Feuillage

Stéphane Renard : Bouche trou

La question de la fin de l'analyse rapportée au nœud borroméen est un grand mystère. Y aurait-il un lieu qu'indiquerait le nœud borroméen à trois comme étant celui de la fin de la cure ? Autrement dit ça se termine où une analyse?

La dernière séance est une blague. Le transfert ne se résout pas de la sortie du divan un jour de semaine. C'est même le contraire puisqu'il n'est jamais si fort que dans l'intervalle des séances. "Ma seule erreur c'est d'être là" disait Lacan lorsqu'il enseignait, il le faisait d’une position d’analyste. C’est valable aussi en séance.

Stéphane Renard : Bouche trou

Stéphane Renard : Grave - Julia Ducounau, film franco-belge 2017

Grave est un film dérangeant. Le sexe y est comme sublimé en une pulsion dévorante qui aurait débordée le cadre des jeux de la rencontre amoureuse pour hystériser coups de dent et suçotements jusqu'au cannibalisme.

Ce film est d'autant mieux construit qu'il intéresse jusqu'au bout. C'est pourtant une rude épreuve que cette projection cinématographique, car c'est une lutte contre les effets d'une altérité qui favorise sa présentification. Il n'est pas possible au cours de la séance d'appuyer une identification qui viendrait en soutien moïque.

Stéphane Renard : Grave - Julia Ducounau, film franco-belge 2017

Stéphane Renard : Amour sacré de la clinique

Qu'un patient fasse défaut de sa présence à l’heure de la séance est dur à encaisser. Ce fait intangible que transmet la psychanalyse est que le lien - transférentiel de cure - en constitue l’essence. Il questionne d’entrée de jeu, dès la première séance la fin de la cure. Puisque en effet la question du patient quand à la disparition du symptôme qui l’encombre ne se résume-t-elle pas à cette seule interrogation de savoir quand sera-t-il guéri, quand sa cure sera-t-elle terminée ? C’est même pour cela qu’il vient faire une analyse, pour ne plus venir, pour savoir quand il pourra ne plus venir.

Stéphane Renard : Amour sacré de la clinique

Esther Tellermann : Le travail du poète

harles Melman : Aujourd’hui, nous avons, grâce à notre collègue et amie Esther Tellermann, la chance de pouvoir avoir accès à ce domaine étrange, sinon magique, qui est celui où un usage des mots, susceptible de délaisser aussi bien syntaxe qu’usage conventionnel de leur sens, est en mesure de nous introduire au plus près de la vérité, aussi bien de la Chose que du sentiment de notre existence. Et c’est assurément ce pouvoir dont il faut regretter que la reconnaissance soit de plus en plus rétrécie dans notre culture. Je suppose que cela lui coûte cher, à notre culture, que de voir ce pouvoir des mots ainsi rétréci…

Esther Tellermann : Le travail du poète

Stéphane Renard : Aux enfants de la chance

Savez-vous planter les choux ? À la mode de Bretagne, avec le pied, avec le coude, avec le genou, avec l'oreille… reste forcément la bonne réponse. Et l'éducation sexuelle précoce des enfants de la francophonie, de la pointe de Bretagne à la Corse, des écoles françaises de l'étranger sans oublier les compatriotes expatriés dispersés au quatre coins du monde, commence avec cette comptine enfantine à vocation universelle, dont il serait amusant et anecdotique de vérifier comment d'autres cultures, d'autres langues, sur un autre mode, élaborent pour leurs enfants semblables perles de civilisation.

Stéphane Renard : Aux enfants de la chance

Hubert Ricard au sujet du livre "Comprendre le malheur français" de M.Gauchet

Le livre de Marcel Gauchet Comprendre le malheur français se présente sous une forme libre – réponses aux questions précises et élaborées d’Eric Conan et de François Azouvi – ce qui ne l’empêche pas d’être tout à fait consistant et même ambitieux. Il ne s’agit pas simplement de l’analyse d’un sentiment collectif – le pessimisme français – mais d’une mise en place historique d’une ampleur exceptionnelle concernant le « modèle français » ainsi que des éléments structuraux qui conditionnent ce sentiment collectif à l’heure du triomphe de la mondialisation : ce que Marcel Gauchet considère comme la rupture entre les élites françaises et le peuple, le règne de l’idéologie néo-libérale, et ce qu’il appelle le piège européen.

Hubert Ricard au sujet du livre "Comprendre le malheur français" de M.Gauchet

Stéphane Renard : Jeu de paume sans serment

Alors qu’est-ce qui, dans ce noeud, vient marquer
quand même la place de ce sujet ?
Je vais éventuellement vous heurter : la place du
sujet dans le noeud, c’est celle de l’objet a. Car
c’est ça qui fait la substance du sujet, pas le un,
le au-moins, dont il pense prendre l’autorité
le caractère sacré, son âme, mais ce qui en fait la
substance, c’est cet objet a, c’est lui qui parle en
chacun d’entre nous.

Stéphane Renard : Jeu de paume sans serment

J-P. Rozenczveig : Rendre justice à l'enfant sous l'emprise d'une société d'adultes et de ses lois*

Je vais compléter cette présentation. Il faut donner une grille de lecture, tous les discours doivent être décryptés en fonction des personnes qui parlent, des personnes qui écoutent, du contexte.
Je suis « honoraire » au sens où j’ai été obligé de faire valoir mes droits à la retraite. Je trouve scandaleux qu’on oblige les gens à faire valoir leurs droits. On doit leur reconnaitre des droits et on doit leur laisser la liberté d’exercer leurs droits. Leur demander d’exercer leurs droits c’est les mettre à la porte. Je suis profondément choqué, je trouve cela aberrant la manière dont l’Etat gère ses missions de service public avec 500 postes de magistrats vacants, avec un délai de 8 mois à 1 an pour obtenir une décision de justice dans certains lieux. Laisser partir des magistrats qui veulent rester en fonction, c’est une aberration.

J-P. Rozenczveig : Rendre justice à l'enfant sous l'emprise d'une société d'adultes et de ses lois*

Henry de Montherlant : Un petit juif à la Guerre

Nous étions ce matin-là, du printemps de 1918, à faire un exercice de tir au fusil, à quelque deux kilomètres à l'arrière des lignes, quand nous entendîmes les coups élastiques de la Défense contre Avions, pareils aux claquements, sur des tambourins, d'une balle que se fussent renvoyée d'immenses déesses jouant dans le ciel. Nous levâmes le nez. L'avion tournait au-dessus de nous, avec une lenteur menaçante, allant comme dans une avenue dont chaque arbre était un éclatement. Quelques hommes se glissèrent sous les ombrages d'un petit bois voisin, en sorte que le groupe ne fût pas repéré. Les autres restèrent à découvert, regardant.

Henry de Montherlant : Un petit juif à la Guerre

Léon Daudet : A la Salpétrière, souvenir d'un carabin

Le cabinet de Charcot, à la Salpêtrière, un matin de consultation, il y a dix ou douze ans. Aux murs, des photographies de naïves peintures italiennes, espagnoles, représentant des saintes en prière, des extasiées, convulsionnaires, démoniaques, la grande névrose religieuse, comme on dit dans la maison. Le professeur assis devant une petite table, cheveux longs et plats, front puissant, lèvre rase et hautaine, regard aigu dans la pâle bouffissure de la face. Va-et-vient de l'interne en tablier blanc et calotte de velours, des yeux fins envahis d'une grande barbe; assis autour de la salle, quelques invités, la plupart médecins, russes, allemands, italiens, suédois. Et commence le défilé des malades.

Léon Daudet : A la Salpétrière, souvenir d'un carabin

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