Edito de Charles Melman : Mal au discours

Il est vraisemblable qu’une part du malaise social actuel est lié au discrédit collectif des discours. Celui traditionnel du maître est discrédité par la promotion de l’individualisme. Celui du savoir est bousculé par la promotion du numérique et son efficacité vérifiable.
Celui de l’hystérique se réduit à la généralisation de la compassion.
Enfin, celui de la psychanalyse est bridé par le privilège accordé à l’opinion plutôt qu’à l’inconscient.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que re-surgissent des référents qu’on estimait révolus – celui de religion et celui de nation – pour redonner un peu de sang au discours du maître.
Y a-t-il un docteur dans la salle pour éviter l’intégrisme, c’est à dire la constitution d’ensembles homogènes à l’intérieur de frontières physiques ou spirituelles qui instaurent une relation paranoïaque entre groupes – semblables pour les principes de leur constitution – mais différents par le nom et les textes dont ils se réclament ?