Séminaire d'hiver de l'ALI : La perversion fait-elle partie de notre norme

Lieu : 
Hôpital Pitié-Salpêtrière - Amphithéâtre Charcot, 50-52 boulevard Vincent-Auriol 75013 PARIS
Date actu: 
19/01/2019 - 09:30


Du Samedi 19 Janvier 2019 à 09:00 au Dimanche 20 Janvier 2019 à 17:00 à Paris

 

La perversion, proposons-la comme ça, consiste à mettre la main sur l’objet dont on sait ou suppose qu’il vous mène, afin, à la place de l’Autre, de disposer de vous.

Que cet objet puisse paraître collectif, qui le niera ?

Et, à partir de là, s’il fait norme, est-ce votre dernier mot ?

Charles Melman


 
La transgression du commandement divin « Croissez et multipliez-vous » pose la norme et situe les diverses voies de la perversion. Mais la sexualité du parlêtre est animée par des pulsions partielles, toujours déviante par rapport à ce que serait un instinct naturel de procréation. Des pratiques sexuelles, aussi bien les auteurs libertins que les psychiatres ont dressé des catalogues très variés.
Dès son article de 1927 sur le fétichisme, Freud isole plus particulièrement un mode de rapport à la castration, basé sur la Verleugnung : affirmer le caractère phallique de la mère tout en constatant l’absence du pénis. Ce clivage à la fois admet et attaque les lois positives, et au-delà, la loi symbolique. Aussi allons-nous interroger la perversion « contre » la loi, mais « tout contre » : père-version. L’œuvre de Sade le met en évidence de manière éclatante. Encore Lacan vient-il en subvertir la portée en retrouvant l’impératif catégorique dans le « ne cède pas sur ton désir » mis en scènes dans La Philosophie dans le boudoir. La maxime s’y révèlerait inquiétante si dans le bourreau et sa victime, il ne repérait pas le sujet de l’énonciation, de la loi du désir, et d’autre part le sujet « pathologique ». Mais que devient la maxime dans le désir incestueux, par exemple ?
Aujourd’hui, ces questions se posent peut-être autrement. Les lois positives ne portent plus guère sur les pratiques sexuelles, sauf celles qui visent l’enfant, et cette focalisation va nous interroger. Les réseaux sociaux permettent des rencontres rapides, « au noir », qui moins pauvres eussent enchanté Fourier. Pourtant la sexualité n’est plus la jouissance de référence mais une parmi d’autres.
La perversion est peut-être ailleurs, et se présente dans un régime différent. Positivant l’objet du désir qui n’est plus derrière nous, perdu, mais devant nous, nos machines font miroiter une puissance toujours croissante, nos produits un plus de jouir du corps ; il y a l’infini potentiel d’internet et des jeux sur ordinateur. Si l’art a longtemps été représentation – donner une forme au vide de la Chose – il est passé à une présentation directe. Perversion ? L’objet n’est alors plus interdit, « or convoité et tu à l’envers de toute loquacité humaine », il semble accessible : on pourrait l’atteindre en faisant un pas au-delà. Il ne s’agit plus comme naguère de dépasser la borne, mais de la repousser toujours plus loin. 
La position de l’analyste est de s’offrir comme sujet supposé au savoir, écoutant un mi-dit, un pas-tout dit éclairant par intermittences les fragments littéraux de l’inconscient qui donnent forme à la jouissance de l’analysant. Il doit se garder de se glisser dans la position indue d’incarner le vouloir et la voix de l’Autre – position du bourreau sadien. Est-ce que c’est ce qui différencie le désir pervers et le désir de l’analyste ?

Jean-Paul Beaumont


 BIBLIOGRAPHIE

La préparation du Séminaire d’hiver se fera à partir des textes de Freud (en particulier « Le fétichisme » et « Le clivage du moi ») et des textes de Lacan, en particulier le premier trimestre du séminaire sur La Relation d’objet

On pourra également se référer aux textes suivants :

– Commentaire par Lacan (Logique du fantasme, 19 avril 1967), de la « Présentation de Sacher Masoch » de Gilles Deleuze.

– Jean-Paul Hiltenbrand, article « Perversion » dans le Dictionnaire de la psychanalyse Larousse, 1993-2018.

– Séminaire de Charles Melman, Lacan, élève effronté et impitoyable de Freud, Érès 2018, Leçon du 18 décembre 1997, sur la perversion et le lien social.

– Film de Jean Eustache, « Une sale histoire », 1977.


 PROGRAMME 

Samedi 19 janvier 2019 :

 

La perversion, encore un problème ?

Samedi matin: Jean-Paul Beaumont président, Jean-Louis Chassaing discutant

– Jean-Paul Beaumont, Introduction aux journées

– Thierry Florentin, La révolution de 1905

– Michel Roussan, Après Freud 


La perversion contre la norme.

Samedi après-midi : Christian Fierens président, Hubert Ricard discutant

– Esther Tellermann, Sade conteste Sade

– Marc Darmon, Le Philosophe dans le boudoir

– Jean-Louis Chassaing, Robert ou M. le génie 



Dimanche 20 janvier 2019 :

La perversion sans la norme

Dimanche matin: Angela Jesuino présidente, Martine Lerude discutante

– Jean-Pierre Lebrun, Où est passée la perversion ? 

– Dany Robert-Dufour, La Cité perverse 

– Olivier Rey, Dire,du faire au défaire


La perversion et le désir de l’analyste

Dimanche après-midi : Stéphane Thibierge président, Bernard Vandermersch discutant

– Thatyana Pitavy, Au-delà du fétichisme 

– Claude Landman, Rendre à César...

– Charles Melman, Conclusions

Les inscriptions sont ouvertes auprès du secrétariat de l'ALI

 

Responsables
BEAUMONT Jean-Paul
DARMON Marc
MELMAN Charles
LANDMAN Claude
 
 
 
Modalités d'inscription
Tarif étudiant : 40€
Tarif réduit jusqu'au 16/01/2019: – 100€ (Tarif normal) – 32€ (Tarif étudiant) Paiement par chèque ou CB auprès du secrétariat (sur place, par envoi postal et/ou par téléphone pour les CB). Accès gratuit pour les étudiants de l'EPHEP. Attention ! Votre carte étudiant ou des enseignements de l'ALI vous sera demandée à l'entrée pour justifier le tarif étudiant .