EPhEP, Séminaire de Charles Melman, le 13/02/2014
Charles Melman : Bon, alors nous allons faire, ce soir, un Ă©trange parcours dans le sĂ©minaire numĂ©ro treize, la leçon numĂ©ro treize, que je vous propose de dĂ©marrer â nous prendrons le dĂ©but ensuite â sur ce que va ĂȘtre de façon extrĂȘmement prĂ©cise les dĂ©finitions de pĂšre rĂ©el, symbolique et imaginaire, pour se conclure, ce chapitre, sur une interprĂ©tation trĂšs lacanienne et trĂšs surprenante concernant la genĂšse de la phobie du petit Hans. InterprĂ©tation trĂšs lacanienne et surprenante dans la mesure oĂč il est traditionnel que nous accordions le privilĂšge au rĂ©cit des Ă©vĂšnements, Ă leur succession ; câest ce quâon appelle lâhistoire dâun cas. Alors que nous allons avoir la surprise, et je crois quâelle mĂ©rite dâĂȘtre apprĂ©ciĂ©e comme telle, nous allons avoir la surprise de voir que la genĂšse de la phobie est attribuĂ©e Ă un Ă©vĂšnement survenu chez le petit Hans, et dont, je dirais, nous ne saurions, et Freud pas davantage, apprĂ©cier toute lâimportance que lui donne Lacan.
Commençons, avant dâen venir Ă cet Ă©vĂšnement survenu chez le petit Hans, revenons-en Ă la dĂ©finition donc du pĂšre rĂ©el, symbolique et imaginaire, Ă commencer par le pĂšre symbolique, et qui va se poursuivre, avant que nous en venions Ă cet Ă©vĂšnement, par le moment de relation privilĂ©giĂ©e qui sâinstalle entre une mĂšre et son enfant, dans ce quâil faudra bien appeler, et ce que jâappelle pour rĂ©sumer, une dĂ©pendance phallique rĂ©ciproque. Câest un passage lĂ aussi qui mĂ©rite Ă©minemment dâĂȘtre soulignĂ© dans la mesure oĂč vous pourrez y lire en filigrane ce que nous pouvons mettre en cause dans la genĂšse de lâautisme infantile, qui est aujourdâhui, comme vous le savez, en discussion. Je ne peux pas vous donner de pagination car je sais que vous avez un autre exemplaire que le mien qui est archaĂŻque, donc en tous cas deux pages aprĂšs le dĂ©but de cette leçon (au bas de ma page qui pour moi est 217), le pĂšre symbolique. Le pĂšre symbolique dont il nous dit quâil nâest nulle part reprĂ©sentĂ©, ce qui est tout de mĂȘme une assertion extraordinaire puisque dĂšs lors il nây aurait que la foi pour le faire exister, dont il dit Ă ce moment de son Ă©laboration quâil nâest nulle part reprĂ©sentĂ© mais, on peut le signaler tout de suite, ce nâest pas gĂȘnant, que plus tard nĂ©anmoins ce pĂšre symbolique se trouvera dĂ»ment reprĂ©sentĂ© par ce quâil appellera le Nom-du-pĂšre, autrement dit par un certain nombre de signifiants, les Noms-du-pĂšre ; mais pour le moment il nâen est pas lĂ . Et donc il nous dit quâil nâest nulle part reprĂ©sentĂ© alors qu'il est effectivement utile Ă nous faire retrouver, dans la rĂ©alitĂ© complexe du drame de la castration. Sâil nâest nulle part reprĂ©sentĂ©, câest que bien entendu son domicile, câest le rĂ©el, et comme nous le savons le rĂ©el est prĂ©cisĂ©ment ce qui Ă©chappe au champ de la reprĂ©sentation.
« Si le pĂšre symbolique est le signifiant [âŠ] »
Ah, quand mĂȘmeâŠ
« [âŠ] quâon ne peut jamais parler quâen retrouvant Ă la fois sa nĂ©cessitĂ© et son caractĂšre [âŠ] »
Câest une dĂ©marche intĂ©ressante, hein ? Pour le retrouver ce pĂšre symbolique, eh bien voilĂ il est de lâordre de la nĂ©cessitĂ©, il faut quâil y ait dans le rĂ©el cette instance Une que lâon va nommer pĂšre, mais aussi son caractĂšre et :
« [âŠ] quâil nous faut accepter comme une sorte de donnĂ©e irrĂ©ductible du monde du signiïŹant [âŠ] »
Rien donc, comme vous le voyez, Ă voir avec une crĂ©ation quâon dirait aujourdâhui sociĂ©tale (câest joli le terme de sociĂ©talâŠ), voire une crĂ©ation religieuse, il faut lâaccepter comme une sorte de donnĂ©e irrĂ©ductible du monde du signifiant. A partir du moment oĂč il y a du langage, il va se trouver supposĂ© que dans le rĂ©el, il y ait cette instance que lâon va donc appeler pĂšre. Et,
« [âŠ] si donc il en est ainsi pour le pĂšre symbolique, le pĂšre imaginaire et le pĂšre rĂ©el sont deux termes Ă propos desquels nous avons beaucoup moins de difficultĂ©s.
[Alors] le pĂšre imaginaire, [alors le pĂšre imaginaire, câest Ă©videmmentâŠ] nous avons tout le temps affaire Ă lui [...], [câest celui qui commande] toute la dialectique de lâagressivitĂ© [âŠ] »
Y compris bien entendu Ćdipienne, puisque je vais lui attribuer le fait dâĂȘtre sĂ©parĂ© de mon objet, de la castration,
« [âŠ] toute la dialectique de lâidentiïŹcation [âŠ] »
Puisque câest ce qui va servir de support Ă lâhomme comme Ă la dame, je dirais, pour autoriser leur sexualitĂ©. Je parlais hier soir Ă la Maison de SolĂšne des difficultĂ©s de lâadolescent, et il est Ă©vident que toute la difficultĂ© de lâadolescent tourne autour du fait qu'il nâa pas lâautorisation depuis le pĂšre symbolique dâexercice de sa sexualitĂ©. Pourquoi il ne lâa pas ? Eh bien parce que la prolongation de la scolaritĂ©, propre Ă notre dĂ©veloppement industriel, retarde comme on le sait lâentrĂ©e dans la pratique dâune sexualitĂ© qui Ă©tait bien plus prĂ©coce il n'y a pas trĂšs longtemps, il y a 150 ans. Et donc on peut dire Ă©videmment quâil y a 150 ans il nây avait pas de problĂšmes dâadolescence. Bon. En tous cas je ne vais pas vous refaire ma confĂ©rence dâhier. Alors, la dialectique de lâidentification,
« [âŠ] la dialectique de lâidĂ©alisation [âŠ] »
LâidĂ©alisation, puisqu'il fonctionne comme Un. Comme jâai dĂ©jĂ eu tellement de fois lâoccasion de le souligner, câest une maladie. Câest une maladie puisquâil sâagit dâun Un totalisant et qui fait donc de la castration, que cependant lui commande â vous voyez le double bind, comment le double bind il est dans la structure, ce nâest pas lâinvention de mauvais pĂ©dagogues ou de mauvais parents â eh bien lui qui rĂ©git la castration nous demande cependant de rĂ©aliser une complĂ©tude que nous sommes en gĂ©nĂ©ral bien incapables de satisfaire. Câest-Ă -dire quâil nous prive dâĂȘtre comme lui, et en exigeant que nous soyons comme lui. Je pense quâĂ le formuler comme ça, ça doit vous rappeler un certain nombre de choses. Et donc :
« [âŠ] toute la dialectique de lâidĂ©alisation par oĂč le sujet accĂšde Ă quelque chose qui sâappelle lâidentiïŹcation au pĂšre. »
Ăa explique aussi Ă©videmment ce que seront si souvent les traits caractĂ©riels du pĂšre rĂ©el, dans la mesure oĂč il cherche Ă transmettre Ă ses enfants un accomplissement idĂ©al quâils sont bien en peine, Ă©videmment, comme lui-mĂȘme (cela a Ă©tĂ© le cas pour lui-mĂȘme), dâaccomplir.
« Tout cela se passe au niveau du pĂšre imaginaire. Si nous lâappelons imaginaire, [âŠ] »
Pourquoi ? Pourquoi ce nâest pas le pĂšre symbolique, pourquoi câest le pĂšre imaginaire ? Lacan sâexplique :
« [âŠ] câest aussi bien parce quâil est intĂ©grĂ© Ă cette relation de lâimaginaire qui forme le support psychologique de relations qui sont Ă proprement parler des relations dâespĂšce, des relations au semblable, les mĂȘmes qui sont au fond de toute capture libidinale, comme aussi de toute rĂ©action agressive. »
Vous saisissez immĂ©diatement, je le vois Ă votre regard, ce dont il est question, câest-Ă -dire que la dimension de lâimaginaire le repĂšre, le situe dans une dimension en miroir, modĂšle de la relation au semblable et du type de celles qui sont au fond de toute capture libidinale, autrement dit « je lâaime, il mâaime », mais aussi de toute rĂ©action agressive, autrement dit « ĂŽtes-toi de lĂ que je mây mette ».
« Ce pĂšre imaginaire aussi bien participe de ce fait [âŠ] »
??De relation, donc, de ce type de relations au semblable. Cela ne va pas de soi, le pĂšre comme relation au semblable. Remarquez simplement que dans le cas du petit Hans, ça va ĂȘtre tout le problĂšme de la phobie ; câest-Ă -dire que justement, ce quâil va repĂ©rer dans le rĂ©el câest une figure qui nâa rien du semblable, puisque ça va ĂȘtre celle de lâanimal. Figure de lâanimal qui est si frĂ©quente dans toutes les phobies de lâenfance, par ailleurs. Donc vous voyez que ça a un certain trait. Mais aussi, nâoublions pas que lâanimal humain a vĂ©cu beaucoup plus longtemps, je dirais, dans des rĂ©gimes totĂ©miques, câest-Ă -dire carrĂ©ment identifiĂ© Ă un animal, avant dâentrer dans une relation Ă lâancĂȘtre, au pĂšre qui ait figure de semblable. Donc vous voyez, câest pas assurĂ©, ni obligatoire. Des tas de gens ont pu fonctionner en se parant de plumes, ou de coquillages, dâĂ©cailles, de tout ce que lâon veut, etc. Et de couleurs animales. Alors, ce pĂšre imaginaire, il :
« [âŠ] a des caractĂšres typiques. [Il] est Ă la fois le pĂšre effrayant que nous connaissons au fond de tellement dâexpĂ©riences nĂ©vrotiques, câest un pĂšre qui nâa aucunement dâune façon obligĂ©e de relation avec le pĂšre rĂ©el quâa lâenfant. »
Le pĂšre imaginaire. Câest Ă©trange, enfin, toutes ces subtilitĂ©s, toutes ces nuances que sans cesse Lacan dĂ©plie, comme ça, en cours de route. Je sais pas si ça pourrait se faire encore, aujourdâhui.
« Câest ce par quoi nous est expliquĂ© combien frĂ©quemment nous voyons dans les fantasmes de lâenfant intervenir une ïŹgure du pĂšre, spĂ©cialement de la mĂšre aussi, cette ïŹgure Ă lâoccasion tout Ă fait grimaçante, qui nâa vraiment quâun rapport extrĂȘmement lointain avec ce qui a Ă©tĂ© lĂ prĂ©sent du pĂšre rĂ©el de lâenfant, et ceci est uniquement liĂ© Ă la pĂ©riode et aussi Ă la fonction que va jouer ce pĂšre imaginaire Ă tel moment du dĂ©veloppement. »
A quel moment du dĂ©veloppement ? Eh bien câest ce que vous allez trĂšs vite dĂ©couvrir, si vous ne le savez dĂ©jĂ .
Donc la figure de grand guignol, la figure de lâogre. Les enfants adorent dâailleurs, en gĂ©nĂ©ral, lâeffroi que ça leur procure. Les films dâhorreur, câest ça, au fond. Les films dâhorreur, câest les avatars dâun pĂšre imaginaire. Donc câest une marchandise, voilĂ . Bon.
« Le pĂšre rĂ©el, câest tout Ă fait autre chose [âŠ] »
Et lĂ il va y avoir, sur le pĂšre rĂ©el, des dĂ©veloppements dont lâoriginalitĂ© est toujours prĂ©sente. Je veux dire quâĂ chaque fois on va les redĂ©couvrir car on va les oublier. Car le rĂ©el, ça sâoublie.
« [âŠ] câest quelque chose dont lâenfant, en raison de cette interposition des fantasmes, de la nĂ©cessitĂ© aussi de la relation symbolique, nâa jamais eu comme pour tout ĂȘtre humain quâune apprĂ©hension en ïŹn de compte trĂšs difficile. »
Le pÚre réel, celui qui était là vraiment, à la maison, là .
« Sâil y a quelque chose qui est Ă la base et au fondement de toute lâexpĂ©rience analytique, câest pourquoi nous avons tellement de peine Ă apprĂ©hender ce quâil y a de plus rĂ©el autour de nous, câest-Ă -dire les ĂȘtres humains tels quâils sont. »
Câest pas gĂ©nial, ça ? Et pourquoi est-ce qu'on a des difficultĂ©s Ă les apprĂ©hender ? Parce quâil est bien Ă©vident que nous allons les apprĂ©hender dans le champ de lâimaginaire, voire du symbolique. Mais ce quâils sont, rĂ©els, comment pourrions-nous en prendre connaissance ? DĂšs lors que nous allons opĂ©rer comme traditionnellement par une nomination, nous les faisons entrer dans le champ du symbolique et de lâimaginaire. Donc en tant que rĂ©els, on les loupe. Câest la façon ordinaire que nous avons de louper le rĂ©el de ceux avec qui nous faisons compagnie.
« Câest toute la difficultĂ©, aussi bien du dĂ©veloppement psychique que simplement de la vie quotidienne, de savoir Ă qui nous avons rĂ©ellement affaire, au moins Ă un personnage qui est dans les conditions ordinaires aussi liĂ© par sa prĂ©sence au dĂ©veloppement dâun enfant, qui est un pĂšre, qui peut Ă juste titre ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un Ă©lĂ©ment constant de ce quâon appelle de nos jours lâentourage de lâenfant. »
Et dâailleurs soyons bĂȘtement prĂ©cis, combien dâenfants se soucient du rĂ©el, de ce qui est le rĂ©el de leur pĂšre ? Quelle idĂ©e ils ont ? ça fait partie Ă©videmment de ce qui sera vĂ©cu sous le registre des mĂ©connaissances rĂ©ciproques, voilĂ .
« Et assurĂ©ment je vous prie donc de prendre ce qui par certains cĂŽtĂ©s, peut-ĂȘtre au premier abord, peut vous prĂ©senter dans ses caractĂšres avoir Ă©tĂ© la question qui au premier abord peut vous paraĂźtre paradoxale. Effectivement, et contrairement Ă une sorte de notion normative ou typique quâon voudrait lui donner dans lâinstance du complexe de castration, dans le drame de lâĆdipe, câest au pĂšre rĂ©el quâest dĂ©fĂ©rĂ©e effectivement la fonction [quâil va qualifier de] saillante dans ce qui se passe autour du complexe de castration. »
Or voilĂ que ce pĂšre rĂ©el, dont par ailleurs on a guĂšre coutume de se soucier, câest nĂ©anmoins lui qui va, ce pĂšre rĂ©el, avoir la fonction saillante, et comme vous le savez ses qualificatifs ne sont jamais chez le petit pĂšre Lacan choisis au hasard, et dans ce qui se passe autour du complexe de castration. Le pĂšre rĂ©el. Alors, est-ce que ça veut dire que s'il n'y en a pas de pĂšre rĂ©el, Ă la maison, comme ça nâest plus une raretĂ©, mais une constante, qui a une valeur statistique, nous sommes actuellement en train de fabriquer des gĂ©nĂ©rations qui seront orphelines de pĂšre, quand elles ne le sont pas dĂ©jĂ . Et quand on essaye dâattirer lâattention sur les consĂ©quences que ça a quant Ă lâorganisation psychique des jeunes, et mĂȘme je dirais maintenant aujourdâhui des trentenaires, des adultes, le fait dâĂȘtre orphelins de pĂšre, en gĂ©nĂ©ral on ne veut pas le savoir. Je me trouve bizarrement assez seul Ă vouloir attirer lâattention sur ce qui est cependant tellement patent. Mais on veut pas savoir, que la gĂ©nĂ©ration qui arrive, et qui est trĂšs spĂ©ciale, et je dirais passionnante, eh bien câest une gĂ©nĂ©ration qui est orpheline de pĂšre. Il n'y a pas eu de pĂšre rĂ©el. Ce qui veut dire donc que du mĂȘme coup, s'il n' y a pas eu de pĂšre rĂ©el, il n'y a pas eu de castration. Et donc comment ça sâorganise, pour ces jeunes, de fonctionner sans ? Et ça remet donc en question justement ce quâil en est de la castration puisquâils fonctionnent. Alors,
« Donc vous voyez que dans la façon dont je vous le formule, ce qui peut apparaĂźtre dĂ©jĂ comme contingence, comme peu explicable [âŠ] »
Câest un terme frĂ©quent, chez Lacan, celui de contingence.
« [âŠ] pourquoi cette castration, pourquoi cette forme bizarre dâintervention dans lâĂ©conomie du sujet qui sâappelle castration, ça a quelque chose de choquant en soi. Jâen redouble la contingence [âŠ] »
Vous voyez, il ne dit pas que câest nĂ©cessaire.
« Jâen redouble la contingence en vous disant que ça nâest pas par hasard, que ça nâest pas une espĂšce de bizarrerie des premiers abords de ce sujet qui ferait que dâabord le mĂ©decin sâest arrĂȘtĂ© Ă ces choses que lâon a reconnu ĂȘtre plus fantasmatiques que lâon croyait, Ă savoir les scĂšnes de la sĂ©duction primitive.
Vous savez que câest une Ă©tape de la pensĂ©e de Freud, avant mĂȘme quâil analyse, avant [mĂȘme] dâĂȘtre doctrinĂ© sur ce sujet. »
En effet, ce que Lacan veut dire et je vous lâexplique, puisque câest sĂ»rement nĂ©cessaire, eh bien câest comment la sexualitĂ© sâest-elle trouvĂ©e possĂ©der Ă la fois le corps et la subjectivitĂ© du sujet, du bonhomme ? Comment ça lui est entrĂ© dedans ? Alors, comme vous le savez, il y a si souvent cette interprĂ©tation traumatique, Freud a commencĂ© par lĂ . Il a dĂ©couvert chez les hystĂ©riques quâelles avaient Ă©tĂ© violĂ©es, par leur papa ; il a dit lâoncle parce quâil sâest dit qu'il se ferait vraiment un peu trop cogner dessus sâil disait le papa, alors il a dit lâoncle, dans ses premiers travaux, mais en tous cas les patientes disaient que câĂ©tait le papa.
« Mais pour la castration, il ne sâagit point de fantasmatiser toute lâaffaire de la castration comme on lâa fait des scĂšnes de sĂ©duction primitive. Si effectivement la castration est quelque chose qui mĂ©rite dâĂȘtre isolĂ©, qui a un nom dans lâhistoire du sujet, ceci est toujours liĂ© Ă lâincidence, Ă lâintervention du pĂšre rĂ©el, ou si vous voulez Ă©galement marquĂ© dâune façon profonde, et profondĂ©ment dĂ©sĂ©quilibrĂ©e par lâabsence du pĂšre rĂ©el, et câest uniquement par rapport Ă cette nĂ©cessitĂ© qui introduit comme une profonde atypie et demande alors la substitution au pĂšre rĂ©el de quelque chose dâautre qui est profondĂ©ment nĂ©vrosant. »
Alors vous voyez, si le pĂšre rĂ©el nâest pas lĂ , il faut quelque chose dâautre, et qui est profondĂ©ment nĂ©vrosant. Il nây aura pas de dĂ©veloppement lĂ -dessus. Alors si vous voulez des dĂ©veloppements, eh bien on mettra ça sur la table la prochaine fois, parce que lĂ je souhaite avancer. Câest une affirmation, laissons-lĂ en attente.
« Câest donc sur la supposition du caractĂšre fondamental du lien quâil y a entre le pĂšre rĂ©el et la castration que nous allons partir pour tĂącher de nous retrouver dans ces drames complexes que Freud Ă©labore pour nous et oĂč bien souvent nous avons le sentiment quâil se laisse Ă lâavance guider par une sorte de droit ïŹl tellement sĂ»r de temps en temps, comme dans le cas du petit Hans, que je vous ai soulignĂ© que nous avions nous-mĂȘmes lâimpression de nous trouver Ă chaque instant guidĂ©s, mais sans rien saisir, ni les motifs qui nous font choisir Ă chaque carrefour. Je vous prie donc pour un instant, Ă titre provisoire, dâadmettre que câest autour dâune telle position que nous allons commencer dâessayer de comprendre cette nĂ©cessitĂ© de la signiïŹcation du complexe de castration. »
Alors il poursuit :
« Prenons le cas du petit Hans. Le petit Hans, Ă partir de quatre ans et demi, fait ce quâon appelle une phobie, câest-Ă -dire une nĂ©vrose. »
Nous allons lâaccepter, nous nâallons pas chipoter, nous nâallons pas dire que plus tard Lacan se dĂ©ment lui-mĂȘme en disant que la phobie câest ce qui prĂ©cĂšde la nĂ©vrose ; que ce nâest pas Ă proprement parler une nĂ©vrose, mais que câest un symptĂŽme, lĂ©gitime, je dirais, dâĂȘtre reconnu Ă part entiĂšre dans sa spĂ©cificitĂ©. Peu importe pour le moment.
Alors, il va nous parler tout de suite de ceci câest que :
« Cette phobie est prise en mains ensuite par quelquâun qui se trouve ĂȘtre un des disciples de Freud [âŠ] »
Câest-Ă -dire le papa, le pĂšre rĂ©el. Le pĂšre rĂ©el du petit Hans.
« [âŠ] et aussi bien il nous est dit que le petit Hans a vraiment pour lui tous les bons sentiments [Ă lâendroit de son pĂšre], il est clair quâil aime beaucoup son pĂšre, et en somme il est loin de redouter de lui des traitements aussi abusifs que celui de la castration. Dâautre part, on ne peut pas dire que le petit Hans soit [frustrĂ© de grandâ] chose. »
En effet il estâŠ
« [âŠ] enfant unique, [et il] baigne dans le bonheur. [âŠ] objet [dâ]attention [pour] le pĂšre [âŠ] »
Avant quâapparaisse la phobie, dit Lacan,
« [âŠ] et [puis] lâobjet des soins les plus tendres de la [mĂŽman] »
« [Et Ă ] la vĂ©ritĂ©, [dit Freud⊠dit Lacan] il faut la sublime sĂ©rĂ©nitĂ© de Freud pour entĂ©riner lâaction de la mĂšre, il est tout Ă fait clair que de nos jours tous les anathĂšmes seraient dĂ©versĂ©s sur cette mĂšre qui admet tous les matins le petit Hans en tiers dans le lit conjugal, ceci contre les rĂ©serves expresses que fait le pĂšre et Ă©poux. »
Câest bizarre, ça ? Il est bizarre, ce paragraphe, hein ? Parce quâil ne faut pas exagĂ©rer quand mĂȘme. VoilĂ , si lâenfant peut plus aller faire cĂąlin dans le lit des parents, alors vraiment⊠OĂč allons-nous, nâest-ce pas ? Câest drĂŽle. Et dâautre part, en rĂ©alitĂ©, si vous vous souvenez de la lecture que nous avons fait du texte de Freud, eh bien Ă la suite du pĂšre, Freud dĂ©nonce les tendresses excessives de la mĂšre, comment elle fait monter lâangoisse du petit. Donc vous voyez, câest sympathique de voir que Lacan lui-mĂȘme, il retient finalement ce quâil veut ; il fait comme nous, quoi.
Et puis alors ça câest bien vrai :
« [âŠ] nous ne voyons pas un seul instant que la mĂšre en question tienne une seule minute le moindre compte de lâobservation qui lui est respectueusement suggĂ©rĂ©e par le personnage du pĂšre. »
Non mais je vous demande un peu⊠Vous en connaissez beaucoup des mamans qui tiennent compte des observations quâon leur fait dans la conduite de leur enfant ? Câest mĂȘme Ă vrai dire trĂšs stimulant pour lâenfant, de voir que la mĂšre signifie que
ce que dit le papa câest bien sympa, mais enfin quand mĂȘme entre nous, bon⊠et aprĂšs, quoi ? Donc câest stimulant pour lâenfant parce quâil y a un Ă©lĂ©ment ludique dans lâaffaire. Et auquel Ă©videmment le pĂšre finit en gĂ©nĂ©ral par participer, câest-Ă -dire il sait bien quâil sera pas Ă©coutĂ©. Mais tout ça, tout ça a son cĂŽtĂ© Ă©videmment dynamique. Donc :
« Il nâest frustrĂ© de rien ce petit Hans, [et] il nâest vraiment privĂ© [de] rien. »
Vous voyez il n'est pas frustrĂ©, il n'est pas privĂ©, il ne lui manque rien. Et alors ça suppose quâil est heureux. Ăa aussi, câest Ă©trange, ça suppose quâil est dans le bonheur. Moi jâadore toutes ces dĂ©monstrations parce que vous voyez, vous pouvez aussi leur faire dire le contraire, dire « Ă©coutez, vraiment, il ne manquait de rien, il n'Ă©tait privĂ© de rien, il Ă©touffait ce gosse ! Il ne pouvait pas respirer. Il devait ĂȘtre asthmatique quelque part ». Eh bien non, vous voyez⊠voilĂ .
Je vous dis cela pour peut-ĂȘtre encourager ce qui doit ĂȘtre notre prudence dans la catĂ©gorisation que nous faisons dans cette affaire.
Et alors :
« Au dĂ©but de lâobservation, [dit Lacan] la mĂšre a [quand mĂȘme] Ă©tĂ© jusquâĂ lui interdire la masturbation, non seulement ça nâest pas rien, mais elle a mĂȘme Ă©tĂ© jusquâĂ prononcer [ces] paroles fatales [⊠ces paroles fatales]: «Si tu te masturbes, on fera venir le docteur A⊠qui te la coupera.» »
Bon. Câest vrai que ça peut agir comme parole fatale, mais ça peut aussi rester dans le domaine du ludisme que jâĂ©voquais tout Ă lâheure. Tous les enfants ne rĂ©agissent pas forcĂ©ment Ă ce genre de propos, qui nâĂ©taient pas rares. Je pense quâaujourdâhui ça ne se profĂšre plus beaucoup, ou sĂ»rement beaucoup moins ; sans doute Ă cause de la psychanalyse, on a lĂ une notion qui circule mais le caractĂšre fatal, je dirais, de tels propos nâest pas forcĂ©ment gĂ©nĂ©ralisable. En tous cas nous, nous suivons pas Ă pas, et avec le plus grand intĂ©rĂȘt ce que Lacan nous dit Ă ce sujet, puisquâil souligne le caractĂšre fatal de ces propos, qui Ă©videmment dessine en pointillĂ© ce que pourrait ĂȘtre le renoncement Ă lâorgane ; mais ça va sâexpliquer deux pages plus loin.
« Ceci nous est rapportĂ© au dĂ©but de lâobservation et nous nâavons pas lâimpression que ce soit lĂ quelque chose de dĂ©cisif. [Puisque lâ]enfant continue. »
En tous cas, ça lâempĂȘche pas de continuer.
« Bien entendu câest une chose qui nâest pas un Ă©lĂ©ment dâapprĂ©ciation, mais assurĂ©ment cette intervention doit ĂȘtre notĂ©e en raison du scrupule avec lequel il a relevĂ© lâobservation du fait que les parents se sont suffisamment informĂ©s, ce qui dâailleurs ne les empĂȘche pas de se conduire exactement comme sâils ne savaient rien. »
Donc les parents qui sont informĂ©s, ça ne les empĂȘche pas dâavancer cette parole comme sâils ne savaient rien.
« NĂ©anmoins, ce nâest certainement pas Ă ce moment que, mĂȘme un seul instant, Freud lui-mĂȘme songe Ă rapporter quoi que ce soit de dĂ©cisif quant Ă lâapparition de la phobie. Lâenfant Ă©coute cette menace, je dirais presque comme il convient. »
« Et vous verrez quâaprĂšs coup mĂȘme ressort cette implication quâaprĂšs tout on ne peut rien dire de plus Ă un enfant, que câest justement ce qui lui servira de matĂ©riaux Ă construire ce dont il a besoin, câest-Ă -dire justement le complexe de castration. »
Alors là ⊠on tourneboule, voilà maintenant que ces paroles fatales sont devenues justement ce qui va lui servir de matériel pour construire le complexe de castration.
« Mais la question de savoir pourquoi il en a besoin est justement une autre question, [âŠ] »
Elle appartient au petit Hans, cette question,
« [âŠ] et câest Ă celle-lĂ que nous sommes, et nous ne sommes pas prĂšs de lui donner tout de suite une rĂ©ponse.
Pour lâinstant il ne sâagit pas de castration, ce nâest pas lĂ le support de ma question, il sâagit de la phobie et du fait que nous ne pouvons en aucun cas mĂȘme la relier dâune façon simple et directe Ă lâinterdiction de la masturbation. »
« Comme le dit trĂšs bien Freud, [âŠ] la masturbation en elle-mĂȘme est une chose qui nâentraĂźne aucune angoisse, [et] lâenfant continuera sa masturbation. »
Ce qui est bizarre câest qu'il nây a pas de dĂ©veloppement Ă ce moment-lĂ , chez Lacan, sur ce qui est la frĂ©quence de la masturbation chez lâenfant. Car aprĂšs tout, pourquoi lâenfant a-t-il le besoin de se masturber ? RĂ©pondre quâil sâagit dâun apaisement dâorgane, câest sĂ»rement un petit peu court. Ne serait-ce que parce que justement la masturbation sera Ă©ventuellement marquĂ©e, enfin le plus souvent, ordinairement, par une culpabilitĂ©, et qui fait quâelle reste comme on dit une pratique solitaire câest-Ă -dire qui nâentre pas dans la discursivitĂ©, qui nâentre pas dans ce qui serait partageable avec un autre. A la rigueur avec un petit semblable, mais en tous cas qui ne pourrait pas ĂȘtre introduit dans le rapport Ă un adulte ; avec la question de savoir, pourquoi ? Pourquoi est-ce que lâenfant en est coupable et en a honte ? Et pourquoi est-ce quâil a besoin de cette masturbation ? Et moi jâirais mĂȘme plus loin : en quoi cette masturbation, mais ça câest mon apartĂ©, pourquoi est-ce que cette masturbation, elle ne serait pas, chez le petit Hans, une dĂ©fense contre un risque de phobie ? Puisquâelle tĂ©moigne aprĂšs tout dâune participation Ă la jouissance phallique. Ăa vaut aussi bien pour la fille, dâailleurs.
Donc vous voyez, lĂ oĂč nous cherchons bien entendu des arguments relevant de la certitude, vous voyez que ce sont des leçons de prudence nĂ©cessaire. Non pas de doute systĂ©matique, sĂ»rement pas. En tous cas de prudence nĂ©cessaire. Et Lacan admettait parfaitement que tout ça puisse ĂȘtre repris, autrement, et discutĂ©.
Donc, dit Lacan, cette masturbation le petit Hans :
« [âŠ] lâintĂ©grera dans la suite au conïŹit qui va se manifester au moment de sa phobie, mais ça nâest certainement pas quoi que ce soit dâapparent, une incidence traumatisante qui survienne Ă ce moment qui nous permette de comprendre le surgissement de la phobie. »
Câest-Ă -dire ni la masturbation, ni la condamnation par la mĂšre. Cette condamnation par la mĂšre, on pourrait Ă©crire un article de vingt pages lĂ -dessus, sur les rĂ©sonances que ça peut avoir chez un enfant ; mais continuons :
« Les conditions autour de cet enfant sont optima, et le problĂšme de la portĂ©e de la phobie reste un problĂšme quâil faut savoir introduire avec justement son caractĂšre vĂ©ritablement digne, questionnable en lâoccasion, et câest Ă partir de lĂ que nous allons pouvoir trouver tels ou tels recoupements [aĂŻe, aĂŻe, aĂŻe] qui seront pour nous Ă©clairants voire favorisants. »
Allons-y pour les recoupement. Et lĂ nous entrons dans ce qui va ĂȘtre passionnant :
« Il y a deux choses, une considĂ©ration que je vais faire devant vous, qui sera un rappel de ce que nous pouvons appeler la situation fondamentale quant au phallus de lâenfant par rapport Ă la mĂšre. »
Ce phallus que nous avons mis en place tout Ă lâheure avec le pĂšre symbolique. Car le nom de pĂšre, je dirais, est sĂ»rement la capacitĂ© du signifiant Ă pointer cette instance, phallique.
Alors,
« Nous lâavons dit, dans la relation prĂ©-Ćdipienne, dans la relation de lâenfant Ă la mĂšre quâavons-nous ? »
La relation prĂ©-Ćdipienne, câest-Ă -dire la relation Ă deux.
« La relation de lâenfant Ă la mĂšre en tant quâelle est objet dâamour, objet dĂ©sirĂ© pour sa prĂ©sence, objet qui suppose une relation aussi simple que vous pouvez la supposer, mais qui est trĂšs prĂ©cocement manifestable dans lâexpĂ©rience, dans le comportement de lâenfant, la sensibilitĂ©, [sa] rĂ©action Ă la prĂ©sence de la mĂšre, et trĂšs vite son articulation en un couple prĂ©sence-absence. »
Autrement dit, de façon qui nâest pas Ă©vidente par un Ă©levage de lâenfant, il y a des cultures oĂč lâenfant ne quitte pas sa mĂšre, si elle le porte accrochĂ© Ă son dos par exemple, bon, on voit bien quâil sâagit lĂ dâune forme de permanence, y compris la nuit, oĂč elle dort avec lui ; donc lâabsence de la mĂšre, cette irruption dâune possibilitĂ© de lâabsence ne relĂšve pas dâun fait de culture, câest-Ă -dire que chez nous la mĂšre aura dâautres occupations que celle qui consiste Ă ĂȘtre collĂ©e Ă son enfant en permanence, mais consiste en ceci câest que le signifiant nâintroduit pour nous la prĂ©sence que sur le fond dâune absence. Et de telle sorte que lâabsence de la mĂšre va venir en quelque sorte activer ce quâil en est dâune relation au signifiant. Mais est-ce que cette absence est dĂ©finitive ? Est-ce quâelle est acquise ? Non, pas du tout. Au point oĂč nous en sommes, dans cette relation duelle, imaginaire, prĂ©-Ćdipienne, câest une absence relevĂ©e comme telle mais occasionnelle et qui donne, qui mĂ©nage en quelque sorte le plaisir de lâattente de son retour. Et câest tout ce qui sera dĂ©veloppĂ© dans un autre registre, avec toute cette histoire, lĂ , du Fort-Da, du jeu de la bobine. Elle a drĂŽlement servi, cette bobine, dans la thĂ©orisation.Et au point, comme vous le savez, que Winnicott notera ça dans le dĂ©veloppement comme la manifestation dâun stade de lâobjet en tant que transitionnel, il ne dit pas transitoire, transitionnel. Je ne sais plus le terme anglais, ça devait ĂȘtre le mĂȘme quâen français, je pense.
Ce qui est Ă©videmment pour nous trĂšs amusant, câest de voir bien entendu comment des adultes peuvent avoir une relation Ă lâobjet exactement de ce type, et en particulier, bien sĂ»r, les toxicomanes, oĂč je fais remarquer depuis longtemps que la jouissance nâest pas seulement dans lâabsorption du produit mais dans ce moment dâangoisse considĂ©rable que marque son absence, autrement dit que la mise en jeu dâune absence a tout son rĂŽle dans le mĂ©canisme de la toxicomanie. Pourquoi est-ce qu'un toxicomane nâa pas son frigo, je dirais, muni de rĂ©serves qui lui permettent en quelque sorte dâĂȘtre Ă lâabri de tout manque ? Eh bien câest que bien Ă©videmment le manque de produit est nĂ©cessaire Ă lâĂ©conomie de sa satisfaction, câest-Ă -dire de jouer de ce qui est lâabsence ; bien que ça nâen ait pas lâair, quand on le voit Ă ce moment-lĂ , il est dans un Ă©tat de trĂ©mulation, de sueur, de souffrance, de malaise intense, mais dont on peut se demander si câest pas une forme dâacmĂ© de la jouissance. Donc simplement pour faire remarquer que ce jeu de la prĂ©sence-absence, ce jeu de la bobine, ce jeu du Fort-Da se prĂ©sentifie parfaitement, a parfaitement laissĂ© sa trace dans lâĂ©conomie libidinale dâun adulte. Bon. Alors :
« [ce] couple prĂ©sence-absence[, câest], vous le savez, ce sur quoi nous partons, et si les difficultĂ©s ont Ă©tĂ© Ă©levĂ©es Ă propos de ce quâon peut appeler le monde objectal premier de lâenfant, câest en raison dâune insuffisante distinction du terme mĂȘme dâobjet. »
C'est plus intĂ©ressant, ça. Et câest vrai, indistinction du terme mĂȘme dâobjet. A quoi est-ce que nous reconnaissons un objet ? Est-ce que vous pouvez en proposer une dĂ©finition qui ne soit pas nĂ©gative, qui ne relĂšve pas de la thĂ©ologie nĂ©gative ?
Charles Melman