’a définie. Je m’étais arrêté à la fameuse énigme posée par le sphinx et que Œdipe résout à sa façon. Une énigme au sens où Lacan l’a définie et il l’a définie de façon très simple qui pourra ne pas vous paraître évidente d’emblée, mais là encore je vais essayer d’expliquer cette définition de Lacan de l’énigme, « l’énigme est une énonciation sans énoncé ». Enigmatique ! Vous allez voir que ce n’est pas si énigmatique que ça. L’énigme comme l’inconscient, Lacan les entend comme une énonciation sans énoncé. Il existe un savoir dans l’inconscient qui concerne le désir du sujet soutenu par un fantasme mais il n’existe pas de sujet qui soit en mesure de l’énoncer. C’est à dire qu’il n’y a aucun « je » qui est susceptible d’énoncer le désir d’un sujet. Ça ne peut pas être une phrase « le désir d’un sujet » avec un sujet de l’énoncé, un « je » par exemple. Là aussi, je crois, je l’avais déjà évoqué. Dans le cas clinique que nous avons choisi, il parait possible d’avancer que l’amnésie d’identité chez cette femme se produit au moment où la question du désir se pose pour elle avec une extrême acuité. Sans qu’elle puisse y répondre à cette question. Est-ce-que je quitte mon mari pour vivre avec mon amant ? Est ce que je reste avec mon mari... Enfin, elle est prise dans cette tenaille où il est évidemment éminemment question de son désir dans son acuité la plus grande. Alors vous me direz que c’est une situation banale, qu’une femme ou un homme pris dans une telle tenaille ne se retrouve pas systématiquement frappé par une amnésie. Mais, en tout cas ici, c’est dans cette tenaille où se pose pour elle la question du désir, que se produit l’amnésie d’identité. Mais elle ne peut pas répondre. Elle oscille. Elle ne peut pas répondre à la question qui est celle de son désir. Alors qu’est ce que ce serait la réponse ? Et qu’est ce que c’est pour chacun la réponse à la question du désir qu’est le nôtre ? Singulier pour chacun. Est-ce qu’on peut l’énoncer cette réponse en disant : Voilà, ce que je désire, c’est ça ? Je ne pense pas. Car, Lacan le souligne, il s’agit du désir inconscient ici. Si le désir est articulé dans l’inconscient, il n’est pas pour autant articulable, c’est à dire que pour l’énoncer il faut un « je ». Alors qu’est ce que c’est la réponse à la question du désir ? Comment elle se formule si elle ne se formule pas par un énoncé impossible à produire ? Eh bien la réponse se formule non pas par un énoncé mais en posant un acte : un acte qui viendrait donner l’interprétation du désir en question, et dans le cas de cette femme, un acte qui l’autoriserait à faire un choix, ou qui serait un acte qui impliquerait un choix – là elle ne peut pas choisir, elle est en suspens, l’amnésie d’identité vient ici, dans ce cas précis de Mme C., par l’éclipse du sujet qu’elle produit – tout à coup le sujet n’est plus là, ne sait plus qui il est, plus aucun souvenir de son histoire. L’amnésie d’identité vient ici par l’éclipse du sujet qu’elle produit mettre cette femme à l’abri d’un engagement dans la question qui est celle du sujet désirant et qu’il pose à l’Autre, avec un A, pour la développer cette question et y trouver une réponse.
Vous savez c’est le fameux « Che vuoi ? » Ça commence comme ça une psychanalyse : Qu’est-ce-que tu veux ? Che vuoi ? Ou qu’est-ce qu’il veut ? Qu’est ce que je veux ? Cette femme n’était pas en mesure de poser un acte. Il y a des gens qui posent des actes, qui font des choix dans la vie sans avoir besoin de faire une analyse. La réponse leur vient de l’Autre avec A et cette réponse ils la mettent en quelque sorte en acte, ils agissent.
Qu’est ce que c’est la définition du névrosé, une des définitions du névrosé ? Eh bien voilà, je ne sais pas quoi faire : Est-ce-que je fais ça ? Est-ce-que je fais le contraire ? Est-ce-que je fais tel choix ? C’est comme cela en permanence. C’est ce qui véritablement anime, si on peut dire, la vie d’un sujet névrosé : incapacité à agir, à poser un acte. C’est aussi pourquoi certaines analyses sont très longues. Vous savez que Freud s’est posé la question de savoir – il a écrit un texte fondamental qui s’appelle analyse finie et analyse infinie, analyse sans fin et analyse avec fin – il se demandait : mais qu’est ce qui fait que certaines analyses ne se terminent pas ? Vous savez que Freud l’a dit tout de suite : ce qui vient se substituer à la névrose quand un sujet est en analyse, c’est la névrose de transfert et donc le sujet tient autant à la névrose de transfert qu’il tenait à sa névrose. Il n’est pas plus en mesure de choisir et de poser des actes à moins que, et c’est toute la difficulté parfois mais aussi l’intérêt, à moins que l’analyste ne dirige la cure, il faut qu’il interprète, qu’il dirige la cure, il faut qu’il y soit de son désir d’analyste. Autrement je peux vous garantir qu’une analyse est interminable, l’analyse d’un sujet névrosé. Alors quelques fois, bon, après 30 ans d’analyse. Je ne dis pas que ça soit toujours le cas, mais enfin, il y a comme ça une espèce de consentement mutuel, lié à l’âge souvent, pour que ça s’arrête mais ce n’est pas une analyse terminée. Et ça ne dépend pas seulement du psychanalyste, le désir de l’analyste est nécessaire pour qu’une analyse puisse se terminer mais il n’est pas toujours suffisant. C’est une chose que tout le monde sait, qu’il y a une jouissance à cette névrose de transfert qu’est l’analyse. Freud a vu ça tout de suite, il a dit : c’est merveilleux les gens commencent une analyse, enfin à l’époque c’était comme ça, et tous les symptômes disparaissent, sauf qu’il dit quoi ? Eh bien, à la place de leur névrose, s’installe une névrose de transfert. Il note, ceux qui viendront cet été au séminaire que l’ALI va organiser fin août pourront avoir une idée de l’incroyable acuité avec laquelle Freud avait repéré tout ça. Puisque ce séminaire d’été sera consacré au premier séminaire de Lacan qui repose pour l’essentiel sur l’analyse des Écrits techniques de Freud, un certain nombre d’articles où il évoque toutes ces questions. Sans parler d’analyse avec fin et d’analyse sans fin qui est un article de la fin, c’est le cas de le dire, de son œuvre. Alors évidemment nous ne savons pas comment cette femme Mme C. a résolu ou pas son dilemme. Elle était dans un dilemme. Mais ce que nous pouvons avancer, je crois, vous me direz si vous avez le sentiment que je force un petit peu les choses, c’est que son amnésie d’identité l’a délestée pendant quelques heures dans un sommeil réparateur, de l’angoisse de l’engagement qu’elle aurait eu à prendre dans sa situation. Comme la plupart de ceux qui se sont penchés sur la clinique de l’amnésie d’identité, il convient de constater que sa levée est le plus souvent spontanée.
Il n’est néanmoins pas inintéressant, afin de situer le statut si particulier du nom propre et de ce syndrome, d’étudier à partir d’un autre cas clinique le mécanisme structural qui a permis, au moins dans ce cas, que la mémoire du patronyme soit restituée. Un cas là encore plus ancien et qui concerne une amnésie d’identité qui a duré 3 ans environ : de 1915 à 1918, à la suite d’un éclatement d’obus. Je vous passe les péripéties mais au bout de 3 ans, en 1918, le sujet qui était donc évidemment un soldat, était dégagé des nécessités du service. Le sujet amnésique compulse les dossiers de la clientèle de la maison qui l’employait. Il avait trouvé un petit travail et puis il compulsait les dossiers comme ça et en compulsant ces dossiers il est frappé un jour par un nom dont la forme et la consonance lui rappelle immédiatement un camarade d’enfance. Il renoue aussitôt la chaîne de ses souvenirs et évoque par association le lieu où il a connu ce camarade, son pays natal, sa famille, son identité. Depuis il est entré en correspondance avec cet ami. Il a retrouvé sa famille qui le croyait disparu au début de la guerre et a récupéré facilement tous ses souvenirs. Ce qui me semble remarquable dans ce cas, vous me direz si vous pensez la même chose, c’est qu’au moment où le sujet reconnaît le nom propre de son petit camarade, ce qui vient sous ce signifiant du nom propre du petit camarade, ce qui vient sous, (c’est ça “souvenir” c’est venir sous), ce qui vient sous ce signifiant du nom propre de son camarade, le souvenir qui s’impose à lui est la représentation de ce petit autre de son enfance : Image idéale qui lui permet de retrouver son patronyme oublié. Comme si la dimension de l’Imaginaire – la représentation – c’est ce qui est venu : il s’est souvenu de l’image de son petit camarade mais aussi du nom propre du petit camarade. Comme si donc se nouaient là dans la récupération de la mémoire, les catégories de Lacan, l’Imaginaire et le Symbolique.
Alors pour terminer, je vous avais dit que nous aborderions la levée de l’amnésie du nom propre par l’analyse du rêve, c’est à dire les associations signifiantes et littérales. Toujours Schilder, dans cet article magnifique, pour ceux que ça intéresse je leur donnerai la référence, donc Schilder rapporte le cas suivant : Un homme de 28 ans dont le père était un officier de marine britannique longtemps resté basé à Hong Kong, période pendant laquelle le patient avait fait ses classes également dans la marine. A l’âge de 18 ans il fit une chute accidentelle de 20 m de laquelle résulta un handicap qui le rendit incapable de continuer son service. Lors de son admission à l’hôpital, bien après l’événement puisque la chute date de ses 18 ans et son amnésie d’identité de ses 28 ans, lors de son admission à l’hôpital, donc dans un état d’amnésie d’identité il fit état de sa frayeur ressentie devant un taxi, crainte de collision possible, d’être renversé par ce taxi. Le 4ème jour de son hospitalisation, il se remémora au cours d’un entretien la scène traumatique « je tombe, je tombe », voilà ce qu’il dit. Le jour suivant, il rapporte deux rêves. Dans le premier il naviguait dans la mer du Japon et vit deux requins, en anglais « sharks », deux requins avalant de la viande. Il associa sur Shakespeare, sharks-Shakespeare, dont il répéta plusieurs fois le nom. Dans le second rêve, il descendait avec d’autres la rivière Even pour se rendre aux funérailles de César et il lui vint le nom de Marc-Antoine. Il associa alors sharks-Shakespeare-Anthony. Il se souvint alors : mon nom est Anthony Wallace.
Alors maintenant l’écriture automatique, et ça va être bientôt fini pour que nous ayons le temps de discuter. Là encore, dans son article, Schilder fait état de plusieurs cas où le médecin demande au patient de prendre un stylo et de laisser sa main écrire automatiquement. Autrement dit comme dans l’association libre, « laissez votre main écrire ce qui vient sans penser à écrire quelque chose de particulier ». Eh bien, dans certains cas, pas tous, où lorsque le médecin demandait au patient d’écrire en quelque sorte automatiquement avec un stylo, le nom lui revenait par écrit : soit lettre après lettre avec un temps de latence entre chaque lettre, temps de latence mis à profit par le médecin pour l’encourager à poursuivre. D’autres cas où le nom propre du patient est écrit en une seule fois et reconnu comme étant le sien. C’est intéressant. Ça met en jeu effectivement le corps parce que le savoir inconscient vous savez où il se situe ? Le savoir sur la jouissance, dans le corps oui. Il y a un savoir du corps, savoir sur la jouissance, savoir dont on ne se souvient pas, qu’on n’a probablement jamais véritablement su, c’est un « savoir insu » comme aurait dit Lacan. Et donc de mobiliser par l’écriture, comme c’est un savoir littéral, ce savoir de la jouissance, qui se situe dans l’Autre. Mais la figuration principale de l’Autre, c’est le corps. L’Autre, c’est ce qui nous est autre, mais chacun peut intuitivement en prendre la mesure. Chacun sait qu’il a un corps et ce corps il le vit à la fois comme étant le sien mais comme étant également dans une dimension d’altérité. Ne serait ce que parce que régulièrement nous n’arrivons pas à le maîtriser, c’est lui qui nous dicte ça. Evidemment on trouve des raisons pour lesquelles on fait ceci ou cela, on s’embarque, se précipite même dans des relations qui mettent en jeu la jouissance, la parole bien entendu. Mais quand même, le savoir inconscient nous engage dans ces relations où la jouissance est mise en jeu.
Alors là je conclus vraiment pour vous dire qu’aussi bien Charles Melman que Marcel Czermak se sont intéressés depuis longtemps à ce syndrome dit d’amnésie d’identité. Moi j’en ai vu très peu parce que c’est très rare. Marcel Czermak y a même consacré un chapitre de son livre, livre intitulé Patronymies. Si vous vous reportez à ce livre de Marcel Czermak vous verrez ce qu’il dit de l’amnésie d’identité. Alors pourquoi ils se sont intéressés à l’amnésie d’identité ? Il faudrait évidemment leur demander, ou lire les articles qu’ils ont écrits. En ce qui me concerne il me semble que malgré sa rareté, l’amnésie d’identité nous renvoie à ce qui constitue le prototype, la figure paradigmatique, je dirais, de l’homme contemporain. C’est-à-dire un homme libre, sans attaches, anonyme. J’ai toujours été frappé par la question du changement de nom. Il y a des pays où massivement, et de plus en plus, les gens changent de nom. Alors je m’étais amusé, parce qu’en Suède par exemple 90% de ceux qui changeaient de nom choisissaient le nom Johansson, c’est à dire le nom le plus banal. Donc homme contemporain, libre, sans attaches, anonyme, sans qualités particulières, sans gravité, délesté qu’il est du poids de ses engagements symboliques, de ses responsabilités, des dettes de toute sorte qu’il a contractées, y compris financières, et il n’est pas rare à cet égard que ce syndrome survienne chez un sujet surendetté, qui ne peut plus faire face. Alors évidemment avec des désagréments comme ça, que vous voyez que vous n’allez plus pouvoir payer vos traites, rembourser tout ce que vous devez à tous ceux auxquels vous avez emprunté de l’argent, il est certain que si vous avez une amnésie d’identité vous êtes à l’abri. Non mais c’est vrai c’est un soulagement, on ne se souvient plus de rien. Quand au nom propre, les souvenirs qui sont oubliés au même moment, et bien, vous êtes tranquille. Si vous êtes un homme vous ne reconnaissez plus votre femme, vos enfants, vous êtes libre quoi ! Non mais c’est vrai, vous pouvez avoir le sentiment que vous pouvez tout recommencer à zéro. N’est-ce pas un fantasme contemporain ça ? Je dirai que c’est un fantasme qui était déjà assez répandu. Il y avait un film je sais plus de qui avec Jack Nicholson qui s’appelait Profession reporter, l’avez-vous vu ? Ah oui c’est d’Antonioni, alors le gars il change d’identité complètement, il devient un autre homme, voilà donc il laisse tomber sa femme, tous les tracas. Sauf qu’il est journaliste, que le journaliste d’à côté fait une crise cardiaque donc il lui prend son passeport et puis voilà le tour est joué. Ce n’est pas une amnésie d’identité mais c’est pour vous dire qu’il y a en chacun de nous quelque chose comme ça. Il y a même un livre de Jean Giraudoux qui va un petit peu dans ce sens, et qui s’appelle mémoires de Jerôme Bardini, c’est un très joli livre : le type fait tabula rasa, il abandonne tout. Alors je ne dis pas que ce soit un cas d’amnésie d’identité mais ce que je veux dire c’est que l’amnésie d’identité nous renvoie à ce fantasme là et qui est un fantasme assez contemporain : « ah non ! Moi je fais mes choix, mais bon, je vais sur internet et puis voilà, je ne lâche pas comme ça ». Bref, l’amnésie, le temps d’une excursion plus ou moins longue, ça allège des divers contraintes de la vie, des tourments qui s’attachent ! Et qui s’attachent à quoi ? À la nécessité de désirer en vain, pour s’en faire néanmoins une éthique – là je rejoins ce que je vous disais à propos de Freud et du malheur banal – qui ne soit fondée ni sur la plainte ni sur le renoncement. Ce qui fait de ce sujet sans nom, notre frère à la fois envié et angoissant. Mais qui ne cesse de nous poser son énigme, seulement, vous l’aurez noté, il y a énormément de questions qui restent en suspens après ce que je vous ai avancé.
Voilà j’ai terminé, on en vient aux questions :
— Question : Question de Mme Forcellini : lorsque vous parliez de Mme C., elle demande : Est-ce-que cela pourrait ressembler à une conversion hystérique, conversion en amnésie d’identité puisqu’elle ne peut pas répondre à la question du désir ? Et l’amnésie d’identité est-elle une panne de l’associativité pour protéger le sujet face à une énigme ?
— Mr Landman : Très bonne question ! Oui on peut le dire comme ça. C’est une défense assurément, oui une défense comme toujours vous savez toutes les défenses surtout névrotiques sont des défenses contre le désir. C’est une des modalités de défense mais tellement remarquable qu’elle mérite d’être abordée un petit peu différemment. C’est-à-dire qu’elle n’est pas, en tout cas c’est la position que soutient Marcel Czermak, immédiatement arrangée comme dans le cadre de la névrose, même si la question se pose effectivement pour cette Mme C. de savoir si ce n’est pas effectivement un équivalent hystérique. Mais oui.
— Question : question de Mme Hebert : Les proverbes dans la cure, il s’agit des proverbes dits par le psychanalyste, fonctionnent-ils comme des énigmes dans l’inconscient donc dans une énonciation sans énoncé en permettant à l’analysant de répondre à la question de son désir ?
— Mr Landman : C’est une question très intéressante, c’est vrai que les proverbes, ce sont des énonciations sans énoncé, donc l’analyste peut à l’occasion – d’abord il faut qu’il les connaisse, en général, sauf cas particulier, on en connaît un certain nombre ; il y a des gens qui ne cessent de faire référence à des proverbes – l’analyste peut à l’occasion, à condition que ce soit en référence à ce que dit le patient, effectivement proposer un proverbe et ça peut avoir un effet d’interprétation. Est-ce-que ça permet au sujet d’accéder au désir ? C’est le but recherché mais enfin ce n’est pas nécessairement le cas toujours et tout de suite et puis on ne peut pas en faire non plus une recette, mais c’est vrai que le proverbe c’est intéressant. D’ailleurs il y a des peuples, notamment je crois que c’était le cas à Madagascar, qui n’échangent qu’après avoir échangé, et s’être dits des centaines de proverbes, c’est comme ça que fonctionne ou fonctionnait le lien social. Je crois qu’il y a eu un travail d’Octave Mannoni sur le proverbe qui est intéressant et je crois bien qu’il parlait de la fonction du proverbe à Madagascar, c’est une fonction éminemment sociale. Ça serait très impoli de ne pas, dans une relation de dialogue avec quelqu’un d’autre de ne pas commencer par une kyrielle de proverbes. C’est vrai, c’est sympathique non ? Vous arrivez et vous commencez à raconter un proverbe, on vous en renvoie un autre… c’est vrai, moi je trouve ça très civilisé, enfin il me semble. Alors quelle fonction ça a ? Eh bien ça a la fonction d’être une énonciation sans énoncé. Tous les proverbes ne sont pas énigmatiques, en général ils relèvent comme on le sait de la sagesse populaire, « Pierre qui roule n’amasse pas mousse » bon on a compris. C’est une énonciation sans énoncé, mais ce n’est pas une énigme.
— Question : J’ai bien compris que le désir inconscient n’est pas articulable ni énoncé au titre du « je », alors ma question est : Qu’est-ce-qui peut être un énoncé articulable dans la parole pleine dont parle Lacan au cours de son 1er séminaire qu’il semble valoriser et qui peut surgir au cours de l’analyse ?
— Mr Landman : Vous avez raison c’est une très bonne question. Je pense que Lacan a abandonné la position qui était la sienne à cette époque, mais ça date du début de son enseignement. « Tu es mon maître, tu es ma femme ». Des paroles qui seraient si pleines n’est ce pas, et articulées au titre d’un « je ». Sauf que ce n’est pas au titre d’un « je » qu’elles sont articulées d’abord, mais au titre d’un « tu ». « Tu es mon maître », ça veut pas dire « je suis ton élève », ce n’est pas la même chose. Donc c’est un message qui en quelque sorte vient de l’autre, du « tu ».
— Question : Et cette parole pleine dont parle Lacan qui surgit au cours de l’analyse ?
— Mr Landman : Oui il y a des moments où des paroles, en effet, sont particulièrement assenties, ressenties par le sujet comme étant comme vous le dites et comme l’a dit Lacan « pleines » c’est à dire qui sortent du discours courant qu’il appelle la parole vide. Ce qu’on se raconte régulièrement quand on se parle on se dit toujours la même chose, des banalités. C’est pour ça que je trouvais que commencer un dialogue par des proverbes c’était intéressant, même si c’est souvent des banalités. Mais c’est vrai ce que vous dites sauf que Lacan s’est dégagé parce qu’à cette époque là il travaillait sur l’intersubjectivité, c’est-à-dire un sujet qui s’adresse à un autre sujet. « Tu es ma femme » dès le départ il a joué de ce « tu es » qui est équivoque avec « tuez ». Il l’a repéré. Mais en tout cas ça implique qu’un sujet s’adresse à un autre sujet. Or à un moment de son enseignement il a dit l’intersubjectivité n’existe pas, en tout cas il est revenu dessus.
— Question : Question de Mme Labonne. Elle demande si cette notion de choix à faire (impossibles) ou de contraintes trop lourdes se retrouve toujours à l’origine d’une amnésie d’identité ?
— Mr Landman : Souvent. Un cas que j’avais pu avoir c’était celui d’un homme qui avait des responsabilités dans un établissement scolaire qui battait un petit peu de l’aile, qu’il n’arrivait pas vraiment à faire fonctionner, suffisamment bien. Et puis il est tombé de sa chaise, il a eu un petit traumatisme crânien sans perte de connaissance, mais il avait des dettes, il était surendetté. Il ne pouvait pas faire face à ses dettes. Alors est-ce qu’il y a un rapport de causalité ? Je crois que probablement l’amnésie d’identité survient souvent dans ce type de situation où il est impossible ou quasiment pour sujet de faire face. Il y a d’autres façons évidemment de ne pas faire face mais je trouve que c’est la plus élégante. Alors évidemment on ne décide pas de faire une amnésie d’identité pour se dégager des griffes de son banquier mais enfin quand ça arrive, c’est un des effets notables de l’amnésie !
— Question : Avec les Panama Papers il va y en avoir beaucoup qui vont faire une amnésie d’identité...
— Mr Landman : Si ça se commandait vous auriez beaucoup d’amnésies d’identité croyez moi. Si on pouvait décider de faire une amnésie d’identité ne serait ce que six mois allez, six mois de tranquillité, allez on revient après, mais bon...
— Question : Vous dites que le sujet ne se souvient même pas de son nom. Or le nom c’est la nomination, le nom c’est le S1 et en même temps pour qu’il y ait un discours il faut qu’il y ait un S1 et un S2 c’est-à-dire une suite de signifiants. Or le sujet qui a une amnésie d’identité à priori continue de parler et continue encore à avoir un discours. Donc comment c’est possible d’avoir un discours quand on n’a plus son S1 à savoir sa nomination?
— Mr Landman : On peut très bien parler sauf qu’on ne parle plus du lieu où on parle d’habitude. C’est-à-dire on ne parle plus dans une référence à son histoire et à son patronyme. On peut très bien parler en ayant oublié son patronyme et son histoire, ça n’empêche pas de parler mais ça serait des paroles un peu vides, puisqu’elles ne seraient plus lestées en quelque sorte, comme vous dites très bien, par le nom propre c’est-à-dire la filiation, ni par les souvenirs de l’histoire qui est la nôtre. D’ailleurs lisez l’article de Czermak vous verrez que les cas qu’il rapporte sont des sujets qui sont fuyants et pour cause !
— Question : Pour le cas de Mme C. on n’aurait pas pu penser à la vacillation du sujet par rapprochement à l’objet de son désir ? Le sujet vacille car se rapproche de l’objet de son désir, avec les deux personnes...
— Mr Landman : C’est intéressant ce que vous dites, c’est une hypothèse. Elle aurait pu aussi faire une crise d’angoisse. Mais c’est assez économique une amnésie d’identité, c’est vrai ça permet de faire l’économie de l’angoisse, de la culpabilité, l’économie de ce à quoi nous avons tous, qu’on le veuille ou non, à répondre. Oui mais c’est ça il faut parler d’éclipse, c’est une éclipse l’amnésie d’identité c’est comme dans une éclipse...
— Question : Mme Hebert nous fait part d’un proverbe africain: « Si tu vois un serpent qui veut faire du vélo c’est qu’il a déjà la solution pour pédaler. »
— Mr Landman : Oui c’est un joli proverbe je vais le noter