Charles Melman : Harassement

Pédophilie exceptée, notre société est aussi libre de mœurs aujourd'hui que le fut la société païenne. Mais il ne serait pas venu à l'idée de cette dernière de reprocher aux puissants leur immoralité ; il est même vérifiable qu'elle l'a plutôt célébrée.

En ce qui nous concerne, la névrose veut que nous soyons double-face. Celui en position de patronner doit aussi être exemplaire de vertu ; mais on s'accommode bien aussi éventuellement qu'il s'en donne à cœur-joie : quel gaillard ! L'acceptation publique de ses écarts dépend de son style, c'est-à-dire de l'assomption qu'il a de ses outrances.

L'opinion n'a jamais reproché à Pétain, enfant de curé, d'être un vert-galant. À Blum, elle en a toujours voulu de tenter de légitimer le divorce.  Mitterrand lui, a réussi à imposer à ses obsèques ses deux femmes. Personne ne lui en voulut, et Gallimard publie à grands frais une correspondance amoureuse, manifestement destinée à la postérité, qui pourtant l'oubliera. L'élection de DSK nous aurait protégés de bien des désagréments ; fin politique il a pourtant oublié que l'opinion se retourne facilement.

Enfin félicitons-nous qu'au lieu de sorcières ce soient des porcs qu'on veuille balancer au bout de cordes. À croire que la sexualité n'a pas fini de nous harasser.

Ch. Melman
3 janvier 2018