Aller au contenu principal

ALI - Mardi 26 septembre 2016 

Ce qu’il y a de bien dans le traumatisme psychique – parce qu’il y a quelque chose de bien dans le traumatisme psychique – c’est qu’il ne donne rien Ă  voir et qu’il ne donne rien Ă  entendre, ce qui fait que du mĂŞme coup, la clinique en est forcĂ©ment rĂ©duite, limitĂ©e. Rien Ă  voir, la description est donc rapide, succincte, puisqu’il a simplement Ă  noter qu’il s’agit d’un patient dĂ©pourvu en gĂ©nĂ©ral de motricitĂ© et d’idĂ©ation. Il est comme on dit « stone Â» ! Et puis il n’a Ă©videmment rien Ă  proposer, rien Ă  demander non plus. Et c’est donc un tableau Ă  la fois impressionnant et en mĂŞme temps passionnant pour essayer de repĂ©rer, premièrement ce qui est en cause, et puis deuxièmement qu’est-ce que l’on va essayer de faire pour ce patient qui a en outre la propriĂ©tĂ© de ne rien demander. Il ne demande rien. Il vit avec un Ă©vènement qui n’est mĂŞme pas mĂ©morisĂ© mais qui en quelque sorte l’a arrĂŞtĂ©. Et Ă  ce propos, viendra facilement l’image d’un film qui s’est arrĂŞtĂ© sur une image mais qui n’est pas vue par le patient et dans laquelle il ne se voit pas non plus. On aurait envie, pour abrĂ©ger, de dire que c’est une sorte d’état de mort psychique : il est lĂ , il ne demande rien, il ne veut rien, il ne cherche Ă  provoquer ni la sympathie ni ne tĂ©moigne d’un investissement, encore bien moins d’un transfert. C’est donc un tableau vis-Ă -vis duquel Ă©videmment les spĂ©cialistes sont particulièrement dĂ©sarmĂ©s. Et ce que l’on lit en gĂ©nĂ©ral sur cet Ă©tat tĂ©moigne de cet aspect d’impuissance dans laquelle se trouve le thĂ©rapeute.

Il est possible qu’avec le temps ça évolue. Mais on ne sait jamais combien de temps, ni pourquoi, ni comment, et que petit à petit le patient retourne dans ce que j’appellerais, tout de suite pour simplifier, la discursivité.

En tout cas, ce qui nous intéresse plus particulièrement dans le cas du traumatisme psychique, ce sont sûrement deux faits. D’abord que la psychanalyse a commencé pour Freud avec ce qu’il en était de traumatismes psychiques, les névroses traumatiques de ses patientes auxquelles il avait affaire, et qu’ensuite, à l’autre extrémité de la chaîne, il est vraisemblable que l’écriture par Lacan du nœud borroméen, nous donne un recours qui peut être décisif afin d’appréhender cet état. C’est-à-dire d’abord d’en repérer l’organisation psychique, bien qu’il n’ait rien à dire et rien à montrer, et puis d’autre part pour engager justement une action qui n’attendrait pas quelque heureuse évolution spontanée.

Ce qui est intéressant avec ces névroses traumatiques qui avec Freud inaugurent la cure psychanalytique, c’est qu’à l’évidence, ce ne sont pas des traumatismes psychiques, ce sont des pseudo-traumatismes psychiques. Et ce qui permet tout de suite de faire la différence, c’est que ces patientes, par leur symptôme et éventuellement par le récit qu’elles consentiront à faire, témoignent qu’elles sont dans une discursivité accomplie et même éloquente. Il suffit – comme l’avait Freud – d’avoir l’oreille attentive pour déchiffrer ce que les symptômes venaient raconter, c’est-à-dire ce qui était, se donnait à entendre comme le viol qu’elles auraient subi de la part de leur père. Comme Freud est prudent, il craint de trop offusquer, il dit que c’est de leur oncle. Mais il reconnait plus tard ailleurs que c’est bien du papa dont il est question.

C’est un point qui est intĂ©ressant puisque ce dĂ©but – vous le savez – a Ă©tĂ© marquĂ© par une polĂ©mique qui n’est pas encore très Ă©loignĂ©e, et qui consistait Ă  dire que Freud avait menti puisqu’il aurait su que cet Ă©vènement, cet acte s’était effectivement produit. Or justement, la distinction entre ce qu’il faut appeler un traumatisme psychique allĂ©guĂ©,  un pseudo- traumatisme, c’est-Ă -dire hystĂ©rique, et puis le trauma de la clinique du traumatisme authentique, cette diffĂ©rence est parlante, criante, et de telle sorte que si cet Ă©vènement allĂ©guĂ© s’était rĂ©ellement produit, il est vraisemblable que nous aurions eu affaire au tableau que j’ai racontĂ©, que j’ai tentĂ© de dĂ©crire un tout petit peu plus tĂ´t, c’est-Ă -dire cet Ă©tat de stupeur au lieu de cette Ă©loquence des symptĂ´mes visant Ă  faire entendre un Ă©vènement, un Ă©vènement allĂ©guĂ© et qui ne s’est pas produit, mais qui nous informe sur le fait que l’introjection pour une jeune fille du Phallus, c’est-Ă -dire la dĂ©couverte qu’elle participe par son corps au monde de la sexualitĂ©, eh bien la voilĂ  brusquement habitĂ©e par quelque chose qui la fait participer au monde de la sexualitĂ©. Elle n’a rien demandĂ©, pan ! VoilĂ  ce qui lui tombe dessus. C’est que donc cette introjection peut parfaitement ĂŞtre interprĂ©tĂ©e par elle comme la violence qu’elle aurait subie de la part justement de celui qui dans l’affaire se trouve ĂŞtre le responsable de l’introduction dans la famille et celui qui vient casser ce qu’il en est de la simplicitĂ© et de la puretĂ© de l’amour d’un enfant pour sa mère, c’est-Ă -dire le papa. Et donc que cette introjection ne saurait s’expliquer autrement que par l’acte brutal, l’acte de violence qui aurait fait que maintenant, pouf ! elle a basculĂ© dans le champ de la vie sexuelle Ă  son corps dĂ©fendant. Pourquoi Ă  son corps dĂ©fendant ? Pourquoi est-ce qu’elle n’est pas heureuse ? Pourquoi est-ce que ce n’est pas une fĂŞte ? Tiens pourquoi est-ce qu’on n’organise pas une fĂŞte Ă  cette occasion ? Pourquoi est-ce que ce n’est pas une fĂŞte de dĂ©couvrir que ça y est, on est adulte, on est grand, et qu’on est maintenant concernĂ© par ce mystère qui semble avoir tant d’attrait pour l’entourage ? Pourquoi ? Est-ce que vous avez une proposition Ă  faire sur ce pourquoi est-ce un traumatisme et pas une fĂŞte ? Toutes les propositions seront bien venues ! Hein ? Vous n’êtes pas gĂ©nĂ©reux !

Intervenante â€“ L’embarras du corps ?

Ch. Melman â€“ Oui peut-ĂŞtre. Moi je crois plutĂ´t que c’est le fait que dans sa sexualitĂ©, une jeune femme se trouve manifestement en Ă©tat d’infĂ©rioritĂ© par rapport au rival masculin, au rival fraternel, se trouve en Ă©tat d’infĂ©rioritĂ© puisqu’elle se trouvera exposĂ©e Ă  devoir sans cesse faire ses preuves, je veux dire que c’est lĂ  une bĂ©nĂ©diction qui est redoutable puisque pour la valider il faudra que sans cesse elle fasse ses preuves, preuves incertaines, alĂ©atoires, l’obligeant Ă  manifester ses capacitĂ©s de plaire, ses capacitĂ©s de sĂ©duction, et cela jusqu’à ce que la maternitĂ© l’adoube. « La Â» et pas « l’ Â» hein ! Non je plaisante, « l’ Â» bien sĂ»r ! Qu’elle soit adoubĂ©e par la maternitĂ©. Donc pourquoi est-ce que je le rappelle, sinon parce que cela nous Ă©claire au fond, ce pseudo-traumatisme, sur ce que c’est qu’un vĂ©ritable traumatisme psychique, c’est-Ă -dire la rencontre, le heurt avec un rĂ©el qui en tant que tel, ce heurt, n’est pas dialectisĂ©. C’est boum ! C’est le choc soudain, hors toute dialectisation, et qui va avoir des effets singuliers, des effets Ă©tranges. Donc le pseudo-traumatisme hystĂ©rique joue Ă  faire comme si, pour la jeune fille innocente et pure, cette introjection de la sexualitĂ© constituait la rencontre avec un rĂ©el qui par elle n’aurait pas Ă©tĂ© dialectisĂ©. Autrement dit elle ne l’aurait pas voulu, voire il n’aurait pas figurĂ© dans ses spĂ©culations. On voit donc de quelle manière, au fond, ça pourrait passer pour un traumatisme, et cependant, comme on le sait, cette allĂ©gation d’innocence ne tient que par un processus de refoulement, ou de refus explicite, ou bien de refoulement inconscient, et qui tĂ©moigne que la dialectisation a bien Ă©tĂ© en marche, qu’elle a bien opĂ©rĂ©.

Le vĂ©ritable traumatisme psychique est donc bien diffĂ©rent. Il est inutile d’évoquer ici les diverses conditions qui le rĂ©alisent. Toutes ces conditions se trouvent subsumĂ©es par ce fait que c’est la rencontre soudaine, imprĂ©parĂ©e d’un rĂ©el qui va avoir pour propriĂ©tĂ© singulière d’abolir justement ce qui pouvait fonctionner auparavant comme discursivitĂ©, provoquer l’arrĂŞt sur image dont je parlais tout Ă  l’heure, et surtout se manifester comme un rĂ©el dans lequel il n’y a aucune voix, aucune prĂ©sence, rien qui ne soit prĂ©parĂ©. Nous fonctionnons en tant que nĂ©vrosĂ© vis-Ă -vis d’un rĂ©el qui est habitĂ©, habitĂ© par l’instance que vous voudrez : divine, paternelle, qui est habitĂ© par l’inconscient, qui est habitĂ© par l’objet a, et qui donc figure comme un rĂ©el autre, c’est un rĂ©el apprivoisĂ©. C’est en tout cas le rĂ©el que justement nous vaut la religion. Le propre de la religion est de faire que l’environnement ait Ă©tĂ© prĂ©parĂ©, ait Ă©tĂ© conçu pour nous faire bon accueil et se mettre Ă  notre service, au service de nos besoins comme de notre jouissance. Ce n’est pas le rĂ©el habitĂ© par les mystères, voire par des dĂ©mons, c’est un rĂ©el dont nous pouvons difficilement avoir l’idĂ©e puisque pour nous, et grâce Ă  la religion, c’est un rĂ©el qui ne demande qu’à nous servir. Voyez, la religion apporte quand mĂŞme beaucoup d’avantages, de bĂ©nĂ©fices, de tranquillitĂ©, d’assurance. Or ce rĂ©el du traumatisme, contrairement Ă  celui dont je viens de parler, n’est pas symbolisĂ©,  puisque celui dont je viens de parler c’est le rĂ©el symbolisĂ©. Pour l’imager et pour prendre des risques, je dirais que c’est le trou qui figure dans l’âme du tore. L’âme, ce qu’il y a dans le tuyau, comme on dit l’âme d’un canon de fusil. Et puis il y a l’autre rĂ©el, celui qui est au centre du bagel et qui lui subsiste, se maintient comme vierge.

Bon ! En tout cas donc, ce rĂ©el auquel a affaire celui qui est exposĂ© Ă  un traumatisme physique et aux consĂ©quences psychiques, c’est un rĂ©el vide. Et il a beau avoir menacĂ© la vie du patient, c’est une menace sans signification, qui ne se prĂŞte Ă  aucune interprĂ©tation. Si le patient faisait quelque projection paranoĂŻaque, c’est-Ă -dire supposerait que lĂ , dans ce rĂ©el, lĂ , il y a quelqu’un qui lui a voulu quoi que ce soit, il serait sauvĂ©, il ne serait plus dans le traumatisme. Son problème c’est que dans ce rĂ©el-lĂ , il n’y a rien, il n’y a personne, ça ne veut rien dire. Est-ce que ça voulait dire qu’on voulait sa mort ? LĂ  aussi ce serait dĂ©jĂ  attribuer quelque volontĂ© Ă©manant de ce rĂ©el, ce serait dĂ©jĂ  une sortie possible. Mais non ! C’est un rĂ©el en quelque sorte inerte, qui ne dit rien, mais qui, avec cet arrĂŞt sur image, provoque chez le patient lui-mĂŞme cette sorte d’annulation de l’idĂ©ation : il a rien Ă  dire, il a rien Ă  en dire, mais rien Ă  dire en gĂ©nĂ©ral, et il semble donc, en tant que sujet, absent Ă  cet Ă©vènement.

Dans ce que j’ai pu lire sur la question, il y a un point – en général ce qu’on lit n’est pas très intéressant – un point qui fait exception, un papier que je vous communiquerai, enfin en réalité je tourne autour justement de ce dont cet article parle. Je laisse pour le moment le côté, le point précis que je souhaitais évoquer.

Donc, comme je le disais au dĂ©but, rien Ă  voir, rien Ă  dire, rien Ă  entendre. Comment peut-on imaginer ce qu’il en serait de la structure ainsi prĂ©sentifiĂ©e ? Il est Ă  mon idĂ©e assez remarquable que celle du nĹ“ud borromĂ©en vienne introduire un soupçon quant Ă  cette organisation, soupçon susceptible d’avoir des consĂ©quences, et pas seulement pour faire joli, pour faire un dessin, mais d’avoir des consĂ©quences sur la conduite Ă  tenir. En effet, devant ce qui Ă  l’évidence est la disparition de la dimension du registre symbolique, devant ce qui Ă  l’évidence est la disparition du registre de l’imaginaire, tout prĂŞte Ă  penser, et ça paraĂ®t jusque-lĂ  sans risque, on peut supposer qu’on a affaire Ă  une opĂ©ration de retournement par lequel c’est le rĂ©el qui est venu ( on se demande souvent quand on… ces histoires de retournements chez Lacan, qu’est-ce que ça vient enseigner cette affaire), que c’est le rĂ©el qui est venu ainsi retourner les deux dimensions du symbolique et de l’imaginaire, de les enclore, et ne plus laisser comme mode de rapport Ă  l’environnement que la prĂ©sence de ce rĂ©el. Et donc sans autre dialectique possible puisqu’il n’y aurait que du rĂ©el pour rĂ©pondre Ă  un rĂ©el, pour rĂ©pondre du rĂ©el.

Il est Ă©vident que la façon dont j’ai essayĂ© d’en parler encourage ce type d’interprĂ©tation nodale que j’en propose. Mais si elle est bonne, si elle est exacte, elle a l’avantage de solliciter une approche thĂ©rapeutique qui serait fondĂ©e. Sur quoi ? Non pas du tout essayer de faire Ă©voquer par le patient ce qui s’est passĂ©, et je vous dis quand mĂŞme ce que raconte cet auteur dont je parlais tout Ă  l’heure, c’est-Ă -dire que lorsqu’il y a un traumatisme, et donc immĂ©diatement cet effet qui s’est produit, il y a le plus grand intĂ©rĂŞt thĂ©rapeutique Ă  faire aussitĂ´t, d’urgence, parler le patient sur l’évènement qui s’est produit, le faire le dialectiser tout de suite. C’est-Ă -dire ne pas laisser s’installer cette espèce d’hĂ©bĂ©tude, du fait qu’il n’y a plus rien qui puisse en ĂŞtre dit, car c’est vrai que le rĂ©el non symbolisĂ©, il n’y a rien Ă  en dire ! Il ne se prĂŞte Ă  aucun dire et Ă  aucun dit ! Et donc ce point que j’avais trouvĂ© remarquable dans ce travail, c’était dĂ©jĂ  cette première conclusion, c’est que celui qui est pris dedans, il faut considĂ©rer comme une urgence psychique de tout de suite le faire raconter, et raconter avec lui l’évènement qui s’est produit, et afin qu’il entre dans une dialectisation, une symbolisation, une imaginarisation. Mais une fois que ça s’est instaurĂ©, vous pouvez y aller, c’est fini, il n’a plus rien Ă  en raconter et puis ça ne l’intĂ©resse pas.

Alors qu’est-ce que vous allez bien pouvoir tenter ? Eh bien vous allez tenter – ça paraĂ®t tellement loin de l’épisode, de l’évènement – de commencer par lui faire raconter son enfance. Parce que la mĂ©moire n’est pas absente. Le seul problème c’est qu’il n’a rien Ă  dire. Et donc l’interroger de façon très prĂ©cise sur son enfance : comment ça s’est dĂ©roulĂ©, les circonstances, enfin tout ce qui constitue le terreau plus ou moins microbien d’une enfance. Comment ça s’est dĂ©roulĂ©, comment Ă©tait le papa, comment Ă©tait la maman. Qu’est-ce que ça a Ă  voir tout ça avec cet Ă©vènement ? Ben rien Ă©videmment ! Ça n’a rien Ă  voir ! Mais vous essayez de le rĂ©introduire dans ce qui a creusĂ© le lit de sa subjectivitĂ©, comment ça s’est dĂ©roulĂ©, Ă©ventuellement les objections, les critiques, les dĂ©saveux, les dĂ©nonciations… Très bien, excellent ! Formidable ! L’évènement, on n’en parle absolument pas, on ne peut pas, ce n’est pas la peine. Mais tout ça, lui faire raconter son enfance pour essayer Ă©videmment de l’inciter Ă  venir rĂ©habiter cette subjectivitĂ© qui s’est Ă©clipsĂ©e. Mais surtout, surtout, faire que la rĂ©surgence d’un rĂ©el cette fois-lĂ  symbolisĂ©, c’est-Ă -dire la façon dont s’est constituĂ© pour lui le champ de l’Autre, lui rendre sensible ce fait que le rĂ©el brut, celui auquel il a eu affaire est indirectement lui aussi un effet du discours : c’est ce qui reste, c’est le reste après symbolisation. Ce n’est pas le rĂ©el aveugle, Ă©trange, absurde qui l’a frappĂ©, c’est un rĂ©el qui mĂŞme s’il n’est pas symbolisĂ©, mĂŞme s’il ne relève pas du champ de l’Autre, nĂ©anmoins ne fonctionne pour le parlĂŞtre que parce que c’est au sein de ce rĂ©el que le symbole est venu forer son trou et qu’il y a toujours forcĂ©ment un reste, un reste qui sans pouvoir ĂŞtre dialectisĂ© est nĂ©anmoins un effet de la dialectisation, non pas l’effet d’un accident aveugle mais l’effet d’une dialectisation.

Moi je trouve que sur ce terrain qui est un terrain en friche, certes l’application  nous paraĂ®t a priori Ă©trange et arbitraire du nĹ“ud borromĂ©en et en particulier dans ces opĂ©rations de retournements. Parce que si mon propos a quelque justification, c’est de tĂ©moigner que Symbolique et Imaginaire ne sont pas dĂ©truits pour autant ! Ils sont lĂ , enfermĂ©s, retenus par le RĂ©el, et que dès lors, si c’est vrai, il doit ĂŞtre possible d’agir de telle sorte que de nouveau un mouvement s’opère qui permet un autre jeu, c’est-Ă -dire d’autres retournements et qui cette fois-lĂ  participeraient de mĂ©canismes ordinaires de notre relation Ă  ces trois registres du RĂ©el, du Symbolique et de l’Imaginaire.

Donc, sur ce terrain en friche, moi je trouve qu’il serait intĂ©ressant de vĂ©rifier que ces dernières donnĂ©es par Lacan, a priori tellement abstraites, tellement… – on a envie de dire parfois – … n’importe quoi ! Eh bien, qu’elles peuvent ĂŞtre bĂ©nĂ©fiques et venir Ă©clairer une zone jusqu’ici dĂ©ficiente, complètement dĂ©ficiente.

Alors c’est donc à Tel Aviv que nous avions organisé un colloque sur ce sujet avec donc des psys israéliens, dont ce n’est pas leur faire injure de dire qu’ils ne nous ont rien appris alors qu’ils sont évidemment en plein dedans, et que les cas de traumatismes psychiques, et en particulier dans l’Armée, avec des effets évidemment problématiques. Et il est certain que nous-mêmes, ici par exemple, ou dans d’autres pays, nous n’avons rien eu d’intéressant à dire, ni à faire.

Il y a donc dans ce projet que vous inaugurez ici sur ce travail, il y a je crois beaucoup Ă  avancer. Étudiez la littĂ©rature psychiatrique, vous verrez en quoi elle consiste, vous verrez. Ă€ part je dirais cette remarque : qu’il faut dialectiser tout de suite. Et l’auteur de l’article ne sait pas pourquoi Ă©videmment ! Mais il a notĂ© ça… Il faut tout de suite faire raconter au patient ce qui s’est passĂ©, ce qu’il a vu, ce qu’il a senti, ce qu’il a Ă©prouvĂ©, tout de suite. Et ça c’est une notation prĂ©cieuse et qui va dans le sens de la discursivitĂ© retrouvĂ©e, autrement il n’y a que des banalitĂ©s et qui sont dommageables.

Voilà ce sur quoi je voulais attirer votre attention depuis le départ de Freud sur donc ces pseudo-névroses traumatiques. Si ça avait été de vraies névroses traumatiques, la psychanalyse ne serait pas née. Et vous voyez dès que vous avez, comme dans les cas de Freud, un réel habité par des symptômes éloquents, ce n’est pas une névrose traumatique, ce n’est pas un traumatisme psychique, c’est un pseudo-traumatisme. Il y a quand même là une ligne clinique de partage qui n’est pas sans intérêt.

Choula Emerich â€“ Et Freud l’avait bien remarquĂ©e d’ailleurs cette ligne de partage entre le traumatisme et le traumatique, et il disait que le traumatique c’était quand il y avait une effraction du rĂ©el, et qu’autrement le traumatisme venait d’un fantasme qui venait avoir lĂ  une action sur le psychisme et donc engendrait un refoulement, et donc pouvant mettre en place une nĂ©vrose. J’ai Ă©tĂ© assez impressionnĂ©e de voir Ă  quel point il avait su faire la distinction entre ces deux nominations de traumatisme.

Ch. Melman â€“ Vous voyez, voilĂ  ! Freud parle comme Lacan et comme moi. Mais oui, il avait vu Ă©normĂ©ment de choses, si ce n’est que nous n’avons pas par lui de description. Sauf que, alors je vais quand mĂŞme dire trois mots lĂ -dessus, c’est que chez ces patients, la grande difficultĂ© pour les faire bouger, c’est qu’ils sont attachĂ©s Ă  cet Ă©tat, c’est-Ă -dire Ă  cette espèce de collage avec le rĂ©el brut. Pourquoi y sont-ils attachĂ©s ? Ils y sont attachĂ©s parce que finalement c’est l’unique jouissance qui leur reste. La jouissance c’est, si vous n’avez pas une zone susceptible pour vous d’entretenir la jouissance quelle qu’elle soit, vous n’êtes plus un humain. Ă€ ce moment-lĂ  vous devenez un lĂ©gume. Eh bien, ce qui leur reste, c’est la jouissance de ce rĂ©el brut, et voilĂ  le paradoxe qui risque de passer, de paraĂ®tre pour Ă©tant une jouissance d’intensitĂ© et de qualitĂ© bien supĂ©rieure Ă  celle du semblant qu’ils avaient connu jusque-lĂ . Parce que cette jouissance-lĂ  ce n’est pas du semblant ! Ah !

Elle par une vĂ©rité…, ah, on ne peut pas faire plus ! D’ailleurs on pourrait dire d’une certaine façon que le droguĂ©, il la recherche cette jouissance-lĂ . Je veux dire que la tentation de l’overdose est toujours Ă  la clĂ©.

Il est dramatique de rappeler que certains qui passèrent par les camps de concentration n’ont jamais pu renoncer au type je dirais de proximitĂ© avec le rĂ©el qu’ils connurent Ă  ce moment-lĂ . Ils n’ont jamais pu s’en dĂ©tacher. Et donc comme vous le voyez, dans le traitement de ces patients, il y a aussi une opĂ©ration… comment vais-je la qualifier ?… de dĂ©primante, c’est-Ă -dire de ramener Ă  la jouissance commune, c’est-Ă -dire une « jouissance du semblant Â», ce qui est lĂ  l’anĂ©antissement permanent par la jouissance suprĂŞme, ce qui veut dire qu’il ne faut pas forcĂ©ment s’attendre Ă  ĂŞtre remerciĂ©. Ça aussi c’est curieux ! C’est ingrat. Eh oui ! Mais ce qui est clair, c’est qu’au cours donc de la tentative de rĂ©introduire ce patient Ă  son histoire, il y aura bien sĂ»r Ă  ĂŞtre attentif aux manifestations possibles ou pas d’un transfert. D’un transfert, auquel cas nous sommes Ă©videmment ramenĂ©s Ă  ce moment-lĂ , s’il y a transfert – et c’est lĂ -dessus que je concluais si je me souviens bien quand j’étais Ă  Tel Aviv – si vous Ă©tablissez un transfert avec ce patient : il est guĂ©ri. Il est guĂ©ri parce qu’il a affaire avec un rĂ©el habitĂ©. Il y a quelqu’un lĂ -bas et Ă  qui maintenant, non seulement il peut parler, mais d’oĂą il peut parler. Comment pouvait-il parler sans avoir un lieu d’oĂą lui serait venu son message ? Comment peut-il parler si ce lieu est dĂ©shabitĂ© et vide ? Non trouĂ© !

VoilĂ  ! Il y a quelques minutes pour des questions si vous le voulez. Si ça vous inspire. Julien !

Julien Maucade â€“ Alors juste une remarque et une question. Pendant la guerre du Vietnam, les mĂ©decins amĂ©ricains militaires ont compris que dans le traumatisme psychique, il faut tout de suite faire parler les soldats, et d’ailleurs ils ont construit des cliniques, des hĂ´pitaux tout près du front pour soigner les soldats blessĂ©s, maximum une semaine et les renvoyer au front, parce qu’ils ont dĂ©couvert que si c’est prolongĂ© de plus d’une semaine, le soldat ne veut plus combattre, ne veut plus revenir sur le front. Donc ils ont construit des cliniques tout près.

Ma question c’est par rapport au nĹ“ud, je me demande si dans le traumatisme psychique, est-ce qu’il y a nĹ“ud, c’est-Ă -dire est-ce que c’est un nouage entre les trois dimensions ou est-ce que ce que vous dĂ©criviez ressemble plus, il me semble, Ă  un tore ?

Ch. Melman â€“ Oui !

Thatyana Pitavy â€“ Un nĹ“ud torique.

Ch. Melman â€“ C’est ce que j’essayais de raconter. Oui oui bien sĂ»r !

J. Maucade â€“ C’est ça, parce que comme les trois font un aussi.

Ch. Melman â€“ Oui oui non mais…

Th. Pitavy â€“ Juste pour rajouter une prĂ©cision aux retournements effectivement, Ă  cette hypothèse d’un retournement du rĂ©el sur le symbolique et l’imaginaire. Ce qui est intĂ©ressant de faire remarquer, c’est que c’est le sens, c’est la jouissance du sens qui reste on va dire enfermĂ©e. Donc qu’à partir de lĂ , on pourrait faire une hypothèse, qu’effectivement il y aurait un rĂ©el de sens, comme vous dites, et qui vient faire sens, je veux dire tout le temps autour de ce rĂ©el-lĂ . Parce que le trou du sens il reste prĂ©servĂ© dans ces retournements, c’est la jouissance qui reste prĂ©servĂ©e. VoilĂ  !

Ch. Melman â€“ Je suis d’accord. Vous avez raison.

Pascale BĂ©lot Fourcade â€“ Oui dans les rĂ©ponses qui sont effectivement impliquĂ©es et qui ne sont pas du meilleur acabit, actuellement on donne du sens justement, on bourre de sens, et on a comme effet la victimisation qui est lĂ  un frein, un autre statut qui peut ĂŞtre dĂ©finitif, n’est-ce pas ?, tout autant que « le syndrome post traumatique Â», comme on dĂ©crit. VoilĂ , donc…

Ch. Melman â€“ La victimisation c’est ce qu’il y a de… comment dirais-je ?… c’est Ă©videmment l’un des grands modes de guĂ©rison mais qui est en mĂŞme temps catastrophique. Je veux dire en rĂ©alitĂ© c’est la pĂ©rennisation du traumatisme. C’est-Ă -dire qu’au lieu qu’il se soit produit dans un instant, vous allez vous en trouver marquĂ© la vie durant. Donc la victimisation qui est effectivement la façon sociale de traiter le problème, est toujours malheureuse.

P. BĂ©lot Fourcade â€“ C’est un phĂ©nomène en expansion qui effectivement touche mĂŞme le pseudo-traumatisme.

Ch. Melman â€“ Bien sĂ»r, bien sĂ»r.

Thierry Roth â€“ Je voudrais vous demander, il y a quand mĂŞme une Ă©nigme lĂ  dans ce que vous dites, c’est-Ă -dire qu’il y a une bombe qui explose dans un mĂ©tro, il y a 20 personnes dans le mĂ©tro et il va y avoir 10 traumatisĂ©s et 10 qui vont reprendre le cours de leur vie, pas trop mal. Alors ça c’est toujours quand mĂŞme une drĂ´le d’énigme de savoir pourquoi, lĂ  Ă©videmment les histoires singulières de chacun… mais des Ă©vènements comme ça font traumatisme pour les uns et pas toujours pour les autres. Et vous parlez de l’exemple des droguĂ©s, c’est clair qu’on en voit certains, le jour oĂą ils ont goĂ»tĂ© Ă  l’hĂ©roĂŻne, ça a Ă©tĂ© l’effraction d’une jouissance comme ça telle qu’il n’y avait plus rien Ă  dire, qu’effectivement on les retrouve comme des traumatisĂ©s. Alors quand il y a du transfert ça s’arrange, sauf que parfois ils ne viennent plus, ils rechutent, ils reviennent, enfin bon ils n’en veulent pas toujours du transfert, ils en veulent un moment et puis, ils n’en veulent plus et… Mais en tout cas que ce soit pour les droguĂ©s, puisque certains goĂ»tent de l’hĂ©roĂŻne et puis ils en sortent mĂŞme tout seuls parfois très bien, et donc qu’est-ce qu’il y aurait comme hypothèse pour comprendre pourquoi pour certains ça fait traumatisme et que pour d’autres c’est un choc Ă  chaque fois, une bombe dans le mĂ©tro, mais il y en a qui, y compris d’ailleurs d’autres types d’exemples d’enfants qui ont Ă©tĂ© « incestĂ©s Â», et pour certains toute leur vie est fixĂ©e lĂ -dessus, et d’autres c’est un Ă©vènement douloureux mais dont ils sortent, et qui ont parfois une sexualitĂ© pas pire que les autres quoi !

Ch. Melman â€“ Alors ? Alors ! Hein qu’est-ce qu’on va dire sur ce phĂ©nomène ? Est-ce que vous voulez dire quelque chose lĂ -dessus pourquoi y en a qui et pourquoi y en n’a pas qui ?  Hein Thierry !

Th. Roth â€“ Ben, l’hypothèse qui ne me satisfait pas…

Ch. Melman â€“ Vous voudriez que tous soient frappĂ©s Ă©galement ? [Rires].

Th. Roth â€“ Non, je ne suis pas assez… Mais…

Ch. Melman â€“ Eh bien moi je vais vous dire. Faut que je vous rĂ©ponde. Je ne peux pas vous laisser sans rĂ©ponse. Eh bien : je n’en sais rien ! Mais je ne demande qu’à apprendre puisque vous allez travailler dessus.

J. Maucade â€“ Je me demande si tant que le traumatisme ne touche pas le nom-du-père, qu’il fonctionne, qu’il continue Ă  fonctionner, le traumatisme reste moindre. Seulement si le traumatisme quelque part, que ce soit l’explosion avec un bruit fracassant ou la vue de l’horreur, si ça touche le nom-du-père et qu’il l’anesthĂ©sie, eh bien ça reste un traumatisme. C’est une hypothèse.

Th. Roth â€“ Il y a quand mĂŞme l’idĂ©e d’une prĂ©paration. Vous parliez du symbolique qui est complètement comme ça retournĂ© par le rĂ©el. C’est-Ă -dire que par exemple, si vous prenez l’adolescence, c’est aussi l’effraction d’un rĂ©el quand mĂŞme, Ă  l’adolescence, l’enfant n’a pas le choix, ça Ă©merge comme ça, il doit faire avec. Mais on peut dire qu’il a Ă©tĂ© quand mĂŞme prĂ©parĂ© dans son histoire en observant, en entendant, il est un peu prĂ©parĂ© Ă  ce qu’à un moment il y ait du rĂ©el comme ça qui vienne l’embĂŞter, donc je me demande comme ça…

Ch. Melman â€“ Mais Thierry, vous ne m’avez pas Ă©coutĂ© ! Je vais me plaindre ! Ce qui se passe Ă  l’adolescence c’est effectivement l’effraction par un rĂ©el, mais un rĂ©el symbolisĂ© ! Alors que celui dont nous parlons dans le traumatisme se distingue de ne pas l’être.

Th. Roth â€“ Oui mais c’est lĂ  que je voulais en venir par rapport Ă  ces cas du mĂ©tro. Est-ce qu’il y en a chez qui, symboliquement, il y aurait pu avoir dans leur imaginaire une sorte de…

Ch. Melman â€“ Comment voulez-vous rĂ©pondre ? Par quel moyen voulez-vous que nous ayons une rĂ©ponse lĂ -dessus ? Je ne sais pas !

Martine Bercovici â€“ Ça vient de la façon dont chacun a dialectisĂ© la pulsion de mort.

Ch. Melman â€“ Peut-ĂŞtre, peut-ĂŞtre, peut-ĂŞtre bien. Oui. Il est vraisemblable que le fameux instinct de mort chez Freud, il y aurait Ă  distinguer ce qui est motivĂ© par la tentative de rejoindre l’instance phallique ou de rejoindre justement ce qui lui Ă©chappe. Ce qui fait donc qu’il faudrait distinguer dans cette pulsion de mort des catĂ©gories diffĂ©rentes. Est-ce que la pulsion de mort est animĂ©e par le bon objet, l’objet qui convient ou bien est animĂ© justement contre cet objet phallique ? Enfin on commence Ă  voyager lĂ  dans des zones…

P. BĂ©lot Fourcade â€“ Est-ce que vous pensez que ce travail qu’il y a Ă  faire immĂ©diatement avec celui qui a Ă©tĂ© traumatisĂ©, est-ce que la question de l’écriture peut intervenir dans ce genre de prise en considĂ©ration ?

Ch. Melman â€“ Je ne pense pas. Je ne pense pas parce que ce qui s’est produit n’est pas Ă©crit, ne relève pas de l’écriture. Et c’est d’ailleurs pourquoi il y a des gens qui ont estimĂ© que ce qui s’était passĂ© dans les camps ça ne pouvait s’écrire, qu’on ne pouvait rien en Ă©crire de valable. Et ça a Ă©tĂ© une difficultĂ© sĂ»rement. Donc on pouvait romancer l’affaire, mais la romancer c’était… D’ailleurs, bon bref, allez, je ne vais pas m’engager sur ce terrain, savoir si le roman c’est justement tenter d’écrire ce qui n’est pas inscrit, ça c’est une autre affaire.

Bon, eh bien on a rempli notre challenge, non ?

Ch. Emerich â€“ On va peut-ĂŞtre dire quelques mots de la façon dont l’enseignement va se faire pendant l’annĂ©e. LĂ  on a prĂ©vu de continuer ce travail sur l’annĂ©e en tenant une fois par mois une confĂ©rence qui sera faite par l’un d’entre nous Ă  tour de rĂ´le et de quelques personnes Ă©galement qui sont dĂ©jĂ  dĂ©signĂ©es. Et vous ĂŞtes informĂ©s, il y a eu un mailing de l’ALI pour vous annoncer les diffĂ©rentes dates. Ça se fera les quatrièmes mercredis de chaque mois sauf les mois oĂą il y a vacances et oĂą donc il n’y aura pas d’enseignement. Mais la liste des interventions ainsi que le nom des intervenants est dĂ©jĂ  notĂ©e sur le livret des enseignements et par le mail que vous avez reçu de l’ALI.

Ch. Melman â€“ D’autres choses ? Marc vous vouliez dire quelque chose ?

Marc Darmon â€“ Le traumatisme psychique, c’est le seul cas oĂą c’est plus fort que l’inconscient.

Ch. Melman â€“ Oui c’est vrai. C’est important comme remarque

M. Darmon â€“ C’est-Ă -dire que par rapport Ă  ce que vous avez dĂ©veloppĂ©, je me suis demandĂ© quelle Ă©tait la difficultĂ© justement pour Ă©tablir un transfert, comment aborder un sujet… ?

Ch. Melman â€“ Faire parler l’enfant qu’il y a chez l’adulte, puis voir !

Ch. Emerich â€“ Nitsa Nacach avait fait une confĂ©rence ici Ă  l’ALI et elle travaillait, comme la fameuse personne qui nous a fait cette confĂ©rence tellement nulle en IsraĂ«l, mais elle nous avait prĂ©sentĂ© ici le travail qu’elle fait et vraiment ce n’était pas du mĂŞme registre. On Ă©tait assez impressionnĂ©, parce qu’elle nous avait montrĂ© comment dans le travail qu’elle faisait avec des gens qui avaient Ă©tĂ© soumis Ă  de vrais traumatismes dans le rĂ©el, comment elle travaillait. Ça se passait sur deux ans, trois ans, elle les voyait rĂ©gulièrement, et elle essayait toujours justement de faire qu’il y ait quelque chose qui puisse se dire mais en ne partant pas du traumatisme, mais en parlant Ă©galement de l’enfance, des relations, et elle fait un travail effectif de cette façon-lĂ  qu’elle a inventĂ© puisque visiblement les autres ne le font pas.

Ch. Melman â€“ Eh bien c’est chouette.

Ch. Emerich â€“ Oui, c’est intĂ©ressant en tout cas.

Ch. Melman â€“ Bon, allez ! Ă€ bientĂ´t.

Ch. Emerich â€“ Merci beaucoup.

Charles Melman, sĂ©ance inaugurale du Cycle de confĂ©rences sur le traumatisme psychique

Notes