Edito de Claude Landman, « Au-moins-trois »

À la fin de son enseignement Lacan s’est appuyé, pour lire la clinique, sur une curieuse petite écriture mathématique appartenant à la topologie des nœuds, celle du nœud borroméen à trois.
Dans cette écriture, les trois consistances qui organisent notre vie et notre économie psychique, le réel, l’imaginaire et le symbolique, sont matérialisées par des ronds de ficelle et ne sont pas nouées deux à deux, mais à trois et d’une manière particulière qui définit la propriété borroméenne. À savoir que si l’une des consistances se détache des autres, contrairement à ce qui se produit dans le nœud olympique, le nœud, la chaîne borroméenne se défait entièrement, à moins qu’une chirurgie locale réparatrice n’intervienne pour mettre en place un symptôme.
De manière surprenante et difficile à admettre, à rebours des savoirs constitués qui s’en trouvent subvertis et menacés, c’est à partir de cette écriture que Lacan et Melman à sa suite vont lire les phénomènes de la clinique, si justement enregistrés par la psychiatrie classique et le savoir psychanalytique.
Un seul exemple parmi tant d’autres possibles qui seront abordés au cours de l’année, notamment pour les paranoïas: la phobie des chevaux du petit Hans de Freud.
Au moment où ce petit garçon éprouve dans le réel de son corps, en l’occurrence son pénis en érection, des manifestations voluptueuses, l’angoisse se produit.
En effet, le symbolique sollicité pour lui donner les moyens de s’approprier ce qui lui arrive, n’est pas en mesure de répondre et de lui ménager une place du fait de son jeune âge.
Et c’est à partir de l’Imaginaire animal, ancestral, qu’un symptôme, la phobie des chevaux, se mettra en place afin de tamponner l’angoisse.
La pertinence de cette lecture de la clinique, simple et heuristique, mérite à mon sens d’être étudiée et mise à l’épreuve dans notre école.

Claude Landman