Edito de Charles Melman : Radicalisme français

L’interview faite un dimanche soir du Président de la République par deux journalistes, Plenel et Bourdin, eût mérité de meilleurs commentaires. Ils inauguraient en effet un style, qui n’était plus celui d’un travail partagé fait pour développer des thèses et des options dont dépend le destin du pays mais de la constitution d’un tribunal, qu’on aurait pu croire populairepar ses accusations populistes, convoqué pour condamner quoi qu’il puisse dire le supposé interviewé.

L’insoumission ainsi affichée des journalistes témoignait du renoncement à une catégorie rhétorique essentielle : le dialogue, ou mieux, le discours, qui postule implicitement la communauté vérifiée des interlocuteurs.

Cette insoumission se révélait paradoxalement la même que celle manifestée par l’Islam (soumission) radical lorsqu’il rompt toute communauté avec l’interlocuteur qui ne relève pas de ses principes par le biais d’injonctions et de dénonciations.

On se sert aujourd’hui d’une litote : « politiquement correct », pour exclure du champ social celui qui ne respecte pas les canons à la mode. Nos journalistes ont donné un mauvais exemple d’une fracture qui avant d’être sociale, handicape les esprits mis sous la coupe d’un mimétisme inattendu.

 

Charles Melman
27 avril 2018