Cet ouvrage est le fruit d’une rencontre entre un psychiatre, psychanalyste, et une pédopsychiatre, le premier travaillant depuis plusieurs décennies à identifier les répercussions des mutations sociétales sur l’appareil psychique, la seconde observant quotidiennement dans les demandes de soin en pédopsychiatrie les effets parfois ravageurs de ces mutations. Tous deux s’accordent à dire qu’au nom du voeu louable de nous libérer de toutes les formes d’oppressions, ont été évincés les interdits structurants qui permettaient – et imposaient – à l’enfant de « grandir » (psychiquement s’entend, bien sûr). Sans ces derniers, ce sont des individus non pas libres, mais prisonniers de leurs pulsions qui, ne trouvant jamais satisfaction, inondent les cabinets de consultation des cliniciens de l’enfance et de l’adolescence, avec l’alibi d’étiquettes identificatoires qui font office de carte d’identité… ou d’identité à la carte. Les auteurs soutiennent la thèse que l’explosion récente des dits « dysphoriques » de genre, – et en demande de réassignation -, serait à entendre comme une tentative d’échapper aux irréductibles de la condition humaine, chez des jeunes, qui, laissés dans leur toute-puissance infantile, n’ont plus les ressources pour « grandir ». Autrement dit, une manifestation bruyante, revendicatrice et inédite relevant d’une problématique ordinaire du développement de l’enfant ; là où ni les jeunes, ni leurs familles ne trouvent plus dans la société, les repères sur lesquels s’appuyer pour faire face aux étapes nécessaires de la construction de l’appareil psychique.
Beryl Koener, est pédopsychiatre et docteur en sciences neuropsychopharmacologiques. Jean-Pierre Lebrun est psychiatre et psychanalyste, ancien président de l’Association lacanienne Internationale et de l’Association freudienne de Belgique, et actuellement vice-président de l’Association Lacanienne Internationale.