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L’Enseignement Spécialisé 10 « Neurologie et neurosciences » part de cette problématique : les psychanalystes disposent, avec la notion d’‘image spéculaire’ d’une théorie de la représentation de soi et de la réalité pour un sujet ; elle suppose, non pas que l’image spéculaire s’élabore indépendamment ou « en dehors » du cerveau, mais bien plutôt qu’elle s’y est inscrite de façon durable, lors de sa construction, dans des circuits neuronaux. Or, d’une part, certaines lésions cérébrales peuvent déranger ces inscriptions, modifiant le discours et le comportement du sujet, et ce de façon différente selon le siège de la lésion, et, d’autre part, les psychothérapeutes, les psychanalystes, peuvent avoir affaire à des patients « cérébrolésés », accident vasculaire cérébral ou traumatisme crânien.

Les psychothérapeutes doivent donc connaître l’existence et l’aspect des troubles psychiques d’origine neurologique.

Certains troubles neurologiques à symptomatologie psychique peuvent exposer à des erreurs d’orientation, ainsi certaines épilepsies et migraines, ou début de certaines démences. Il est essentiel que les psychothérapeutes soient capables au moins de s’interroger et demander conseil devant certains troubles pouvant évoquer une cause neurologique.

Ils peuvent avoir à écouter des patients épileptiques, migraineux ou déments et doivent connaître les manifestations et les contraintes thérapeutiques de ces maladies.

Enfin, les lésions cérébrales, en déconstruisant artificiellement ce qui s’est inscrit dans le cerveau au cours de la construction du sujet peuvent en faire apparaître les éléments normalement masqués. Certains syndromes neurologiques ont ainsi un intérêt physiopathologique, ainsi les lésions hémisphériques droites où les troubles du schéma corporel s’associent à un morcellement de l’image du corps et à une présentification de l’objet de la demande.

Les psychothérapeutes et psychanalystesbaignent, ainsi que leurs patients, dans une atmosphère scientiste où une seule représentation du psychisme, le cognitivisme, fait norme et où les liens entre fonctionnement cérébral et subjectivité sont trop souvent présentés de façon simpliste. Aussi doivent-ils pouvoir s’orienter dans le maquis des études sur l’empathie, le self, la conscience, les émotions etc. : savoir lire un article scientifique, connaître l’intérêt et les limites des techniques d’imageriecérébrale, savoir comment se pratiquent concrètement les expériences en psychologie cognitive, avoir une idée des utilisations de la neuroimagerie en recherche psychiatrique et neurologique. Certains travaux qu’on pourrait dire « psychophysiologiques » délimitent clairement, comme il est de règle dans les sciences expérimentales, le champ de leurs recherches, ainsi les travaux sur le traitement conscient ou inconscient de l’information, qui s’intéressent non pas la subjectivité mais au fonctionnement cérébral. Bien plus problématiques sont les tentatives de mettre en relation états mentaux et variations de l’activité cérébrale, telles les recherches sur les bases neuronales du « self » ou de l’empathie.

Notes