J.Garrabé : Éléments d’histoire de la clinique des psychoses

Conférencier: 

EPhEP, 2011

 

            Je voudrais au cours des six conférences que je dois faire ici montrer en quoi l’étude de l’histoire de ce phénomène spécifiquement qu’est la folie – j’emploie pour le moment ce terme en attendant de lui substituer d’autres termes à certains moments du parcours dans le temps auquel je vous invite – constitue une introduction privilégiée à la connaissance de la psychopathologie et pour moi d’ailleurs, la seule adéquate.

 

 

            Je commencerai par un préambule peut-être un peu long, mais qui me paraît nécessaire, et je parlerai d’abord de l’histoire de la folie.

 

Histoire de l’histoire de la folie

 

Vous savez que pour nos contemporains – en tout cas mes contemporains à moi – cette histoire a été entièrement renouvelée dans ce qui a été publié sous le titre  Histoire de la folie à l’âge classique (1) à savoir la thèse de philosophie Folie et déraison soutenue par Michel Foucault  (1926-1984), devant un jury présidé par Georges Canguilhem, (1904-1995). Ouvrage dont on a fait ensuite, à la stupéfaction d’ailleurs de Foucault, un ouvrage antipsychiatrique, alors qu’il a dit que quand il l’a écrit, il ne savait même pas que l’antipsychiatrie existait.

Et par contre, l’an dernier, cette fois-ci un historien, Claude Quétel, a publié une Histoire de la folie de l’Antiquité à nos jours, (2) couvrant plusieurs millénaires et dans lequel d’ailleurs il critique l’analyse qu’avait faite Foucault pour l’âge qu’il dénommait classique.

 

L’exemple de Louis-Florentin Calmeil

 

 N’étant moi-même ni philosophe, ni historien, je vais me placer du point de vue du clinicien psychopathologue, et j’ai pour cela un exemple remarquable : l’ouvrage que Louis-Florentin Calmeil (1798-1895)  a publié en 1845  sous le titre De la folie considérée sous le point de vue pathologique, philosophique, historique et judiciaire depuis la renaissance des sciences en Europe jusqu’à dix-neuvième siècle (3).  On raccourcit ce long titre, comme on les aimait au milieu du XIXe siècle, en disant : De la folie de Calmeil. Mais je crois que ce titre est extrêmement intéressant parce qu’il montre bien que l’on ne peut étudier la folie que si l’on considère simultanément ces différents points de vue, c'est-à-dire qu’il faut voir en même temps l’aspect philosophique, pathologique, moral (en ce temps-là, ça veut dire : social) d’autant que  le titre continue par : description des grandes épidémies de délire simple ou compliqué qui ont atteint les populations d’autrefois et régné dans les monastères. Je n’oublie rien d’autre du titre ? Si, c’est intéressant, la fin ! : Exposé des condamnations auxquelles la folie méconnue a souvent donné lieu.

Vous voyez qu‘il va jusqu’à cet aspect médicolégal qui est un sujet tout à fait d’actualité, car l’on voit des aberrations de ce point de vue comme des procès aux Assises d’inculpés considérés comme en état de démence au moment des faits.

 

Revenons, si vous le voulez, à Calmeil qu’il  faut peut-être  que je vous le  présente .Il est né en 1845 ; d’après son ouvrage docteur en médecine de la Faculté de Paris, médecin de la Maison des Aliénés de Charenton, et titulaire de la légion d’honneur.  Arrivé en 1820 comme étudiant en médecine dans le service de Philippe Pinel à la Salpêtrière, à l’époque donc du Pinel vieillissant, en fin de carrière, c’est néanmoins pour Calmeil une révélation. Il décide de se consacrer à cette science médicale, nouvelle à cette époque, qu’est l’aliénisme. Il y fera carrière. Ensuite il sera nommé lui-même médecin chef à Charenton. Il a soutenu sa thèse en 1824 sur De l’épilepsie étudiée sous le rapport de son siège et de son influence sur la production de l’aliénation mentale. Cette thèse aborde le problème de la distinction entre les crises convulsives qui sont dues à l’épilepsie et d’autres crises convulsives, dont on ne sait pas très bien à quoi elles sont dues ;  et cette distinction, évidemment en 1824 se fait exclusivement sur la clinique, on ne peut faire ni électroencéphalogramme, ni IRM. Calmeil introduit dans sa thèse cette notion très intéressante d”absence épileptique”, état de suspension de la conscience comparable à celui qui se produit dans une crise d’épilepsie, mais qui en l’occurrence, apparaît sans convulsion motrice ; après cette absence, le sujet reprend conscience. Se pose aussi la question de savoir si l’épilepsie peut produire l’aliénation mentale.

Et donc, ses recherches vont se prolonger jusqu’à la fin du XIXe siècle, lorsqu’en 1878, Charcot qui avait jusque là consacré ses travaux à la fondation de ce qu’ensuite on appellera la neurologie (les maladies du système nerveux central), se vit adjoindre à son service, à la suite d’une réorganisation de la Salpêtrière, le quartier des épileptiques simples. …

Dans le service de Charcot, jusque là, il y avait jusque-là  surtout des femmes âgées atteintes de maladies chroniques, c'est ce qui lui a permis de décrire ce que l’on nomme depuis la neurologie, puisque ces pauvres femmes finissaient par vieillir et mourir à la Salpêtrière. Charcot qui était un anatomo-pathologue faisait l’autopsie, et donc découvrait les lésions anatomiques qui expliquaient les troubles neurologiques observés cliniquement.

Or, dans ce quartier des épileptiques simples, il y avait effectivement des malades qui étaient certainement des épileptiques, mais il y avait d’autres malades dont on ne savait pas très bien à quoi étaient dues leurs crises convulsives.

Et donc ceci, j’y reviendrai lorsque nous attaquerons – et j’espère que nous arriverons jusque là – l’énorme problème de la querelle de l’hystérie, dont je donnerai une version un peu différente de celle qui est communément admise. Vous vous apercevrez d’ailleurs que convulsion va presque servir de fil rouge dans mes propos pendant très longtemps avant et après Calmeil. Il faut peut être dire dès à présent  qu’à la Salpêtrière, l’état psychique de ces malades va être exploré à la fin du XIXe siècle par hypnose, à la suite bien entendu de Pierre Janet.  Mais explorer l’état psychique des malades par hypnose n’est pas du tout du charlatanisme, comme a l’air de le croire un philosophe contemporain polygraphe qui a entrepris de démolir l’idole de Freud, et du coup de tous les médecins qui ont, fin XIXe  utilisé l’hypnose. Enfin, je pense que ça, il ne doit pas le savoir.

 

La naissance de l’aliénisme

 

Calmeil, en élève respectueux de Pinel, arrête son livre à  l’œuvre de son maître qui est un peu pour lui la fin de l’histoire de la folie. Et bien entendu, on date en général la naissance de la psychiatrie d’une décennie qui va de l’an 9 de la République à 1809, avec les deux éditions du Traité médico-philosophique de Pinel, dont je parlerai très longuement, parce que pour moi, ce n’est pas de la psychiatrie qui naît encore à ce moment-là, c’est l’aliénisme. Et il faudra donc voir comment on passera de l’aliénisme à la psychiatrie, ce qui est encore un autre tournant essentiel dans l’histoire des idées.

 

 

Dans la bibliographie qui ne vous a pas été transmise, j’ai fait figurer une réédition que nous avons faite avec le professeur Dora-B Weiner en 2005  de la 2ème édition de 1809 du Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale de Pinel. Nous avons fait cette édition parce que ce n’est pas évident de nos jours de lire un ouvrage de médecine du début du XIXe siècle, les lecteurs ne comprennent pas le langage utilisé ou ignorent le contexte scientifique. Par exemple les correcteurs de l’éditeur nous ont fait remarquer : « heureusement que vous avez mis une note en précisant que le Darwin dont parle Pinel c’est Érasme, parce qu'on ne comprenait pas du tout comment Pinel pouvait citer son petit-fils qui évidemment, n’a publié que longtemps après son grand-père ». Cette anecdote me donne l’occasion de rappeler que quand on fait de l’histoire, et particulièrement l’histoire des sciences en général, il faut préciser très exactement, chronologiquement, les auteurs, les ouvrages que l’on cite, etc. Je suis très étonné de lire de temps  à autre qu’Untel a été influencé par Untel, par un second auteur qui est cité et qui est bien postérieur ! On ne voit pas du tout comment il a pu influencer le précédent, il y a peut-être une continuité de pensée entre eux, mais pas eu d’influence.

 

 

Je poserai maintenant une première question : peut-on de nos jours écrire une histoire de la folie dans l’Antiquité ?

 

Calmeil commence son histoire à la Renaissance des sciences et il ne traite donc ni de l’Antiquité, ni du Moyen-âge. Je pense qu’effectivement, si à partir de la Renaissance, les grands textes de l’Antiquité –  on m’a dit que l’on venait de vous parler d’Aristote, par exemple, mais je m’en tiendrai aux auteurs médicaux, et donc bien entendu, au Corpus hippocraticus –. On lit à nouveau ces auteurs dans le texte original grec, alors qu’on ne le connaissait jusque là que par un cheminement extraordinaire, puisque ce sont les traductions du grec en arabe qu’avaient faites les médecins nestoriens, qui étaient d’ailleurs des chrétiens hérétiques – ces chrétiens d’ailleurs qu’on assassine actuellement en Irak –  qui étaient revenues en Occident, et en particulier, bien entendu, en Andalousie, puis d'Andalousie à Tolède et enfin à Montpellier, etc.  La lecture moderne de ces textes est très difficile, parce que tous les mots grecs : manie, mélancolie, hystérie, psyché… n’ont pas du tout le même sens au IVe siècle avant J.-C. que dans les millénaires qui vont suivre. Je trouve par exemple que Claude Quétel, quand il parle dans son Histoire de la folie depuis l’Antiquité à nos jours, de l’hystérie il ne faut pas croire que la maladie décrite sous ce nom se présente de la même manière chez Hippocrate que chez Charcot.

Comme actuellement, il n’y a plus guère que des hellénistes qui soient capables de faire cette histoire, et il n’y a plus d’hellénistes parmi les médecins comme du temps d’Émile Littré (1801-1881) qui justement d’ailleurs commence l’édition en français  des œuvres d’Hippocrate au moment de la parution du livre de Calmeil, il n’y a de nos jours  que des hellénistes non médecin qui peuvent traiter de cette histoire.  Bien entendu, là, je citerai Jacky Pigeaud qui a écrit toute une série d’ouvrages remarquables, en particulier, son étude sur la relation de l’âme et du corps dans la tradition médico-philosophique antique (4).

 

Jacky Pigeaud situe Pinel. Pinel qu’il qualifie d’ailleurs d’Ancien et de Moderne (5), aux portes de la psychiatrie (5). C’est vrai qu’il y a dans Pinel quelque chose qui est assez surprenant, c’est qu'il continue par exemple à citer Hippocrate comme si c’était un de ses contemporains ou un auteur récent – mais il faut dire qu’à l’époque, on n’avait pas tellement la notion justement d’une évolution historique de l’histoire des idées – et simultanément avançant des idées tout à fait modernes. C’est pour ça que Jacky Pigeaud le qualifie d’ancien et de moderne et que ce qu’il développe, c’est que l’œuvre pinelienne est le résultat d’une lente maturation des idées médico-philosophiques depuis l’Antiquité – alors il faut à nouveau insister sur cet aspect médico-philosophique, c’est nous qui avons introduit des coupures entre les deux champs mais par exemple, Hippocrate qui était médecin, était aussi un peu philosophe sur les bords – donc, une lente maturation de ces idées médicophilosophiques depuis l’Antiquité qui va aboutir très tard,  seulement au début du XIXe siècle, à la conquête par la médecine du domaine des maladies des âmes, jusque là dévolu aux seuls philosophes. On peut penser que c’est un bien ou un mal, mais, historiquement, c’est ce qui s’est passé, et je trouve que la démonstration de Jacky Pigeaud est tout à fait rigoureuse.

 

La langue psychiatrique est-elle une langue bien faite ?

 

Une difficulté supplémentaire est que dès la fin du XVIIIe  siècle et jusqu’au XIXe, les médecins, surtout d'ailleurs ceux de langue allemande vont forger à partir de racines grecques un grand  nombre de néologismes, à commencer par celui de psychiatrie, bien entendu, et vous en connaissez bien d’autres : paranoïa, psychose (Ernst von Feuchtersleben en 1802), phrénologie, psychopathologie, psychanalyse bien entendu et tant d’autres : psychothérapie (Bernheim), … schizophrénie (Eugène Bleuler et l’École de Zurich).

Tous ces mots, bien qu’ils aient une apparence de mots grecs, n’ont pas leur équivalent dans le grec classique. Ce sont des néologismes  créés tout a fait artificiellement. C’est d’ailleurs ce qui se fera se poser à Philippe Chaslin, – dont j’aurai sans doute l’occasion de vous reparler à propos de la discordance, et qui  réprouvait absolument l’emploi de ces néologismes n’utilisant lui-même pour décrire la clinique et la sémiologie mentales que des mots de la langue française –, de se poser la question de savoir si la psychiatrie est une langue bien faite. Je pense quant à moi que c’est une langue très mal faite, un mélange de trucs qui viennent de la philosophie, de la médecine, et de je ne sais pas quoi encore..., si, de langue littéraire qui d’ailleurs emprunte des mots à la psychiatrie et que ce mélange évolue dans le temps. Il  y a quelques années, j’ai à la demande de Philippe Pignarre, pour la collection « 100 mots pour comprendre » rédigé l’opuscule 100 mots pour comprendre la psychiatrie (6) où pour une centaine de mots de ce langage choisi un peu arbitrairement j’ai essayé de montrer justement l’origine et l’évolution historique de ces cent mots en question. J’aurai d’ailleurs l’occasion dans le cours de ces leçons de revenir sur ces évolutions ou de parler de celles de bien d’autres mots pour permettre de comprendre comment s’est constitué le savoir psychiatrique.

 

Toujours à propos de Calmeil et de son œuvre, il est aussi intéressant de voir qu’il a contribué avec d’autres aliénistes de son temps à la rédaction de très nombreuses entrées dans les Dictionnaires des sciences médicales de Panckoucke et de Dechambre qui sont les deux grands dictionnaires médicaux de la fin du XIXe siècle, et qui avaient effectivement pour ambition d’élaborer un langage, mais vous voyez déjà le titre : des sciences médicales. C'est-à-dire que la médecine à ce moment-là, se met à affirmer qu’elle est une science et non un art, et que donc comme toute science elle a une langue propre. Comme à l’époque, on considère que l’aliénisme fait partie de la médecine, cette branche de la médecine est aussi prise dans cette nécessité d’élaborer un langage scientifique et donc de se désigner elle-même par un nouveau vocable.

 

Quelle est la signification de psychiatrie ?

 

 Je peux employer donc le vocable psychiatrie, puisqu’il est apparu en allemand d’abord vers 1810 sous la forme psychiaterie utilisée par Johann Christian Reil,  puis  vers 1813 sous celle de psychiatrie  avec Johann Christian Heinroth. Ce terme nouveau sera immédiatement utilisé en Allemagne, alors qu’il ne sera que très progressivement adopté en France pour des raisons que je préciserai. On l’emploiera d’abord dans « neuropsychiatrie » et tout en continuant encore jusqu'au XXe siècle à parler d’aliénés, d’aliénation et d’aliénistes. 

Il faudrait d’ailleurs aussi s’interroger sur le sens originaire de psychiatrie. Si on consulte un dictionnaire d’usage courant, je crois qu’on doit trouver une définition comme branche de la médecine qui s’occupe des maladies mentales ou quelque chose comme ça. Le Dictionnaire historique de la langue française donne comme sens actuel de psychiatre : «  Au XXe siècle, après l’apparition des mots de psychanalyste et de psychothérapeute, le mot est redéfini par une appartenance plus stricte à une spécialité médicale nettement délimitée, en voisinage avec neurologue et dont l’objet est le traitement médical, neurophysiologique des maladies mentales, surtout de la catégorie des psychoses » (7). Or quand on lit Reil et Heinroth on voit qu’ils entendaient par là plutôt la médecine par l’esprit (c’est-à-dire ce que Bernheim appellera la psychothérapie) que la médecine de l’esprit.

 

Mythes et complexes

 

Enfin pour conclure toutes ces considérations philologiques qui vous paraissent peut-être un peu fastidieuses – mais je crois qu’elles sont indispensables – il faut dire que beaucoup de médecins, toujours aux XIXe et au XXe  siècle, empruntent à la mythologie ou à la littérature antique des noms de héros pour baptiser les représentations inconscientes complexes (comme on disait alors) ou les syndromes qu’ils reconnaissent, et ils les mettent ainsi en parallèle avec ce qu'ont écrit des auteurs anciens : Sophocle, Plaute, Ovide…

Les traducteurs de textes psychiatriques ou psychanalytiques dans d’autres langues que celles des langues européennes sont très embarrassés pour trouver dans leur mythologie (la mythologie de leur culture) des équivalents à ces héros. Et vous savez bien sûr que Freud sera extrêmement mécontent lorsqu’il verra son complexe d’Œdipe devenir au Japon, sous la plume de Heisaku Kosawa (1897-1969) – qui était le premier psychanalyste japonais formé à Vienne dans les années 30 –devenir le complexe d’Ajase qui est le héros de la version japonaise d’un sutra bouddhiste, Ajasatru kaukherttiyavinodana. C’est assez compliqué, car ce Soutra très ancien est le récit de la guérison du prince qu'en japonais on appelle Ajase, lorsque le médecin qui est d’ailleurs son demi-frère le conduit auprès du Bouddha. Or, moi, je pense que c’est plus compréhensible pour un japonais, même contemporain, que de parler de complexe d’Œdipe, parce que, je ne suis pas sûr que le japonais même, je veux dire, non pas cultivé, sache tellement qui était Œdipe et ait lu Sophocle. Ce qui est assez amusant d’ailleurs – ce sutra étant contemporain de la tragédie de Sophocle –, c’est de voir que quatre siècles av. J.-C., on écrivait en Orient, en Occident, des histoires qui se ressemblent.

 

Et pour prendre un autre exemple de ces problèmes de traduction j’ai dirigé le mémoire d’assistant étranger qu’un ami japonais Akira Koïzumi a consacré à la présentation de l’illusion des sosies que Joseph Capgras destinée à ses compatriotes. Capgras a décrit l’illusion des sosies dans le syndrome qui porte son nom : syndrome de Capgras. Je dois dire que nous avons eu un mal de chien pour trouver un équivalent. Il m’a ensuite envoyé la version japonaise de son mémoire qu’il avait en France présenté en français, mais il a écrit un article au Japon. Le tiré à part était bourré de notes en bas de page où j’arrivais à lire : sosie, amphitryon, etc. pour expliquer ce que Capgras avait  voulu dire en dénommant comme cela ce syndrome.

 

Je dois dire d'ailleurs, qu'en sens inverse, il est extrêmement difficile de présenter en Occident les idées de Shoma Morita (1874-1938)  sur le traitement du Shinkeishitsu par la thérapie qui porte son nom. D’ailleurs les gens disent : « mais qu’est-ce que c’est le Shinkeishitsu, comment vous traduisez ça ? ». Alors on traduit ça par “nervossisme”, c’est très vague.  Ou « Mais est-ce que thérapie de Morita est une psychothérapie ? » Oui, c'est une psychothérapie, mais pas tout à fait une psychothérapie comme on l’entend chez nous.

 

Autre exemple, l’an dernier, toute une délégation de psychiatres et de psychologues japonais sont venus à Paris parler du phénomène de l’hikkikomori, dont je ne sais pas qu’elle est la traduction littérale, mais qui est cet état où certains sujets jeunes, à la fin de l’adolescence mais où il paraît que maintenant il y a des hikkikomoriens âgés de 40 ou 50 ans – vous voyez, puisqu’ils ont dû commencé à l’adolescence, et comme c’est apparu il y a 20 ans, maintenant ils peuvent avoir une quarantaine d’années – et qui est une rupture, ou plutôt une mise en retrait des relations sociales. Ce qui est très curieux dans la définition que donnent les Japonais, c’est qu’ils ajoutent sans pathologie mentale. Alors que nous, nous aurions tendance à dire qu’un adolescent qui s’enferme dans sa chambre et qui ne communique plus que par Internet, etc., fait poser la question de savoir s'il n’y a pas un problème psychopathologique sous-jacent. Pour les Japonais, il n’y a pas au début, de phénomènes pathologiques, et ce n’est qu’après que sont retenues les catégories diagnostiques reconnues par la psychiatrie occidentale, comme les psychoses schizophréniques. Dernière surprise, on nous dit qu’actuellement, il y aurait entre cinq cent mille et un million de sujets atteints de hikikomori au Japon, c'est donc quand même un phénomène psychosocial, sinon psychopathologique, assez impressionnant.

 

L’histoire de la folie au Moyen-Âge en Occident

 

Revenons, si vous voulez bien  je vous fais voyager dans le temps et dans l’espace  revenons en arrière dans le temps et en Occident pour parler aussi du problème que pose l’histoire de la folie au Moyen-Âge, d’un point de vue médical. J’insiste toujours sur le fait que je me place de ce point de vue. Il est certain qu’il s’est déjà développé en Occident au Moyen-Âge, une médecine assez élaborée. J’ai tout à l’heure évoqué l'arrivée des textes de l’Antiquité en Andalousie, et donc, apparaissent des auteurs andalo-musulmans comme Avicenne ((980-1037), ou Juifs comme Maïmonide (1135-1204). Mais malgré cette médecine médiévale, la question de la folie relevait toujours du domaine, ou de la religion, ou de la philosophie. Il y a cependant Saint Thomas d’Aquin (1228-1274), qui d’ailleurs reprend ce qu’avait dit déjà Saint Jérôme, affirme que s’il existe bien des états où l’esprit est perturbé par des facteurs surnaturels et qui donc relèvent de la religion, il y en a d’autres qui eux relèvent de facteurs naturels, et donc de la médecine.

Il y a donc de grandes discussions sur la manière dont il faut traiter les anachorètes qui étaient atteints d’acédie. C'est là aussi un aliéniste français du XIXe, Alexandre Brière de Boismont (8) qui a longuement envisagé cette question de l’acédie monastique, parce que la plupart de ces moines atteints d’acédie se suicidaient. Comment éviter le suicide de ces moines ? Récemment d’ailleurs, un auteur Bernard Forthomme, lui-même religieux d’un ordre monastique a publié une  histoire philosophique de la transformation d’un vice en pathologie  comme il a intitulé sa thèse sur l’acédie,(9), ouvrage dont il faudra peut-être effectivement reparler quand on viendra aux auteurs plus contemporains.

 

Il y a quand même quelqu’un comme Muriel Laharie qui a fait l’histoire de la folie au Moyen-Âge en se limitant d’ailleurs, si je puis dire, à trois siècles : du XIe au XIIIe et pour elle, elle est caractérisée en quelque sorte par la coexistence de ces deux folies : d’une part la folie surnaturelle qui est elle-même en train de se transformer par sa diabolisation, cette folie surnaturelle étant de plus en plus attribuée au diable, personnage assez secondaire jusque là et qui va prendre de plus en plus d’importance dans la pensée religieuse. Il y a donc coexistence de cette folie là et de cette folie naturelle, avec donc du coup, développement quand même d’une réflexion médicale à la fois sur son étiopathologie et même sur sa nosographie. On sent d'ailleurs que la société féodale a,face à la folie, à la fois une attitude de tolérance et d’intégration des fous par le recours aux saints guérisseurs, et aux moyens naturels, donc les moyens médicaux, mais en même temps, il y a un processus d’exclusion sociale des fous. Ceux-ci n’ont pas accès aux sacrements, il y a une incapacité juridique, et il y a aussi une récupération politique, par les fous de Cour, qui sont des personnages qui prennent beaucoup d’importance, et une récupération folklorique par l’institution de Fêtes des fous, où tout d’un coup pendant ces fêtes, les règles, surtout religieuses, sont suspendues. On se met à certaines périodes très précises du calendrier liturgique à faire des folies qui sont condamnées en temps normal. Ceci ouvre tout le chapitre qui concerne plus les anthropologues, bien entendu, du carnaval qui existe de nos jours dans de nombreuses villes de différentes cultures.

 

La folie des monarques de droit divin

 

Il y a une question que je pourrais qualifier de médicolégale très particulière, qui se pose au Moyen-Âge à propos de la folie des souverains. Parce qu'un roi chrétien est un élu de Dieu, il ne peut plus régner s’il est atteint d’une folie surnaturelle qui est un peu diabolique, car cela veut dire que Dieu lui a retiré son onction. Par contre, il n’y a aucun inconvénient à ce qu’un roi continue à régner si sa folie est naturelle. D’où les interminables discussions à propos de Charles V, le Bien-Aimé, où on conclut qu’il souffrait d’une folie naturelle et donc qu’il pouvait continuer à régner. Il est traité par des médecins et l’on a des données très détaillées sur le traitement de la folie de Charles V et sur les discussions entre médecins à propos du meilleur traitement. Ils ne sont pas d’accord. Mais le roi a quand même la sagesse de ne prendre aucune décision politique pendant les périodes où il souffre de folie, et il ne prend des décisions que lorsqu’il est en bon état psychique. C’est quelque chose qu’on aurait dû retenir, même pour les monarques qui ne sont pas de droit divin !

En même temps, on date de cette période la fondation à Valence en Espagne, en 1410, de la première institution destinée spécialement au traitement de la folie, ou tout au moins de l’hébergement des fous pour les protéger de la maltraitance sociale à laquelle ils étaient soumis  . Ce qui est intéressant c’est aussi intéressant parce que c’est un roi, Martin 1er d'Aragon, qui appuie la création, par le Padre Joffre, d'un hôpital pour les fous et les innocents, considéré comme le premier en Europe, parce que dans les pays de langue arabe, il y avait déjà ce que l’on nommait depuis la Perse, des bîmâristâns.

Il y a sans arrêt des problèmes qui reviennent, puisque le problème de la maltraitance sociale   des malades mentaux est redevenu d’actualité.

 

Dernier élément qui concerne le Moyen-Âge qui a aussi effectivement de l’importance, pour l’histoire de la psychopathologie, c’est que très souvent les maux dont souffrent les êtres humains sont désignés par le saint qui en est en même temps le saint guérisseur. Par exemple Saint Sébastien, c’est à la fois la représentation de la peste, puisque son corps est criblé de cicatrices qui ressemblent aux bubons, mais c’est en même temps le saint qui en protège de la peste,  Saint Guy est le saint qui protège de la danse de Saint Guy, ce que nous dirions de nos jours être des mouvements choréo-athétosiques.

Enfin, dernier exemple, le plus étonnant, c’est le feu de Saint Antoine, parce qu'on compare, si vous voulez, les…, il ne faut pas que je dise hallucinations, parce que le mot n’existait pas encore,  disons les visions qui affectent certains individus de manière épidémique, tout d’un coup, dans un village, tout le monde se met à voir des choses terrifiantes, à avoir des visions que l’on compare  à celles que Saint Antoine avait lorsqu’il était dans le désert. Quelquefois on s’imagine parfois que Saint Antoine voyait des choses extrêmement agréables et même un peu érotiques, pas du tout, il voyait le démon cherchant à l’entraîner en enfer ! Il y avait même un ordre religieux depuis le XIe siècle – les Antonins – qui était chargé de traiter les malades qui souffraient de ce feu de Saint Antoine. Ce qui est très curieux du point de vue de l’histoire médicale de la folie, c’est qu’ils les traitaient par l’association d’un régime alimentaire très particulier et d’un cérémonial liturgique très complexe.

 

La Renaissance

 

 

Nous arrivons là à la Renaissance  je ne sais pas si j’irais beaucoup plus loin après , mais c’est effectivement à la Renaissance, que Matthias Grünewald (v.1460 ou 1475-v.1528) peint dans un monastère d’Antonins, celui d’Issenheim, le fameux retable que nous contemplons maintenant dans un cadre muséal, alors qu’il était destiné à être contemplé et médité par les malades. À l’époque, on n’ouvrait pas tous les panneaux simultanément, on le faisait – c'est-à-dire successivement – en fonction des fêtes liturgiques, et les malades atteints du feu de Saint Antoine suivaient ce calendrier liturgique, méditation associée à ce que je ne sais pas si j’oserais l’appeler d'un traitement biologique sous forme de laitages et de pain très pur. Il est surprenant de constater que déjà, à la Renaissance, on avait fait le rapprochement entre la consommation de seigle germé et le feu de Saint Antoine alors qu’on a découvert seulement récemment que l’ergot de seigle produit du LSD.

 

À la Renaissance paraissent des ouvrages littéraires sur la folie qui connaissent en Europe un énorme succès. Foucault parle dans son livre de l’ouvrage de Sébastien Brant (1458-1521) : La Nef des fous : das Narrencshiff, oublié à Strasbourg en 1494 où Brant fait le récit de l’embarquement des folles, des fous, sur cette nef que l’on fait dériver sur le Rhin. Mais il ne s’agit pas du tout de malades mentaux quand on lit Brant. De même, on parle toujours de L’Eloge de la folie d’Érasme (v.1459-1538)  comme si celui-ci parlait de la folie au sens pathologique, alors qu’il fait l’éloge de la Moria en jouant d’ailleurs, vous le savez, sur le nom de son ami Thomas More auquel l’ouvrage est dédié. Alors que Moria était effectivement en grec, un mot qui désignait la folie, ça n’a rien à voir avec la folie en tant que trouble mental. C’est pour ça, je crois, que Foucault a raison d’en parler dans une thèse de philosophie, mais que ça n’est pas du tout à sa place ici où j’envisage les choses du point de vue médical.

 

Les Temps modernes.

 

Alors, je vais peut-être encore parler cinq minutes pour laisser du temps à la discussion. Ça permettra d’ailleurs de faire une coupure, parce que là, on rentre dans les Temps modernes. On dit en général que les Temps modernes, c’est la conquête de Grenade par les Rois catholiques et la découverte de l’Amérique, enfin plutôt de ce qu’on appellera après l’Amérique, disons, la découverte des Indes par Christophe Colomb.

Il se trouve que l’état psychique de la fille et héritière des Rois catholiques, Jeanne de Castille (1479-1555) que l'on appelle Jeanne la Folle, Juana la Loca, va créer une situation analogue à celle de notre Charles le Bien-Aimé. Parce qu'évidemment si sa folie était surnaturelle, elle devait abdiquer – en faveur de qui d’ailleurs ? – et si elle était  naturelle, il fallait la traiter. Alors là aussi, il y eu des quantités de discussions entre des experts médecins, des théologiens. Le théologien qui est consulté n'est autre que Saint François Borgia (1510-1572) en personne, qui se déplace, qui discute longuement avec la reine, etc. L’on conclut que c’est une folie naturelle, donc que Jeanne peut continuer à régner. Et il se crée cette situation très curieuse où, alors qu’elle est officiellement la reine on l’enferme dans le château de Tordesillas avec une Cour qui est en fait essentiellement chargée de la surveiller, et que c’est son fils Charles qui signe les édits royaux en faisant d’ailleurs des faux, puisqu’il les signe déjà « Le Roi », alors qu’il ne le sera qu’à la mort de sa mère. Comme sa mère refusait très souvent de signer, il la supplante. La situation est absolument invraisemblable parce que ça concerne non seulement toute l'Europe, mais le Nouveau Monde en particulier le Mexique qu’Hernan Cortes est en train de conquérir au nom de la reine. Il lui envoie des lettres de conquête, où il explique à la reine Jeanne de Castille  ce qu'il est en train de conquérir. Or je ne sais pas si elle a jamais lu une de ces lettres, et si elle s'est jamais aperçue qu’un nouveau monde avait été découvert, et qu'on était en train de le conquérir en son nom.

Tout ceci, bien entendu, a provoqué une littérature extraordinaire, surtout en Espagne, mais pas qu'en Espagne, avec toutes les explications possibles de la folie de la reine, les versions romantiques, celle de la folie par amour qui inspire des pièces de théâtre, des films, etc. En Espagne, tous les trois quatre ans, on voit sortir un film avec le beau Philibert de Habsbourg  qui meurt, la reine qui erre, fuyant la peste, avec le cadavre de son mari, de monastère en monastère, jusqu'aux versions niant la folie mais faisant état d’un complot politique ourdi par son fils, Charles, le futur Charles Quint pour s’emparer du trône de Castille… qui a fait un coup, d'abord en complicité avec son père, enfin, c'est très compliqué. Il existe aussi une abondante littérature médicale sur la folie de Jeanne de Castille car ses médecins nous ont laissé des documents très  précis.  En même temps, ce qui est assez intéressant, c'est qu'on commence à s'intéresser à l'arbre généalogique de Jeanne de Castille du point de vue psychopathologique. On découvre qu'il est extrêmement chargé en pathologies mentales, à commencer d’ailleurs par Isabelle, sa mère, et plus est encore sa grand-mère, Isabelle de Portugal qui souffrait de graves troubles mentaux, mais  apparemment cela n’a pas empêché Isabelle la catholique de gouverner son royaume. L’on découvre aussi que même s'il y a cette hérédité pathologique, ce n'est pas une hérédité similaire, c’est-à-dire que de génération en génération, ce n'est pas le même type de trouble qui se reproduit. Alors qu’effectivement, Charles Quint a fait, à un moment donné de sa vie, un épisode manifestement pathologique que l'on décrirait dans le DSM-III.  Il voulait abdiquer en faveur de son fils et de son frère et se réfugiait dans un monastère où il assiste régulièrement à son propre enterrement. Ce n’est pas du tout  là le même type de trouble mental que celui dont avait  souffert précocement sa mère.  Son fils Philippe II lui aussi était une personnalité tourmentée mais d’une autre nature que celle de son père ou de sa grand-mère. 

 

L’hérédité des maladies mentales.

 

C’est à partir de l’étude de ces troubles mentaux chez les familles princières  dont on peut établir la généalogie ainsi vont commencer les discussions sur l’hérédité des maladies mentales que vont avoir au XIXe siècle les aliénistes : qu'est-ce que c'est que l'hérédité psychopathologique? Comment se fait-il que dans certaines familles, ce soit à peu près le même trouble qui se produit de génération en génération et dans d'autres cas non ? Que tout d’un coup, d’ailleurs, il y a dans ces familles-là des individus qui se révèlent  être géniaux ? Donc au lieu d'être des fous, ce sont des génies. Et l’on s’interroge sur les rapports génie et folie : est-ce que le génie ne serait pas une sorte de folie ou est-ce que la folie ne serait pas une forme de génie ?

Bien entendu, ça va se poursuivre très longtemps avec Louis II de Bavière, (1864-1886) dont il faut dire que l'hérédité pathologique était aussi au moins aussi chargée que celle de Jeanne la Folle, puisque si son père était bien entendu un Wittelsbach, sa mère était une Hohenzollern, et que la pathologie est venue du côté Hollenzollern. L'histoire de Louis II de Bavière a donné lieu à une littérature au moins aussi importante que celle de Jeanne la Folle, si ce n’est plus, avec notamment le fameux Ludwig de Visconti. D'autant plus que ça se termine par le suicide du Roi le 13 Juin  1886  avec son psychiatre Bernhard  von Gudden (1824-1886) qui avait porté à son sujet le diagnostique de paranoïa. Là aussi attention paranoïa chez von Gudden, ce n'est pas du tout paranoïa au sens qu’a pris ce terme avec Kraepelin que l’on retrouvera dans la thèse de Lacan  De la même manière il y a des partisans de la théorie du complot qui pensent qu’en fait von Gudden était un agent des services secrets prussiens chargé de provoquer la mort du roi, pour que la Prusse puisse mettre main basse sur la Bavière. Je pense que si on interrogeait les Bavarois, un certain nombre d'entre eux le pensent toujours.

 

 

En tout cas, il va s’ouvrir un chapitre considérable dans l’histoire des maladies mentale, celui du  problème de leur hérédité, en particulier pour les névroses. Cela va être quelque chose  d’essentiel encore pour Charcot et son école, alors qu’en sens contraire, un des premiers articles de Freud sera pour infirmer, dans les névroses, ce n'est pas le facteur héréditaire qui est le facteur principal.

Mais on peut dire que le débat continue de nos jours, peut-être sous une forme plus élaborée avec des modèles actuels,  comme la conception actuelle dite neuro-développementale des troubles du comportement qui est, vous le  savez, celle qui règne actuellement sur la pathologie mentale, en tout cas pour certaines écoles, et notamment, pour les responsables des différentes versions du DSM nord-américain. Mais je dois dire, qu'on a aussi la surprise de voir que dans les médias, et même dans les journaux médicaux, il y a une espèce de présentation caricaturale de cette conception où tous les jours, on nous annonce qu'on a découvert “Le” gène de la schizophrénie, « Le » gène de l’autisme, etc., Alors qu'il suffit de discuter avec n'importe quel généticien sérieux, y compris ceux qui font ces découvertes, qui disent : « non, attention, ce qu'on a découvert, c'est qu'un certain nombre de gènes entraînent ce que l'on appelle de nos jours la susceptibilité à développer éventuellement tel type de troubles, s'ils sont soumis à des facteurs d'environnement ». Il y a des quantités de gens qui ont de ces gènes prédisposants et qui ne développeront jamais le trouble ; et que d'ailleurs du coup, le problème, c'est de savoir quelles sont ces interactions entre la susceptibilité génétique et les facteurs d'environnement, et quels sont ces facteurs d'environnement, qui dans certains cas provoquent une évolution pathologique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1.- Foucault M. Histoire de la folie à l’âge classique. Paris : Plon ; 1961.

 

2.- cannabis sativa . Paris : Tallandier ; 2009. 

 

3.- Calmeil L.-F. De la folie considérée sous le point de vue pathologique, philosophique et judiciaire depuis la renaissance des sciences en Europe jusqu’au  XIXe siècle. Paris : Baillière ; 1845.  

 

4.- Pigeaud J ; la maladie de l’âme. Etude sur la relation de l’âme et du corps dans la pratique médico-philosophique antique. (3ème édition). Paris : Les Belles Lettre ; 2008.

 

5.- Pigeaud J. Aux portes de la psychiatrie. Pinel : l’Ancien et le Moderne. Paris : Aubier ; 2001.

 

6.- Garrabé J. Cent mots pour comprendre la psychiatrie.   Paris : Les Empêcheurs de Penser en rond/Le Seuil ; 2006.

 

7.- Rey A. sous la direction de Dictionnaire historique de la langue française. Paris : Le Robert ; 1992.

 

8.- Brierre de Boismont A. Du suicide et de la folie suicide. Paris : Lib. Germer Baillière ; 1865 ;

 

9.- Forthomme B. De l’acédie monastique à l’anxio-dépression. Paris : Les Empêcheurs de penser en rond Sanofi/-Synthélabo ; 2000.

 

10.- Lahaurie M. La folie au Moyen Âge. XIe-XIIIe siècles. Paris : Le Léopard d’Or.