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Extrait

2 février 2012

Le point de capiton, ce qu’il vient coudre, c’est les bords d’un trou. Si le signe est le représentant de quelque chose, le signifiant en point de capiton, lui, il est, c’est ce qui vient, en quelque sorte, dans la langue nouer le bord d’un trou.

(…)

J’ai évoqué donc, pour nous, tout à l’heure, le fait que le champ de la réalité était celui qui s’offrait justement à la saisie par les sens et en tant que ces sens, du fait de n’avoir affaire qu’à des signifiants, ne peuvent être que régulièrement déçus par le matériel de la saisie. Le matériel qui se trouvera saisi, à l’occasion justement de cette opération de prix, viendra régulièrement décevoir ce qu’il en était de l’intention puisque ça n’est jamais que le signifiant qui fait le prix, je dirais, de l’objet ainsi saisi et qui en même temps viendra illustrer le fait que ce n’est pas l’objet qui, par le désir, était visé. Et j’ai déjà eu l’occasion de dire combien ce qui venait vérifier que l’on était bien dans la réalité et non pas dans le champ du virtuel, c’était, justement, la déception.

(…)

Mais alors, me direz-vous, mais le Réel, le Réel, est-ce qu’il y a quelque sens approprié pour justement le faire venir à l’existence ? Quel est le sens qui me permettrait de savoir que j’ai affaire à du Réel ?

Eh bien, le Réel, puisque c’est, je dirais, justement ce qui résiste à la prise par le Symbolique c’est-à-dire ce qui s’avère comme impossible, c’est ce qui s’oppose donc au sujet dans sa pure résistance matérielle c’est-à-dire comme mur, un mur, ce qui aussi bien peut rendre compte du fait que l’on pourra venir s’incliner devant ledit mur et le traiter justement comme le meilleur représentant du Réel, lui envoyer des petits messages comme ça.    Je ne rencontre le Réel que comme mur, et c’est pourquoi vous trouverez chez Lacan cette expression évidemment, je dirais, très spécifique de cette démarche quand il parle de la lettre d’amur, autrement dit, celle qui est adressée à cet objet chu, tant désiré, mais qui rencontre le mur lorsque le scripteur tente, ledit objet, de l’approcher.

Le Réel comme mur, c’est ce à quoi je me heurte puisque le signifiant ne me permet pas de l’épuiser, c’est-à-dire que c’est aussi bien ce qui fait trauma. C’est-à-dire, ce n’est pas simplement le mur que je peux venir rencontrer avec la main mais c’est le mur dans lequel je peux foncer et rentrer avec toutes les conséquences que peut avoir un traumatisme, ne serait-ce que l’une qui est sûrement l’une des plus graves : c’est que dès lors le traumatisme va engendrer, puisqu’il est représentatif de ce Réel, l’automatisme de répétition, autrement dit, je ne vais pas arriver à débarrasser ma pensée du retour incessant à ce traumatisme. Les névroses traumatiques, c’est ça. Et vous avez bien une illustration clinique, je dirais, par la névrose traumatique de ce qui est là proposé très simplement à votre attention : c’est-à-dire que la rencontre du mur c’est bien la rencontre du Réel, puisque c’est pour le sujet névrosé ce qui fait le dit Réel répétition, mais répétition prise pour le névrosé dans une dialectique, et en particulier bien sûr, dans une dialectique qui est sexuellement orientée alors que la rencontre soudaine, brutale, non dialectisée du mur, renvoie, en quelque sorte, à une érotisation sans objet, ni support, ni dialectisation possible.

Notes