Anthropologie

Pierre-Yves Gaudard : Que nous apprend la clinique de la phobie sur les sociétés traditionnelles ? - 5

Je voudrais, au cours de cette séance conclusive, tenter de rattacher tous les éléments que je vous ai indiqués au cours de ces différentes séances. Notamment, je voudrais vous montrer en quoi et pourquoi j'ai insisté sur la clinique de la phobie. Avec cette difficulté que, s’il faut savoir utiliser la clinique occidentale, en tant qu'elle nous permet de repérer un certain nombre de mécanismes, il ne faudrait pas l'utiliser comme une espèce d'étiquetage qui viendrait « psychopathologiser » les peuples, les ethnies sur lesquels je me suis un peu attardé. En d'autres termes, il est impossible, voire d’un ethnocentrisme achevé, de soutenir, par exemple, que les Indiens du Piémont amazonien, les Jivaros, dont je vous ai parlé, seraient des phobiques. Ce n'est pas de ça dont il est question, puisque venir qualifier un groupe comme ça en utilisant une catégorie psychopathologique, ça n'a pas beaucoup de sens.

Jean Pierre. Warnier : « Contribution à une anthropologie psychanalytique à partir d’un royaume africain

Je vais vous parler d’un royaume africain qui doit être, j’imagine, assez loin de vos préoccupations. J’espère quand même que ce que vais vous dire pourra vous intéresser, dans la mesure où ça consiste à faire bouger le curseur des positions subjectives et donc de rajouter un élément social et culturel par-dessus des variations subjectives qui peuvent être beaucoup plus individuelles. Donc ça introduit une nouvelle dimension.

R.Pottier : La dimension thérapeutique des médecines traditionnelles

Alors donc je vous rappelle, très résumé, l’itinéraire de ce monsieur. Donc il s’agit d’un homme âgé à l’époque – c’était en 1970, oui, je suis très vieux!... – âgé de trente-sept ans, et qui était d’ethnie Tai nua – alors les Tai nua, ça veut dire les gens du nord, tout simplement –alors, c’est un groupe ethnique minoritaire du Laos, qui parle une langue tai comme les Laos, donc assez proches, mais avec une culture quand même sensiblement différente. Ils ont été bouddhisés, mais d’une manière superficielle, et la langue est suffisamment différente pour que, quand ils parlent entre eux, je ne les comprenais pas du tout ! Mais, évidemment, ils me parlaient lao. Bon. Alors ce monsieur se plaignait de troubles mal définis, manifestement de nature névrotique.

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